mercredi 28 octobre 2020

Maquis Duguesclin (suite et fin) : la mort d'un chef

Des FFI du maquis Duguesclin devant le monument du boulevard Barotte, à Chaumont. (Collection M. Esprit/Mémoires 52).



14 septembre 1944

Journal du maquis : «Installation du bataillon à Chaumont. Dans la matinée, arrivée de la compagnie Heidet venant d'Arc-en-Barrois. Mouvement fait à pied. A 16 h 45, on signale au capitaine Schreiber que des coups de feu sont tirés par des miliciens ou des tireurs ennemis isolés dans les locaux de l'Intendance1. Il s'y rend aussitôt avec le lieutenant Chaize. Arrivé dans la cour, il veut lancer une grenade par dessus le mur, sans y réussir. La grenade retombe dans la cour, le capitaine veut la relancer, mais elle est éclate et le blesse mortellement ; transporté à l'hôpital, il expire en cours de route».

Le lieutenant Claude Chaize confirme cette version : «Nous étions en patrouille avec une section de la compagnie lorsque l'on entendit des coups de feu provenant des bâtiments de l'Intendance (aujourd'hui démolis). Avec le capitaine Schreiber, nous entrâmes dans une maison qui bordait l'Intendance du côté des boulevards. Schreiber voulut lancer une grenade allemande (à manche) de l'autre côté du mur qui bordait une cour étroite, le mur était trop haut. La grenade dégoupillée retomba dans la cour, Schreiber voulut la relancer mais elle explosa à ce moment là, lui déchirant la poitrine – j'étais à côté de lui. J'appelais le fils (X) qui était dans la rue mais il était trop tard...» Selon les registres de l'état civil de Chaumont, René Schreiber est décédé à 15 h.


Au cours d'une patrouille dans les locaux de l'Intendance, un coup de revolver accidentel «blesse un homme de la 2e compagnie», sans doute Bernard Petit, de Cour-l'Evêque. A 18 h, visite du commandant Vaissières, qui donne l'ordre de se porter sur Montigny-le-Roi». Vaissières est le nom de guerre de Valois, officier de carrière de l'armée de l'air qui, au sein de l'état-major FFI départemental, était le commandant militaire du Sud-Ouest haut-marnais.


15 septembre 1944 : «Mouvement sur Montigny. Le lieutenant-colonel Bocquillon prend le commandement du bataillon. Une compagnie (Collin) reste à Chaumont pour assurer l'ordre. Au cours du déplacement sur Montigny, un camion se retourne ; un homme est grièvement blessé, d'autres plus légèrement. Le soldat Lamontre (4e compagnie) blesse accidentellement une femme à Epinant, d'une balle de mitraillette. Installation à Montigny». Le soldat grièvement blessé – à Odival - se nomme Alain Royer (2e compagnie, 3e section) : chargeur d'une arme anti-chars, ce Bieslois de 19 ans et demi sera transporté dans une Peugeot, avec l'adjudant Prodhon, jusqu'à l'hôpital de Chaumont, où il sera opéré par le capitaine Bonnet et le Dr Kessler. Une intervention qui n'empêchera pas la perte de sa jambe gauche. Parmi les autres victimes de l'accident, figure Jean Jaillot, de Langres. Né à Troyes en 1925, tireur-pointeur au sein de la même compagnie, il a été victime d'un éclatement de la jambe gauche à Odival.


16 septembre 1944 : «Patrouilles à la recherche de soldats ennemis isolés. La population en signale beaucoup, mais ne donne aucun renseignement précis. Battues dans les bois du (Danonce) avec appui de quatre chars de l'armée de Lattre. Un prisonnier est fait et remis aux FFI stationnés à Montigny».

17 septembre 1944 : «Reconnaissances faites par les lieutenants Bocquillon et Michaut».

18 septembre 1944 : «Battue dans les bois du Danonce. Trois prisonniers sont capturés. On bat également tous les endroits où des Boches étaient signalés».

19 septembre 1944 : «Des Allemands sont signalés dans la forêt à proximité de Vicq. Une opération est montée avec FM et mortier sans résultat».

20 septembre 1944 : «Mouvement de retour sur Chaumont. Défilé en ville. Dépôt d'une couronne au monument aux morts et au monument franco-américain. Dîner à la popote avec M. le préfet et le lieutenant-colonel Deleuze». Antoine Simons, alors cantonné au quartier Foch, se souvient : «Un défilé est prévu, on nous habille de neuf : veste de toile gris vert, pantalon de toile bleue, chaussures de cuir type «godillots», petites guêtres de cuir de 20 cm de haut, béret bleu et ceinturon de cuir. Où ont-ils pu trouver tout cela ?»

22 septembre 1944 : «Exercice instruction. Dans la soirée, une section est envoyée en embuscade au pont de la Maladière où les alliés signalent la présence d'agents ennemis : une femme suspecte est arrêtée».

