lundi 9 décembre 2019

Le 1er BCP dans la bataille de Colmar


Le 1er bataillon de chasseurs à pied formait, avec le 5e BCP, la 4e demi-brigade de chasseurs (commandant puis lieutenant-colonel André Petit). Nous avons déjà évoqué, sur ce blog, l'activité du 5e BCP durant la bataille de la poche de Colmar. Voici aujourd'hui celle de son unité sœur.



Le 1er BCP a été créé le 1er janvier 1945 à partir du 90e régiment d'infanterie (commandant Petit), qui avait été mis sur pied avec des volontaires de l'Indre. Il est aux ordres du chef de bataillon Jean Paoli, avec le chef de bataillon Camille Boiziau comme adjoint et le capitaine Roger Bertrand comme adjudant-major. Les compagnies sont aux ordres des capitaines Georges Guiet (1ère), Charles Baaman (2e), René Tissier (3e) et Knepre (compagnie d'accompagnement).


C'est le 7 janvier 1945 que la 4e demi-brigade de chasseurs quitte Châteauroux par voie ferroviaire. Le 1er BCP arrive à Pouxeux (Vosges) le lendemain, puis gagne Saint-Nabord puis Saulxures. Le 15 janvier, le bataillon est enlevé en camions et, par Masevaux et Bourbach-le-Haut, il arrive à Bistchwiller. Rattaché à la 4e division marocaine de montagne, il monte en ligne le lendemain, occupant le quartier de l'Oberfeld, avec PC à Willer-sur-Thur.

Le 21 janvier, sa 2e compagnie et la 1ère compagnie du 5e BCP relèvent le 1er bataillon du 1er régiment de tirailleurs marocains, s'installant sur le piton situé à 500 m à l'est de la cote 472 et sur le Krumbachkopf. Quatre jours plus tard, le 1er BCP est relevé par le bataillon Thuillier du 24e RI (10e DI). Il gagne Thann pour être en réserve de demi-brigade. Puis, dans la nuit du 28 au 29 janvier, le bataillon relève le III/1er RTA sur les pentes du Rangenkopf et du Brandwaldkopf. Le 30, de nuit, il fouille le Kirschsberg, l'occupe de jour et s'empare de petits blockhaus, faisant huit prisonniers. Depuis le début de la bataille, la demi-brigade déplore déjà 19 tués, 66 blessés, 18 disparus, 132 malades, un déserteur.



Le 1er février, le commandant Perot, alors chef d'état-major de la 4e demi-brigade, permute avec le commandant Paoli et prend le commandement du bataillon.

Le 4, une patrouille occupe à 7 h le Waldkappel. La fin des opérations est proche. Le 6, rapporte le journal de marche et d'opérations, « la demi-brigade reçoit mission de pousser un détachement sur la route des Crêtes pour réaliser une liaison à la Jungenauenkopf. La compagnie rejoindra le bataillon une fois la liaison terminée. La 1ère compagnie du 1er BCP part à 7 h pour réaliser la liaison. Pertes de la journée : deux blessés par mine ».

Pour le 1er BCP, la bataille de Colmar est terminée.



Sources : journal de marche et d'opérations de la 4e demi-brigade de chasseurs, Service historique de la Défense.

lundi 14 octobre 2019

Les FFI d'Hérault-Lozère dans la Hardt (décembre 1944-janvier 1945)


S'il n'a pas participé aux actions offensives de la 1ère armée française, le 3e bataillon de la Brigade légère (puis régiment) du Languedoc, aux ordres du commandant Jean Boudet, a pris sa part dans les opérations de la poche de Colmar.

Sous le nom de bataillon Hérault-Lozère, il est issu de la fusion du bataillon de Haute-Lozère (commandant «Petitlouis») et du 1er bataillon de l'Hérault (commandant Boudet). Durant tout le mois de novembre 1944, l'unité s'entraîne au camp du Valdahon (Doubs) avant de monter en ligne. Ses activités nous sont connues par le journal de marche du bataillon (Service historique de la Défense).

