jeudi 3 décembre 2020

Les combats de la cote 475 (30 novembre - 7 décembre 1944) (suite)


Le monument du Calvaire sur la cote 475, entre Bourbach-le-Bas et Roderen.
(Photo L. Fontaine).

3 décembre 1944. Eprouvé par les combats livrés l'avant-veille, le Régiment de marche Corrèze-Limousin est relevé. Par le Commando de Cluny, jusque-là cantonné dans l'agglomération de Belfort. Mis à disposition du 3e régiment de spahis marocains, les volontaires de Saône-et-Loire se portent, au matin, jusqu'à la désormais fameuse cote 475. Leur mission : en conquérir le sommet dans l'après-midi, appuyés sur leur gauche par le Détachement d'appui du régiment de reconnaissance, ainsi que par un peloton de tank-destroyers. L'heure H est fixée à 15 h 05. C'est la 1ère compagnie du capitaine du Chaffaut, et la section Paffoy de la 3e compagnie, qui se lancent à l'assaut. Mais les pertes vont être lourdes, à cause des obus de mortier et des mines. Les sergents Pierre Grard et Bernard Legrand, le caporal-chef Claude Boutillon, Fernand Halftermayer, Jean Witte sont tués. Le sergent-chef Gabriel Rollin, grièvement blessé par une balle explosive, mourra le lendemain. Les Commandos, qui ont perdu également Robert Zahmer, qui n'a que 17 ans, et Aimé Ferry, n'ont d'autre solution que de se replier. 475 reste aux mains des Allemands...

C'est quatre jours plus tard, le 7 décembre 1944, dans le cadre de l'action de la 2e DIM contre Thann, qu'une nouvelle tentative est lancée contre la cote, avec pour objectif immédiat la conquête de Roderen. Pour le Groupe de commandos du 2e corps, la tâche s'annonce rude. Pour prendre la localité, le commandant Georges Vigan-Braquet dispose de ses deux «commandos» (compagnies), du corps-franc d'Indre-et-Loire et des deux compagnies du 1er bataillon du Charollais.

Du côté des hommes du Charollais, arrivés à Bourbach-le-Bas la veille, c'est la 2e compagnie du lieutenant Jean du Sordet, appuyée par un peloton du 3e RSM, qui a le redoutable honneur de conduire l'attaque. Elle vient de passer une nuit «assez froide (…) au milieu de la pente dénudée qui domine la cote 475», peut-on lire dans l'historique du bataillon. L'attaque sera lancée à 9 h 20, après dix minutes de préparation d'artillerie. Mais comme pour leurs compatriotes de Cluny quatre jours plus tôt, les mines disposées par les Allemands sont meurtrières, particulièrement pour la section du lieutenant Danard. Un brancardier, Georges Micollot, est blessé. Si la section de l'adjudant-chef Gauthey peut occuper le calvaire, qui domine la cote, au bord de la route, les tirs ennemis alourdissent les pertes des volontaires qui ont pris position dans le bois voisin. L'aspirant Fillière est touché. Ordre est donné, en milieu d'après-midi, de rester sur la défensive, en attendant l'arrivée de la 1ère compagnie. Mais au moment où le lieutenant Antoine d'Anterroches, qui la commande, et le sous-lieutenant Victor Remmel, officier de renseignements du bataillon, partent en reconnaissance, les Allemands lancent à 16 h 30 une contre-attaque – victimes d'une mine, les deux officiers sont tués. La position devient intenable pour les hommes du lieutenant du Sordet, qui doivent se replier jusqu'à la cote 475, perdant encore quelques hommes sur le champ de mines. L'ennemi parvient à la crête, mais le corps-franc d'Indre-et-Loire le stoppe. Roderen n'est pas tombé, mais la cote 475 est enfin aux mains du Groupe Vigan-Braquet. Ses compagnies du Charollais auront perdu dix tués : outre les deux officiers, il s'agit du sergent Roger Aupoil, de Jacques Paliard, Maurice Kaiser, Jean Didier, Jean Baucher, Michel Pourtales (17 ans), Emile Legros et Elie Gandit. Dans les autres composantes du groupe de commandos, le sergent-chef Jean Brillat-Savarin, les soldats Gilbert Clément (17 ans) et Jacques Navarro ont également été tués.

Pour le bataillon du Charollais, c'est une nouvelle nuit qui sera passée dans des trous « pleins d'eau, aucun abri le long de cette pente exposée au vent glacial qui remonte la vallée », note l'historique du bataillon. Une nuit et une journée « sous une pluie glacée qui durera plus de quinze heures (…) qu'aucun de ceux qui les connurent n'oubliera de sa vie », confirme le commandant Vigan-Braquet.

Non loin de là, si les tirailleurs et les hommes du Régiment de Bourgogne qui les accompagnent sont parvenus à prendre Bitschwiller-lès-Thann, l'assaut de Michelbach, pour le 1er régiment de volontaires de l'Yonne, s'est avéré un échec sanglant : une vingtaine de tués, dont le chef de bataillon Charpy et le lieutenant Moïse Flottet. Du côté du Commando de Cluny, également engagé ce 7 décembre 1944, il a pu entrer dans Rammersmatt, après avoir perdu Louis Igier et Pierre Laurençon. Mais sa 2e compagnie du capitaine Jean Prost n'a pu reprendre le Kurrenbourg, déplorant la mort du sergent Roger Jouveneau, de Raymond Bellesme, André Brailly (17 ans), Alfred Cremon, Henri Genot. 

Au moins 40 tués, parmi les volontaires de l'Yonne, du Charollais, de Cluny et du Gard : le bilan est terrible pour les unités FFI qui appuyaient la 2e DIM. En forêt près de Michelbach, ou sur la cote 475, des monuments leur rendent hommage.

Sources : "Le maquis de Beaubery et le Bataillon du Charollais" ; "Si t'y crains t'es foutu", Victor Loizillon ; "Le Régiment de Bourgogne", Gilles Hennequin ; historique du 20e bataillon de chasseurs alpins, lieutenant-colonel Vigan-Braquet, Service historique de la Défense ; Mémoires des hommes.

lundi 30 novembre 2020

Les combats de la cote 475 (30 novembre – 7 décembre 1944) (1)


La cote 304, près de Verdun, est entrée dans la légende de la Première Guerre mondiale. Elle n'a pas eu d'équivalent, côté français, durant la seconde. Toutefois, la cote 475, entre Bourbach-le-Bas et Roderen, pourrait soutenir, toutes proportions gardées, la comparaison, tant elle a fait l'objet d'âpres combats, entre le 30 novembre et le 7 décembre 1944.