24 septembre 1944 : «Une section est envoyée à La Maladière surveiller le pont reconstruit par les Américains.»

25 septembre : «Le bataillon se disloque. Hommes et gradés à l'exception des engagés sont mis en congé».


Le bataillon Jérôme, en particulier son encadrement, forme le noyau du 21e bataillon de sécurité ou Bataillon de Chaumont ou encore 1er bataillon de la Haute-Marne, créé officiellement le 1er octobre 1944. Ses hommes sont rassemblés au quartier Foch (mais également à la caserne Turenne de Langres) et partiront pour la 1ère armée française le 14 octobre.


Essai de recensement des FFI du maquis Duguesclin :

Lieutenant-colonel René Bocquillon.

Capitaines Claude Chaize, 30 ans, René Schreiber, 35 ans

Lieutenants Georges Agniel, 27 ans, Maurice Blanchot, 30 ans, Henri Bigorgne, 29 ans, Jean-François Bonnet (médecin), Maurice Colin, 40 ans, Raymond Dubreuil, 34 ans, Roger Gaucherot, 31 ans, Pierre Heidet, 38 ans, Robert Huel, 37 ans (médecin), Jean-Augustin Maccioni, 29 ans, Louis Magdelaine, 27 ans, André Parcollet, 24 ans, Albert Perrin, Jean Tolmer, 42 ans.

Sous-lieutenants Robert Bocquilon, 27 ans, Pierre Dufour, 36 ans, François Frey, 47 ans, Roland Gris, 36 ans, Maurice Hertert, 23 ans, Henry Maingon, 65 ans, Pierre Michaut, 31 ans.

Aspirants Emilien Descamps, 45 ans, Jean-Maurice Deschamps, 24 ans, Paul Flagey, 26 ans.

Agnus, caporal Ernest Aladenise, 19 ans, Barthélémy Alemany (Chaumont), Alexandre, Raymond Alexis (Bugnières), sergent Georges Allidières, 36 ans, Ambrosini, André Amiot (Luzy), 22 ans, Andriot (Voisines), Anondeau, Ardette, Armand, Aubin, Henri Aubriot (Cour-l'Evêque), 21 ans, Henri Aubriot (Aubepierre), caporal Jean Aubry (Leffonds), 30 ans, Robert Aubry, 33 ans.


Sergent Fernand Bablon, 28 ans, Claude Baillet (Perrogney), 17 ans, Bailly, Barateau, Louis Barbotte, 23 ans, Pierre Baron (Chaumont), 19 ans, André Barrachin (Veuxhaulles-sur-Aube), Charles Bati, Bauer, Baudouin, infirmier-major René Bauge (Lavilleneuve-au-Roi), Bernard Bechard (Juzennecourt), Hubert Beguinot (Cour-l'Evêque), 21 ans, André Bélime (Buxières-lès-Froncles), 23 ans, Belle, Auguste Bellet (Arc-en-Barrois), Raymond Beme, Behr, Bernard Berhard (Juzennecourt), adjudant Robert Berthe, 31 ans, Berthemeau, Modeste Berteaux, 46 ans, adjudant Roger Bertrand, Michel Besnou, Fernand Betsch (Braux-le-Châtel), Beuliet, Biazzi, Bick, Bignon, Billebault, Jean-Paul Bind (Auberive), Blacque, Boissille, Bon, caporal Charles Bonnefont, Remy Bonnetier (Braux-le-Châtel), sergent Bouchot, Boulangeot, Boulangeot, Bourelier, Bourgeois, lieutenant André Bourgeois (Chaumont), adjudant-chef Roland Bourgeois, Boussien, Jeanne Bouza, Brant, Bresson, Georges Breuillon (Arc-en-Barrois), adjudant Constant Brochard (Aubepierre), 42 ans, Gabriel Brovon (Colombey-les-deux-Eglises), Louis Boyer (Lavilleneuve-au-Roi), 23 ans, Edmond Bruet (Arc-en-Barrois), 54 ans, Emile Bruet, 18 ans, Buré, caporal Jean-Charles Busquets (Soncourt-sur-Marne), 26 ans.


