lundi 13 octobre 2014

Le combat de la Grange du Harderet, 24 novembre 1944

« Rhin-et-Danube », l'organe de liaison mensuel des anciens de la 1ère armée française, est une source précieuse pour une meilleure connaissance des combats des unités FFI. En avril 1992, le journal a fait paraître, en trois pages, quelques souvenirs sur l'Amalgame du capitaine Guy Chassin de Kergommeaux, décédé en 2007, ancien chef du maquis de Merry-Vaux (Yonne) devenu 2e compagnie du 1er bataillon du 1er régiment du Morvan. Ce témoignage porte particulièrement sur le combat de la Grange du Harderet, à Château-Lambert, commune du Haut-du-Tem, dans les Vosges. L'affaire survient le 24 novembre 1944. 
 L'officier témoigne : « Nous arrivions aux Hauts-du-Tem et je reçus l'ordre de porter ma compagnie en avant et de déloger les Allemands de la route des Crêtes. Il y avait un brouillard intense. Je n'avais aucune liaison à droite et à gauche, la 3e DIA, aucune liaison non plus avec les artilleurs, aucun mortier toujours, ni mitrailleuse, nos seules armes (étaient celles) du maquis. Nous atteignîmes la route des crêtes, toujours dans le brouillard, sans encombre, et là, nous fûmes matraqués par un tir de mortiers lourds très bien préparé, sous forme de tir d'arrêt sur la route des crêtes, tir qui nous fit de nombreux morts et blessés sans que nous ayons le moyen d'une riposte d'artillerie et de mortiers, notre seule riposte étant nos fusils-mitrailleurs et fusils et grenades, ce que nous fîmes. Puis, tenant sur place, nous eûmes la joie, en fin de journée, de voir surgir devant nous un groupe d'Allemands avec drapeau blanc et portant un blessé. Cependant, l'épreuve avait été lourde et nous perdions notre aumônier, le Père Klein et mon ami La Bruchollerie. Mais dans notre groupe si soudé, chaque mort avait pour moi une valeur égale aux autres. Nos voisins, la 3e DIA, n'avaient pas plus avancé que nous ce jour-là et nous reçûmes le soir, l'ordre de nous replier pour la nuit, avant de reprendre l'avance le lendemain ». 
Selon un autre article paru dans « Rhin et Danube », auquel collaborait le Dr Pierre Scherrer, ancien directeur de l'hôpital psychiatrique d'Auxerre, auteur de l'ouvrage « Royal Morvan » (et blessé ce jour-là), la 2e compagnie, où servait également le lieutenant Laour, a perdu dix tués, dont le lieutenant Claude Yver de la Bruchollerie, secrétaire-général de la préfecture de l'Yonne, et le RP Jean-Pierre Klein, 47 ans, aumônier de l'Ecole polytechnique, tué en allant chercher des blessés. 
Si l'on se réfère au site « Mémoire des hommes », les victimes du régiment, ce jour-là, outre les deux précités, sont Gilbert Boite, André Cherbuy, Serge Dufour, André Guillard, Pierre Hissard, Marcel Jolibois, Jean Michault et Guy Pelletier. 
Le bataillon était, à son origine, confié au capitaine Davannes (puis au capitaine Lintillac), selon l'Arory (Association pour la recherche sur l'Occupation et la Résistance dans l'Yonne). Le capitaine Charles-Albert Houette, ancien chef du maquis de la Coutelée, en commandait la 1ère compagnie, le capitaine de Kergommeaux la 2e, le capitaine Pierre Escoffier la 3e. La compagnie de Kergommeaux deviendra ensuite la 10e compagnie du III/27e RI. 
Né en 1898 à Bar-le-Duc (Meuse), le lieutenant-colonel Adrien Sadoul, militant nationaliste, capitaine d'artillerie de réserve, avocat à Nancy, chef des FFI de l'Yonne, commandait, sous le pseudonyme de « Chevrier », le 1er régiment du Morvan, dont le capitaine Roehrich était chef d'état-major. Sadoul a été grièvement blessé lors d'une embuscade durant la campagne.