Une «croupe nue, exposée à tous les vents et à tous les tirs». C'est ainsi que le commandant Georges Vigan-Braquet, chef du Groupe de commandos du 2e corps, décrit cette hauteur traversée par la route départementale 35, reliant la vallée de la Doller à celle de la Thur, entre Bourbach-le-Bas et Roderen.

Le village de Bourbach-le-Bas a été occupé le 29 novembre 1944 par la 1ère division de marche d'infanterie, dans le cadre des combats de la poche de Burnhaupt. Après la prise de Masevaux, aux confins de l'Alsace et du Territoire-de-Belfort, les grandes unités du 2e corps essayaient de faire tomber Thann, au nord-est de Mulhouse qui, elle, a été libérée.

Les premiers FFI à faire connaissance avec Bourbach-le-Bas sont ceux du 11e régiment de cuirassiers, qui soutient depuis quelques jours les hommes du 1er régiment de fusiliers-marins. Mais ceux qui viennent s'y établir, le soir du 29 novembre 1944, appartiennent au Régiment de Bourgogne, régiment de FFI de Côte-d'Or aux ordres du commandant René Alison («Guy»). Le contexte : les troupes françaises n'ont pu progresser au-delà de Bourbach-le-Bas, stoppés par des barricades ou par des tirs d'automoteurs, que ce soit en direction de Rammersmatt ou de Roderen.


Le lendemain, 30 novembre, sera, pour elles, une journée noire. Déjà, toute la matinée, le 1er bataillon (capitaine Paul Loquin) du Régiment de Bourgogne, dont des éléments sont installés sur un versant de la cote 475, a été continuellement pris sous le feu ennemi. Il perdra deux commandants de compagnie, le capitaine Bernard Giraud (CA) et le capitaine Scipion Nasica (1ère compagnie), et au moins trois autres tués.

Mais c'est dans l'après-midi que la situation va se détériorer. Quand trois Jagdpanther et un Panther apparaissent sur la crête de 475. Les Allemands lancent en effet une contre-attaque. Elle survient au moment où le peloton du lieutenant René Hodin, du 6e régiment de chasseurs d'Afrique, avait reçu pour ordre de se diriger sur la forêt de l'Eichwald, pour relever le peloton Eblé du même régiment qui soutenait une opération de nettoyage de la 7e compagnie du II/Bourgogne et qui était à court de munitions. Or, Hodin arrive sur la cote 475, en pleine contre-attaque ! En quelques instants, les blindés ennemis incendient deux des Sherman du lieutenant Hodin, et touchent le troisième. Le peloton est décimé : le lieutenant Hodin, les brigadiers Paul Carrière et Jean-Marie Regnier, les chasseurs Jean Grollet, Camille Masson et André Tisserand sont morts ou si gravement brûlés qu'ils ne survivront pas.

C'est un autre peloton, mais appartenant lui au 8e régiment de chasseurs d'Afrique (qui soutient la 1ère DMI), qui intervient pour enrayer la contre-attaque. Les TD du lieutenant Ayoun parviennent à détruire deux des trois Jagdpanther, et à mettre en fuite le troisième.

Quant aux hommes du Régiment de Bourgogne, qui étaient installés sur 475, ils ont lâché prise, selon l'historique du 1er RFM : «Les fantassins (bataillon algérien du 4e RTM et FFI Bourgogne) affolés par la parution des chars refluent en désordre, officiers compris, dans Bourbach-le-Bas, et même sur les pentes de l'ouest du village, à l'exception d'une section du 4e RTM restée dans les bois au nord-ouest de 475». Il est vrai que le Régiment de Bourgogne a été bien éprouvé. La 7e compagnie et la CA du 2e bataillon, qui opéraient dans la forêt de l'Eichwald, ont, de leur côté, perdu 18 tués, dont trois officiers (les lieutenants René Mazzolini, Robert Eltrich, et le sous-lieutenant Pierre Jeanson), et un jeune Côte-d'Orien de 16 ans, Guy-Roger Boffy.

A peine entré en Alsace, le Régiment de marche Corrèze-Limousin, qui traversait Sentheim, reçoit l'ordre de se porter immédiatement sur Bourbach-le-Bas. Commandé par le lieutenant-colonel Vaujour («Hervé»), il est composé de deux bataillons également rattachés à la 2e DIM, pour l'un recruté parmi des Corréziens, pour le second avec des FFI de la Haute-Vienne. Le chef du II/RMCL, le commandant Gustave Lhermite, est chargé, à son tour, d'occuper la cote 475. Grâce au soutien de l'artillerie, les 6e et 7e compagnies parviennent à s'y accrocher, et à s'installer dans les trous pour y passer la nuit. Il fait froid, et c'est une neige mêlée de pluie qui tombe sur 475.

Les hommes du Régiment de Bourgogne n'ont pas été les seuls à être engagés, ce jour-là, dans la région. Sur leur gauche, leurs compatriotes du Bataillon de choc Bayard, appuyés par le Bataillon de choc et un escadron du 11e régiment de cuirassiers (FFI du Vercors), ont pu prendre le col du Hundsruck, sur la Route Joffre, entre Bourbach-le-Haut et Bitschwiller-lès-Thann. Au cours des combats, la 4e compagnie (capitaine Jean Ferry), mise sur pied à Sens, a perdu trois tués (les caporaux Albert Monneret et Gaston Bernard, le soldat Robert Fougereux).

Les FFI bourguignons vont passer la nuit sur ce col, et c'est durant cette même nuit du 30 novembre au 1er décembre que les Allemands vont de nouveau déclencher une offensive contre la cote 475. A la 6e compagnie du II/RMCL, la section de l'adjudant Delage, composée de volontaires de la région d'Ambazac, subit de lourds pertes, les survivants capturés après épuisement des munitions. Les hommes doivent se replier en direction de Bourbach-le-Bas. Selon un article paru dans le journal Rhin-et-Danube, Corrèze-Limousin a perdu 23 tués.

Le 2 décembre, après deux jours de repos consécutifs à la conquête de Masevaux, le Bataillon Janson de Sailly (FFI de Paris), dont le commandant Jean Berger a pris le commandement, vient se porter à son tour jusqu'au col du Hundsruck, où le capitaine Ferry, du Bataillon Bayard, est tué à l'assaut d'un piton. Le I/Bourgogne remonte également en ligne, au Hundsruck, sur le piton 681 et au-dessus de Bourbach-le-Haut.

