samedi 6 décembre 2025

De Lorient aux Alpes, le parcours de quelques unités d'origine FFI (1944-1945)


Le 158e RI lors des opérations d'avril 1945. (Collection L. Fontaine).


Poche de Lorient

4e régiment d'infanterie de l'air (RIA). Chef de corps : lieutenant-colonel Henri de La Vaissière de Lavergne, 41 ans. Chefs de bataillon : commandant Charles Judes, 31 ans, et commandant Charles Verrier, 59 ans. 

Forts de 64 officiers, 202 sous-officiers et 798 hommes de troupe, les 1er et 2e bataillons FFI du Loir-et-Cher, mis sur pied à Blois et Vendôme, arrivent en Bretagne le 23 novembre 1944, sous l'écusson récemment attribué de 4e RIA. Dès le 26 novembre 1944, le I/4e RIA (Judes) commence à monter en ligne devant Lorient, dans le secteur de Carnac-Plouharnel. Le lendemain, au cours d'une première patrouille, le capitaine André Larousse, commandant la 4e compagnie, est légèrement atteint au pied, et deux de ses hommes blessés. Le 1er décembre 1944, c'est au tour du II/4e RIA (Verrier) de relever le 71e RI dans le quartier de Nostang. A peine arrivé, le capitaine Michel Malcor, chef de la 7e compagnie recrutée dans la région de Vendôme, décide de prendre la tête d’une patrouille de douze volontaires. Au cours de la progression, l'officier et le sergent Paul Mauricette sont pris sous le feu d'une arme automatique et mortellement blessés. Le 3 décembre 1944, le soldat Guy Allard (13e compagnie du 4e RIA), âgé de 17 ans et onze mois, est tué dans un bombardement sur la route Plouharnel–Erdeven. Le 8, rapporte le JMO de la 19e DI, « une opération a été déclenchée à 8 h 25 par le commandement américain après entente avec le commandement français pour la capture de trois blockhaus allemands (dénommés ouvrages Nuremberg)... Les troupes françaises étaient seulement chargées de la relève des unités d'assaut américaines vers 12 h 15. » L'opération, qui est une réussite, se solde, côté américain, par deux tués, et côté français par cinq blessés. Le 14e bataillon des Côtes-du-Nord et la 5e compagnie du I/4e RIA ont pris part à cette action entre la rivière d'Etel et la rivière de l'Etang. Le 19 décembre 1944, l'état-major du 4e RIA est frappé par une tragédie, à Auray. Un officier FFI qui n'avait pas été autorisé à suivre le régiment en Bretagne abat le lieutenant-colonel Henri de La Vaissière de La Vergne (Valin), chef de corps, et le commandant Charles Verrier, chef du 2e bataillon du Loir-et-Cher, avant de se suicider. Le commandant André Biron prendra le commandement du régiment (qui sera rebaptisé 1er régiment aéroporté ou 1er RAP le 1er janvier 1945), le commandant Henry celui du 2e bataillon (le 25 décembre 1944). Le 7 janvier 1945, « le commandant Judes fait sauter une partie de la gare de Plouharnel » (journal de marche du 4e RIA). Le 24 janvier 1945, au cours d'un accrochage de patrouilles dans Plouharnel, le sous-lieutenant Auguste Le Bon est tué. Le 4 février 1945, la 4e compagnie du 1er RAP occupe Plouharnel. Le lendemain, le 1er RAP apprend qu'il est devenu Corps franc de l'air Valin de La Vaissière (CFAVV), toujours sous les ordres du commandant Biron. Le 23 avril 1945, le CFAVV apprend qu'il est redevenu 4e RIA. Le 10 mai 1945, il entre dans la presqu'île de Quiberon. Pertes totales : seize tués (dont deux officiers). Pour en savoir plus : Les Volontaires de la Liberté. Témoignages et récits recueillis par Raymond Casas, Amicale des anciens du CFAVV, 1982.

Poche de Saint-Nazaire

2e bataillon ORA de la Haute-Vienne (ou 2e bataillon de marche du 63e RI ou Bataillon Patriarche). Chef de corps : chef d'escadrons Raoul Saulnier de Praingy (Patriarche), 45 ans. 