Caporal René Caillaux (Braux-le-Chatel), 45 ans, Camart, Giovanni Cancelier (Montigny-sur-Aube), Caroue, Carré, Carrier, Lucien Carteret (Neuilly-sur-Suize), 30 ans, Jean Castelan, Maurice Catherinet (Coupray), 20 ans, Paul Catherinet (Coupray), 21 ans, Causin, sergent Paul Chaiffre, Chantier, Fernand Chaperon, Chaptel, caporal Henri Chaput (Blaise), Maurice Charpillat (Neuilly-sur-Suize), 31 ans, adjudant Auguste Chavannes, 38 ans, Robert Chavanne (Valdelancourt), André Chossegros, Henri Choulot, 19 ans, Yvon Cheval, Stephan Chrodot, 19 ans,  Clément, Clément, adjudant Roland Clément, 30 ans, Jean Clerget (St-Dizier), 18 ans, Clickenberg, Clouet, Roger Cnudde (Bricon), sergent Jean Cochennec, 27 ans, Colas, aspirant Pierre Colin,  Pierre Colin, Collin, Collin, Louis Collin, 37 ans, adjudant-chef Raymond Collin, Henri Collinot, Marceau Collinot (Rouelles), 32 ans, Henri Collon, Edmond Collot, 30 ans, Gilbert Colnot, 23 ans, Camille Combray (Voisines), Charles Coquelin, 32 ans, Jean Concelier (Latrecey), Consigny, Conte, Cordier, André Corne (Chaumont), caporal-chef Henri Cotel, sergent Jean Couchot (Aubepierre), 31 ans, Counaux, Couot, Courtois, caporal-chef Coutray, Crétin, Robert Cultot.


Henri Darré, Maurice David (Longeau), 40 ans, Jean Debernardi (Chaumont), 20 ans, sergent Pierre Deblaize, sergent-chef Gustave Debric, Joseph Dechanet (Richebourg), 29 ans, Raymond Deconde (Chaumont), 23 ans, Robert Delacroix (Braux-le-Châtel), 32 ans, Albert Delettre (Arc-en-Barrois), 43 ans, caporal Fernand Demarche (Langres), 34 ans, sergent Denis, sergent-chef Albert Deniziot, 32 ans, gendarme Gilbert Denizot, sergent De Rieder, adjudant Ledon Desmet, 37 ans, Gilbert Despres (Neuilly-sur-Suize), aspirant Michel Detourbet, Jean Dierse (Chaumont), 22 ans, caporal puis sergent Gaston Dieu, 21 ans, Ernest Domprolst, 43 ans, Jacques Doncarli (Chaumont), 16 ans, sous-lieutenant Pierre Doncarli, 44 ans, adjudant-chef René Douillot (Choignes), 34 ans, adjudant Jean Dubois (Nogent), 30 ans, adjudant-chef André Dubosque, 31 ans, Roland Duca (Bricon), René Duhaut (Crenay), 19 ans, René Dupont (Langres), F. Dupré (Bricon), adjudant André Dussain (Chaumont), 32 ans, Gaston Dutheil (Aubepierre), 20 ans.


Pierre Fabre (Lavilleneuve-au-Roi), André Favre (Langres), 18 ans, Jacques Favre (Langres), 20 ans, caporal-chef Joseph Favre (Cour-l'Evêque), sergent Robert Fanoi (Vitry-en-Montagne), Pierre Fleuriot (Veuxhaulles-sur-Aube), 20 ans, Roger Floriot (Latrecey), 20 ans, Fernand Fontaine, 29 ans, sergent Aimé Fournier (Coupray), 27 ans, Gilbert François (Euffigneix), 19 ans, sergent-chef Henri Francart (Juzennecourt), adjudant-chef Lucien Frequelin, adjudant Frey.


Alexandre Galizzi (Latrecey), 36 ans, caporal René Garnier (Chaumont), André Gaullier (Eurville), 47 ans, sergent Gay, Pierre Gérard, 20 ans, Gérardin (Bricon), René Gilbert, 34 ans, Ulysse Gobet (Valdelancourt), 37 ans, Léon Grandjean, 37 ans, Ange Guilbert (Faverolles), 24 ans, sergent Gustave Guinoiseaux, André Guyot (Froncles), Robert Guyot (Froncles), 20 ans.


Jacques Hantzberg (Châteauvillain), 18 ans, André Herdalot (Veuxhaulles-sur-Aube), adjudant Georges Holveck (Langres), 35 ans, Charles Hourriez (Chaumont), 23 ans, François Huvig (Arc-en-Barrois), 20 ans, adjudant Emile Husson, 34 ans.

Lucien Isselin (Latrecey), 30 ans

Jean Jaillot (Langres), 19 ans, Christian Jannin, 15 ans, sergent Robert Jeanmougin (Sarcicourt), 26 ans, R. Joffroy (Bricon).


Adjudant-chef René Karr, 39 ans, A. Kennel (Bricon).


Lacassagne, Marcel Lacaille (Bricon), Camille Lacroix (Blessonville), Maurice Lacroix (Blessonville), Henry Lamontre (Montsaon), Laspoujas, sergent-chef Louis Lapuyade (Chaumont), Robert Laurent, 40 ans, sergent-chef Gilbert Lemoult, 31 ans, Francis Le Penven, 30 ans, maréchal des logis Bélisaire Lesage, 31 ans, sergent-chef Victor Lesieux, 32 ans.


