dimanche 21 février 2010

Les FFI lorrains : de Nancy à Royan en passant par Metz et Strasbourg

La 20e région militaire est basée à Nancy, libérée le 15 septembre 1944. Elle comprend les départements de la Meurthe-et-Moselle, de la Meuse et des Vosges, et est commandée par le colonel Gilbert Grandval, ancien chef des FFI (et délégué militaire régional) de la Région C (Nancy). Sur son territoire, seront mis sur pied au moins neuf bataillons de marche rassemblant des anciens FFI de la Région C. Ces unités n’ont pas conquis des lauriers au sein de la 1ère armée française du général de Lattre, mais elles ont tout de même pris part à la libération de Metz (bataillon I/20 ou II/26e RI), à celle de Forbach (bataillon II/20 ou II/146e RI), à celle de Rambervillers (1er bataillon FFI des Vosges), à la défense de Strasbourg (bataillon III/20 ou I/26e RI), et même aux opérations de la Poche de Royan (bataillon V/20 ou I/150e RI).

Le bataillon de marche I/20 réunit des volontaires FFI de la zone Ouest de Meurthe-et-Moselle. Sa 2e compagnie (lieutenant Richard), dite compagnie Pinck, provient du sous-secteur 418 (Vaucouleurs) du secteur de Toul. Le lieutenant-colonel Louis Bourdillat (un Bourguignon de 52 ans retiré à Commercy, lieutenant-colonel en 1940) en prend le commandement. Caserné à Nancy, le bataillon devient, à compter du 20 septembre 1944, 2e bataillon du 26e régiment d’infanterie. Ce 26e RI – régiment de tradition de Nancy - est aux ordres du lieutenant-colonel Pierre Seguineau de Préval, officier d’active de 57 ans, qui était chef départemental FFI. Du 9 novembre au 15 décembre, le bataillon garde le drapeau de la Région C, porté par le sous-lieutenant Roumignac. Entre-temps, il a pris une part symbolique à la libération de Metz, ville dans laquelle il est entré par le sud. A la réorganisation du 26e RI (un autre régiment portant ce numéro existe en effet en Dordogne), le II/26e RI devient I/26e RI, Bourdillat prenant le commandement du régiment. Ce bataillon, aux ordres désormais du capitaine Burlureaux, prend part aux opérations du régiment en Allemagne : ayant fait mouvement sur Sarreguemines, il passe le pont de la Blies le 27 mars 1945.

Le bataillon II/20 (2e bataillon de la 20e région militaire) apparaît le 15 septembre 1944. Fort de 790 hommes, il est constitué des compagnies Savoie, Bretagne, Franche-Comté, Moselle et Bataille de Paris.
Un officier FTP de 25 ans, le commandant Charles Stenger, alias « Richard », sous-officier d’active, le dirige. La 1ère compagnie est aux ordres du capitaine Mathieu, de Nancy.
Le bataillon est affecté à la 21e région militaire (Metz) le 23 novembre et fait mouvement sur la capitale mosellane le 28. Le 1er décembre 1944, il devient 2e bataillon du 151e régiment d’infanterie. Selon une évocation de la 1ère compagnie, cette unité cantonne à Metz à la caserne Ney, mène une action de nuit contre le fort Saint-Quentin. Le 5 février 1945, en raison de la création d’un autre 151e RI au sein de la 1ère armée française (à partir du 1er régiment de Paris – ex Brigade Fabien), le II/151e devient II/146e RI (commandant Martin). Mis à disposition du commandant Marque, ce bataillon prend part aux opérations de la libération de Forbach aux côtés des Américains, perdant, entre le 26 février et le 9 mars, six tués et 25 blessés, entrant en Allemagne dès le 14 mars 1945 – soit cinq jours avant la 1ère armée française.

Le bataillon de marche III/20, formé avec les FFI de la zone Est de la Meurthe (maquis de Ranzey – 66 de ses hommes se sont engagés dans les bataillons de marche et ont gagné la caserne Thiry de Nancy le 27 septembre 1944, et FFI du secteur de Lunéville), devient I/26e RI à compter du 20 septembre 1944, sous les ordres du chef d’escadron Hurstel (officier d’active). Les sous-lieutenants Herbuvaux et Roger Peroz (mort en Indochine) en font partie. Fin novembre 1944, il se porte sur Strasbourg que vient de délivrer la 2e division blindée. En janvier 1945, à la suite d’une contre-offensive allemande dirigée sur la capitale alsacienne, il défend le Rhin de La Wantzenau à Stockfeld. Le 25 février 1945, il est de retour à Nancy et vient cantonner à Houdemont. Entre-temps, il a été dissous officiellement le 1er février 1945 : une partie forme les 1er et 2e escadrons du 3e hussards, ses éléments fantassins rejoignent le nouveau II/26e RI (capitaine Thouvenot). Hurstel devient le chef d’état-major du 3e hussards créé officiellement le 20 janvier 1945, sous les ordres du colonel Nicol.