Unité ORA de la Haute-Vienne. Arrive le 18 septembre 1944 devant Saint-Nazaire. Intégré au 1er groupement mobile FFI. Compte trois compagnies (lieutenant puis capitaine René Boileau, dit Berger, capitaine puis commandant Doudies, dit Durbal, capitaine Hubert de Bruchard puis capitaine Maurice Schneberger) et un escadron hors rang. Fort de 20 officiers (dont le capitaine Huyaux), 35 sous-officiers et 420 hommes. Le 21 octobre 1944, un accrochage de patrouilles endeuille le 2e bataillon ORA de la Haute-Vienne dans la région de Frossay, dans le secteur Sud. Le sergent-chef Pierre Lanini, René Gourinchas et Robert Laprade sont tués, le lieutenant Delort et le sergent Bouvier sont blessés. Depuis sa montée en ligne le 18 septembre 1944, Lanini, Gourinchas et Laprade sont les sixième, septième et huitième victimes du bataillon de la Haute-Vienne. Le 1er janvier 1945, ce dernier donne naissance au 1er groupe d'escadrons de cavalerie, qui participera à la recréation du 1er régiment de hussards (officiellement reconstitué le 1er avril 1945 au sein de la 25e division d'infanterie). Une partie de ses éléments passera au 20e RA et au 63e RI. Source : GR 13 P 81, SHD.

Poche de Royan

Demi-brigade de l'Armagnac. Chef de corps : lieutenant-colonel Henri Monnet, 48 ans.

30 septembre 1944 : héritière du Bataillon de guérilla de l'Armagnac - dont le chef dans la clandestinité, le lieutenant-colonel Maurice Parisot, a trouvé accidentellement la mort dans la nuit du 5 au 6 septembre 1944 à Toulouse -, la Demi-brigade de l'Armagnac quitte Bordeaux pour rejoindre le nord de la poche de Royan. Le lendemain, les FFI gersois s'installent sur la rive droite de la Seudre. Le PC du lieutenant colonel Monnet est à Port-d'Envaux, celui du 1er bataillon (commandant Adrien Capin) à Saint-Agnant, celui du 2e (commandant Léon Messin) à Saint-Sornin, tandis que le 3e est en réserve. 14 octobre 1944 : l'Ecole navale stationnée à Clairac (Lot-et-Garonne) rejoint la Demi-brigade de l'Armagnac et cantonne à Crazannes. Elle disposera des canons, mortiers et bazookas de la compagnie d'engins dissoute. 26 octobre 1944 : la Demi-brigade de l'Armagnac est relevée, le 3e bataillon passe aux avant-postes. 27 novembre 1944 : le Bataillon Raynaud du 1er régiment du Gers arrive à Pisany en renfort tactique de la Demi-brigade de l'Armagnac. Fort de 867 hommes qui ont défilé deux jours plus tôt à Auch (Gers), il est sous les ordres du commandant Louis Dorbes puis du capitaine Henri Lussia-Bardou. Le lieutenant-colonel Gabriel Termignon (Thierry), ancien chef de l'AS du Gers, est à la tête du détachement. 5 décembre 1944 : les avant-postes de la Seudre, tenus par le bataillon Messin de la Demi-brigade de l'Armagnac, sont relevés par deux compagnies du Bataillon Raynaud du 1er régiment du Gers. 7 décembre 1944 : les I et II/Demi-brigade de l'Armagnac se regroupent jusqu'au 10 décembre 1944, accueillant des éléments du Bataillon Roland, du groupe Guitton (capitaine Desoncles), du bataillon Heric. 1er janvier 1945 : la Demi-brigade de l'Armagnac et le Bataillon Raynaud du 1er régiment du Gers fusionnent pour former le Régiment Parisot, dont le 3e bataillon, confié au commandant Dorbes, est constitué par le Bataillon Raynaud. Le lieutenant-colonel Termignon devient l'adjoint au lieutenant-colonel Monnet. 16 février 1945 : le Régiment Parisot devient 158e RI. Ce jour-là, le Groupe franc marin Armagnac réalise un coup de main contre le poste fortifié de Mus-de-Loup. 6 mars 1945 : le II/158e RI reçoit le renfort de douze officiers et 350 sous-officiers et hommes de troupe du I/15e RI (Tarn) dissous. 26 mars 1945 : le II/158e RI (commandant Jean Gave) relève les I et III/158e RI sur le front de mer et de la Seudre. Au cours de l'opération, un tir ennemi de 155 tue Yves Célestin et blesse trois hommes appartenant à la 4e compagnie du capitaine Maurice Moreau. 5 avril 1945 : le lieutenant-colonel Monnet présente à ses hommes le drapeau du 158e RI qu'il a reçu le 2 avril 1945 à Paris, lors d'une prise d'armes à Saint-Jean-d'Angle, PC du régiment. 6 avril 1945 : le capitaine Elie Rouby, du Groupe franc marin Armagnac, est grièvement blessé en attaquant un blockhaus lors d'une opération au-delà de la Seudre. Il sera amputé des deux jambes, fait officier de la Légion d'honneur et Compagnon de la Libération. Le sergent Lamargot et le caporal Robert André ont également été blessés. Intégré avec le 50e RI (ex-Brigade Rac) dans la Brigade Oléron. Prend part aux opérations du 16 au 18 avril 1945 devant Royan. Lors du franchissement de la Seudre (16 avril 1945), perd notamment le lieutenant André Nicolas, l'aspirant André Bonay, le sous-lieutenant Jean Sizabuire, le commandant Maxime Célérier de Sanoy, chef d'état major du régiment. Participe ensuite à la conquête de l'île d'Oléron (30 avril-1er mai 1945). Source principale : GR 12 P 26, SHD. Pour en savoir plus : Le Bataillon de guérilla de l'Armagnac. 158e RI, CTR Editions, 1997.

