mardi 13 mars 2012

Le 3e dragons FFI dans la bataille des Vosges

C'est après la reddition de la garnison allemande de Castres que le chef d'escadrons Pierre Dunoyer de Segonzac, alias « Hugues », 38 ans, ancien chef de l'école des cadres d'Uriage, et alors chef des maquis de l'Est du Tarn (dans le Vabre), met sur pied un groupement FFI, baptisé Corps-franc Bayard. C'est une unité de l'ORA, qui compte notamment dans ses rangs des FFI juifs de la compagnie Marc-Haguenau. Parmi ses officiers, figurent le capitaine Guy de Rouville (« Pol Roux »), officier de transmissions, le sous-lieutenant Adrien Gensburger, le médecin-lieutenant Gabriel Nahas, le Dr Jean-Louis Levy (« Ambroise »), le révérend père de Morand, le pasteur Robert Cook... Des volontaires vosgiens le rejoindront ultérieurement.

Ce corps-franc reprend rapidement les traditions du 3e régiment de dragons (selon une source, le 20 octobre). Il devient régiment de reconnaissance de la Division légère de Toulouse.


6 septembre 1944 : le Corps-franc Bayard quitte Castres – où il s'est formé au quartier Fayolle, à partir des FFI de la zone A du Tarn, et où il a défilé le 2 - en train ou en camions gazo. Le capitaine Jean de Segonzac (« Martin »), frère du commandant, est à la tête du détachement précurseur. L'unité, qui passe par Nevers (Nièvre), s'installe à Pornoy (Haute-Saône) où elle reste jusqu'à la fin du mois.

25 septembre : les dragons FFI – à pied, faut-il le préciser - du capitaine Jean de Segonzac attaquent, avec les zouaves portés de la 1ère division blindée, les bois du Mont-de-Vannes, près de Lure. Les combats durent jusqu'au 27. Parmi les victimes : Paul Ortega, né en 1924 dans le Tarn, tué le 25 septembre par balle, Guy Marmier, né en novembre 1926 dans le Tarn, tombé le 26, Emile Iche, né en 1919 dans le Tarn, tué par balle le 27.

12 octobre : l'unité monte en ligne dans les Vosges avec le 2e RSAR, après avoir tenu les bois près de La Vacheresse.

14 octobre : les dragons essaient d'enlever Rochesson. D'autres tentatives ont lieu les 18 et 23 octobre. Les pertes sont qualifiées de lourdes. Julien Gonzales est tué le 14 à Rochesson par balle, le même jour que Heindrich Kiel, né en 1919 en Pologne, et Simon Weil, né en 1924 à Strasbourg.

31 octobre : Marcel Maurel, né en 1925 dans le Tarn, est tué par balle au Haut-du-Tot.

1er novembre : Jacques Bonnescuelle de Lespinois, né en 1923 dans le Tarn, est tué par balle.

3 novembre : Pierre Latger, né en 1925 à Castres, est tué au Haut-du-Tot par éclat d'obus.

12 novembre : Hervé Amalric, né en 1922 à Mazamet, est tué par un éclat d'obus.

20 novembre : les dragons gagnent Gérardmer, selon un historique de la 14e DI.

22 novembre : Abraham Lifchitz, né en 1924 à Paris, est tué à Xonrupt, village proche de Gerardmer.

26 novembre : selon l'historique de la 14e DI, les dragons « attaquent sur Xonrupt, Longemer, l'Envers des Fiées Les pertes sont dures, mais ils rejettent les Allemands sur la route des crêtes, qu'ils vont tenir pendant tout le mois de décembre, avec un mètre de neige ». Léon Arramond, né en 1912, est tué à l'Envers des Fiés, commune de Longemer, par balle. Le brigadier Henri Fraufenlder, né en 1910 en Alsace, trouve la mort au même lieu par balle, le capitaine Henry Perié, chef du 1er escadron, né en 1915 à Castres, est tué à l'Envers des Fiées. Ernest Marty, né en 1924 dans le Tarn, est tué ce jour-là par balle. Mario Barbageleta, né en 1923 dans l'Hérault, est tué à Longemer.

30 novembre : l'aspirant Pierre Chauchard, né à Rodez en 1920, meurt aux Plombes.

3 décembre : au col du Collet, sont tués le brigadier Paul de Lavenne de Choulot de Chabaud-Latour, né en 1921 à Paris, André Gilet, 20 ans, Georges Cabrol, né en 1924 à Saint-Ornans (sic). Le même jour, Guy Mahou, né en 1907 en Moselle, est tué au Grand Valtin par éclats d'obus, ainsi que Henri Chaput, né en 1921 à Epinal, et André Gau, né en 1922 dans le Tarn (par éclat d'obus).

5 décembre : le lieutenant Georges Barbas, nouveau chef du 1er escadron, né en 1917 à Paris, est tué d'une balle dans la tête sur la route des crêtes, devant la Schllucht. Albert Benoit, né en 1902 dans la Seine, est tué par une rafale d'arme automatique au Collet, et Jean Bernard, né en 1923 à Mazamet, meurt à Remiremont des suites de blessures. François Bourguet, né en 1925 dans l'Averyon, est tué par balle au thorax au col de la Schlucht.

7 décembre : le maréchal des logis-chef Pierre Assemat, né en 1923 dans le Tarn, meurt à Remiremont des suites d'éclat de mine.