Le lendemain, le Commando de Cluny, qui était cantonné à Belfort, arrive également dans le secteur de Bourbach-le-Bas, pour relever les hommes du RMCL. Ce jour-là, les volontaires de Saône-et-Loire sont chargés d'enlever 475. (A suivre).


Sources : Historique du 20e BCA, colonel Georges Vigan-Braquet, SHD ; «Le Régiment de Bourgogne», Gilles Hennequin ; «Le 2e Choc», Antoine Bechaux et Michel Lafuma, Editions France-Empire ; Journal Rhin-et-Danube ; JMO de régiments blindés de la 1ère armée française, site Internet chars-français.net ; JMO du 1er régiment de fusiliers-marins, site Internet du 11e régiment de cuirassiers.

Photo : le monument du Régiment de marche Corrèze-Limousin au pied de la cote 475. (Photo Lionel Fontaine).

mercredi 28 octobre 2020

Maquis Duguesclin (suite et fin) : la mort d'un chef

Des FFI du maquis Duguesclin devant le monument du boulevard Barotte, à Chaumont. (Collection M. Esprit/Mémoires 52).



14 septembre 1944

Journal du maquis : «Installation du bataillon à Chaumont. Dans la matinée, arrivée de la compagnie Heidet venant d'Arc-en-Barrois. Mouvement fait à pied. A 16 h 45, on signale au capitaine Schreiber que des coups de feu sont tirés par des miliciens ou des tireurs ennemis isolés dans les locaux de l'Intendance1. Il s'y rend aussitôt avec le lieutenant Chaize. Arrivé dans la cour, il veut lancer une grenade par dessus le mur, sans y réussir. La grenade retombe dans la cour, le capitaine veut la relancer, mais elle est éclate et le blesse mortellement ; transporté à l'hôpital, il expire en cours de route».

Le lieutenant Claude Chaize confirme cette version : «Nous étions en patrouille avec une section de la compagnie lorsque l'on entendit des coups de feu provenant des bâtiments de l'Intendance (aujourd'hui démolis). Avec le capitaine Schreiber, nous entrâmes dans une maison qui bordait l'Intendance du côté des boulevards. Schreiber voulut lancer une grenade allemande (à manche) de l'autre côté du mur qui bordait une cour étroite, le mur était trop haut. La grenade dégoupillée retomba dans la cour, Schreiber voulut la relancer mais elle explosa à ce moment là, lui déchirant la poitrine – j'étais à côté de lui. J'appelais le fils (X) qui était dans la rue mais il était trop tard...» Selon les registres de l'état civil de Chaumont, René Schreiber est décédé à 15 h.


Au cours d'une patrouille dans les locaux de l'Intendance, un coup de revolver accidentel «blesse un homme de la 2e compagnie», sans doute Bernard Petit, de Cour-l'Evêque. A 18 h, visite du commandant Vaissières, qui donne l'ordre de se porter sur Montigny-le-Roi». Vaissières est le nom de guerre de Valois, officier de carrière de l'armée de l'air qui, au sein de l'état-major FFI départemental, était le commandant militaire du Sud-Ouest haut-marnais.


15 septembre 1944 : «Mouvement sur Montigny. Le lieutenant-colonel Bocquillon prend le commandement du bataillon. Une compagnie (Collin) reste à Chaumont pour assurer l'ordre. Au cours du déplacement sur Montigny, un camion se retourne ; un homme est grièvement blessé, d'autres plus légèrement. Le soldat Lamontre (4e compagnie) blesse accidentellement une femme à Epinant, d'une balle de mitraillette. Installation à Montigny». Le soldat grièvement blessé – à Odival - se nomme Alain Royer (2e compagnie, 3e section) : chargeur d'une arme anti-chars, ce Bieslois de 19 ans et demi sera transporté dans une Peugeot, avec l'adjudant Prodhon, jusqu'à l'hôpital de Chaumont, où il sera opéré par le capitaine Bonnet et le Dr Kessler. Une intervention qui n'empêchera pas la perte de sa jambe gauche. Parmi les autres victimes de l'accident, figure Jean Jaillot, de Langres. Né à Troyes en 1925, tireur-pointeur au sein de la même compagnie, il a été victime d'un éclatement de la jambe gauche à Odival.


16 septembre 1944 : «Patrouilles à la recherche de soldats ennemis isolés. La population en signale beaucoup, mais ne donne aucun renseignement précis. Battues dans les bois du (Danonce) avec appui de quatre chars de l'armée de Lattre. Un prisonnier est fait et remis aux FFI stationnés à Montigny».

17 septembre 1944 : «Reconnaissances faites par les lieutenants Bocquillon et Michaut».

18 septembre 1944 : «Battue dans les bois du Danonce. Trois prisonniers sont capturés. On bat également tous les endroits où des Boches étaient signalés».

19 septembre 1944 : «Des Allemands sont signalés dans la forêt à proximité de Vicq. Une opération est montée avec FM et mortier sans résultat».

20 septembre 1944 : «Mouvement de retour sur Chaumont. Défilé en ville. Dépôt d'une couronne au monument aux morts et au monument franco-américain. Dîner à la popote avec M. le préfet et le lieutenant-colonel Deleuze». Antoine Simons, alors cantonné au quartier Foch, se souvient : «Un défilé est prévu, on nous habille de neuf : veste de toile gris vert, pantalon de toile bleue, chaussures de cuir type «godillots», petites guêtres de cuir de 20 cm de haut, béret bleu et ceinturon de cuir. Où ont-ils pu trouver tout cela ?»

22 septembre 1944 : «Exercice instruction. Dans la soirée, une section est envoyée en embuscade au pont de la Maladière où les alliés signalent la présence d'agents ennemis : une femme suspecte est arrêtée».

24 septembre 1944 : «Une section est envoyée à La Maladière surveiller le pont reconstruit par les Américains.»

25 septembre : «Le bataillon se disloque. Hommes et gradés à l'exception des engagés sont mis en congé».


Le bataillon Jérôme, en particulier son encadrement, forme le noyau du 21e bataillon de sécurité ou Bataillon de Chaumont ou encore 1er bataillon de la Haute-Marne, créé officiellement le 1er octobre 1944. Ses hommes sont rassemblés au quartier Foch (mais également à la caserne Turenne de Langres) et partiront pour la 1ère armée française le 14 octobre.


Essai de recensement des FFI du maquis Duguesclin :

Lieutenant-colonel René Bocquillon.