Le bataillon de marche IV/20 existe officiellement depuis le 15 septembre 1944 (ou le 1er octobre). Il s’agit de l’éphémère 1er (ou 2e) bataillon du 149e RI dont le noyau provient du maquis de Spincourt (Meuse) qui, après son entrée au Luxembourg, était revenu à Longwy, renforcé par le groupe Chèvre et le maquis de Vaux-Varnimont. Ses effectifs sont minces : 112 hommes, sous les ordres du commandant Cosson. Le 20 janvier 1945, ce II/149e RI « FFI » voit partir des éléments pour le 3e hussards, et le 1er février, le reliquat rejoint le nouveau II/26e RI.

Le bataillon V/20 est l’héritier direct du Groupe Lorraine 42, importante unité combattante de la Résistance ayant opéré aux confins des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle. Le commandant Frédéric Remélius, alias « Noël », 32 ans, reçoit le commandement de ce bataillon, cantonné à la caserne Thiry (après avoir séjourné dans les écoles de Blainville). Officiellement III/26e RI (à compter du 20 septembre 1944), d’abord vêtu de tenues marron, puis bleu chasseur, puis anglaises, le bataillon est dirigé le 31 décembre 1944 sur la Meuse, après la contre-offensive allemande dans les Ardennes. Patrouillant en forêt d’Argonne, passant en janvier 1945 sous les ordres du commandant Cyrille Blangenois (officier d’active qui a commandé la place de Lunéville), il s’embarque, le 3 février 1945, en gare de Clermont-en-Argonne, afin de rejoindre le front des Poches de l’Atlantique. Entre-temps, il est devenu 1er bataillon du 150e régiment d’infanterie. Arrivé le 6 à Gémozac, il monte en ligne dans la nuit du 9 au 10 février 1945, relevant le II/107e RI (ex-1er régiment des Charente) devant Cozes. Le 14 avril 1945, le I/150e RI – seule formation du régiment à prendre part aux opérations dans l’Ouest – participe à l’assaut de la Poche de Royan, prenant Semussac, le moulin des Ardillers, la ferme et le bois de La Chasse, le château et le parc de Didonne. Ses pertes, au soir de cette journée, s’élèvent à neuf tués et 29 blessés. Le 18 avril, le sous-lieutenant André Gay, alias « Tatave », du groupe-franc du bataillon, saute sur une mine et est mortellement blessé. Le 1er mai, Blangenois laisse son bataillon au capitaine Félix Mennegand (beau-frère de Remélius). Le 23 juin, le I/150e, qui a été cité à l’ordre de l’armée, embarque en trains pour la Lorraine.
Composition : 1ère compagnie : lieutenant Dupont ; 2e compagnie : lieutenant Quirin ; 3e compagnie : lieutenant Martin ; 4e compagnie : lieutenant Guillemot ; 5e compagnie : lieutenant Louis.

Le bataillon XI/20 existe officiellement depuis le 1er septembre 1944. Il est issu du bataillon de sécurité 94 et du bataillon XIII/20 (composé de volontaires FFI des régions de Bar-le-Duc et Saint-Mihiel). Aux ordres du commandant Langlois, il devient III/150e RI (commandant Léon Schott) le 1er février 1945, cantonné à Bar-le-Duc et à Saint-Mihiel. Le 1er avril, il gagne Nancy.

Le bataillon XII/20 est issu des volontaires du groupement Argonne, réunis à Verdun par le commandant Elie Laure (fils du général). Cet officier prendra provisoirement le commandement du 150e RI, entre le 16 février et le 29 mars 1945, avant de céder la place au lieutenant-colonel Paul Turbet-Delof, venu de la 1ère armée française. Le 1er février 1945, ce bataillon est devenu, à Verdun, II/150e RI (capitaine Geslin). Le 1er avril, il gagne Nancy.

Le bataillon de marche XXI/20 est issu des FFI des régions de Neufchâteau et Mirecourt (Vosges). Regroupés par le commandant « René » dans le 1er bataillon FFI des Vosges, ces hommes, qui semblent avoir pris l’appellation de 5e bataillon de chasseurs à pied le 22 septembre 1944, ont cantonné à Vittel, puis à Xertigny, puis à Epinal, avant d’épauler l’armée américaine lors de la libération de Rambervillers (29-30 septembre 1944) et dans le bois de Sainte-Hélène (4-11 octobre). Après l’incorporation d’autres éléments FFI vosgiens, ce 5e BCP (peut-être devenu 29e BCP) devient donc bataillon de marche XXI/20. Il cantonne jusque fin février 1945 à Remiremont, puis à Epinal, et est devenu entre-temps, le 1er février 1945, 3e bataillon du 26e régiment d’infanterie, sous les ordres du commandant Damance. Avec le capitaine Sarron, cet officier trempera le fanion du bataillon dans le Rhin fin mars 1945.

Le bataillon XXII/20, apparemment constitué avec des FFI des Vosges, est dissous le 28 février 1945. Ses effectifs sont répartis entre le 26e RI, le 8e régiment d’artillerie et le 3e régiment de hussards.