jeudi 11 décembre 2025

1er régiment du Morvan et 1er RVY : des volontaires de l'Yonne dans la 1ère armée française

 

La 2e compagnie du I/Morvan. (Photo parue dans le journal Rhin et Danube).


Le 1er régiment du Morvan

Créé le 25 septembre 1944, le 1er régiment du Morvan est sous les ordres du chef d'état-major des FFI de l'Yonne, le lieutenant-colonel Adrien Sadoul, dit Chevrier, 46 ans. Le capitaine Roehrich en est le chef d'état-major. 

Ce régiment se compose de quatre bataillons. Le 1er est commandé par le capitaine Davannes puis le capitaine Jacques Lintilhac. Le capitaine Charles-Albert Houette, ancien chef du maquis de la Coutelée, est à la tête de la 1ère compagnie, le capitaine Guy Chassin de Kergommeaux commande la 2e (ex-maquis de Merry-Vaux), le capitaine Pierre Escoffier, la 3e. Le 2e bataillon a pour chef le capitaine Gabriel Laventureux, dit Malo, 48 ans. Les deux autres chefs de bataillon ne sont âgés que de 20 ans : Roland Champenier (3e) et Jean Chapelle (4e). Commandant des maquis FTPF de la Nièvre, Champenier a réuni, à Nevers, des combattants de ce département et du Cher. Secondé par le capitaine Léon Wazik, il a pour commandants de compagnies le capitaine Max Thenon, les lieutenants André Ragout et Albert Ciechanski, tandis que la section d'appui est commandée par le lieutenant Jean Vaireaux. Chapelle (Verneuil) commandait la 3e demi-brigade des volontaires de l'Yonne dans la Résistance. Son adjoint, le commandant Camille Recouvreur, qui présente la particularité d'être âgé de 71 ans (il était capitaine depuis 1917), le suit dans l'aventure. La 11e compagnie (lieutenant Etienne Renardet, dit Bernard) de son bataillon correspond à l'ancienne 2e compagnie de la demi-brigade, dont « 50 % des hommes seulement s'engagèrent »

Au total, selon le commandant Chapelle, 1 270 hommes de sa 3e demi-brigade se sont engagés pour former les 2e et 4e bataillons ainsi qu'une compagnie hors rang du régiment. 

Morvan commence à quitter Auxerre pour Spoy (Côte-d'Or) le 1er octobre 1944. Des premiers éléments montent en ligne le 13 octobre 1944 à Miellin (Haute-Saône) où ils relèvent des unités du Corps franc Pommiès. Le régiment est rapidement privé de deux de ses officiers, le sous-lieutenant Georges Buchet, mort de ses blessures le 25 octobre 1944 à Mélisey, et le lieutenant Biessy, dit Bayard, grièvement blessé. 

Pour sa part, la compagnie Bernard quitte la caserne Vauban d'Auxerre le 26 octobre 1944 pour Lure, et prend position deux jours plus tard au Magny, entre Belonchamp et Fresse, sur les cotes 684 et 763. Elle est relevée le 13 novembre 1944.

Le 9 novembre 1944, le commandant Champenier se trouve devant Champagney (Haute-Saône) lorsqu'un éclat d'obus le blesse grièvement. Il décède cinq jours plus tard à Lure. Le 19 novembre 1944, l'adjudant Joseph Flamang est tué également à Champagney.

Dans le secteur du Rouge Gazon 

Le 22 novembre 1944, le régiment se porte en avant, direction le Ballon d'Alsace. Le JMO de la 1ère DMI à laquelle il est attaché précise : « En liaison avec la 3e DIA qui attaque Château-Lambert, le I/Morvan occupe La Rochere après une tentative sans succès sur les Chaseaux ; le IV/Morvan prend Belmont, La Fonderie et La Pille et patrouille jusqu'à la maison forestière de La Pransière ; le II/Morvan s'empare de Miellin, des Landres du Dessus et de la maison forestière de la Verrerie ».

Le lendemain, toujours selon la même source, « le I/Morvan occupe le Lauxey ; ses patrouilles trouvent le contact à la Grange du Harderet et à la Grange Goutte, mais la maison forestière de la Pransière est trouvée inoccupée. Le III/Morvan trouve la cote 1 074 tenue ».