Poche du Médoc (Pointe de Grave)

2e régiment d'infanterie du Lot. Chef de corps : lieutenant-colonel Robert Noireau (Georges), 32 ans. Mis sur pied à Toulouse (caserne Niel) avec des volontaires du Lot.

26 octobre 1944 : le I/2e RI du Lot accompagné du commandant Amable Le More arrive dans le Médoc et cantonne à Cissac. 15 novembre 1944 : le 2e RI du Lot relève les Bataillons d'Arcachon, Claverie, Georges et Doussy, ainsi que l'Escadron Klein. 18 et 19 novembre 1944 : le II/2e RI du Lot (capitaine Larribère puis capitaine Parrot), parti de Toulouse les 8 et 9 novembre 1944, monte en ligne. 5 janvier 1945 : l’unité portant l'appellation d'"escadron du 3e bataillon du RI du Lot" arrive en renfort dans le secteur. Il relève des éléments de la 3e compagnie. 10 janvier 1945 : un tir ennemi sur Vendays cause la mort de cinq militaires du 2e RI du Lot : le sous-lieutenant Paul Lesueur, Perez Martino, Robert Landrin, Adolphe Gosio et Georges Salvat, âgé de 15 ans et deux mois (il est né le 6 novembre 1929 à Blida, en Algérie). 29 janvier 1945 : une patrouille du 2e RI du Lot saute sur une mine à Vendays. Trois morts : le lieutenant André Gaussinel, l'adjudant Charles Bebengut, Joseph Azorin. Quatre blessés dont le capitaine Gilladie. 5 février 1945 : une équipe de déminage du 2e RI du Lot saute sur une mine sur le territoire de Vendays-Montalivet. Lourd bilan : six morts dont trois officiers, le commandant Jean-Marie Brouel, 32 ans, le sous-lieutenant Robert Eroles, le sous-lieutenant Robert Delsahut, et les soldats Pierre Garoux, Mauront, A. Benhallah. Il y a également cinq blessés. 1er mars 1945 : arrivée du III/2e RI du Lot (capitaine Roger Sol) dans le Médoc. 2 mars 1945 : attaque allemande du blockhaus n°2 à 7 h 15, « après une violente préparation d'artillerie et un tir nourri de mortier ». Compte-rendu des FFI du Lot : « La liaison téléphonique avec ce poste est immédiatement coupée et les éléments qui occupent ce blockhaus sont isolés du reste du dispositif de défense. Le combat, violent, dure une heure et demie environ. A 7 h 30, la section Bretagne est attaquée. Les armes automatiques tirent pendant une dizaine de minutes. Un des groupes est capturé. Ce qui reste de la section se replie direction sud-est. Un peu plus tard vers 10 h, l'ennemi (une trentaine d'hommes) se présente devant les postes tenus par les deux groupes de la section Ninu. Un combat violent s'engage. L'ennemi laisse deux morts et un blessé sur le terrain. La fusillade dure une heure et demie. Le calme revenu, le blessé allemand (aspirant de marine) est ramené dans nos lignes. Les deux cadavres ennemis seront ramassés le lendemain au cours d'une mission de nettoyage... » Le calme est revenu, mais cette affaire aura coûté au 2e RI du Lot un tué (le soldat Henri Bareilles) et 40 prisonniers (dont le lieutenant Donnadieu, le sous-lieutenant Merle et neuf sous-officiers), notamment à la CAB 2 et à la 5e compagnie du lieutenant René Castagné. De son côté, la compagnie Bretagne déplore un blessé et neuf disparus. Le 2e RI du Lot devient 154e régiment de génie d’assaut à compter du 1er avril 1945. Du 14 au 20 avril 1945, il prend part aux opérations de la Poche du Médoc (I/154e RGA du capitaine André de Gaudusson,  II/154e RGA du capitaine Parrot, III/154e RGA du capitaine Sol). Prend l'écusson du 8e RI à compter du 1er mai 1945. Pertes totales sur le front du Médoc : 72 tués (d'après l'ouvrage Une brigade FFI au combat). Source principale : archives du 2e RI du Lot, SHD, GR 13 P 81. Pour en savoir plus : Le Front du Médoc. Une brigade FFI au combat, 1989.

