71e régiment d'infanterie
Chef de corps : colonel Gaspard Languillaire, 50 ans
Créé le 10 octobre 1944 à Saint-Brieuc avec des volontaires des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Endivisionné dans la 19e division d'infanterie.
11 octobre 1944 : les deux premiers bataillons sont mis sur pied : les I et II/71e, formés par les 8e et 4e bataillons des Côtes-du-Nord. La CCI est mise sur pied avec la compagnie Dieulengar (de Loudéac) du 4e bataillon FFI.
31 octobre 1944 : les deux bataillons sont dirigés sur le front de Lorient. PC à Landévant.
11 novembre 1944 : parti le 1er novembre 1944 pour Coëtquidan et Lorient, le II/71e RI (commandant Georges Maffard, 36 ans), issu du maquis de Plésidy, monte en ligne à la tête de pont de Nostang.
20 novembre 1944 : le chef de bataillon Pierre Hergault (ex-chef du 8e bataillon des Côtes-du-Nord) étant évacué pour raison médicale, le capitaine Albert Gortais prend le commandement du I/71e RI.
21 novembre 1944 : Alexis Jegat, 22 ans, du 71e RI, est tué par balle à Auray.
1er décembre 1944 : relève d'éléments du 71e RI dans le quartier de Nostang par le II/4e RIA (FFI du Loir-et-Cher) ; le 9e bataillon FFI des Côtes-du-Nord (commandant Joseph Joly, dit Corsaire, 40 ans) devient III/71e RI. Joly conserve le commandement de ce bataillon.
4 décembre 1944 : à cette date, le II/71e tient le quartier de Lopriac, le II/4e RIA et le 13e bataillon des Côtes-du-Nord défendent le quartier de Nostang, les I et III/71e RI et le 16e bataillon sont en réserve.
5 décembre 1944 : le 13e bataillon est dissous par note de service, ses hommes sont versés au 71e RI et au 16e bataillon.
17 décembre 1944 : le 71e RI relève le II/4e RIA. Le lendemain, au cours d'une reconnaissance, l'adjudant Jacques Diverres, 36 ans, est mortellement atteint (il meurt le surlendemain à Auray), le sous-lieutenant Glatre et trois hommes sont blessés.
29 décembre 1944 : Georges Deniaux, 22 ans, et Albert Ollivier, 20 ans, du 71e RI, sont tués à Nostang,
15 février 1945 : le corps-franc du II/71e RI (lieutenant Boulanger), parti reconnaître la route Locmaria-Bréhigair, est pris à partie à l'est de Locmaria par le feu de mitrailleuses allemandes. Le sergent Pierre Julou, 20 ans, est tué, le soldat Hyacinthe Brual, 20 ans, est mortellement blessé en se portant à son secours. Il faut l'intervention des mortiers et de l'artillerie américaine pour permettre le décrochage des fantassins.
20 février 1945 : le III/71e RI relève le II/71e dans le quartier de Lopriac.
9 avril 1945 : le 71e RI signale une intense activité d'artillerie d'ennemie (140 obus, dont plusieurs de 340).
13 avril 1945 :
- JMO du 71e RI : « Dans le quartier de Nostang, entre 9 h 15 et 9 h 45, après un violent bombardement ennemi sur le PC de Nostang, Saint-Ternan, Kergoch, et surtout sur la tête de pont (une centaine d'obus), quelques éléments d'infanterie appuyés par le feu de toutes armes automatiques (mitrailleuses légères et lourdes, canon de 20 mm et de 37) ont tenté de s'approcher de nos positions, en venant de Portanguen, de Pernel et des positions ennemies à l'est du moulin de Rodes. L'infanterie amie (III/71) a violemment riposté et les éléments ennemis se sont repliés. » Deux tués au régiment : le caporal Yves Masson, de la 6e compagnie, et le soldat Alexis Lame, 20 ans. Un blessé : le soldat Marcel Ferrier.
- Le drapeau du 71e RI est présenté par le colonel Languillaire au I/71e et aux unités régimentaires, en présence du général Borgnis-Desbordes, commandant la 19e DI.
- Décès du sergent Désiré Bouvrais, 28 ans, à Lorient de ses blessures. Ce sous-officier du I/71e RI avait été mortellement blessé le 28 mars 1945 et fait prisonnier.
17 avril 1945 : le I/118e RIM relève le 14e bataillon rangers, le I/71e RI relève le III/71e RI dans le quartier de Nostang.
27 avril 1945 : le III/71e RI relève le II/71e dans le quartier de Lopriac (Kervignac).
4 mai 1945 : Pierre Teffaine, 22 ans, du III/71e RI, est tué par éclats d'obus à Lopriac. Quelques jours plus tard, les garnisons allemandes de Lorient et Saint-Nazaire se rendent.