La date du 24 novembre 1944 restera gravée dans les mémoires des volontaires du Morvan. Tandis que le 1er bataillon de la Légion étrangère occupe le sommet du Ballon d'Alsace, les FFI icaunais combattent ce jour-là à la Grange du Harderet, à Château-Lambert, commune du Haut-du-Them. Le capitaine Guy Chassin de Kergommeaux (2e compagnie du 1er bataillon) témoigne : « Je reçus l'ordre de porter ma compagnie en avant et de déloger les Allemands de la route des crêtes. Il y avait un brouillard intense. [...] Nous atteignîmes la route des crêtes, toujours dans le brouillard, sans encombre, et là, nous fûmes matraqués par un tir de mortiers lourds très bien préparé, sous forme de tir d'arrêt sur la route des crêtes, tir qui nous fit de nombreux morts et blessés sans que nous ayons le moyen d'une riposte d'artillerie et de mortiers, notre seule riposte étant nos fusils-mitrailleurs et fusils et grenades. » 

La 2e compagnie a perdu dix tués, dont le lieutenant Claude Yver de La Bruchollerie, secrétaire-général de la préfecture de l'Yonne, et le père Jean-Pierre Klein, aumônier de l'Ecole polytechnique, tué en allant chercher des blessés. 

Au 4e bataillon (Verneuil), des pertes sont également enregistrées lors de cette progression. La 11e compagnie du lieutenant Renardet, partie du  Haut-du-Them, arrive sans difficulté à la maison forestière du Fay, à midi, puis poursuit sa marche en direction de la cote 970. « Il pleut sans arrêt depuis le matin, le brouillard rend la visibilité difficile », note le journal de marche de l'unité. C'est en début d'après-midi que des engagements avec l'ennemi ont lieu. Le caporal-chef Choquenot, « qui a ses habits déchirés par les balles », s'empare d'une mitrailleuse allemande. « A 15 h, la position est complètement nettoyée. Je donne l'ordre de repli », rapporte le commandant de compagnie dont les hommes, au prix d'un tué (Serge Dufour), ont pu faire six prisonniers. 

Ce jour-là, et notamment à la Grange du Harderet, le 1er régiment du Morvan déplore la mort de Gilbert Boite (par mine), André Cherbuy, Maurice Devillaine, Raymond Ducornet, André Guillard, Pierre Hissard, Marcel Jolibois, Lucien Mangin, Jean Michault et Guy Pelletier. 

Le lendemain, une section de la compagnie Bernard reconnaît le fort de Servance, qui est libre, puis, le 27 novembre 1944, reprenant sa progression, arrive à Saint Maurice-sur-Moselle. Le 28, l'unité quitte la commune pour le village de Charbonniers..

Le 27 novembre 1944, d'autres éléments atteignent la croupe du Rouge Gazon (1 100 m) mais rencontrent une résistance en direction du chaume du Rouge Gazon et de la Tête des Neufs-Bois. Une contre-attaque les ramène sur leur base de départ. Le 28, Morvan atteint les chaumes des Neufs-Bois et du Rouge Gazon, mais est stoppé par des feux d'infanterie et de mortier aux lisières Est des bois. Les pertes sont sensibles : le sergent Georges Chauvin, Hubert Colas, le caporal Henri Degoix, le caporal André Gagnepain, le caporal-chef Marcel Thialon ont été tués. Le 29, le régiment parvient à prendre pied sur la tête et le chaume des Neufs-Bois, mais les Allemands tiennent toujours la Tête du Rouge Gazon. Un volontaire, Robert Pralon, est tué par balle, sur le territoire de Saint-Maurice-sur-Moselle. 

Les combats dans ce secteur se porusuivent le 30 novembre 1944, ainsi qu'en rend compte le lieutenant-colonel Sadoul : « Le 2e bataillon tenant l'axe Tête de la Bouloie, Haut du Taye, Tête des Neufs-Bois a tenté une fois de plus de tenir la tête et le chaume des Neufs-Bois. Après de violents engagements, les compagnies engagées prises à partie par de violents tirs de mortier et d'armes automatiques ont dû réoccuper leurs emplacements en lisière des bois. Il a été relevé sur ses emplacements par le 1er bataillon. Le 3e bataillon tenant l'axe les Charbonniers – cote 1150,8 – tête du Rouge Gazon a tenu le contact sur ses emplacements. Il n'a pu déboucher des lisières pour les mêmes raisons que le 1er bataillon. Il a été relevé de ses emplacements par le 4e bataillon. » Pertes du régiment : neuf blessés par balles et mortier, dont un officier au 2e bataillon.