Capitaines Claude Chaize, 30 ans, René Schreiber, 35 ans

Lieutenants Georges Agniel, 27 ans, Maurice Blanchot, 30 ans, Henri Bigorgne, 29 ans, Jean-François Bonnet (médecin), Maurice Colin, 40 ans, Raymond Dubreuil, 34 ans, Roger Gaucherot, 31 ans, Pierre Heidet, 38 ans, Robert Huel, 37 ans (médecin), Jean-Augustin Maccioni, 29 ans, Louis Magdelaine, 27 ans, André Parcollet, 24 ans, Albert Perrin, Jean Tolmer, 42 ans.

Sous-lieutenants Robert Bocquilon, 27 ans, Pierre Dufour, 36 ans, François Frey, 47 ans, Roland Gris, 36 ans, Maurice Hertert, 23 ans, Henry Maingon, 65 ans, Pierre Michaut, 31 ans.

Aspirants Emilien Descamps, 45 ans, Jean-Maurice Deschamps, 24 ans, Paul Flagey, 26 ans.

Agnus, caporal Ernest Aladenise, 19 ans, Barthélémy Alemany (Chaumont), Alexandre, Raymond Alexis (Bugnières), sergent Georges Allidières, 36 ans, Ambrosini, André Amiot (Luzy), 22 ans, Andriot (Voisines), Anondeau, Ardette, Armand, Aubin, Henri Aubriot (Cour-l'Evêque), 21 ans, Henri Aubriot (Aubepierre), caporal Jean Aubry (Leffonds), 30 ans, Robert Aubry, 33 ans.


Sergent Fernand Bablon, 28 ans, Claude Baillet (Perrogney), 17 ans, Bailly, Barateau, Louis Barbotte, 23 ans, Pierre Baron (Chaumont), 19 ans, André Barrachin (Veuxhaulles-sur-Aube), Charles Bati, Bauer, Baudouin, infirmier-major René Bauge (Lavilleneuve-au-Roi), Bernard Bechard (Juzennecourt), Hubert Beguinot (Cour-l'Evêque), 21 ans, André Bélime (Buxières-lès-Froncles), 23 ans, Belle, Auguste Bellet (Arc-en-Barrois), Raymond Beme, Behr, Bernard Berhard (Juzennecourt), adjudant Robert Berthe, 31 ans, Berthemeau, Modeste Berteaux, 46 ans, adjudant Roger Bertrand, Michel Besnou, Fernand Betsch (Braux-le-Châtel), Beuliet, Biazzi, Bick, Bignon, Billebault, Jean-Paul Bind (Auberive), Blacque, Boissille, Bon, caporal Charles Bonnefont, Remy Bonnetier (Braux-le-Châtel), sergent Bouchot, Boulangeot, Boulangeot, Bourelier, Bourgeois, lieutenant André Bourgeois (Chaumont), adjudant-chef Roland Bourgeois, Boussien, Jeanne Bouza, Brant, Bresson, Georges Breuillon (Arc-en-Barrois), adjudant Constant Brochard (Aubepierre), 42 ans, Gabriel Brovon (Colombey-les-deux-Eglises), Louis Boyer (Lavilleneuve-au-Roi), 23 ans, Edmond Bruet (Arc-en-Barrois), 54 ans, Emile Bruet, 18 ans, Buré, caporal Jean-Charles Busquets (Soncourt-sur-Marne), 26 ans.


Caporal René Caillaux (Braux-le-Chatel), 45 ans, Camart, Giovanni Cancelier (Montigny-sur-Aube), Caroue, Carré, Carrier, Lucien Carteret (Neuilly-sur-Suize), 30 ans, Jean Castelan, Maurice Catherinet (Coupray), 20 ans, Paul Catherinet (Coupray), 21 ans, Causin, sergent Paul Chaiffre, Chantier, Fernand Chaperon, Chaptel, caporal Henri Chaput (Blaise), Maurice Charpillat (Neuilly-sur-Suize), 31 ans, adjudant Auguste Chavannes, 38 ans, Robert Chavanne (Valdelancourt), André Chossegros, Henri Choulot, 19 ans, Yvon Cheval, Stephan Chrodot, 19 ans,  Clément, Clément, adjudant Roland Clément, 30 ans, Jean Clerget (St-Dizier), 18 ans, Clickenberg, Clouet, Roger Cnudde (Bricon), sergent Jean Cochennec, 27 ans, Colas, aspirant Pierre Colin,  Pierre Colin, Collin, Collin, Louis Collin, 37 ans, adjudant-chef Raymond Collin, Henri Collinot, Marceau Collinot (Rouelles), 32 ans, Henri Collon, Edmond Collot, 30 ans, Gilbert Colnot, 23 ans, Camille Combray (Voisines), Charles Coquelin, 32 ans, Jean Concelier (Latrecey), Consigny, Conte, Cordier, André Corne (Chaumont), caporal-chef Henri Cotel, sergent Jean Couchot (Aubepierre), 31 ans, Counaux, Couot, Courtois, caporal-chef Coutray, Crétin, Robert Cultot.


Henri Darré, Maurice David (Longeau), 40 ans, Jean Debernardi (Chaumont), 20 ans, sergent Pierre Deblaize, sergent-chef Gustave Debric, Joseph Dechanet (Richebourg), 29 ans, Raymond Deconde (Chaumont), 23 ans, Robert Delacroix (Braux-le-Châtel), 32 ans, Albert Delettre (Arc-en-Barrois), 43 ans, caporal Fernand Demarche (Langres), 34 ans, sergent Denis, sergent-chef Albert Deniziot, 32 ans, gendarme Gilbert Denizot, sergent De Rieder, adjudant Ledon Desmet, 37 ans, Gilbert Despres (Neuilly-sur-Suize), aspirant Michel Detourbet, Jean Dierse (Chaumont), 22 ans, caporal puis sergent Gaston Dieu, 21 ans, Ernest Domprolst, 43 ans, Jacques Doncarli (Chaumont), 16 ans, sous-lieutenant Pierre Doncarli, 44 ans, adjudant-chef René Douillot (Choignes), 34 ans, adjudant Jean Dubois (Nogent), 30 ans, adjudant-chef André Dubosque, 31 ans, Roland Duca (Bricon), René Duhaut (Crenay), 19 ans, René Dupont (Langres), F. Dupré (Bricon), adjudant André Dussain (Chaumont), 32 ans, Gaston Dutheil (Aubepierre), 20 ans.