Gendarme Lucien Mace, 42 ans, Roger Malgras, 25 ans, Raoul Maroiller (Cour-l'Evêque), 26 ans, Léon Martin, 37 ans, Lucien Masselon, 21 ans, sergent-chef Maurice Masson, sergent Raphaël Massot-Pellet, Gilbert Matherot (Neuilly-sur-Suize), 24 ans, René Matherot (Neuilly-sur-Suize), 20 ans, lieutenant Robert Maupin (Bricon), 37 ans, Paul Mefferte (Leffonds), 22 ans, adjudant Emile Menetrier, sergent Paul Menetrier, sergent Hubert Meneu, sergent-chef Maurice Merger, sergent René Messager, 31 ans, Michel Meuret (Brottes), 22 ans, aspirant Jules Meyer, Robert Meyer (Juzennecourt), 37 ans, Serge Meyer (Saint-Martin-sur-la-Renne), Jacques Michaud, 20 ans, Angelot Minetto (Neuilly-sur-Suize), 22 ans, adjudant Eugène Molter, 40 ans, Charles Mongeot (Arc-en-Barrois), 45 ans, Hector Mongeot (Lavilleneuve-au-Roi), Robert Monnot (Ormancey), Jean Mougeot (Soncourt-sur-Marne), 24 ans, sergent Roger Moulin, 30 ans, Paul Mugnier (Châteauvillain), 18 ans.


Robert Nocart, 22 ans, adjudant Charles Noirot, 30 ans.


Roger Olivier (Chaumont), 22 ans.


Alfred Page (Chaumont), sergent Parisot, Robert Pasquier (Aubepierre-sur-Aube), 21 ans, sous-lieutenant Pierre Pellerin, 39 ans, sergent Lucien (ou Louis) Pelletier, Bernard Petit (Cour-l'Evêque), sergent-chef Roger Petitot, 28 ans, Serge Pillot (Braux-le-Chatel), Léon Pincemaille, 40 ans, Marc Pleux (Langres), Gilbert Poirier (Lavilleneuve-au-Roi), Jean Poissenot (Arc-en-Barrois), 28 ans, Maurice Poissenot (Chaumont), 17 ans, sergent André Prêtre, sergent-chef Emile Prevost, Maurice Prevosteau, 29 ans, adjudant Jean Prodhon, Jean Pujol (Langres).


Charles Reiter, 19 ans, Jean Remiot (Juzennecourt), 25 ans, adjudant-chef Léon Remy, Serge Remy (Cour-l'Evêque), André Renaut, 28 ans, sergent Pierre Renaut, Gabriel Rigny, 33 ans, Riottot (Latrecey), Jean Robaine (Chaumont), 18 ans, Roger Roblin (Latrecey), 21 ans, adjudant-chef Louis Roche, 44 ans, Pierre Roche (Braux-le-Châtel), 17 ans, J. Rogier (Bricon), Nicolas Romano, 14 ans, sergent Henri Rossignol (Arc-en-Barrois), 48 ans, René Rossignol (Montrot), Louis Rougelin (Cour-l'Evêque), 19 ans, Yves Rougelin (Cour-l'Evêque), 21 ans, Georges Roussel, adjudant-chef Jules Roux, 35 ans, sergent Jean Roy (Luzy), Alain Royer (Biesles), 20 ans, Maurice Royer (Neuilly-sur-Suize), 22 ans, caporal-chef Georges Rozard (Chaumont), 23 ans.


Justin-Max Schoubert (Chaumont), 35 ans, adjudant François Sciaux, 38 ans, Pierre Sebeyran (Chaumont), 23 ans, Julien Sedille (Arc-en-Barrois), 37 ans, Antoine Simons (Blessonville), Sommer, Etienne Stoquiaux, 32 ans, Eddie Stuck (Ternat), 21 ans.


Taret (Bricon), adjudant Joseph Teychenne (Chaumont), sergent-chef Edouard Thiebaut (Rochetaillée), 37 ans, René Thivet (Latrecey), 22 ans, Thomas (Brottes), Maurice Tiberghien, Adrien Tilquin (Chaumont), 22 ans, adjudant-chef Louis Tisserand, 36 ans, adjudant-chef Gilbert Tissier, caporal Tissut (Latrecey), sergent-chef Jacques Tournois.


Vacheret (Bricon), Raymond Vairetti (Bay-sur-Aube), 27 ans, R. Vernier (Lavilleneuve-au-Roi), Vetosi (Bricon), adjudant-chef Paul Voinchet, 35 ans, Bernard Voirin (Langres).


Sergent-chef Jules Weissenmann.

1Intendance militaire. Dans le centre de Chaumont.

vendredi 16 octobre 2020

Le 51e régiment d'infanterie dans la poche de Dunkerque

    Nous avons déjà évoqué, sur ce blog, l'offensive allemande menée dans la poche de Dunkerque, dans la nuit du 9 au 10 avril 1945, au cours de laquelle deux compagnies du 2e bataillon du 51e régiment d'infanterie, composé de FFI du Nord, ont subi de lourdes pertes.

