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| Des fantassins français dans Scheibenhardt, 19 mars 1945. |
Qualifiée, dans ses écrits, de "colonne R4 bis" par le colonel Jean Schneider, commandant du Groupement mobile du Sud-Ouest et du Centre (GMSO), la Brigade légère de Garonne a été recrutée dans le département du Lot-et-Garonne. Officier d'artillerie d'active (il était capitaine depuis 1935), Francis Montagnier, né en Algérie en 1902, en était le chef, sous le nom de guerre de colonel Main Noire.
Le lieutenant-colonel Montagnier a dressé, en 1950, la liste des unités qui ont rejoint sa colonne : le Bataillon Chevalier (commandant Jean Crocis, seulement âgé de 23 ans), le Bataillon Jasmin (commandant de réserve Jean Barret, directeur des Services agricoles du département), le Bataillon Coldur (compagnie NL5 du capitaine André Ordy et groupe franc 13 du capitaine Henri Richard) du commandant Joseph Colment, les bataillons FTP Arthur (trois compagnies, capitaine Lucien Baron), Lecerf (commandant Maurice Lecerf) et Prosper (deux compagnies), le Bataillon Geoffroy (brièvement), le bataillon Jack NL 23...
Rassemblés dans le Jura
La plupart de ces FFI quittent le Lot-et-Garonne (Tonneins, Agen, Marmande) les 12 et 13 septembre 1944. Ils se portent d'abord sur La Souterraine (Creuse), puis sur Sancergues (Cher), avant d'arriver à Moissey (Jura) le 2 octobre 1944. C'est notamment le cas du Bataillon Jasmin, 530 hommes environ, dont la 1ère compagnie est commandée par le capitaine André Huser*, la 2e par le capitaine François Cassé, la 3e par le capitaine Jacky O'Brien, la compagnie d'engins Granier par le capitaine Jean Helt. Ce bataillon se disloque durant la deuxième quinzaine d'octobre 1944 : la 1ère compagnie est dissoute le 1er novembre 1944 et son personnel placé en subsistance à la "1ère batterie du 4e groupe d'artillerie divisionnaire" (il s'agit sans nul doute du IV/4e RA), la 2e rejoint le Lot-et-Garonne le 22 octobre 1944, la compagnie d'engins est dissoute le 20 octobre 1944. Il est à noter que parmi les éléments de la colonne qui ont quitté le Lot-et-Garonne, certains - comme le Bataillon Geoffroy - ne sont pas allés plus loin que le Centre de la France et ont fait demi-tour sans rejoindre la 1ère armée française.
Les volontaires qui sont restés dans l'Est rejoignent le camp de Valdahon, dans le Doubs, où s'instruit la Brigade légère de Garonne, forte au 12 octobre 1944 de 3 160 hommes. Commandée par le lieutenant-colonel Montagnier, elle semble alors réunir trois bataillons.
Le 1er paraît se confondre avec le Bataillon Jasmin qui, nous l'avons vu, s'est disloqué.
Le 2e bataillon est connu parce que sa 4e compagnie correspond - depuis le 30 octobre 1944 - au groupe franc 13 (ex-compagnie NL 13 du Bataillon Coldur). Elle est commandée par le capitaine Henri Richard (Georges), qui est assisté par les lieutenants Marcel Philippon, Adolphe Mathieu, Pierre Alcay, Paul Géraud et Christian Trejaut. Cette unité était partie d'Agen le 12 septembre 1944. Elle était cantonnée à Flammerans (Côte-d'Or) depuis le 10 octobre 1944. Le 4 novembre 1944, elle fait mouvement sur Chatenois.
Le 3e bataillon correspond au Bataillon Chevalier. Il est sous les ordres du commandant Jean Crocis (Jean-Marie), qui a pour adjoints les capitaines Louis Crocis et René Montet. Les trois compagnies sont commandées par le capitaine René Vergniaud, le capitaine Georges Pradel et le lieutenant Jean Baure.
Destins différents
Progressivement, la Brigade, en tant que telle, disparaît, ses formations connaissant des destins différents.
Le 1er groupe d'artillerie de la Brigade, sous les ordres du chef d'escadron Jean Bouysse, se transforme ainsi en 4e groupe du 4e régiment d'artillerie (14e division d'infanterie), renforcé par des artilleurs de Corrèze-Limousin et du Tarn.
Le 6 janvier 1945, une autre formation de 500 hommes issue de la BLG - le "bataillon de dragons portés" du commandant Jacky O'Brien, ce dernier issu du Bataillon Jasmin - est affectée au 8e régiment de dragons dont elle forme le 2e escadron (capitaine André de La Salle).
Il subsiste le Bataillon Garonne dit Garonne-Dupré, mis sur pied le 18 décembre 1944 et sous les ordres du commandant Etienne Bloch, dit Dupré, originaire d'Issy-les-Moulineaux, venu du Bataillon Jack NL 23. La CA (capitaine Richard) est formée par la 4e compagnie du 2e bataillon. Le capitaine Lucien Baron, ancien chef du Bataillon Arthur, le capitaine Louis Sahuc, un prêtre issu de la compagnie NL 14, appartiennent également à ce bataillon qui est fort de 850 hommes.
En Allemagne de vive force
Le 31 décembre 1944, le Bataillon Garonne-Dupré quitte Châtenois pour se porter sur le secteur de Xonrupt (Vosges) afin de relever le 3e régiment de dragons et y tenir position. Le 6 janvier 1945, la 1ère compagnie relève au Grand Valtin des éléments du groupement tactique Bonjour (3e DIA).
Mais le 8 janvier 1945, le bataillon est rappelé pour être dirigé d'urgence sur le secteur Sud de Strasbourg menacé par l'armée allemande. Les Lot-et-Garonnais prennent position sur le Rhin, près de Graffenstaden. Là, ils sont versés dans le 4e régiment de tirailleurs tunisiens (3e DIA) dont ils forment le 2e bataillon, la compagnie Richard devenant CA du II/4e RTT. Mais l'expérience s'avère peu concluante, et tandis que le II/4e RTT est reconstitué, les volontaires du Lot-et-Garonne sont versés dans les autres bataillons du régiment.
Le 19 mars 1945, la 6e compagnie du capitaine Sahuc, issu du Bataillon Garonne-Dupré, s'illustre en entrant de vive force en Allemagne et en enlevant la localité de Scheibenhardt. Plusieurs Lot-et-Garonnais - Gérard Lescoul, Yves Tricou - sont morts en 1945 dans les rangs du 4e RTT.
* Le capitaine Huser, comme le lieutenant Pierre Gadail (2e compagnie), serviront plus tard au sein du Bataillon Atlantique (III/34e RI) dans le Médoc.
Sources principales : série GR 19 P 47, SHD - archives du 8e régiment de dragons, GR 12 P 109, SHD - archives du Bataillon Coldur, GR 13 P 75, SHD - journal Rhin et Danube.
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