10 décembre : départ du Valdahon.

11 décembre : débarquement à Bischwiller.

16 décembre : départ à pied pour monter en ligne.

17 décembre : relève du 2e bataillon (commandant Yves Testor) de la Brigade légère du Languedoc dans la Hardt, de Kembs (exclu) à Nieffer (exclu). Le soldat Mohamed ben Ahmed est blessé par éclat de mortier.

19 décembre : à 16 h 30, l'ennemi exécute un coup de main sur le point d'appui 1 (compagnie du capitaine Emile Perez). Il est repoussé, mais le bataillon déplore un mort (le soldat Marcel Scherer, par éclat de mortier) et quatre blessés : René Dalp, Joseph Tichit et Roger Laur (par mortier), André Turc (par balle).

21 décembre : Adolphe Mathieu est blessé par balle.

22 décembre : Marcel Barrière est blessé par éclat de mortier.

25 décembre : à minuit, tous les PA subissent un tir d'artillerie, puis les Allemands tentent un coup de main sur le PA 4 (sous-lieutenant Deparis) et le PA 5 (lieutenant Pierre Peyfaure, commandant de compagnie). L'attaque échoue, au prix de deux morts (le lieutenant Emile Lavigne, observateur du bataillon, tué par balle, et le caporal Paul Baudasset, 18 ans, de Clermont-l'Hérault) et cinq blessés (Raymond Parent, Albert Chassagne, René Mazuc, Jean Mannier et Claude Balthazar).

29 décembre : André Millet est blessé par une balle explosive.

30 décembre : Jean Frontère, 17 ans, est tué par balle.

1er janvier 1945 : harcelé, le PA 5 est attaqué. Nouvel échec.

2 janvier. Alors que le sol est recouvert de 30 cm de neige, le soldat Armand Martin, 19 ans, de Gignac (Hérault), est tué par balle.

3 janvier. Le soldat Henri Delplanque est blessé.

4 janvier. Tir de mortiers sur le PA 5 et attaque sur Kembs. C'est un échec. Le soldat Jean Caserivière est tué par un éclat de mortier, Jean Carbonette et Robert Bonnafous sont blessés.

6 janvier. Le bataillon réalise une patrouille en territoire ennemi. L'aspirant Betant sera cité.

8 janvier. La Brigade légère du Languedoc devient Régiment du Languedoc. Dix officiers quitteront le bataillon : le capitaine Roger Sagnes, les lieutenants Jean Deck, Jean Victor, Luc Ridau, Collache, Jacques Vergnier, les sous-lieutenants Levêque, Fesquet, Gaillard et Jardy.

13 janvier. Les soldats Joseph Sabatier, Rolland Jullien et Joseph Gadowski sont blessés.

17 janvier. Emile Page est blessé.

19 janvier. Le II/81e RI relève le III/Régiment du Languedoc, qui retourne à Bischwiller. Son temps de position dans la Hardt lui aura coûté six morts et 20 blessés. Le 16 mars, il deviendra III/80e RI. Ses commandants de compagnies : le sous-lieutenant Ernest Granier (CB), le lieutenant Peyfaure puis le capitaine Faisant (11e compagnie), le capitaine Perez puis le capitaine Diet (12e compagnie), le capitaine Astor Forrichi puis le lieutenant Henri Gelly (13e compagnie), le capitaine Henri Grandidier (14e compagnie) et le capitaine Roger Sylvestre puis le lieutenant Ferière (15e compagnie).

samedi 28 septembre 2019

La mort du capitaine "Neuville" à Gravelotte




Il y a 75 ans, des volontaires parisiens intégrés dans la célèbre Colonne Fabien subissaient des pertes sensibles dans le secteur de Gravelotte, entre Saint-Mihiel et Metz.

