mardi 22 juillet 2025

Le 8e régiment de dragons, septembre 1944 - mai 1945


Le 8e dragons en Allemagne. (Photo parue dans le journal Rhin-et-Danube).

Historique du 8e régiment de dragons, des FFI d'Auvergne, depuis la Bourgogne jusqu'en Allemagne. Extraits parus dans "Les volontaires de l'an 1944", tome 1.


    "Dès le 6 septembre 1944, le 8e régiment de dragons, unité FFI auvergnate, a atteint Paray-le-Monial où la liaison avec l'armée de Lattre a été réalisée. Puis, les 9 et 10 septembre 1944, les FFI du lieutenant-colonel Pommiès, des chefs d'escadrons (Auguste) Merlat et (Pierre) Dunoyer de Segonzac se sont battus aux côtés de l'armée B autour d'Autun, avant que le GMSO [Groupement mobile du Sud-Ouest du Centre] ne se rassemble en Côte-d'Or pour y connaître une première grande réorganisation." 

9-10 octobre 1944 - cavaliers d'Auvergne, du Tarn et du Doubs poussent sur La Bresse (Vosges)

    "Tandis que les fantassins de la division [3e division d'infanterie algérienne] se battent aux abords du Thillot et de la crête de Longegoutte, le colonel Bonjour, à l'est de Remiremont, a formé un nouveau groupement tactique (n°4) de la 3e DIA autour du 3e régiment de spahis algériens de reconnaissance (RSAR), du 2e régiment de dragons et d'unités FFI. Notamment le groupe d'escadrons du Jura du 1er régiment de Franche-Comté, et le 8e dragons FFI, qui est à son tour lancé dans la bataille des Vosges le 9 octobre. 

    Depuis un mois, cette unité auvergnate fait équipe avec le 2e dragons, mais si l'on excepte sa participation aux opérations d'Autun, il s'agit de sa première action offensive avec l'armée De Lattre. A l'origine de ce régiment, il y a la colonne rapide 5 des FFI d'Auvergne, que le chef d'escadrons d'active Auguste-André Merlat, 47 ans, a constitué à partir du 6 juin 1944 au col de Néronne, dans le Cantal. Ancien combattant de 14-18 (lieutenant de hussards, Merlat a été blessé en 1917 et 1918, et fait prisonnier), chevalier de la Légion d'honneur depuis 1920, l'officier était déjà chef d'escadrons au 8e régiment de dragons, en 1942. D'où le choix de cet écusson pour cette formation motorisée qui avait quitté Vic-le-Comte le 3 septembre 1944 pour le Nord-Est et avait été présentée le 15 septembre 1944 à Mirebeau, en Côte-d'Or, au général de Lattre, qui voulait la transformer en bataillon de dragons portés à disposition du 2e dragons. 

    Quelques jours plus tard, le 8e dragons FFI – officiellement recréé le 16 septembre 1944 à Mirebeau - accueillait un groupe qui appartenait au Corps-franc de Sidobre (le groupement de Segonzac) et qui a été mis sur pied à Castres avec des anciens du 15e régiment d'artillerie (RA), le groupe Saucet. Ayant fait mouvement le 7 septembre 1944, cette unité tarnaise, composée de douze officiers, 34 sous-officiers et 187 hommes répartis dans deux "batteries", dotées de deux mortiers de 75 et d'un canon anti-chars, formait les 1er et 2e escadrons du 8e dragons, qui ne comptait jusqu'alors que 300 hommes à mi-septembre 1944. [...]"

    "C'est ce groupement Bonjour qui ira de l'avant le 9 octobre 1944. Ses objectifs : La Bresse et Cornimont. Au 8e dragons, parti à 5 h 30, le 3e escadron du capitaine Charles Pourcher de Ruellé du Chéné parvient d'abord, après le franchissement de la Moselotte, un affluent de la Moselle, à occuper Contrexard, au sud-est de Vagney - libéré par les Américains le 6 octobre 1944 - en direction de La Bresse, puis il pousse des patrouilles sur les crêtes Sud du village. 

    A 11 h, Merlat confie à un peloton du 1er escadron le soin d'occuper les hauteurs boisées au nord de la route de Trougemont, prochaine localité après Contrexard. Merlat a installé son PC dans un bois de sapins, au carrefour de la route de Planois et du chemin de Contrexard, et les lieux sont soumis à bombardement : le lieutenant-colonel André Demetz, chef de corps du 2e RD, est légèrement blessé, le maréchal des logis-chef Henri Thomas, 24 ans, du 3e escadron du régiment FFI, est tué par un éclat d'obus. La progression de l'avant-garde – le capitaine Hennion, du 2e dragons, et deux pelotons du 8e - en direction de Trougemont se révèle très difficile. A 15 h, elle n'est qu'à 500 m du carrefour. L'opération devra donc se poursuivre le lendemain matin, notamment par les hauteurs situées au nord de la route de Trougemont, afin d'appuyer l'attaque de ce hameau et de Planois par les TD. La nuit sera passée sous la pluie, et sous les obus. Il y aura quelques blessés au 2e escadron qui vient de rejoindre le régiment, et le commandant Georges Bidenne, du groupe Saucet, sera blessé accidentellement. [...]"