    Le journal de marche et d'opérations du régiment, conservé par le Service historique de la Défense à Vincennes, apporte d'utiles précisions sur l'organisation de ce régiment et sur les conséquences de cette action ennemie. Créé par une note de service du 24 janvier 1945, le 51e RI du lieutenant-colonel Raoul Le Hagre comprend, à l'origine, quatre bataillons, dont trois sont en position devant Dunkerque.

    Les compagnies du I/51e RI (commandant Pierre Bienassis puis capitaine Georges Jacquin) sont aux ordres du lieutenant Dewulf (compagnie de commandement), du lieutenant Leroy (1ère compagnie), du capitaine Jacques Schrouf (2e), du capitaine Selosse (3e), du lieutenant Renaud (4e) et du lieutenant Albert Creton (5e).

    Le II/51e RI (commandant André Chaverebiere de Sal) est l'ancien I/110e RI, lui-même créé le 16 octobre 1944 sous l'appellation de II/43e RI. Le chef de bataillon est secondé par le capitaine Bauvoi, ses compagnies sont commandées par le lieutenant Jean Quaetart (compagnie de commandement), le capitaine Bouquillon (1ère), le lieutenant Jean Da Silva (2e), le lieutenant Léon Samoy ou Lamoy (3e), le lieutenant Plucain (4e) et le lieutenant puis capitaine Brun (5e). Après réorganisation, un officier d'active, le capitaine Bruel, commandera la 8e compagnie.

    Ancien II/110e RI, le IV/51e RI reste confié au commandant Edouard Dewulf puis au commandant François Obin, secondé par le capitaine Courtin. Le sous-lieutenant Bicaert (compagnie de commandement), le lieutenant Jean Vichery (1ère), le lieutenant Lancel (2e), le commandant Huchart (3e), le lieutenant Leschawe (4e) et le capitaine Edgard Verkindere (5e) sont les commandants d'unité. Ce bataillon sera dissous le 1er mai 1945 et versé dans les deux premiers bataillons.

    Quant au III/51e RI, il s'agit du bataillon de sécurité II/2 (lieutenant-colonel Fromonot), mis sur pied en Picardie, encadré, à la date du 1er octobre 1944, par le commandant Radet (adjoint), le commandant Legrand (adjudant-major), le capitaine Moreau (compagnie de commandement), le lieutenant Froissart (1ère compagnie, mort en service le 27 décembre 1944), le lieutenant Limouzin (2e), le capitaine Vanderbecken (3e), le capitaine de Montalembert puis le capitaine Godier (4e), enfin le capitaine Domergue (5e).


Le récit d'un combat

    A partir des archives - JMO, rapports d'officiers - du 51e RI, nous proposons ici un récit détaillé* de ce rude combat, qui a meurtri le régiment mais également le 33e RI. 

    "Le 9 avril 1945, la 8e compagnie tenait, à cheval sur le canal de Bourbourg, depuis la nuit du 31 mars au 1er avril 1945, le sous quartier du moulin de Spycker, avec PC à la ferme Stevenoo. Commandée depuis le 11 mars par un officier d'active, le capitaine René Bruel, elle était encadrée par « les trois meilleurs chefs de section du bataillon », indique le journal de marche du régiment. A savoir le lieutenant Maurice Wastiaux, à la 1ère section, le lieutenant Marius Thibaut, à la 2e, le sous-lieutenant Bagin, à la 3e. L’organisation de la compagnie, au nord du canal (le pont de Spycker se situe au nord-ouest de Spycker en direction de Grande Synthe) s’articule notamment autour de deux points d’appui : le PA 3 (sous-lieutenant Bagin) à droite, le PA 1 (lieutenant Wastiaux) au centre, en direction de la ferme Vermersch, au-dessus de la distillerie Trystram, tandis que le PC est à gauche du dispositif. Effectifs : 105 hommes, armés de quatre mitrailleuses allemandes, trois FM tchèques, et appuyés par un groupe de deux mitrailleuses Hotchkiss. 

     Les autres compagnies du II/51e RI occupent les sous-quartiers de la ferme Vermersch (6e), de la ferme Legrand (9e) et du Grand-Millebrugghe (7e), la 10e restant en réserve pour interdire le franchissement de la route entre la ferme Legrand et le canal de la Grande Colme. Le bataillon est en liaison avec la 8e compagnie du II/33e RI, qui barre la route moulin de Spycker – ferme Legrand.  

       L'alerte est donnée à 23 h, le 9 avril 1945. Mais les soldats français ne pourront s'opposer au coup de main qui est lancé à 1 h 30. Dans un long rapport (17 pages !), le capitaine Bruel devait longuement détailler la chronologie d’une journée que ses hommes n'oublieront pas. 

