lundi 16 avril 2012

Périgordins et Creusois dans la Poche de La Rochelle

Le 26e régiment d'infanterie est un corps traditionnellement lorrain. Mais les accords de l'armistice de juin 1940 ont voulu qu'il stationne, jusqu'en 1942, en Dordogne (à Périgueux, Bergerac et Brantôme). Ce qui explique qu'il soit recréé, officiellement le 15 novembre 1944, à Périgueux, Bergerac et Creysse... et, parallèlement, en Meurthe-et-Moselle.

Le 26e RI « périgordin», confié au lieutenant-colonel Henry Mingasson, 45 ans, un officier d'artillerie (chef d'escadron d'active au 35e RA, devenu chef d'état-major des FFI de la Dordogne), renaît en incorporant des formations FFI dont la plupart viennent de servir devant les Poches de l'Atlantique.

Il a pour commandant en second le lieutenant-colonel Albert Fossey, alias « François », 35 ans, sergent-chef en 1939, chef départemental FFI de la Creuse, futur Compagnon de la Libération et lieutenant-colonel de parachutistes. Le commandant Edouard Hemmerlé est chef d'état-major, le commandant Rizza adjoint au chef de corps.

Le régiment incorpore notamment les FFI périgordins du maquis Mercedes, du groupe Marianne, du groupe Bugeaud, des maquis Eric, Chastaing, du bataillon Lilas (revenu à Sarlat fin octobre), des compagnies FTP Carrère et de Concha, du bataillon Joseph...


Le 1er bataillon (commandant Jean Poumarède puis commandant Vallade, venu du groupe Mercedes, ayant pour adjoints les capitaines Costes et Louis Laval), se compose des 1ère (capitaine Charles Reinhard), 2e (lieutenant Durand), 3e (lieutenant Traveau), 4e (capitaine Jean Despreaux) et 5e (capitaine Rey) compagnies, ainsi que d'une compagnie de commandement (capitaine Beaucourt).
Le 2e bataillon est aux ordres du commandant Raymond Carrère, issu des FTPF. Ses compagnies sont aux ordres des capitaines Thomas Gimeno (5e), Guy Raloux (6e), Mathieu de Concha (7e), Ellies Lacoste (10e) et Picot (11e), du lieutenant Jean-Paul Claria (9e).

Le 3e bataillon, à Bergerac, reçoit des éléments du 32e bataillon CFL (groupe Cerisier), du 33e bataillon CFL (groupe François-Ier), du bataillon Marcel... Il est aux ordres du commandant Joseph Saintraille (lieutenant d'active, membre de l'ORA), avec le capitaine Fouquet pour adjoint. Ses compagnies : la 11e (capitaine Robert de Muizon, ancien lieutenant de la compagnie Boby du bataillon Joseph), la 12e (lieutenant Michel Pupat, ancien chef de la compagnie Michel du bataillon Joseph), la 13e (capitaine de Concha), la 14e (lieutenant Claira), la 15e (capitaine Marceau Feyry, ancien chef du groupe François-Ier), et la CC 3 (capitaine R. Merlet).

A noter qu'au sein du régiment, servent 29 officiers, 54 sous-officiers et une centaine d'hommes issus du 26e RI de l'armée d'armistice.


Le 21 décembre 1944, il voit partir un détachement de 800 hommes (dont la compagnie du lieutenant Forie), confiés au commandant Poumarède, qui s'en vont former, à Brive-la-Gaillarde, le 1er bataillon du 126e RI.
Son 2e bataillon est alors reconstitué par les FFI de la Creuse, emmenés par le commandant Fossey. Le groupe François, les compagnies Daniel (capitaine Picaud), Robert (capitaine Udrienner), Louis (capitaine Beney), Biton (capitaine Biton) et le bataillon FTP Martin (commandant Belmont) l'intègrent, le II/26e RI passant sous les ordres de Raymond Belmont, 26 ans, sous-lieutenant en 1940, chef FTP du département. Il se compose des 6e (capitaine Biton), 7e (capitaine Marcel Picaud), 8e (capitaine Udrienner), 9e (capitaine Henry) et 10e (lieutenant Kuntz) compagnies, d'une CC (capitaine Daoudal), les capitaines Le Guillou et Roithring étant adjoints au chef de bataillon.


Destiné à opérer dans l'Est de la France (comme le 131e RI de l'Aube et de l'Eure-et-Loir, d'ailleurs), le 26e RI fait finalement mouvement vers La Rochelle. L'ordre parvient à Mingasson le 18 janvier 1945, l'embarquement à destination de La Roche-sur-Yon (Vendée) intervient le 22, et la montée en ligne (en relevant le 125e RI de la Vienne et le I/15e RI du Tarn) à partir du 30.

Le 1er avril 1945, le 26e RI (de Dordogne) devient officiellement 13e RI, en raison de l'existence d'un autre 26e RI en Lorraine. Le lendemain, le lieutenant-colonel Mingasson reçoit, à Paris, le drapeau de son régiment.

En position devant La Rochelle, le 13e RI constitue l'ossature du groupement Mingasson, avec un bataillon du 6e RI, un autre du 4e zouaves, un escadron du 1er spahis marocains et un autre du 13e dragons. Ce groupement participe à l'offensive des 30 avril et 1er mai 1945 dans la poche de La Rochelle, enlevant la côte 33, les communes de Thairé, La Gravelle et La Gigone.


Le régiment déplore, sur le front de La Rochelle, 19 tués, cinq disparus, et 56 blessés. Le site « Mémoires des hommes » du ministère de la Défense nous permet d'identifier les victimes suivantes :

. René Bonnefort, né en 1922 dans la Somme, tué le 16 avril 1945 à Ardillières.
. Jean Chemin, né en 1925 dans la Marne, le 10 avril à Marans.
. Pierre Claude, né en 1913, le 3 mai à Rochefort.
. Jean Demaret, né en 1924 à Paris, mort le 26 mars à La Rochelle des suites de blessures.
. André Dumonteil, né en 1921 en Dordogne, tué le 1er mai près de Thairé.
. Jean Gambaud, né en 1925 dans la Creuse, tué le 16 avril à Ardillières.
. Bernard Gouas, né en 1922 en Indre-et-Loire, tué le 13 mars à Landrais.
. Charles Henninger, né en 1910 à Strasbourg, tué le 11 avril par balle à Charneuil.
. Joachim Jehanno, né en 1922 dans le Morbihan, tué le 30 avril à Thairé.
. Ernest Joubert-Pinet, né en 1912 en Dordogne, tué le 30 avril à Thairé.
. Raymond Maysonnier, né en 1918 dans le Lot-et-Garonne, tué le 1er mai à Thairé.
. Angelo Meccenero, né en 1918 en Italie, le 3 avril à Poléon.
. Albert Medan, né en 1926 dans les Deux-Sèvres, mort le 2 avril de maladie à Rochefort.
. Georges Moreaud, né en 1924 dans la Creuse, le 16 avril à Rochefort-sur-Mer.
. le sergent Alfred Sauvanet, né en 1921 dans la Creuse, tué le 30 avril à La Gravelle.
. Clément Souverain, né en 1923 dans la Creuse, tué le 30 avril à La Gravelle.
. Lucien Toumazou, né en 1906 à Sarlat, tué le 11 avril à Charneuil.