Le 1er bataillon de marche de Paris, dit «République», a été mis sur pied à compter du 9 septembre 1944. Constitué à Coulommiers, il réunissait 450 hommes, répartis entre quatre compagnies, sous les ordres du commandant Maroy. Le jeune capitaine Pierre Galais («Neuville»), 22 ans, commandait la 1ère compagnie, le lieutenant Brunet la 3e, le capitaine Bello la 4e, le capitaine Vidal la compagnie lourde...
C'est le 22 septembre 1944 que le bataillon fait mouvement afin de rejoindre le Groupement tactique de Lorraine (GTL), qui est l'ancienne colonne Fabien. Le GTL, parti de Nanteuil-le-Haudouin et arrivé en Lorraine depuis une dizaine de jours, opère alors aux côtés du 30e corps d'armée américain aux confins de la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle. Le 1er BM de Paris renforce, pour sa part, le 359e RIUS dans le secteur de Gravelotte. Il va alors prendre part à une action offensive.

Dans un historique conservé par le Service historique de la Défense à Vincennes, le commandant Jean-Raphaël Chagneau (un instituteur), membre de l'état-major du colonel Pierre Georges («Fabien)», détaille cette opération :
« L'attaque fut décidée pour le 26 à l'aube. La 1ère compagnie (est) mise en place dans la nuit du 25 au 26 avec l'assurance d'un appui d'infanterie américaine. Les instructions écrites du capitaine Neuville lui prescrivent le nettoyage des trous de carrières de part et d'autre de la route, et la liquidation de toute résistance de la ferme Saint-Hubert.
A l'aube du 26, une brume assez dense noyait le vallon de la Mance, brume qui s'éclaircit brusquement aux premiers rayons du soleil dégageant la visibilité, et d'un observatoire ennemi situé dans les bois de Vaux (observatoire repéré par la suite) fut déclenché un tir violent (probablement de mortiers) qui s'abattit sur les taillis où s'abritaient les sections de Neuville (5 h).
Nous eûmes des morts et des blessés dont le capitaine Neuville qui, mortellement atteint (colonne vertébrale sectionnées), transmit, avec un admirable sang froid, ses ordres écrits et verbaux à l'un de ses chefs de section, le lieutenant Michel», de son vrai nom Gaston de Tretaigne.
«Celui-ci lança l'attaque, nettoyant à la grenade les trous de carrière, progressant dans le secteur Nord de la Nationale 3 jusqu'aux abords immédiats de la ferme Saint-Hubert où un feu violent d'armes automatiques et d'artillerie provenant du Fort Jeanne d'Arc l'immobilise...»
La ferme sera prise, et dans les jours suivants, le bataillon luttera pour conserver ces positions. Au 28 septembre 1944, il déplorera, selon le commandant Chagneau, une quinzaine de tués et le double de blessés. Par la suite, il fusionnera avec le Bataillon de la Jeunesse (capitaine Jean Ridoux) pour former le 2e régiment de marche de Paris, futur 1er bataillon de la Brigade de Paris (151e régiment d'infanterie).

Les victimes des combats de Gravelotte recensées par le ministère des Armées :
. Jean-Jacques Bernard, de Paris, 18 ans,
. Victor Blot, de Calais, 24 ans,
. Louis Briatte, de Paris, 19 ans,
. Pierre Brière, de Paris, 19 ans,
. Jean Delvigne, de Paris, 22 ans,
. capitaine Pierre Galais («Neuville» ou «Charcot»), né à Amiens en 1922,
. Raymond Ganne, du Cantal, 19 ans,
. sergent Pierre Provost, de Paris, 19 ans,
. Marceau Rombaut, de Paris, 18 ans (il est né le 25 septembre 1926),
. Raymond Solleret, de Paris, 23 ans (décédé le 27 septembre)
. Jean Sourdillon, de Paris, 21 ans
. Roger Thevenault, du Cher, 20 ans.

vendredi 15 février 2019

Officiers FFI : les Bourguignons (I)


Militaires de carrière, fonctionnaires, étudiants, ouvriers : ils ont occupé des responsabilités dans la Résistance et pris la tête de bataillons ou de régiments issus des Forces françaises de l'intérieur. Essai de recensement des officiers supérieurs FFI (entre parenthèses, le grade occupé au moment de la déclaration de guerre), avec ici ceux ayant servi dans les départements bourguignons.

