"Et le II/152e RI du commandant Georges Biarez ? Quelle fut sa participation à ces combats ? Présent à Courtelevant depuis la veille, il devait attaquer Hindlingen, bien au nord de la centrale, au-dessus d'Ueberstrass. C'est d'ici qu'est partie, avant le lever du jour, la 6e compagnie du capitaine Etienne Gues (Ety), recrutée dans la région de région de Brioude (Cantal). Encadrée par les lieutenants Antonin Cubizolles, Marius Beaume et René Masseboeuf, elle vient prendre position à Friesen pour attaquer avec la 7e compagnie. Base de départ du bataillon : une ligne boisée au nord-ouest du village. Heure H : 10 h 10, après une préparation d'artillerie.
Soudain, deux mitrailleuses allemandes tirent sur la compagnie Gues. Elles sont positionnées à la lisière Est du bois de l'Oberwald, à l'ouest de Friesen. Les armes automatiques françaises tentent de les neutraliser. Puis, pour ne plus être importuné sur son flanc, le chef de compagnie donne l'ordre d'attaquer ces résistances, "bien que hors de sa zone d'action" note l'historique du régiment. Gues se lève en criant "Vive le maquis". Le combat s'engage.
Historique du 15-2 : "La 6e compagnie s'élance, les hommes foncent en entonnant à tue-tête la Marseillaise et le chant des maquisards, les mitrailleuses ennemies crépitent quelques secondes encore, puis se taisent. Tireurs et servants ennemis, devant la fougue de nos volontaires hurlant, se replient dans la forêt. Quelques blessés à la 6e. Pas de morts à déplorer. Mais l'unité ne s'en tient pas là. Attirée maintenant par le terrain, elle arrive dans l'Oberwald vers l'est au lieu de reprendre sa marche vers le nord."
D'abord, la progression à l'intérieur du bois se fait prudente. Mais l'ennemi est là, et il ouvre "un feu d'enfer. Le capitaine Gues, 39 ans, est tué, son adjoint, le capitaine Jean Fraisse, est blessé. D'autres volontaires tombent. "Les sections s'accrochent au terrain, ripostent au feu ennemi, parent à un débordement, se maintiennent, rapporte l'historique du régiment. Un élément même poursuit sa progression, arrivant à quelques dizaines de mètres du PC du colonel commandant la défense de l'Oberwald. Le feu devient de plus en plus intense, la situation critique. Les tirs d'arrêt ennemis s'abattent sur le deuxième échelon, fauchant de nombreux hommes. Il faut se replier. L'ordre de repli donné par le commandant de bataillon est exécuté à contre-coeur, mais face à l'ennemi au moyen de petites contre-attaques, après évacuation de tous les blessés et en ramenant quelques prisonniers."
Les pertes sont notamment lourdes à la 3e section, qui se replie sur Friesen. Il s'avère que le sergent Henri Valette devait apporter à la compagnie un contre-ordre annulant l'attaque, mais il a été tué. Valette est une des onze victimes de l'unité (qui déplore également 22 blessés), avec l'adjudant-chef André Hertz, Yvon Vedel, Colette Nirouet (Evelyne), le Belge Jules Longfis, Roger Lyon, Baptiste Bresson, Alfred Coudert...
Au total, ce jour-là, le 15-2 déplore 44 tués, dont l'aspirant André Monticone, 170 blessés, douze disparus. Jamais, en une seule journée, une unité FFI n'avait perdu autant d'hommes depuis les premiers combats dans les Vosges. Agée de 18 ans, Colette Nirouet, une des rares femmes combattant parmi les hommes, était surnommée la "Jeanne d'Arc" de sa compagnie. Elle venait de s'engager, mi-octobre 1944, "d'abord comme infirmière bénévole", puis comme soldat. Blessée, évacuée par les Allemands, elle devait ne pas survivre."
Militaires du 152e RI tombés à Seppois et dans le bois de l'Oberwald
Capitaine Etienne Gues, dit "Ety" (II), 39 ans, le 26 novembre ; capitaine Lucien Chainas (I), 36 ans, le 26 novembre ; lieutenant André Ravel (I), 25 ans, le 26 novembre ; aspirant André Monticone, 25 ans, le 26 novembre ; lieutenant Jacques Bouriaud, 26 ans, le 28 novembre (blessures).
sergent Henri Valette (II), le 26 novembre ; adjudant-chef André Hertz (II), 32 ans, le 26 novembre ; adjudant-chef Eugène Sarron (I), 30 ans, le 26 novembre ; sergent Léon Monteil (I), 24 ans, le 26 novembre ; sergent Georges Pinault (I), 22 ans, le 26 novembre ; sergent-chef Jean Peyron, 21 ans, le 26 novembre;
Pierre Alamigeon, 24 ans, Roger Berault (III), 25 ans, Jean Bonnet, 26 ans, Pierre Capelli, 22 ans, Henri Duponteilh, 38 ans, Albert Fongarnand, 20 ans, Jean Forestier (II), Lucien Laborde, 24 ans, Yves Misson, 23 ans, Mohamed ben Ali, 30 ans, Jean Moignoux, 20 ans, Roger Perrichon, Emile Souillat, 34 ans, Yvon Vedel (II), Colette Nirouet (II), 18 ans, Jules Longfis (II), 23 ans, Roger Lyon (II), 20 ans, Baptiste Bresson (II), 19 ans, Alfred Coudert (II), Louis Argiolas (UR), 19 ans, Marcel Fourneyron (UR), 22 ans, Mohamed ben Djelloul (I), Julien Chrzanowsky (I), 18 ans, Marcel Marchand (I), 17 ans, Claude Berçot (I), 16 ans et demi, caporal-chef Pierre Chaillet (I), 21 ans, Hippolyte Antoine (I), 19 ans, Jean Ceyroux (?) (I), Jean Charrier (I), 24 ans, Fernand Frugier (I), 23 ans, Robert Galmiche (I), 19 ans, Jean Girard (I), 19 ans, Adrien Liotier (I), 19 ans, et Henri Varieras (I), 23 ans, le 26 novembre ; Jean Jacquel, 21 ans, le 27 novembre;
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