L'entrée en Alsace 

A son tour, le 1er régiment du Morvan entre en Alsace le 2 décembre 1944. Partis de Charbonniers, « nous montons au refuge du Gazon-Rouge par un difficile chemin de montagne et traversons là, la frontière d'Alsace, note le JMO de la 11e compagnie. Après une pause de deux heures, nous redescendons par un chemin abrupt et étroit, couvert de rochers et de glace et parfois dominant le vide... Nous traversons le premier pays alsacien, Storckensohn. La compagnie arrive harassée à Mollau. »

D'autres éléments atteignent Wesserling et Ranspach, tandis que le 2e tabor prend Saint-Amarin. 

Deux jours plus tard, la «11», confiée au sous-lieutenant Fèvre après le départ du lieutenant Renardet, se porte sur Ranspach, au-dessus de la route Remiremont – Mulhouse, non loin du Grand Ballon. Les FFI morvandiaux sont en position face aux Allemands notamment retranchés dans l'usine Pfaffmatt, dont le IV/Morvan ne peut s'emparer. C'est là qu'est tué Robert Bouchet. 

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1944, la compagnie Fèvre repousse une forte patrouille ennemie. Jean Gardebled est tué. Le 8, le tireur FM Ranson est blessé au genou par une balle explosive lors d'une patrouille. Le 9, un tir d'artillerie allemand s'abat sur Ranspach : « Un éclat frappe mortellement le volontaire Buteau Roland en pleine poitrine. Celui-ci succombe quelques instants plus tard dans les bras d'un camarade », note le journal de marche de la compagnie. Il y a d'autres tués au régiment, ce jour-là : Marcel Dagneaux, Marcel Jegado et Jean Vacher, qui appartiennent à la 12e compagnie, ainsi que Louis Florent, tous tués par balle à Ranspach. Relevée le même jour, la «11» quitte Mollau pour Husseren le 10 décembre 1944, puis gagne trois jours plus tard Mitzach. 

Ayant relevé le 1er GTM, le régiment s'apprête à passer l'hiver à Ranspach, Saint-Amarin, Moosch et Mitzach... C'est une période où plusieurs pertes sont enregistrées : Robert Mettendorff, 17 ans, Eugène Balasz (9e compagnie), Roger Frebault (3e bataillon), André Waroquier (4e bataillon), 18 ans, trouvent la mort à Moosch, Henri Bathelier meurt des suites de blessures à Lure. 

Le 25 décembre 1944, de retour de la messe de minuit, le lieutenant-colonel Sadoul, commandant le Régiment du Morvan, est grièvement blessé dans une embuscade. Apprenant cet événement, le capitaine Roerhich, son chef d'état-major, « se jeta le premier avec une mitraillette dans la jeep du lieutenant d'artillerie de liaison. C'est lui qui, le premier, frappa aux portes des maisons, dans la nuit sinistre, trouva celle dans laquelle nous étions réfugiés, veillant le colonel... Cette nuit-là, il nous a sauvés de la capture, peut-être de la mort... » (témoignage du médecin Pierre Scherrer). Sadoul sera remplacé à la tête du régiment par le colonel Pierre d'Esneval (Dinfreville), puis par le commandant Girard, puis - à compter du 14 janvier 1945 - par le chef d'escadrons Louis Montjean, venu des goums marocains.

Le 15 janvier 1945, le régiment, qui a perdu Guy Monchablon tué par balle cinq jours plus tôt, est réduit à deux bataillons de marche, confiés au capitaine Lintilhac et au commandant Jean Chapelle. « Après fusion du 4e et du 2e bataillon, le nôtre devient le 2e bataillon de marche du Morvan, et notre compagnie, de 11e, devient la 8e », note le journal de marche de cette unité.

Le 20 janvier 1945, jour du déclenchement de la bataille de Colmar, une patrouille de la 8e compagnie, qui est en position à Moosch, saute sur une mine : l'adjudant Laramci, le sergent Tomasini et deux soldats sont blessés.

Le 4 février 1945, les soldats allemands abandonnant leurs positions sur les sommets vosgiens, les unités françaises se portent en avant. La 8e compagnie du 1er régiment du Morvan couvre au sud la progression du 24e RI, sur l'axe Geishouse – Schutzen Auberge. « A 9 h, Geishouse est occupé par le 1er bataillon. La 1ère section sous le commandement de l'adjudant-chef Adnot part sur ce village où ils stationnent deux heures environ. Puis poursuivant la progression, la 1ère section repart en direction du Ballon de Guebwiller. Après une pénible ascension, la 1ère section arrive la première au sommet. Dans la journée, nous apprenons que Guebwiller est occupé et que la jonction avec l'armée venant du sud et celle du nord est faite... » Le médecin-capitaine Scherrer confirme ces succès : « Le soir, après une marche épuisante, la route des Crêtes était atteinte. Le 1er bataillon avait fait de nombreux prisonniers au hameau d'Intervogelbach, à l'auberge de Merbeckel et à la ferme de Gels. Le groupe qui avait pris la liaison avec le 2e bataillon à l'auberge de la cote 765 y avait trouvé de nombreuses armes et en particulier une demi-douzaine de mitrailleuses légères en parfait état. Le 2e bataillon avait atteint le village de Geishouse où il avait été reçu par des manifestations chaleureuses. » Pour le 1er Régiment du Morvan, la bataille d'Alsace est terminée. Au moins 53 volontaires ont perdu la vie entre octobre 1944 et février 1945.