11 décembre : André Albert, né en 1925 à Vabre, est tué par un éclat d'obus à Remiremont. Au total, le site Mémoires des hommes du ministère de la Défense recense donc 30 victimes appartenant au 3e dragons FFI.

1er janvier 1945 : le régiment est relevé.

Dès lors, le groupement assure la garde du Rhin de la mi-février à la mi-mars 1945, devenant, entre'temps, 12e régiment de dragons, sous les ordres du lieutenant-colonel de Segonzac. Il est endivisionné dans la 14e DI, reçoit son drapeau à Paris le 2 avril, passe le Rhin à Kehl fin avril et atteint le lac de Constance.

A lire, sur le sujet, un site particulièrement intéressant : http://maquisdevabre.free.fr/

samedi 3 mars 2012

Contre-attaque allemande dans la Poche de Dunkerque, 9 avril 1945

Le 9 avril 1945, le II/51e RI du commandant Charevebière de Sal – ex-I/110e RI ou bataillon de marche du 43e RI -, formé à Lille, subissait de lourdes pertes dans la Poche de Dunkerque, à l'occasion d'une contre-offensive ennemie.

Selon Jacques Mordal (« Les poches de l'Atlantique »), ce bataillon est alors en position sur le canal de la Haute-Colme, hormis la 8e compagnie qui renforce le I/51e RI dans la région de Mardyck. L'action du 9 avril s'inscrit dans le cadre de l'opération Blücher menée par les Allemands, qui attaquent sur le canal de Bourbourg, à 1 h 30. La 8e compagnie est capturée presque entièrement, seuls une demi-douzaine d'hommes pouvant rejoindre nos lignes, et la 6e est réduite à la valeur d'une section.
Les victimes du régiment (lieutenant-colonel Le Hagre), recréé le 24 janvier (ou, plus officiellement, le 1er février) par changement de dénomination du 110e RI, que nous avons pu identifier, grâce au site Mémoire des hommes, sont les suivantes :
. le 9 avril, Pierre Albagnac, né à Herin (59), « non mort pour la France » à Cassel, de suite de blessures ;
. le 10, Moise Arco, né en 1923 à Roubaix (59), tué au moulin de Spycker ;
. Pierre Mazereuw, né en 1925 à Lille (59), tué au moulin de Spycker ;
. Edmond Demaret, né en 1924 à Calais (62), tué à Spycker ;
. Roger Peinremboom, né en 1925 à Lille (59), tué à Spycker ;
. Robert Six, né en 1923 dans le Nord, tué à Dunkerque ;
. Albert Steenkiste, né en 1919 dans le Nord, tué à Spycker ;
. Jean Vincent, né en 1927 dans le Nord, tué le 10 mai (sic) 1945, à Spycker…

Un autre régiment intervient lors de ce combat : c'est le 33e RI du colonel Gros. Selon plusieurs articles de presse, ce corps contre-attaque, à 17 h, les Allemands occupant la distillerie et la ferme de Stévenot, au pont de Spycker, y perdant, au cours d’une bataille qui a duré cinq heures, 33 tués.
Qui sont les victimes du 33e ? L’aumônier Jean de Beco, né en 1913 dans le Nord, ancien FTPF, mort le 11 avril à Dunkerque ; mais aussi : 
. Badora Wladislaw, né en 1923 en Pologne, du II/33e, mort le 11 avril à Spyecker ;
. Bailleul Cyrille, né en 1925 à Lille, FFI (sic – pas de numéro d’unité), le 10 avril à Dunkerque ;
. Callewaert Roger, né en 1905 dans le Nord, du II/33e, le 15 avril à Bronkerque ;
. Casteur Jean, né en 1922 dans le Nord, du II/33e, le 15 avril à Dunkerque ;
. Cateau Emile, né en 1920 à Marcq-en-Bareuil, du II/33e, le 16 avril à Dunkerque ;
. Claessens Alphonse, né le 18 décembre 1929 à Orchies (59), le 30 avril à Spycher (il avait donc 15 ans et cinq mois) ;
. Decottignies Pierre, né en 1925 à Lille, le 16 avril à Spycker des suites de blessures ;
. Delaliau Léon, né en 1920 à Neux-les-Mines, le 11 avril à Spycker .
. Delbar Henri, né en 1925 à Tourcoing, mort le 16 avril  de blessures ;
. Deleglise Pierre, né en 1922 dans le Nord, le 14 avril à Mardyck ;
. Duhamel Albertin, né en 1910 dans le Nord, le 15 avril des suites de blessures ;
. Dujardin Gilbert, né en 1926 à Lille, le 11 avril ;
. Hendrick Gilbert, né en 1926 à Lille, le 11 avril à Spycker ;
. Letot René, né en 1924, le 11 avril dans le Nord ;
. Liard Jules, né en 1923 à Merville (59), le 11 avril à la ferme Vanherseck, des suites de blessures ;
. Marechal Georges, né en 1926 à Lille, le 12 avril à Rosendaël ;
. Motte Gilbert, né en 1925 à Marcq-en-Bareuil, le 10 avril à Loon Plage des suites de blessures ;
. Sinsoillier Robert, né en 1921, le 11 avril ;
. Watras Stanislas, né en 1927 dans le Nord, le 11 avril des suites de blessures.