    Une journée qui commence donc après 1 h 35, quand, après avoir reçu l’information que des coups de feu ont été entendus, l'officier ordonne l’envoi de patrouilles en direction du point d’appui de Van West et de la rive du canal, l’une commandée par le sergent-chef Lagache, l’autre par le caporal Devriendt.
« Elles ont disparu complètement l’une et l’autre, n’ont jamais rejoint, ni donné de leurs nouvelles », note le capitaine Bruel. En revanche, depuis la ferme Vermersch, le lieutenant Henri Pruvost, de la 6e compagnie, signale qu’un soldat allemand vient d’être fait prisonnier à Van West, et que celui-ci 
« déclare que 150 Allemands vont attaquer incessamment dans cette région ». Ainsi informé, le capitaine Bruel allait quitter son PC pour se rendre vers le poste 4 « lorsque brusquement des cris de sauvage éclatent sur la rive droite du canal et que des armes automatiques se mettent à tirer en tous sens »

    C’est l’attaque annoncée, même si tout reste encore calme au PA 1 et au PA 2. 

   Capitaine Bruel : « Dehors la bataille fait rage, les mitraillettes allemandes tirent dans tous les sens. Le FM du poste 4 sort de son blockhaus (adjudant Valdher, soldat Edereau), se met en batterie face à droite et tire sur la rive droite du canal où semble-t-il son feu cause des pertes à l’ennemi. Mais bientôt l’ennemi apparaît sur l’arrière du PC et entre le PC et le PA 3. Le FM de 4 se replie alors sous les balles sur le poste 3 aménagé, mais inoccupé où il continuera à tirer jusqu’à ce qu’un projectile d’artillerie vienne éclater au pied même du créneau. L’adjudant Valdher qui commande ce FM se battra alors à la grenade contre les Allemands abordant le PC. » 

   Pour le capitaine Bruel, la surprise est totale : « On me signale [les Allemands] dans la cuisine. Deux autres grenades explosent devant la porte du PC et quelques secondes après les Allemands faisaient irruption dans la pièce servant de salle de commandement. […] Telles furent les circonstances dans lesquelles fut submergé le PC de la 8e compagnie. […] Entre le moment où les Allemands poussèrent leurs hurlements et celui où les grenades éclatèrent dans la cuisine, il ne s’est guère passé plus de cinq minutes. » Pour l’officier, il est clair que c’est en ayant traversé le canal en canots et à l'aide de "chambres à air" que les Allemands ont pu surgir derrière les Français, et non en passant les ponts.

    Simultanément, le PA 3, sur la rive droite du canal, est pris à partie. Suppléant son caporal « déjà affolé » (selon le rapport du capitaine Bruel), le soldat Bertein voit que son groupe de la section Bagin, qui a quitté son blockhaus pour s’opposer à l’ennemi, « va être submergé par le Boche qui approche rapidement de tous côtés [et] le replie sur la rive gauche…» Ses hommes franchissent le pont que Bruel, avant sa capture, avait souhaité voir détruit. « Bertein va détruire le pont, lorsque deux hommes de la 6e compagnie arrivent et passent en annonçant qu’il en vient d’autres. Bertein renonce à détruire le pont. Le tireur Van Assel tire le chargeur qui lui reste sur les Boches de la rive droite qu’il voit à la lueur d’un incendie qu’ils viennent d’allumer dans la grange»

     Il y a d’autres pertes, à la section : « Szewezyk, le téléphoniste, a disparu, l’agent de transmission Vincent vient d’être tué près du poste 7. L’ennemi est maintenant en face, de l’autre côté du pont et tire de toutes ses armes. » Pour sa part, le groupe dont Bertein a pris la tête et qui, s’étant replié, s’est mis à la disposition du lieutenant Wastiaux (1ère section), a perdu un blessé, Wallert. 

     Chez Wastiaux (PA 1), des pertes sont également enregistrées en raison d’un tir d’artillerie. René Bruel : « Deux obus s’écrasent sur le blockhaus n°16 (groupe Demaret), d’autres éclatent sur la butte n°1, dans la toiture du PC de section… En même temps, des armes automatiques allemandes installées vers la butte n°3 tirent sur les buttes 1 et 2. Ce sont déjà les ennemis qui viennent de prendre le PC de compagnie et qui continuant sur leur lancée attaquent le PA 1… Le soldat Christians qui vient d’être blessé arrive en compagnie de Descamps qui rend compte au lieutenant Wastiaux de la destruction du blockhaus n°16. En plus de Christians, l’obus a mis hors de combat le caporal Demaret (épaule arrachée) et Lobeau (blessures multiples et enseveli). » Le tireur Henri Vanoverfeldt, qui s’est employé à les dégager, sera porté disparu. 