Le 19 février 1945, le régiment est dissous pour constituer le 3e bataillon (capitaine Jacques Lintilhac, dit Claude), ainsi que les unités régimentaires du 27e régiment d'infanterie. Avec ce corps, les volontaires de l'Yonne participent à la Campagne d'Allemagne.

Sources principales : journal de marche de la 11e compagnie du 1er régiment du Morvan (archives Stephen Martin) - Pierre SCHERRER, Royal Morvan Infanterie 44, 1990 - Yonne Mémoire n°13, Arory, 2004.

(Collection Arory/Musée de la Résistance d'Auxerre).


Le 1er régiment de volontaires de l'Yonne

Le 7 novembre 1944 est le jour du départ vers l'Est des hommes de l'ancienne 4e demi-brigade de voltigeurs de l'Yonne, devenue, le 2 octobre 1944, 1er régiment de volontaires de l'Yonne (RVY). 

L'unité s'est formée à Joigny avec des hommes issus majoritairement du réseau Jean-Marie Buckmaster. Le commandant Jacques Adam (Roger), 39 ans, est à sa tête. Ses bataillons sont sous les ordres respectifs des commandants Maurice Charpy (un officier de réserve), Pailleret et Marcel Perreault, représentant 1 800 hommes. 

Passant par Vitteaux, Dijon et Auxonne, le 1er RVY arrive à Mottans (Haute-Saône). Le 11 novembre 1944, il monte en ligne dans le secteur de Clairegoutte, où il relève des tirailleurs marocains. C'est d'ailleurs avec le 5e RTM de la 2e DIM qu'il fera corps dans la prochaine offensive...

D'abord, le régiment reste en ligne face aux Allemands, à Ronchamp, Clairegoutte, Frédéric-Fontaine (où est la 9e compagnie du lieutenant Mirondel). Le 17 novembre 1944, il perd au moins neuf tués à Magny-Jobert, Lyoffans, Eboulet et Frédéric-Fontaine, soit à cause des mines, soit à cause des obus : Lucien Brunelle, Jean Charcellay, Marcel Cornu, Henri Dairon, Robert Junod, Désiré Lizakovszky, Pierre Marteau, Robert Matignon, Louis Thibaud.

Le 18 novembre 1944, jour où meurent Albert Labove et Henri Lebeau, la 8e compagnie (capitaine Marcel Poirier) du III/1er RVY, qui était jusqu'alors en ligne à Clairegoutte, nettoie la forêt de Chérimont avant d'entrer, comme d'autres troupes françaises, dans Etobon.

Enfin, le 21 novembre 1944, le régiment se porte en avant. Il va défendre Belverne jusqu'au 25 novembre 1944 ainsi que les positions de Magny-d'Anigon, Fesches-le-Châtel, Allenjoie, Bretagne... 

Le caporal Luc Berton note : « Le 26 novembre, alors que le bataillon patrouille de Novillard à Montreux, le 3e bataillon part en camion pour Sochaux-Montbéliard où il cantonne dans les usines Peugeot. Du 27 au 28 novembre, le 1er RVY nettoie le secteur de Bourogne, Montreux, libérant les villages de Bréchaumont, Chavanne et Foussemagne ». Durant cette période, le RVY déplore de nouvelles victimes : Robert Berluteau, 17 ans, Georges Frécourt, Marcel Bergerac. 

Le 29 novembre 1944, attachés au 5e RTM, les volontaires icaunais entrent en Alsace à Traubach-le-Haut et Traubach-le-Bas, y cantonnent deux jours, puis regagnent Belfort le 1er décembre 1944, avant de reprendre le chemin du front – Soppe-le-Bas – deux jours plus tard... 

