mercredi 30 avril 2025

La Campagne d'Allemagne du 80e régiment d'infanterie, avril-mai 1945

 


Des hommes du maquis Jean-Pierre passés au II/80e RI. Source : Bulletin d'Espalion.

    S'il est recréé officiellement le 16 mars 1945, le 80e régiment d'infanterie a revu le jour plusieurs semaines plus tot, le 8 janvier 1945, lorsque la Brigade légère du Languedoc a repris l'écusson de ce régiment. Depuis le 21 février 1945, un officier d'active, le lieutenant-colonel André Barbier, venu de la demi-brigade de zouaves portés, a pris le commandement du 80e RI, à la suite du lieutenant-colonel Maurice David (Thomas).

    Non endivisionné, le 80e RI assure la défense de la rive gauche du Rhin, pendant et après la bataille de Colmar. Une période loin d'être de tout repos, puisqu'entre le 20 janvier et le 19 avril 1945, il déplore une trentaine de tués, parmi lesquels l'aspirant Bernard Delpech et le jeune soldat Jacques Raclet, qui n'a que 16 ans.

    Relevé par le 60e régiment d'infanterie, le 80e RI va être amené à prendre une part symbolique à la Campagne d'Allemagne en franchissant le Rhin, à la pointe sud de l'île de Niederau, à hauteur de Village-Neuf, non loin de la frontière suisse.

    Le 1er bataillon est chargé de la création de la tête de pont, le 24 avril 1945. Confié au commandant Michel Goudinoux, il s'agit de l'ancien groupe de commandos de la BLL. La 1ère compagnie est commandée par le capitaine Charles Delmas, la 2e par le capitaine Pierre Guignette, la 3e compagnie par le lieutenant Jacques Valenty, la 4e par le lieutenant Eugène Gravil, la 5e par le capitaine Jacques Durrleman, la 6e par le lieutenant André Bertrand.

    Initialement, le passage du Rhin, programmé à 6 h, devait être d'une certaine ampleur. Mais la veille (23 avril 1945), le général Jean Valluy, commandant la 9e division d'infanterie coloniale, a estimé que "le franchissement [de] vive force semble inutile et dangereux. Opération devra donc se limiter à faire franchir [le] Rhin à 80e RI et groupement Guibert quand [les] CC 3 et groupement Landouzy auront atteint Haltingen".

24 avril 1945

    Journal de marche du I/80e RI :

    "A 5 h, le bataillon se porte sur les bords du Rhin en vue du franchissement. Le Rhin est franchi par le bataillon sans incident. Organisation et occupation de la rive droite. Aucune réaction de l'ennemi. Le dispositif du bataillon est le suivant : 2e et 5e compagnies à Eimeldingen (Allemagne), 4e et 1ère compagnies à Markt (Allemagne). Au cours de ce mouvement, le soldat Pesquet Frédéric est tué par balle à la poitrine le 24 avril 1945 à Eimeldingen. [...] Défilé et présentation du drapeau du régiment par le colonel à Eimeldingen. Au cours de cette journée il a été fait trois prisonniers."

    Le III/80e RI (ex-Bataillon Hérault-Lozère) du commandant Jean Boudet a suivi le mouvement du I/80. Ses hommes passent le fleuve sur des bateaux à moteur, par fractions d'une douzaine d'hommes. L'opération se déroule aisément, en raison d'une "absence de résistance réelle de l'ennemi", note le JMO du III/80e RI. Ce dernier occupe à 14 h le village d'Haltingen, une patrouille de la 13e compagnie (capitaine Astor Formichi) pénétrant dans Otlingen. Au total, le régiment fait 25 prisonniers, dont neuf à Otlingen, par l'aumônier Demard et le médecin-lieutenant Marsant.

    Parallèlement, la 14e compagnie du capitaine Henri Grandidier, avec le lieutenant Henri Exbrayat et huit hommes sur un bateau, réalise un passage "par surprise". Mais rien ne se passe comme prévu. D'abord, la mission est retardée jusqu'à 5 h 30. Puis le moteur ne fonctionne pas. L'embarcation dérive jusqu'à la Suisse, où des soldats helvétiques veulent désarmer cette poignée d'hommes. Ceux-ci se mettent à l'eau, tirant le bateau jusqu'à la rive française, puis embarquent cette fois sur une vedette du génie. Un deuxième groupe, sous les ordres de Grandidier, passe à son tour, débarque sur la rive allemande et fait neuf prisonniers. La 14e compagnie occupe ensuite Faidlingen, fait 19 prisonniers à Haltingen avant de capturer une compagnie de Volksturm. A 14 h, elle entre dans Lorrach.

    Le 25 avril, le I/80e RI, laissant la 1ère compagnie à Markt (jusqu'au 26 avril), traverse en sens inverse le Rhin, à 10 h, et rentre en France. Le régiment fera son retour le 30 avril, le III/80e RI faisant mouvement sur Pforzheim.


    Organisation du régiment (hors I/80e RI)


    II/80e RI, commandant Yves Testor

        CB, capitaine Henri Solanet

        6e compagnie, capitaine Sylvain Diet

        7e compagnie, capitaine Marius Olive

        8e compagnie, capitaine Pierre Monteil

        9e compagnie, capitaine René Costecalde

        10e compagnie, capitaine Dejean

    III/80e RI, commandant J. Boudet puis capitaine André Négrié

        11e compagnie, lieutenant Pierre Peyfaure

        12e compagnie, capitaine Jean Peres

        13e compagnie, capitaine A. Formichi

        14e compagnie, capitaine H. Grandidier

        15e compagnie, capitaine Roger Sylvestre


Sources : archives du 80e RI, GR 12 P 16, SHD ; journal de marche du I/BLL-80e RI, AD de l'Hérault.


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