     Le combat gagne de l’importance, les Allemands arrivant sur la butte n°2 ou s’infiltrant par les jardins derrière le PC de section. Au sein du groupe Eugène Procureur, « Descrodt se bat comme un lion à la grenade ». Le PC de section est pressé de toutes parts. « Vers 2 h, un tir de grenades à fusil dans la cuisine et à la fenêtre du palier d’escalier […] ne précède que de quelques secondes l’assaut qui est donné simultanément par la gauche (butte n°1) et par le centre […]. Le groupe Procureur lance ses dernières grenades, mais le rez-de-chaussée est envahi. Il est 2 h 25. » Un autre groupe doit se rendre,
« le PA 1 n’existe plus. Le combat a duré environ 35 minutes ». En se portant au poste 8, le sous-lieutenant Bagin (PA 3), qui a lancé une fusée rouge signifiant "Nous sommes attaqués", «trouve son agent de transmission Vincent tué par un obus et un homme, Verfaillie, blessé… Son intention est alors de pousser vers le PC pour le dégager ou participer à sa défense, mais déjà le PA 1 est en pleine bataille et obus, bombes, rafales de mitraillettes s’abattent sur la ferme […] Bagin installe alors toutes ses armes […] sur la butte face à l’arrière […] Sur la rive droite, le café des Quatre chemins et la grange, sur la rive gauche, un bâtiment du PC brûlent sous les jets des lance-flammes». Une déconvenue pour Bagin : une pièce de mitrailleuse a été abandonnée intacte par ses servants. 

     C’est en essayant de rentrer dans les lignes que la 3e section du sous-lieutenant Bagin va être cruellement éprouvée. « Dès qu’ils dépassent l’usine, ils sont pris à partie par des armes tirant des étages supérieurs du PA et du PC. Ils essaient, malgré tout, de continuer et répondent de leur mieux avec leurs fusils et leurs FM aux armes ennemies, mais ils subissent bientôt de lourdes pertes. Successivement, Vanlerberghe, Verbecque, Vanstelland, Steinkiste et Six sont tués, soit par des balles, soit par des éclats de mortier ou d’obus. Verdru, Bernard, Dordain, Desfosses, Mathieu sont blessés. Seuls restent les caporaux Tassin et Delbart, les soldats Wymiens, Mortelette et Schmutz qui, pour éviter de faire tuer inutilement, se rendent. Plus loin, Bailleul qui, pour se mettre à l’abri, est entré dans un fossé plein d’eau, meurt d’une congestion. Plus en arrière encore, le lieutenant Bagin, blessé, le sergent Decuyper, les soldats Salyn et Dhainaut […] doivent également abandonner le combat, alors qu’ayant dû s’arrêter en terrain découvert, les armes ennemies, installées dans les maisons avoisinantes, leur interdisent tout mouvement.» 

    A 4 h, l'action est terminée. En quelques instants, l'ennemi a pu prendre le moulin de Spycker, les fermes Vermersch, Dekeister et Delabaere. Défendant les PA de Van et Van West, le sous-lieutenant Oudin, de la 6e compagnie, est parvenu à se replier et à rejoindre le PC à 3 h 15. Un quart d'heure plus tard, ce sont les deux postes du sous-lieutenant Grimopont et celui du sous-lieutenant Bailleul qui se repliaient également et gagnaient Spycker. Seul le lieutenant Thibaut a résisté, au PA de Vanherseck. Il ne se repliera qu'à 21 h, et après sa relève par le 33e RI. 

     A 6 h, précise le JMO du régiment, « quelques éléments de la 6e compagnie réoccupent les fermes Vermersch et Freuter. Pour réoccuper la ferme Delabaere, un court combat s'engage. Le soldat Rodrigue de la 5e compagnie est mortellement blessé. Trois prisonniers dont un officier allemand sont capturés. Toute la journée se passe à regrouper et interroger les éléments épars des 6e et 8e compagnies non capturés. » 

     Les pertes du bataillon sont très sévères. Le journal des marches et des opérations du régiment parle d’abord de cinq tués, six blessés et 94 disparus au II/51e RI. Il rehaussera ce bilan en ajoutant treize blessés et dix disparus, la plupart tués en réalité. Plus précis, celui du bataillon évoque, pour la 8e compagnie (la plus éprouvée), la perte de 67 hommes sur 108. Le capitaine Bruel, le lieutenant Wastiaux sont portés disparus. Dans son rapport, le commandant de compagnie évoquera une perte de dix tués et dix blessés, sans compter les disparus. A la 6e compagnie, il y a trois tués, sept blessés et 23 disparus (dont le lieutenant Henri Pruvost). Dans une autre compagnie, six disparus. 