Pierre Fabre (Lavilleneuve-au-Roi), André Favre (Langres), 18 ans, Jacques Favre (Langres), 20 ans, caporal-chef Joseph Favre (Cour-l'Evêque), sergent Robert Fanoi (Vitry-en-Montagne), Pierre Fleuriot (Veuxhaulles-sur-Aube), 20 ans, Roger Floriot (Latrecey), 20 ans, Fernand Fontaine, 29 ans, sergent Aimé Fournier (Coupray), 27 ans, Gilbert François (Euffigneix), 19 ans, sergent-chef Henri Francart (Juzennecourt), adjudant-chef Lucien Frequelin, adjudant Frey.


Alexandre Galizzi (Latrecey), 36 ans, caporal René Garnier (Chaumont), André Gaullier (Eurville), 47 ans, sergent Gay, Pierre Gérard, 20 ans, Gérardin (Bricon), René Gilbert, 34 ans, Ulysse Gobet (Valdelancourt), 37 ans, Léon Grandjean, 37 ans, Ange Guilbert (Faverolles), 24 ans, sergent Gustave Guinoiseaux, André Guyot (Froncles), Robert Guyot (Froncles), 20 ans.


Jacques Hantzberg (Châteauvillain), 18 ans, André Herdalot (Veuxhaulles-sur-Aube), adjudant Georges Holveck (Langres), 35 ans, Charles Hourriez (Chaumont), 23 ans, François Huvig (Arc-en-Barrois), 20 ans, adjudant Emile Husson, 34 ans.

Lucien Isselin (Latrecey), 30 ans

Jean Jaillot (Langres), 19 ans, Christian Jannin, 15 ans, sergent Robert Jeanmougin (Sarcicourt), 26 ans, R. Joffroy (Bricon).


Adjudant-chef René Karr, 39 ans, A. Kennel (Bricon).


Lacassagne, Marcel Lacaille (Bricon), Camille Lacroix (Blessonville), Maurice Lacroix (Blessonville), Henry Lamontre (Montsaon), Laspoujas, sergent-chef Louis Lapuyade (Chaumont), Robert Laurent, 40 ans, sergent-chef Gilbert Lemoult, 31 ans, Francis Le Penven, 30 ans, maréchal des logis Bélisaire Lesage, 31 ans, sergent-chef Victor Lesieux, 32 ans.


Gendarme Lucien Mace, 42 ans, Roger Malgras, 25 ans, Raoul Maroiller (Cour-l'Evêque), 26 ans, Léon Martin, 37 ans, Lucien Masselon, 21 ans, sergent-chef Maurice Masson, sergent Raphaël Massot-Pellet, Gilbert Matherot (Neuilly-sur-Suize), 24 ans, René Matherot (Neuilly-sur-Suize), 20 ans, lieutenant Robert Maupin (Bricon), 37 ans, Paul Mefferte (Leffonds), 22 ans, adjudant Emile Menetrier, sergent Paul Menetrier, sergent Hubert Meneu, sergent-chef Maurice Merger, sergent René Messager, 31 ans, Michel Meuret (Brottes), 22 ans, aspirant Jules Meyer, Robert Meyer (Juzennecourt), 37 ans, Serge Meyer (Saint-Martin-sur-la-Renne), Jacques Michaud, 20 ans, Angelot Minetto (Neuilly-sur-Suize), 22 ans, adjudant Eugène Molter, 40 ans, Charles Mongeot (Arc-en-Barrois), 45 ans, Hector Mongeot (Lavilleneuve-au-Roi), Robert Monnot (Ormancey), Jean Mougeot (Soncourt-sur-Marne), 24 ans, sergent Roger Moulin, 30 ans, Paul Mugnier (Châteauvillain), 18 ans.


Robert Nocart, 22 ans, adjudant Charles Noirot, 30 ans.


Roger Olivier (Chaumont), 22 ans.


Alfred Page (Chaumont), sergent Parisot, Robert Pasquier (Aubepierre-sur-Aube), 21 ans, sous-lieutenant Pierre Pellerin, 39 ans, sergent Lucien (ou Louis) Pelletier, Bernard Petit (Cour-l'Evêque), sergent-chef Roger Petitot, 28 ans, Serge Pillot (Braux-le-Chatel), Léon Pincemaille, 40 ans, Marc Pleux (Langres), Gilbert Poirier (Lavilleneuve-au-Roi), Jean Poissenot (Arc-en-Barrois), 28 ans, Maurice Poissenot (Chaumont), 17 ans, sergent André Prêtre, sergent-chef Emile Prevost, Maurice Prevosteau, 29 ans, adjudant Jean Prodhon, Jean Pujol (Langres).


Charles Reiter, 19 ans, Jean Remiot (Juzennecourt), 25 ans, adjudant-chef Léon Remy, Serge Remy (Cour-l'Evêque), André Renaut, 28 ans, sergent Pierre Renaut, Gabriel Rigny, 33 ans, Riottot (Latrecey), Jean Robaine (Chaumont), 18 ans, Roger Roblin (Latrecey), 21 ans, adjudant-chef Louis Roche, 44 ans, Pierre Roche (Braux-le-Châtel), 17 ans, J. Rogier (Bricon), Nicolas Romano, 14 ans, sergent Henri Rossignol (Arc-en-Barrois), 48 ans, René Rossignol (Montrot), Louis Rougelin (Cour-l'Evêque), 19 ans, Yves Rougelin (Cour-l'Evêque), 21 ans, Georges Roussel, adjudant-chef Jules Roux, 35 ans, sergent Jean Roy (Luzy), Alain Royer (Biesles), 20 ans, Maurice Royer (Neuilly-sur-Suize), 22 ans, caporal-chef Georges Rozard (Chaumont), 23 ans.


Justin-Max Schoubert (Chaumont), 35 ans, adjudant François Sciaux, 38 ans, Pierre Sebeyran (Chaumont), 23 ans, Julien Sedille (Arc-en-Barrois), 37 ans, Antoine Simons (Blessonville), Sommer, Etienne Stoquiaux, 32 ans, Eddie Stuck (Ternat), 21 ans.


Taret (Bricon), adjudant Joseph Teychenne (Chaumont), sergent-chef Edouard Thiebaut (Rochetaillée), 37 ans, René Thivet (Latrecey), 22 ans, Thomas (Brottes), Maurice Tiberghien, Adrien Tilquin (Chaumont), 22 ans, adjudant-chef Louis Tisserand, 36 ans, adjudant-chef Gilbert Tissier, caporal Tissut (Latrecey), sergent-chef Jacques Tournois.


Vacheret (Bricon), Raymond Vairetti (Bay-sur-Aube), 27 ans, R. Vernier (Lavilleneuve-au-Roi), Vetosi (Bricon), adjudant-chef Paul Voinchet, 35 ans, Bernard Voirin (Langres).