118e régiment d'infanterie
Chef de corps : lieutenant-colonel Baptiste Faucher (Louis) puis lieutenant-colonel Georges Jouteau (6 novembre 1944).
Créé le 16 octobre 1944. Dit régiment d'infanterie du Morbihan ou RIM voire RIMB. Endivisionné dans la 19e DI. Il comprend initialement un bataillon de commandement sous les ordres du commandant Paul Le Pouleuf, capitaine en retraite, et deux bataillons mis sur le pied dans le Finistère : le 1er (capitaine Louis Le Cléac'h, dit Mercier, 30 ans), constitué à Châteaulin à partir des Bataillons Normandie et de Rosporden, et le 2e (commandant Maxime Rideau) avec des FFI de Quimper, du Bataillon de La Tour d'Auvergne et de Briec. Selon l'historique du bataillon, le I/118e RI est plutôt issu des Bataillons Gilloux (capitaine Yvinec), Normandie (capitaine Le Gall), La Tour d'Auvergne (capitaine Riou) et de Rosporden (capitaine Le Cléac'h).
3 novembre 1944 : le 118e RI commence à faire mouvement vers le front de Lorient. Mises à disposition du commandant Muller (7e bataillon du Morbihan), la 5e compagnie (capitaine Lautridou) et la 6e compagnie (capitaine Anselot) montent en ligne dans la région de Pont-Scorff, la première au sud de Grandchamp, la deuxième entre Marie-Guillo et la ferme de Tremolo. Le reste du bataillon Rideau arrive sur le front le 9 novembre.
25 novembre 1944 : le 118e RIM reçoit pour mission de défendre le sous-secteur Lorient-Nord. Il y restera jusqu'à la capitulation de la garnison allemande.
1er décembre 1944 : un 3e bataillon confié au commandant Jean Muller est mis sur pied, non pas avec des volontaires du Finistère comme pour les deux premiers bataillons, mais avec des hommes du Morbihan : le 7e bataillon du Morbihan, avec une compagnie du 3e bataillon et une compagnie du 2e bataillon.
10 décembre 1944 : c’est le 2e bataillon du commandant Maxime Rideau qui va connaître, le premier, le véritable choc d’une attaque ennemie, le 10 décembre 1944, près de Pont-Scorff, sur la rive droite du Scorff qui sert de limite entre les départements du Finistère et du Morbihan.
Journal de marche du II/118e RIM : « A 7 h, une patrouille de la 5e compagnie sort et rencontre devant [le poste] 116 (Brémelin) une patrouille ennemie de 25 à 30 hommes. Peu après, deuxième patrouille. Le sous-lieutenant Guéguen tire et tue deux Boches. Les Allemands se massent en avant de 116... » JMO du régiment : « A 8 h 25, l'infanterie ennemie a déclenché un violent tir d'armes automatiques placées au château du Verger et sur la croupe de Kergonet. Ces tirs sont dirigés sur le poste 115 H. Le caporal-chef Le Viol est tué d'une balle au front, à son FM le soldat Quiniou Jean est légèrement blessé. »
L'attaque du poste 116 par l'ennemi intervient à 8 h 35. « Un abri du poste est brûlé par des balles incendiaires, tandis que d'autres postes deviennent à peine tenables », précise le journal du régiment. « J'envoie une section de renfort, témoigne le rédacteur du journal du bataillon Rideau. L'assaut est enrayé, l'artillerie américaine tire et disperse l'ennemi qui bat en retraite. A 10 h, tout rentre dans l'ordre. La 5e compagnie sous les ordres du capitaine Lautridou s'est parfaitement comportée ainsi que la CA 2 (capitaine Le Gars). Nous avons trois morts et cinq blessés, l'ennemi 30 [sic] morts au moins, probablement davantage. Six prisonniers […], une mitrailleuse et une dizaine de fusils. » Au II/118e RIM, pour qui il s'agissait là du « premier contact sérieux » depuis son arrivée dans le quartier Est du sous-secteur de Lorient-Nord, le bilan de cette attaque est d’un tué, le caporal chef Jacques Le Viol (5e compagnie), 22 ans, et deux blessés.
20 décembre 1944 : fin du séjour en ligne de la 1ère compagnie du 2e bataillon du Morbihan, qui sert dans le secteur de Ploërmel depuis le 21 août 1944 et qui a été relevée par le 41e RI. « A ce moment la 1ère compagnie revient à l'arrière. La moitié de la compagnie environ passe au 3e bataillon du 118e RI et l'autre moitié au régiment de marche de la Marine ».
24 décembre 1944 : le lieutenant François Baller, commandant la 3e compagnie du I/118e RIM, est blessé par l'éclatement d'une mine anti-personnel.