1ère armée française

Groupement de Genouillac. Chef : capitaine Alain de Verdier de Genouillac (Galiot), 31 ans. C'est une unité de l'AS de l'Aveyron, qui correspond à une compagnie du 1er Bataillon de l'Aveyron (Bonnafous) de la Brigade légère du Languedoc. A la disposition de la 3e DIA depuis le 9 octobre 1944, ce petit maquis passe au 2e groupement de tabors marocains (GTM), dont il forme un corps franc de 50 hommes attaché au 1er tabor. Son chef, le capitaine Galiot, décède le 6 novembre 1944 des suites de blessures, à Thiéfosse (Vosges). Auparavant, le sous-lieutenant Emile Lafon est tombé le 24 octobre 1944 à Cornimont.

Commando Hermine, dit Commando des Hautes-Alpes. Chef : lieutenant-colonel Jean Drouot (Hermine). La 2e DIM s'est vue rattacher la soixantaine de « commandos » des Hautes-Alpes partis le 20 septembre 1944 combattre aux côtés du 4e RTM. Ils appartiennent aux commandos Bir-Ackeim (sic) du sous-lieutenant Grospiron, Valmy de l'aspirant Georges Hery, et au détachement du lieutenant Paul. Le Commando Hermine, qui perd deux blessés par mines dans le bois de Palante, le 7 novembre 1944, est toujours affecté à la 2e DIM à la date du 30 novembre 1944. Le 1er décembre 1944, il participe à l'opération du 4e RTM en direction de Thann. Le commando quitte ce régiment avant la mi-décembre 1944. Dans un rapport daté du 15 décembre 1944, le chef de corps du 4e RTM se loue de l'efficacité de l'unité FFI, "excellent élément" qui a participé notamment aux opérations dans le secteur de L'Isle-sur-le-Doubs et Lure, "le nettoyage de Belfort, les affaires des vallées de la Thur et de la Doller". Encadré par dix officiers et 25 sous-officiers et caporaux, le commando a déploré "des pertes très sévères en cadres et en hommes - deux-tiers de son effectif", souligne le chef de corps du 4e RTM. Les éléments du lieutenant Paul reviennent notamment à Valence en décembre 1944 pour rejoindre le 159e RIA.

Groupe d'escadrons Thiolet. Chef de corps : chef d'escadrons Gaston Thiolet. Il est composé de militaires de la Garde. Mis sur pied le 29 août 1944, il a pris part aux combats d'Auvergne puis, rattaché au groupement Roussel (lieutenant-colonel Colliou) de la Division légère d'Auvergne, il est mis à disposition de la 1ère DB le 4 octobre 1944. Le général de Monsabert, qui a reçu le 2 octobre 1944 le commandant Thiolet à son PC de Rougemont, parle d'un « bataillon Thiollet (sic) ». Le 7 octobre 1944, il est engagé aux confins de la Haute-Saône et des Vosges. Tandis que l'escadron moto 3/4 a été détaché auprès d'un escadron du 3e RCA, le chef d'escadrons Thiolet dispose des escadrons 1/2 (capitaine Beller, dont un peloton de l'escadron 3/3), 3/2 (capitaine Nay) et 3/5 (capitaine Rabot), ainsi que d'un char, pour attaquer en direction du fort de Château-Lambert. Au cours des combats, un officier, le sous-lieutenant Philippe de Jarnieu, est grièvement blessé. Le groupement se replie et s'installe sur place pour la nuit. Il déplore trois tués (le maréchal-des-logis chef Jules Delpuech, les gardes Raguel-Appolinaire Hugues et Henri Bachelet) et 19 blessés (dont le garde Christian Montsarrat, mort à l'hôpital de Lure). Le lendemain 8 octobre 1944, journée qui voit le col du Mont de Breucheux occupé, le garde Henri Malmartel (escadron 3/3) est tué, cinq hommes blessés. Au 9 octobre 1944, une avance d'un peu plus de 1 km a pu être réalisée par les gardes, permettant la capture de huit soldats allemands. Le colonel Durosoy, de la 1ère DB, louera, dans une note, « la magnifique tenue des gardes » de Thiolet. « Le 10 octobre, précise le chef d'escadrons Thiolet, deux contre-attaques lancées contre les positions tenues par le 3/5 sont repoussées ; l'escadron est soumis à un tir de minen, d'artillerie et de chars nourri et meurtrier. » Le garde Lucien Grandjonc, du 2/2, est tué, le garde Robert Boscher, du 3/5, succombe à ses blessures. Puis les gardes vont tenir position, notamment à Ramonchamp, sous la pluie, faisant six prisonniers mais perdant dix blessés. Les trois escadrons ne seront relevés qu'à partir du 17 novembre 1944 par des éléments du Corps franc Pommiès. Félicité par le colonel Delange, de la 1ère DMI à laquelle il était rattaché, le groupe quitte le Nord-Est pour Paris le 20 novembre 1944, après avoir perdu sept tués et 35 blessés durant les opérations des Vosges. Source : GR 13 P 93, SHD.