Sergent-chef Jules Weissenmann.

1Intendance militaire. Dans le centre de Chaumont.

vendredi 16 octobre 2020

Le 51e régiment d'infanterie dans la poche de Dunkerque

Nous avons déjà évoqué, sur ce blog, l'offensive allemande menée dans la poche de Dunkerque, dans la nuit du 9 au 10 avril 1945, au cours de laquelle deux compagnies du 2e bataillon du 51e régiment d'infanterie, composé de FFI du Nord, ont subi de lourdes pertes.

Le journal de marche et d'opérations du régiment, conservé par le Service historique de la Défense à Vincennes, apporte d'utiles précisions sur son organisation et sur les conséquences de cette action ennemie. Créé par une note de service du 24 janvier 1945, le 51e RI du lieutenant-colonel Le Hagre,  comprend, à l'origine, quatre bataillons, dont trois sont en position devant Dunkerque.

Les compagnies du I/51e RI (commandant Bienassis puis capitaine Georges Jacquin) sont aux ordres du lieutenant Dewulf (compagnie de commandement), du lieutenant Leroy (1ère compagnie), du capitaine Jacques Schrouf (2e), du capitaine Selosse (3e), du lieutenant Renaud (4e) et du lieutenant Albert Creton (5e).

Le II/51e RI (commandant Chaverebiere de Sal) est l'ancien I/110e RI, lui-même créé le 16 octobre 1944 sous l'appellation de II/43e RI. Le chef de bataillon est secondé par le capitaine Bauvoi, ses compagnies sont commandées par le lieutenant Jean Quaetart (compagnie de commandement), le capitaine Bouquillon (1ère), le lieutenant Jean Da Silva (2e), le lieutenant Léon Samoy ou Lamoy (3e), le lieutenant Plucain (4e) et le lieutenant puis capitaine Brun (5e). Après réorganisation, un officier d'active, le capitaine Bruel, commandera la 8e compagnie.

Ancien II/110e RI, le IV/51e RI reste confié au commandant Edouard Dewulf puis au commandant François Obin, secondé par le capitaine Courtin. Le sous-lieutenant Bicaert (compagnie de commandement), le lieutenant Jean Vichery (1ère), le lieutenant Lancel (2e), le commandant Huchart (3e), le lieutenant Leschawe (4e) et le capitaine Edgard Verkindere (5e) sont les commandants d'unité. Ce bataillon sera dissous le 1er mai 1945 et versé dans les deux premiers bataillons.

Quant au III/51e RI, il s'agit du bataillon de sécurité II/2 (lieutenant-colonel Fromonot), mis sur pied en Picardie, encadré, à la date du 1er octobre 1944, par le commandant Radet (adjoint), le commandant Legrand (adjudant-major), le capitaine Moreau (compagnie de commandement), le lieutenant Froissart (1ère compagnie, mort en service le 27 décembre 1944), le lieutenant Limouzin (2e), le capitaine Vanderbecken (3e), le capitaine de Montalembert puis le capitaine Godier (4e), enfin le capitaine Domergue (5e).

Selon le JMO du régiment, le II/51e RI a perdu, lors de l'attaque contre le moulin de Spycker, cinq tués, six blessés et 94 disparus (prisonniers), dont les capitaines Bruel et Tassin, les lieutenants Maurice Wastiaux et Henri Pruvost, les sous-lieutenants Bagin et Coeugniet.

Le journal du bataillon parle de trois tués, sept blessés et 23 disparus à la 6e compagnie, 67 disparus à la 8e compagnie, six disparus dans une autre unité. Enfin, dans son rapport, le capitaine Bruel évoque, pour sa compagnie, la perte de dix tués et dix blessés. Le chef de la 2e section de la 8, le lieutenant Thibaut, s'est particulièrement distingué en conservant ses positions, avant de recevoir l'ordre de repli.

Illustration : un extrait du JMO du 2e bataillon. (Collection SHD).

lundi 28 septembre 2020

Un ouvrage sur les volontaires de Haute-Marne du 21e RIC (1944-1945)


Fruit d'un travail de recherche initié en 1985, "De la vallée de la Marne aux sources du Danube" est paru. En 287 pages, enrichies de 190 photos d'époque, l'auteur évoque, au jour le jour, l'épopée des anciens maquisards de Haute-Marne engagés pour la durée de la guerre dans le 4e régiment de tirailleurs sénégalais, devenu 21e régiment d'infanterie coloniale. Le baptême du feu près de Pont-de-Roide, l'anéantissement de la 6e compagnie dans la forêt de la Harth, la sanglante libération de la cité Sainte-Barbe (Wittenheim), le passage du Rhin de vive force, la rude conquête de Rastatt sont autant d'étapes marquantes d'une rude campagne, durant laquelle 72 marsouins engagés en Haute-Marne ont perdu la vie. L'ouvrage est disponible auprès de l'auteur, Lionel Fontaine, au 14 bis, rue de Châteauvillain, 52000 Chaumont. Prix 25 euros (+ frais de port : 7,76 euros). Tirage limité.

mercredi 23 septembre 2020

Le 41e régiment d'infanterie

Unité de la 19e division d'infanterie, le 41e RI est recréé le 15 novembre 1944 au camp de Coëtquidan. Il a incorporé, pour cela, les 1er et 2e bataillons d'Ille-et-Vilaine, des éléments du 3e bataillon de marche d'Ille-et-Vilaine, les 1er, 5e, 8e, 11e et 12e bataillons du Morbihan.

En ligne devant Lorient, le 41e RI était ainsi organisé.

Chef de corps : lieutenant-colonel Duranton.

1er bataillon, commandant Frémont

. 1ère compagnie, lieutenant Michel

. 2e compagnie, lieutenant Lambert, puis capitaine (parachutiste) Claude, puis capitaine André Uninsky

. 3e compagnie, capitaine Constant Jubin (ex-chef de la 12e compagnie du 3e bataillon d'Ille-et-Vilaine)

. CA 1, capitaine Bidan ("Benoît") puis lieutenant Aubry puis capitaine Mallon (novembre 1944) puis lieutenant Picard (janvier 1945).


2e bataillon, commandant Caro

. 5e compagnie, lieutenant Thetiot puis capitaine Tonnerre puis lieutenant Villaneau

. 6e compagnie, lieutenant puis capitaine Dessus puis capitaine Le Dihanet

. 7e compagnie, capitaine Scordia

. 8e compagnie (CA 2), capitaine Villard puis capitaine Hays puis lieutenant Le Roch

. CB 2, lieutenant Bigot.