Le 3 décembre 1944, en effet, le III/1er RVY, parti de Belfort, est débarqué à Soppe-le-Haut puis gagne à pied Sentheim. Après un long parcours, les hommes arrivent en forêt d'Eichwald. Jusqu'au 6 décembre 1944, sous la pluie glacée et incessante, les Icaunais vont défendre cette position située au nord de Guewenheim, au croisement des routes menant, au nord, à Roderen, à l'est à Michelbach.

Le combat de Michelbach

Le 7 décembre 1944, le 1er RVY s'est vu confier la mission de prendre Michelbach. Dans la nuit, plusieurs hommes ont été faits prisonniers par une patrouille allemande (sergent Trognon, Marcel Chapotin, Georges Husquin, Maurice Labonde, etc.). 

Pour l'attaque, le régiment est soutenu par des chars des 6e et 11e régiments de chasseurs d'Afrique. La préparation d'artillerie est déclenchée à 7 h, l'attaque vers 9 h 30. Caporal dans la 9e compagnie, Luc Berton a longuement raconté ce rude combat, au cours duquel une mitrailleuse lourde et un char Panther causent de lourdes pertes. Les officiers paient le prix fort. A 11 h 30, le commandant Maurice Charpy, un instituteur de 53 ans, est tué. A midi, les commandants Jacques Adam et Marcel Perreault sont à leur tour blessés. Le caporal Berton voit le capitaine Joly, chef de la 8e compagnie, s'élancer avec "un entrain légendaire" malgré son âge. "A 16 h 10, témoigne le vétéran, l'aspirant Vauthier se rue avec ses grenadiers-voltigeurs sur la mitrailleuse lourde qui riposte immédiatement et les massacre presque sur place, sous les yeux horrifiés des gars du PIAT, parvenus à leur hauteur à 30 m à leur droite". L'ordre de repli est donné à 17 h 30.

Le bilan est très lourd : 23 tués et 60 blessés. Outre le commandant Charpy et le soldat Georges Nicole, sont tombés le lieutenant Moïse Flottet (ancien chef du maquis Kléber), l'aspirant Victor Vautier, Jacques Bonnet, Marcel Bouleque, le caporal-chef Auguste Derveloy, Marcel Lacombe, Julien Loyer, Maxime Nadin, Guy Pillot, Robert Roberdeau, Roger Rondelaud, Roland Solmon, Adam Spach, Jean Warren. D'autres soldats, Roger Anquetil, André Boulmier, Henry Bernard, René Coeur-de-Roi, Robert Merandon, Marcel Lebeau, meurent les jours suivants.

Après cet échec, le régiment est relevé le lendemain par le 5e RTM et redescend à Guewenheim pour se reposer, puis part le 13 décembre 1944 pour Roderen où un homme se noie dans la Doller en crue. Ensuite, les volontaires icaunais partent au repos à Anjoutey, près de Belfort, où ils passeront Noël.

28 décembre 1944 : accompagnant le 5e RTM, qui relève le 4e RTM et des éléments du Régiment de Bourgogne, le 1er RVY remonte en ligne à Willer-sur-Thur et Bitschwiller, près de Thann, sur un piton.

3 janvier 1945 : le lieutenant Michel Filloux, 19 ans, est tué par un obus, et Henri Guibert, 21 ans, blessé sur le « Piton sans nom », meurt à Etueffont.  

17 janvier 1945 : le 1er RVY est relevé à Willer-sur-Thur pour rejoindre Bretten.

18-19 janvier 1945 : le 1er RVY s'installe en position dans les secteurs de Bellemagny et de Pont-d'Aspach.

20 janvier 1945 : début de la bataille de Colmar. A cette date, le régiment devient 3e bataillon du 35e RI. A Schweighouse, André Brunet est tué.  

23 janvier 1945 : la 2e DIM parvient à contrôler la route de Thann à Lutterbach. Mais il y a des pertes au 1er RVY (III/35e RI) qui, en forêt de Nonnenbruch, perd l'adjudant Gabriel Jourdan, Guy Sergent et André Garnault, victimes d'un obus.

24 janvier 1945 : le capitaine Jean-Louis Antier (Chevreuil) saute une mine en forêt de Nonnenbruch – il sera amputé. 

En avril 1945, le 35e RI, dont le 3e bataillon reste confié au commandant Perreault, passe le Rhin le 18 avril 1945 et participe à la Campagne d'Allemagne. 

La stèle érigée à Michelbach comporte les noms de 68 volontaires du 1er RVY tombés en 1944-1945. 

Source principale : BERTON (Luc), L'attaque du 7 décembre 1944 de Guewenheim à Michelbach, Archives Arory, 2 F 473, AD 89.

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