     Il y a donc, selon ces sources, au moins treize tués au bataillon. A la 8e compagnie, Jean-Marie Vincent, 17 ans et huit mois, Henri Vanlerberghe, Léon Verbecque, 23 ans, René Vansteellant, 20 ans, Robert Six, 21 ans, Albert Steenkiste, 26 ans, Cyrille Bailleul, 19 ans, Edmond Demaret, 21 ans ; à la 6e compagnie, Moïse Arco, 22 ans, Pierre Mazereuw, 20 ans, et Roger Peiremboom, 20 ans, ainsi que Georges Rodrigues et Henri Lagache (du I/51e). Le capitaine Tassin, les sous-lieutenants Bagin, Omer Coeugniot sont au nombre des disparus, l'aspirant Julien Burggraeve a été blessé. 

    Qui a mené l'opération ennemie ? Une unité commandée par un major, chargée notamment de prendre le moulin, et un groupe de 60 hommes, qui devait «ratisser» le terrain à partir de la rive Sud du canal de Bourbourg. « On attendait l’attaque, on l’attendait sur nous, écrira le capitaine Bruel. Depuis six jours, les hommes et les chefs vivaient dans la pensée de la bataille. » 

    Mais « le Boche avait préparé son coup de longue main. Il avait choisi ses hommes les plus décidés. Tout était prévu dans le moindre détail… Tous les hommes étaient en blouse ou en vareuse foncée (quelque fois noire) et portait dans le dos un carré blanc… Ils étaient chaussés de souliers de caoutchouc ou de souliers ordinaires entourés de chiffons. Ils n’avaient pas de casque, pas de baïonnette et étaient allégés au maximum. Certains visages étaient enduits de noir de fumée... » C'est cette troupe-là qui aura réussi, en moins d'une heure, à rayer deux compagnies de l'ordre de bataille français... 

* * *

    Le 51e RI n'est pas la seule unité à avoir été éprouvée par ce coup de main. Le 33e RINE (pour régiment d'infanterie non endivisionné) l'a été également. Ce régiment avait été recréé le 15 janvier 1945 sur ordre du général Deligne, commandant la 1ère région militaire de Lille. Confié au colonel Léon Gros, issu de l'armée d'Afrique (il commandait jusqu'à présent le centre d'organisation d'infanterie et l'école des cadres de Lille), le 33e, dont l'état-major est situé à Valenciennes, comprend trois bataillons : le 1er (Arras) du commandant Heduy, créé dès le 16 septembre 1944, le 2e (Lille) du commandant Gauthier Sainte-Marie, mis sur pied le 26 octobre comme I/43e RI173, et le 3e (Saint-Omer), constitué le 30 octobre par le commandant Léon Pecqueur sous l'écusson de 173 La section de chenillettes de ce bataillon avait été détachée au groupement Sambre-et-Meuse du colonel Nicolas Chaulet en Belgique. Fin décembre 1944, le V/33e RI (bataillon de marche de Cambrai) du capitaine Henri Roger s'était également porté sur Dinant et Mettet, au-delà de la frontière. Il formera ultérieurement les unités régimentaires du 1er RI. IV/110e RI. « Les trois bataillons sont équipés avec du matériel anglais », précise le JMO du régiment. 

     Informé le 5 avril qu'il allait servir devant Dunkerque, le régiment a commencé à faire mouvement deux jours plus tard, plus précisément son 2e bataillon. Ses compagnies étaient à Bourbourg, Looberghe, Craywick, à la distillerie du Grand Millebrugghe et dans plusieurs fermes lorsque est survenue l'attaque du 10 avril 1945. 

     Le journal de marche du régiment rapporte : « L'ennemi arrive au contact des unités du 33e RINE, notamment devant la 8e compagnie à Goetgheluck qui fait trois prisonniers. La 9e compagnie accompagnée de chars se porte en direction de l'ancien canal de [Mardyck] pour stopper les infiltrations ennemies. » Le II/33e reçoit alors l'ordre du général allié de « réoccuper Vanherseck, Stevenoo et le pont de Spycker reconnus inoccupés par l'ennemi », puis d'interdire toute pénétration ennemie entre le canal de Bourbourg au sud et une ligne parallèle passant à 800 m environ au nord de Vanherseck. La 9e compagnie arrive vers 19 h devant ses objectifs : la filature, la ferme Stevenoo et le pont de Spycker. « Mais à ce moment ceux-ci sont occupés par l'ennemi. » Tout comme la 9e compagnie du lieutenant Verwickt, la 6e qui doit occuper les fermes Vie Deran et Vanherseck se heurte à un tir de barrage. « Un certain flottement se produit à la 6e compagnie. Le capitaine Galland désigné pour prendre le commandement rétablit la situation, mais ne peut réoccuper la ferme Vanherseck. »

    Pour le 33e RINE, les combats sont toutefois loin d'être terminés...

Sources principales : GR 12 P 12 et GR 12 P 8, SHD Vincennes. 

* Récit publié dans "les volontaires de l'an 1944", tome 2, Lionel Fontaine. 




Illustration : un extrait du JMO du 2e bataillon. (Collection SHD).