3e bataillon, commandant Le Vigouroux

. 1ère compagnie, capitaine Gouaud (?)

. 2e compagnie, capitaine Ferré

. 3e compagnie, capitaine Lhermier

. compagnie de commandement, capitaine Le Frapper.


Sources : archives du 41e RI, SHD, Vincennes.

samedi 8 août 2020

Le 131e régiment d'infanterie, de Troyes et Orléans à l'île d'Oléron




C'est le 8 décembre 1944 que le 131e régiment d'infanterie a été recréé, avec d'anciens FFI de l'Aube (coiffés du casque italien !) et d'Eure-et-Loir. Le 1er bataillon (commandant Lucien Vel) est formé par le 6e bataillon de sécurité, le 2e bataillon (commandant Poirier) par le 132e bataillon de sécurité et des éléments du 6e groupement de pionniers, le 3e bataillon (commandant Farjon puis capitaine de Layre) correspond au 1er bataillon d'Eure-et-Loir. Le régiment incorpore également des hommes du Régiment de marche nord-africain de Paris (lieutenant-colonel Massebiau), qui vient de défiler à Chaumont le 11 novembre 1944.

En attendant l'arrivée du lieutenant-colonel Durand, désigné chef de corps, le 131e RI est confié au colonel Cohendet, de l'état-major de la 6e région militaire.

A l'origine destiné à rejoindre la 1ère armée française, le 131e RI est finalement mis à la disposition du Détachement d'armée d'Atlantique. Les 13 et 16 février 1945, il quitte Troyes et Orléans pour le front de La Rochelle. Monté en ligne les 22 et 23 février, le régiment subit de lourdes pertes le 23 février par suite de l'explosion d'un dépôt de munitions à Nalliers : onze tués, dont quatre officiers. Des civils ont également trouvé la mort dans ce drame.

Le 14 avril 1945, le régiment participe à l'offensive contre la poche de Royan. Le 16, il prend part au nettoyage de la presqu'île d'Arvert, avant d'être mis le lendemain à la disposition de la Brigade du Médoc. Le 131e RI se bat alors dans la pointe de Grave, où il déplore la mort de 17 soldats. Puis il participe à la conquête de l'île d'Oléron, les 30 avril et 1er mai 1945. Entre février et mai, le ministère de la Défense a identifié au moins 34 militaires du régiment morts pour la France sur le front de l'Ouest.

Les opérations du 131e RI à La Rochelle, Royan, dans le Médoc et à l'île d'Oléron ont été évoquées dans l'ouvrage «Le front du Médoc. Une brigade FFI au combat», 1985.

jeudi 23 avril 2020

Le 81e régiment d'infanterie


Le 6 décembre 1944, un ordre de l'état-major général de la Guerre prescrit la mise sur pied «sans délai» du 81e régiment d'infanterie avec les volontaires de l'Aude, afin d'être prêt à rejoindre la 1ère armée française à partir du 12 décembre. Un ordre que le colonel «Carrel», de son vrai nom Gilbert de Chambrun, chef des FFI de la Région 3 (Montpellier), accueille avec «joie», ainsi qu'il l'exprime deux jours plus tard au général Malleret-Joinville.

C'est le 16 décembre que le régiment sera officiellement créé. Selon des renseignements communiqués à la 1ère armée française par le commandant Georges et le capitaine Arribaut, de l'état-major du régiment, le 1er bataillon, à Narbonne, est commandé par le capitaine «Franck», 29 ans (Lucien Maury, chef du maquis de Picaussel), le 2e, à Carcassonne, par le commandant Maurice Allaux (issu de Picaussel, lui aussi), et le 3e (bataillon Myriel), à Castelnaudary, par le commandant «Jean-Louis» (le jeune officier FTP Victor Meyer, 25 ans, chef du maquis Jean-Robert). Chambrun n'ayant que 35 ans, le régiment est donc encadré par de jeunes officiers supérieurs,



Pour renaître, le régiment a incorporé initialement les volontaires du bataillon Minervois du capitaine René Piquemal (II/81e), créé le 1er septembre 1944, du maquis de Picaussel (I/81e, complété par le maquis Aulnat et le Corps-franc Lorraine) et du bataillon Myriel (III/81e).

Au total, le 81e RI compte 102 officiers et 2 428 sous-officiers et hommes de troupe, dotés de 1 000 casques français «complets» et 1 000 autres «sans coiffe».



Prêt à être enlevé le 20 décembre 1944 au matin, le 81e part le 23 de Carcassonne et arrive à Bouclans (Doubs) dans la zone de la 1ère armée. Déception chez les militaires : il manque environ 700 hommes, écrit le ministre de la Guerre au général commandant la 16e région militaire.

Le 81e RI sera d'abord renforcé par 17 officiers et 400 hommes du «Bataillon de volontaires de l'Hérault», en attendant d'autres incorporations en février et mars 1945 : des éléments de la 4e compagnie du 5e bataillon de l'Aveyron dans la 11e compagnie, des éléments du 5e bataillon de l'Aveyron dans la 10e, des éléments des 4307e et 4309e compagnies FTP dans la 9e, des éléments de la CCB du 2e bataillon de l'Aude dans la CB 3, de la 4e compagnie Minervois (sic) dans la 8e...



L'encadrement du régiment sera le suivant.

Chef de corps : colonel Gilbert de Chambrun («Carrel») puis lieutenant-colonel Pierre Gauvin (à compter du 1er mars 1945)

Adjoint : lieutenant-colonel Henri Bousquet, 41 ans

Chef d'état-major : commandant Georges Bonfils

Chef d'état-major adjoint : capitaine David

Compagnie hors rang, lieutenant Thomas Urgelles


1er bataillon : capitaine Lucien Maury puis commandant Christian Ducrest de Villeneuve

. CB, lieutenant Georges Armengaud

. 1ère compagnie, lieutenant Jean Argence

. 2e compagnie, capitaine (puis lieutenant) Jean Girves (chef du maquis La Tourette)

. 3e compagnie, lieutenant Pierre Gruson

. 4e compagnie, lieutenant Denis Pacouil


2e bataillon : commandant Maurice Allaux

. CB, capitaine René Gayraud

. 5e compagnie, capitaine René Piquemal

. 6e compagnie, lieutenant Jean Trilles

. 7e compagnie, lieutenant Michel Barraza

. 8e compagnie, capitaine Azalbert


3e bataillon, commandant Victor Meyer puis commandant Raymond Fournier («Charles») puis commandant Louis Lemagny.