Bataillons XII/22 et XXVI/22 

La consultation des archives du 3e groupement de choc permet d'apporter d'utiles - quoique confuses - précisions sur les volontaires parisiens ayant rejoint, durant l'hiver 1944-1945, cette formation militaire commandée par le lieutenant-colonel Régis Bouvet. A l'origine, le gouvernement militaire de Paris fait état d'une demande, formulée le 4 novembre 1944 par le ministère de la Guerre, de diriger 800 volontaires de la capitale sur Salins (Jura). Destinés au Groupe de commandos d'Afrique (GCA), ils proviennent du bataillon XXVI/22 cantonné au Mont-Valérien, fort de 33 officiers, 107 sous-officiers et 512 hommes de troupe, ainsi que des dépôts de Paris et de Versailles. Selon le journal des marches et des opérations du GCA, tandis que le commando du capitaine Antoine Huc, mis sur pied avec des Parisiens, devient 4e commando de ce groupe, le renfort de Paris provenant du bataillon de sécurité XXVI/22 "Mont-Valérien" - issu du Bataillon Hoche - et du bataillon XII/22 "Château de Madrid" est placé, le 18 décembre 1944, sous les ordres du chef de bataillon Rigaud. Il est alors désigné sous le nom de "Bataillon Paris", dont les trois premières compagnies sont sous la responsabilité du commandant Fiévet, chef du bataillon XXVI/22, les deux autres sous celle du commandant Fernand Raux alias Désiré, issu du bataillon XII/22. Ce bataillon d'origine FFI est cantonné à Malvaux, Lepuix et au Mont-Jean, et il est notamment encadré par les capitaines Daniel et Quenot. Le 18 janvier 1945, selon le JMO du Groupe de commandos de Provence, le chef d'escadrons de Courson est placé, au sein du 3e groupement de choc, à la tête d'un "groupement de commandos" composé du commando du capitaine Devoluet (ex-Groupe de commandos de Provence), du commando du commandant Raux (ex-Bataillon Désiré) et de deux commandos du commandant Fiévet (ex-Bataillon Hoche). Deux jours plus tard, ce groupe de commandos est engagé dans la bataille de Colmar, au cours de laquelle Raux est blessé. Il devient 6e bataillon de choc qui, à la date du 1er mars 1945, est composé du 5e commando (capitaine Juvénal puis capitaine de Barberin), du 6e commando (capitaine Devoluet puis capitaine Quenot), du 7e commando (lieutenant Lacharme puis capitaine Mison), du commando d'accompagnement (capitaine Pierre-Rom). Source principale : GR 12 P 96, SHD.