ADAM (Jacques), commandant, 41 ans, dit « Roger » (Provins, Seine-et-Marne, 1903). Adjoint puis chef du réseau «Jean-Marie Buckmaster » (Yonne) ; commandant, chef du 1er régiment de volontaires de l'Yonne ; adjoint au chef de corps du 35e RI ; lieutenant-colonel, nommé officier de la Légion d'honneur (1948) pour services de guerre exceptionnels.
ALIZON (René), commandant (sous-lieutenant), 32 ans, dit « Guy » (Fesches-le-Châtel, Doubs 1912). Sous-officier, nommé sous-lieutenant d'active le 24 août 1939 ; chef départemental des FFI de Côte-d'Or (et chef de la sous-région D2) ; chef de corps du régiment de Bourgogne. Terminera sa carrière comme lieutenant-colonel.
BAZOT (Laurent), commandant, 44 ans, dit « Laurent » (Chalon-sur-Saône, Saône-et-Loire, 1900). Capitaine de réserve d'aviation selon André Jeannet ; chef du Régiment de Cluny ; chef du Commando de Cluny ; chef du 4e bataillon de choc ; nommé officier de la Légion d'honneur (1947). Son nom a été donné à une rue de Cluny.
BERTHIER, commandant. Chef du 1er bataillon de marche de la Côte-d'Or (versé au 60e RI).
CHAMPENIER (Roland), commandant, 20 ans, dit « Roland » (Marseilles-les-Aubigny, Cher, 1924). Adhérent des Jeunesses communistes dans sa jeunesse ; s'investit dans la résistance dans la Nièvre ; commande un groupement FTPF du Cher et de la Nièvre ; à la Libération, commandant de place de Nevers ; chef du 3e bataillon du 1er régiment du Morvan ; mortellement blessé le 9 novembre 1944 sur le front, décédé à l'âge de 20 ans. Sa notice est à lire sur le site Maitron.
CHAPELLE (Jean), commandant, 20 ans, dit « Verneuil » (Paris 1924 – Paris 1981). Etudiant à Sciences po, membre de Libération-Nord ; chef de la 3e demi-brigade de l'Yonne puis du Régiment Verneuil, à 19 ans et demi ; chef du 4e bataillon du 1er régiment du Morvan ; fera après-guerre une belle carrière dans l'administration.
CHARPY (Maurice), commandant (commandant), 53 ans (Cheny 1891 - en Alsace 1944). Enseignant à Ormoy (Yonne) ; chef de bataillon au 204e RI, fait prisonnier en 1940 ; sert au groupe Bayard (Yonne) ; chef du 1er bataillon du 1er régiment de volontaires de l'Yonne ; tué à Guevenheim le 7 décembre 1944.
CUNIN (Bernard), commandant, 44 ans, dit « Georges » (Troyes, Aube, 1900 – Sélestat 1961). Chef de la 1ère demi-brigade de l'Yonne ; chef de bataillon au 151e RI quand il est fait membre de la Légion d'honneur (juin 1945) ; domicilié en Alsace.
DAUMONT (Roger), capitaine puis commandant, 36 ans, dit « Hurepoix » (Châlons-en-Champagne, Marne, 1908). Chef du maquis du Louhannais (Saône-et-Loire) puis du 2e BCP.
GUILLIER (Raymond), commandant, 38 ans, dit « Robert » (Vic-sur-Til, Côte-d'Or, 1906). Pilote de chasse ; membre de CDLL ; chef du maquis Bayard (Côte-d'Or) puis du bataillon de choc Bayard. Fait commandeur de la Légion d'honneur (1947) comme « officier animé des plus belles qualités militaires, courageux, plein d'audace et d'allant... Totalise huit citations, dont cinq à l'ordre de l'armée ».