9 février 1945 : le I/118e RIM et le 14e bataillon rangers occupent Sainte-Marguerite, « dernière bourgade du Finistère non libérée » (journal de marche du régiment). « L'opération n'a pas été repérée par l'ennemi. Il semble d'ailleurs que les Allemands ne tiennent pas à s'accrocher avec nos éléments du quartier Ouest, à un endroit où le no man's land est le plus étendu » (historique du 118e RIM).
27 février 1945 : le II/118e RIM relève le I/118e RIM dans le quartier Ouest du sous-secteur Lorient-Nord. Il est en liaison à droite avec le 19e dragons, à gauche avec le 14e bataillon rangers.
22 mars 1945 : une patrouille de la 10e compagnie du III/118e RIM est attaquée par environ 80 soldats allemands, dans le quartier Est du sous-secteur Lorient-Nord. « Un demi-groupe situé à Kerierne est encerclé par l'ennemi : un homme est tué, un autre blessé, un homme de liaison ne revient pas. » Les trois disparus sont Joseph Perez, Bernard Layer et Jean-Paul Fourre. Parmi eux, « le tireur au FM qui se voyant encerclé de toutes parts et n'ayant plus de munitions démonte son arme et la jette dans un brasier causé par le feu des armes ennemies ». Par ailleurs, le caporal Jean Raut, de la 7e compagnie du régiment, est tué ce jour-là.
26 mars 1945 : une patrouille de la compagnie de bataillon n°2 se dirige, à 6 h, vers Ristinec, aux confins du Morbihan et du Finistère, au sud-ouest de Quimperlé, sur la frange occidentale de la poche. L'aspirant Estrade commande cette patrouille avec l'aspirant Georges Quiniou. Il rend compte : « Nous nous sommes rendus jusqu'au village du Ristinec sans incidents… Vers 8 h, nous avons aperçu des Allemands à environ 300 m au sud-ouest du Ristinec. L'aspirant Quiniou est parti avec une patrouille composée de huit hommes en reconnaissance dans le village de [Croas Guen]… L'adjudant Bleuzen, le caporal-chef Marzin, le soldat Morel étaient déjà rendus dans le village quand l'aspirant Quiniou a été grièvement blessé à environ 30 m de ce village. Le caporal Le Du fut tué à ses côtés, à ce moment le soldat Christien François aperçut un Allemand à 10 m de lui et le tua d'un coup de fusil… Nous avons trouvé par la suite le corps du caporal-chef Marzin tué dans ce village. Les Allemands étaient déjà à l'affût avant notre arrivée, dans les arbres et les greniers des maisons... »
Le docteur Salins se porte au secours de l'officier, sous le feu des Allemands qui ne l'atteignent pas mais touchent à nouveau grièvement Georges Quiniou. Le soldat Quéré parvient à s’approcher de l'aspirant qui, précise son camarade Estrade, « lui a remis à ce moment son ordre de mission... Sollicitée, l'artillerie américaine intervient, ce qui provoque le décrochage d'une demi-douzaine d'Allemands au pas de gymnastique. Le soldat Quéré et le caporal-chef Alain Penven peuvent alors chercher le corps de Quiniou, qu'ils transportent avec Morel « sous le feu ennemi », tandis que l'adjudant Bleuzen est resté près du caporal Jean Le Du, et qu'une section envoyée en renfort est allée rechercher celui du caporal-chef Jean Marzin. Le soldat Pierre Penven, touché par une balle au coude, et le sergent-chef Cosquer, de la 6e compagnie, atteint par un tir allemand, sont encore blessés, mais à 14 h 15, la patrouille est enfin de retour. Georges Quiniou est décédé le 27 mars 1945 des suites de ses blessures.
10 avril 1945 : chef d'état-major du régiment, le chef de bataillon Robert Geoffroy prend le commandement du II/118e RIM, à la place du commandant Rideau affecté à l'école des cadres de Belle-Ile-en Terre.
5 mai 1945 : journal de marche du 118e RIM : « Une patrouille du 7e bataillon FFI dans la région de Rustuel tombe dans une embuscade ennemie : deux blessés (lieutenant Le Corre, sergent Le Corre), un tué (lieutenant Salles). » Selon Mémoire des hommes, le sous-lieutenant Joseph Sale, 38 ans, est décédé le 6 mai 1945.
7 mai 1945 : les Forces françaises du Morbihan (FFMB) entrent dans la poche de Lorient au sein de quatre groupements confiés au lieutenant colonel Le Terrier, adjoint au chef de corps du 118e RIM, au capitaine de frégate Marchand, à un chef de bataillon du 71e RI et au commandant Biron. C'est la fin des opérations. Depuis le 25 novembre 1944, le 118e RIM aura perdu dix tués, 43 blessés, dix prisonniers dont un disparu. Il aura fait 27 prisonniers et recueilli 50 déserteurs.
Sources : GR 12 P 14 et 12 P 21, 13 P 77? 10 P 447, SHD Vincennes.
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