Front des Alpes

Bataillon des Hautes-Alpes. Chef de corps : chef de bataillon Léon-Louis Terrasson-Duvernon, 45 ans. Mis sur pied dans la deuxième quinzaine du mois de septembre 1944 à Embrun, le Bataillon des Hautes-Alpes ne réunit, à l'origine, que deux compagnies confiées au capitaine Marcel Tortel et au lieutenant René Eymin, ainsi qu'une compagnie de commandement. Ancien commandant de l’école de ski et de montagne de Lus-Sainte-Croix, le commandant Terrasson-Duvernon est à la tête de cette formation qui reprendra, elle aussi, les traditions du 11e BCA. Elle commence à faire mouvement le 27 septembre 1944 vers Saint-Véran, dans le Queyras. Deux jours plus tard, une première reconnaissance est menée au col de Saint-Véran par une section de la 2e compagnie (lieutenant Eymin) et par des éléments de la compagnie Braillon. Le 1er octobre 1944, le bataillon s’enrichit de deux nouvelles compagnies (les 3e et 4e) formées par le Bataillon "Chant du départ" dissous. Le 11 octobre 1944, il déplore son premier tué. C’est un officier, le lieutenant André Mermet, de la 1ère compagnie, qui, grièvement blessé sur une mine, avait été hospitalisé à Guillestre puis à Briançon. Le 3 novembre 1944, le Bataillon des Hautes-Alpes est relevé par le 1er bataillon du Jura et retourne à Embrun, où il va se reformer. Le 18 décembre 1944, deux nouvelles 3e et 4e compagnies sont mises sur pied avec le Bataillon XVII/15 dit des Maures. Enfin, l'unité recevra une compagnie du 2e bataillon FFI du Rhône. Ainsi recomplété, le bataillon XI/15 (11e BCA à compter du 1er février 1945) remonte en ligne le 10 janvier 1945 et relève le I/159e RIA – l'ancien bataillon du Jura. Le 7 février 1945, avec 160 skieurs, le commandant Terrasson-Duvernon mène une reconnaissance profonde sur Abriès, qui doit être occupé, Ristolas et le col de la Croix. C'est l'élément du capitaine Vollaire qui est accroché. Journal de marche du 11e BCA : « Devant le tir meurtrier des Allemands et n'ayant plus de munitions, le capitaine Vollaire, à 12 h 30, donne l'ordre de repli. Il est en effet impossible d'envisager une opération offensive ; l'ennemi est solidement retranché dans le village qui donne l'impression d'être organisé solidement. Le repli est couvert par la 2e compagnie. Il est très difficile, le terrain étant en grande partie découvert. Les Boches font du tir à tuer. » Les chasseurs Félix Metailler, 19 ans, et Marc Ollivier, 18 ans, sont tués et laissés sur le terrain, les chasseurs Pierre Galland et Auguste Pellissier mortellement blessés. Le 20 mars 1945, le 11e BCA "bis" est dissous, une partie de ses hommes forment la 2e compagnie (lieutenant René Eymin) du 11e BCA. Source : "Historique du Bataillon des Hautes-Alpes", GR 12 P 30, SHD.

141e régiment d'infanterie alpine. Chef de corps : lieutenant-colonel Carrias puis lieutenant-colonel Dusseau.

Le I/141e RIA a été recruté dans le Vaucluse. Il a été créé le 23 septembre 1944 sous le nom de Bataillon XIV/15, six compagnies sous les ordres du commandant Claude Bonfils, 52 ans, qui avait commandé, dans la Résistance, une compagnie de l’AS Drôme puis un bataillon de FFI du Mont Ventoux. Parti le 13 décembre 1944 pour Barcelonnette, le bataillon monte en ligne deux jours plus tard, d'abord deux compagnies (la 2e du capitaine Bertrand, la 5e du capitaine Duriau) dans les secteurs de Lans et de la Bayasse. Il perd un tué, le sergent André Dardaillon, le 29 décembre 1944. C'est le 24 février 1945 qu'à compter du 1er du mois, il prend l'écusson de I/141e RIA, régiment - à deux bataillons - reconstitué non dans le cadre de la 27e DA, mais celui de la 15e région militaire de Marseille.

Le 2e bataillon du régiment, stationné dans le quartier de Guillestre, correspond à l’ancien 4e bataillon du 159e RIA, le bataillon Ravel qui avait quitté l'Ardèche pour Embrun le 5 octobre 1944 et tenu la ligne Vars – col de Vars. Le II/141e RIA perd plusieurs tués le 14 avril 1945 au col Agnel : Denis Leyronnas, Marcel Provost... Le lieutenant Julien, chef d'une SES du régiment, y est fait prisonnier.

Les 22 et 23 avril 1945, le I/141e RIA, dont le commandement est assumé provisoirement par le chef de bataillon Alphonse Dumay - le commandant Claude Bonfils exerce en effet la responsabilité du régiment - prend part aux opérations de Roche-la-Croix. Source principale :  GR 12 P 24, SHD.




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