dimanche 13 avril 2025

Le bataillon du Lot-et-Garonne (34e RI) au combat dans le Médoc, 14-20 avril 1945


Un combattant français de la Brigade Médoc. 

     Le Bataillon Atlantique (du Lot-et-Garonne) est arrivé sur le front du Médoc le 12 décembre 1944, et il est monté en ligne le 16 février 1945. Initialement, il était sous les ordres du commandant Maurice Baril. Puis le commandant Jean Barret, l'ancien chef du Bataillon Jasmin (et des Corps-francs de la Libération du Lot-et-Garonne) en a pris le commandement, y compris lorsque l'unité est devenue 3e bataillon du 34e régiment d'infanterie (III/34e RI) le 28 mars 1945.

    Les compagnies du bataillon lot-et-garonnais sont sous les ordres du lieutenant Le Merle (1ère puis 11e), du capitaine Rouseau (2e puis 12e), du capitaine Pierre Gadail (3e puis 13e), du capitaine Louis Abadie puis du lieutenant Michel (CA puis 14e), du capitaine André Huser (compagnie de choc puis 15e). 

    Le 14 avril 1945, la Brigade Médoc du lieutenant-colonel Jean de Milleret (Carnot) passe à l'offensive pour réduire la Poche dite du Verdon. Pour le 34e RI du lieutenant-colonel Léonce Dussarat et du commandant Jean Badie, engagé à l'est de la brigade, les opérations commencent avec la prise de Château Canau. Puis le régiment, également composé de Landais et de Girondins, progresse en direction du Chenal Neuf, dans la nuit du 14 au 15 avril. "Avance pénible sur terrain inondé", note le journal de marche de la compagnie de choc.

    Au matin du 15 avril 1945, le 34e RI arrive devant l'ouvrage UP 9. Il est 6 h 30 lorsque les Allemands ouvrent le feu à l'approche des fantassins. Riposte des Français, qui empêchent une tentative de sortie de la garnison. C'est le début d'une rude journée, marquée par des échanges de tirs d'artillerie et d'armes automatiques.  A 7 h 15, un tireur à la mitrailleuse, le soldat Joseph Bauer, 22 ans, "est tué à son poste de combat", précise le JMO de la 15e compagnie (Huser). Celle-ci déplore également deux blessés. Deux autres mitrailleurs puis deux brancardiers seront encore touchés dans la soirée. A 22 h, l'unité doit se résoudre à se replier sur la base de départ, le Marais des Pêcheries. Ce décrochage permettra à l'artillerie et l'aviation françaises d'entrer en action. Parmi les blessés d'une journée rendue difficile par un soleil "très chaud" (rapport du commandant Baril), la 14e compagnie (d'appui) du III/34e cite le sergent-chef Crosnier, le sergent David, les soldats Lépinotré, Villate et Michelot.

    Le 16 avril 1945, le I et III/34e RI reprennent leur marche en avant mais sont bloqués devant Port-Saint-Vivien et dans les marais devant le chenal de Saint-Vivien. C'est le II/34e qui débloque la situation en occupant le Château sans nom puis Port-Saint-Vivien, enfin la Pointe aux Oiseaux.

    Le 18 avril 1945, le II/34e du commandant Robert Duchez franchit le chenal de Talais et contourne un sérieux obstacle, le fossé anti-chars. Il prend contact avec le III/34e (Barret) qui, lui aussi, a subi de lourdes pertes. Le journal de marche de la compagnie de choc rapporte : "Midi : ordre d'attaquer des positions ennemis du fossé anti-chars ayant subi de violents bombardements par l'aviation. Franchissement du fossé côté Est au bord de la Gironde. [...] Subissons un violent tir d'artillerie ennemie. Cinq hommes commotionnés soufflés par une bombe fusée. Quarante prisonniers. L'ennemi devant nous fait sauter un pont sur la route départementale." Selon le JMO de la 14e compagnie (Michel), c'est à 14 h 25 qu'un tir d'artillerie a tué les soldats Léon Cégeski, 20 ans, et Ernest Prouvé, 21 ans, mortellement blessé les soldats Fernand Marrot, 17 ans et demi, et Gabriel Bonnet, 18 ans. Tous appartenaient à la 1ère section de mitrailleuses qui appuyait la 12e compagnie. Pour sa part, la 15e compagnie (de choc) enlève deux rampes de lance-fusées, faisant 35 prisonniers. Bientôt se présente l'ouvrage Y 23, qu'attaqueront de face la 12e compagnie - toujours accompagnée des mitrailleurs du lieutenant Michel - et par débordement la 15e. La résistance de la garnison oblige à un repli "dans les ouvrages ennemis sur le fossé anti-chars" (JMO de la 14e compagnie). Durant cette journée, le Bataillon Atlantique aura également à déplorer la mort du lieutenant Charles Kempeners et de René Bodey. 

    Le 19 avril 1945, le 34e RI, qui a obtenu dans la nuit la reddition du blockhaus de La Longue, reprend sa marche en avant, avec pour objectif Le Verdon. Le III/34e RI progresse en direction de la Grande-Sarretière et du Môle du Verdon. La compagnie Huser franchit le chenal, réduit des nids de mitrailleuses, entre dans Le Verdon, tout comme le II/34e. Le journal de la 15e compagnie rend compte : "Combats de rues. L'ennemi paraît désorganisé. Certains Allemands se replient vers la Pointe de Grave, d'autres  vers le Môle. Quarante-cinq prisonniers. Attaquons le centre de la ville. Le commandant de la place se rend sans combat." L'opération permet au 34e RI, qui réalisera la liaison avec le 131e RI, de libérer des prisonniers français. A midi, le capitaine André Huser hisse le drapeau français sur le château d'eau du môle d'escale. 

    Les combats ne sont pas terminés. Dans la soirée, le III/34e RI qui suit la voie ferrée Le Verdon - Soulac-sur-Mer progresse en direction de la Pointe de Grave. Il passe la nuit sur place.

    Le 20 avril 1945, une ultime manoeuvre de la Brigade Médoc permet d'enlever le Fort du Verdon et la Pointe de Grave. La poche a enfin été réduite. Le 34e RI aura perdu au moins 27 tués identifiés durant ces sept jours de combat.

Sources : archives du 34e RI, GR 12 P 8, SHD.

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