. CB, lieutenant Jean Hippolyte puis capitaine François

. 9e compagnie, capitaine Henri Chadal

. 10e compagnie, capitaine Maurice Landeau

. 11e compagnie, capitaine Joseph Mach (tué le 11 mars 1945) puis capitaine V. Meyer (14 mars).

. 12e compagnie, lieutenant Adolphe Gomez.



Le régiment assure d'abord la garde du Rhin entre Niffer et Huningue, éprouvant déjà plusieurs pertes :

. René Pasquetto (Aude), 17 ans, ancien du maquis de Picaussel, meurt à Magstatt-le-Haut, en service commandé, le 15 janvier 1945,

. Edmond Eychenne (Aude), 27 ans et issu du même maquis, décède le 25 janvier à l'usine de Kembs.

. Charles Nozières (Aude), 22 ans, est tué le 4 février 1945 (par balle) ;

. Jean-Baptiste Assens (ancien de Picaussel), 39 ans, originaire de l'Aude, meurt le 12 février à Niffer (par éclats de mortier) ;

. Antonin Arnaud (à priori lieutenant FFI au maquis de Picaussel), 21 ans, de Lunel, le 16 février, à Niffer ;

. Roger Lacroix (maquis de Picaussel), Carcassonnais de 21 ans, le 17 à Mulhouse...
 

Le 20 février, on confie au régiment la garde du sous-secteur d'Erstein, au sud de Strasbourg, et dès sa première nuit de position, il repousse un coup de main allemand le long du Rhin. Le 1er mars, il passe sous le commandement du lieutenant-colonel Gauvin, venu du 6e régiment d'infanterie coloniale. Il enregistre encore plusieurs pertes :

. à Gerstheim, le Tonkinois Ngo Su (maquis de Picaussel), est tué le 10 mars (par balle), et Jean-Louis Bourdel (maquis de Picaussel), 29 ans, de l'Aude, le 30 mars (éclat de mortier) ;

. René Verdier, 18 ans, de l'Aude, le 5 avril à Fort-Louis.



Rattaché à la 9e DIC, le régiment participe rapidement à la Campagne d'Allemagne. Le 5 avril 1945, ayant été relevé par les Auvergnats du 152e RI, le I/81e RI, passant le Rhin à Leimersheim, entre en Allemagne. Le 7, Jean Mollier (maquis de Picaussel), 24 ans, du Doubs, est tué à Karlsruhe (par balle), où le régiment s'est porté.

Les 11 et 12 avril, il participe aux opérations conduisant à la conquête de Rastatt. Le lieutenant-colonel Gauvin est à la tête d'un groupement, qui comprend également le I/126e RI (volontaires de Dordogne et Corrèze) et le I/6e RIC. Un autre régiment de la 9e DIC, le 21e RIC, est engagé. Les combats sont âpres. Un compte-rendu d'opérations, à la date du 11 avril, rapporte : «Le groupement (…) s'est heurté aux défenses extérieures de Rastatt bien défendu. Le I/81e RI au centre est fixé par des résistances ennemies nombreuses et actives dans les faubourgs Est... Au sud par contre, utilisant le pont sauté de Niederbuhl, le I/126e RI a pris pied sur la rive gauche de la Murg et à Niederbuhl». Le I/81e (commandant du Crest de Villeneuve) déplore deux tués et 18 blessés (dont un officier), le I/126e (commandant Poumarède), un tué, huit blessés dont un officier. Le lendemain, le I/126e, qui a débordé la ville par Niederbuhl et par le sud, tient la partie Sud de Rastatt, le I/81e qui a attaqué frontalement, occupe la gare, la fabrique et les faubourgs Est. Le bataillon a perdu cinq tués et 22 blessés, le I/126e deux tués et 23 blessés, le I/6e RIC deux tués et onze blessés.

C'est à Gauvin que le colonel von Vriesberg, commandant la garnison de Rastatt, se rend. Le groupement revendiquera la capture d'un colonel, un commandant, sept officiers subalternes, 816 soldats et Volksturm, ainsi que 74 civils «ayant fait le coup de feu».

Parmi les victimes de ces deux jours de combat, tous anciens du maquis de Picaussel, citons le soldat Dominique Perez, 23 ans, né en Espagne, tué le 12 avril à Ruental, Aubin Bouissière, 21 ans, natif de l'Hérault, André Llana, Audois de 22 ans, mort le même jour à Rastatt, André Courrieu, 17 ans, le 11 avril à Ruental. Citons encore le caporal-chef Antonin Taurant, tué devant la fabrique. L'Italien d'origine Thomas Rossi, 22 ans (à Karlsruhe), et le Roumain Alexandre London (maquis de Picaussel), 23 ans, meurent le 12 avril des suites de leurs blessures.

Seront cités, pour leur conduite, l'aspirant Antoine Berges, le sous-lieutenant Gabriel Garcia, le sous-lieutenant Juste Tatin, chefs de section, et le capitaine Maury.



Le 18 avril, deux bataillons pénètrent dans la vallée de la Kinzig. Le régiment va alors enregistrer d'autres pertes. Issus du maquis de Picaussel, le sergent Roger Salacruch, 21 ans, de Gruissan, et le sergent-chef Pierre Hequet, chef de section, sont mortellement blessés le 20 avril à Hofstetten. Les 21 et 22, il déplore deux tués et huit blessés, contre une soixantaine de prisonniers. Toujours le 21, Albert Tisseyre (maquis de Picaussel), Audois de 20 ans, décède à Strasbourg...



Au 27 avril, le PC est à Fribourg, avec le I/81e RI, le III/81e RI assure la sécurité dans la haute vallée du Rhin et la surveillance de la frontière suisse, le II/81e est chargé de la sécurité de l'axe Fribourg-Neustadt. Le lieutenant-colonel Bousquet est commandant d'armes de Lorrach. De nouvelles pertes sont enregistrées avant et même après la capitulation nazie :

. Vincent Ortuno, du Gard, 30 ans, le 29 avril, à Waldau ;

. Louis Barrot (maquis de Picaussel), 24 ans, le 2 mai à Colmar (maladie) ;

. Camille Bouche, 19 ans, de l'Ariège, le 3 mai, en Allemagne (des suites de blessures de guerre) ;

. Daniel Bonnaure (maquis de Picaussel), de l'Aude, du I/81e, le 9 mai à Mulheim (par rafale de mitraillette).

Sources principales : dossier du 81e RI, Service historique de la Défense, Vincennes ; site Mémoire des hommes ; bulletins de l'association Rhin-et-Danube.