    "Le lendemain, les dragons du commandant Merlat reprennent leur progression en direction de La Bresse. Ils nettoient la ligne de crête qui se trouve au nord de la route Contrexard – Trougemont et, à 8 h, commencent à ouvrir le feu sur Trougemont, que canonnent également les chars du capitaine Hennion. Conséquence : les Allemands abandonnent la localité pour se réfugier dans les bois au sud. 

    Dans Trougemont, les hommes du commandant Merlat et ceux du 2e RD procèdent au nettoyage, faisant notamment une vingtaine de prisonniers. Le sous-lieutenant Maury, le maréchal des logis-chef Fournier et le maréchal des logis Lucien Fournes, de l'escadron hors rang (EHR), « grenadent une cave où sont réfugiés des Allemands et font sept prisonniers », note le journal des marches et opérations du groupement Allard. 

    La progression se poursuit en direction de Planois et, après avoir "culbuté" des résistances, les dragons prennent le village à 11 h. De son côté, l'escadron du Chéné met en fuite des Allemands en nettoyant les crêtes jusqu'à la cote 841. C'est au nord de cette hauteur que le lieutenant-colonel Emile Goetz, adjoint au chef de corps du 8e dragons, le capitaine Lucien Carpentier, les adjudants Morel et Vandenbulcke, ainsi que quelques cavaliers, surprennent quatre Allemands affairés à miner la route : deux sont blessés, les deux autres s'enfuient. Soumise à un bombardement au mortier, la patrouille devra regagner Trougemont, où se regroupe le gros du régiment, tandis que deux escadrons restent à Planois. 

    Dans la nuit, un tir d'artillerie sur ce village occasionne les blessures du capitaine Charles Gausseres, commandant l'EHR, du lieutenant Louis Fraisse, son homologue du 2e escadron, et de quelques hommes dont l'adjudant-chef Goetz, ainsi que la mort du maréchal des logis Fournes, 28 ans. Ce 10 octobre, quand il apprend que le groupement Bonjour a dépassé de 2 km Planois, le général de Lattre pense qu'une « chance » se présente enfin pour percer en direction de La Bresse. A condition qu'il puisse concentrer sur ce point toutes ses forces. Las ! A nouveau, la 7e armée américaine demande que la 1ère armée étende encore, dans la nuit du 13 au 14 octobre, son front d'une dizaine de kilomètres supplémentaires, la nouvelle limite étant fixée à Julienrupt, entre Le Syndicat et Le Tholy. Conséquence : le général de Lattre estime qu'il ne lui sera plus possible d'attaquer en direction de La Bresse. Son intention, désormais, c'est surtout de protéger la route Remiremont – Saulxures, qui est vitale."

11 octobre 1944 - objectif La Piquante Pierre  

    "Le 11 octobre 1944, le 8e dragons, toujours lancé vers La Bresse, a pour premier objectif la Piquante Pierre que doivent prendre les tirailleurs. Mais l'escadron Mourieras est arrêté à 1 500 m à l'est de Planois par des résistances ennemies. Pertes : quatre tués, cinq blessés. Les morts du régiment : Jean Baudier, 22 ans, tué par balle, Maxime Boudet, 21 ans, Martin Lavric, 24 ans, et Honoré Maillebuau, 19 ans, tous trois victimes d'éclats d'obus, ainsi que Joseph Clauser, 27 ans. 

    De leur côté, les hommes du commandant Saucet, qui devaient couvrir au nord l'action de l'escadron du Chéné (et d'éléments du RFC, selon le JMO du groupement Allard) sur la partie Ouest de la Piquante Pierre, sont pris à partie par des Allemands occupant une ferme au nord de 841. Le sous-lieutenant Pons est blessé, et les dragons devront se replier sur le PC du commandant Merlat. Puis le régiment rentre à Trougemont pour y passer la nuit. Si elle revendique une vingtaine de prisonniers, l'unité a vu descendre ses effectifs jusqu'à 296 hommes, ayant déploré, en trois jours d'opérations, huit tués {dont Pierre Pegon, tombé le 9 octobre 1944 à Rupt-sur-Moselle], 30 blessés et 29 malades. Elle restera jusqu'au 21 octobre 1944 à Trougemont, hormis le peloton Consales (sic) qui appuie le capitaine Hennion en action sur le col de la Croix des Moinats, près de Cornimont. Durant cette période, le 8e dragons perd notamment l'aspirant Carayon, blessé d'un éclat à l'épaule le 12 octobre 1944, puis, le 16, un tué (le cavalier André Combes, 17 ans) et deux blessés (le brigadier Loup et le cavalier Vincent Viré)".

24 octobre 1944 – le 8e dragons sous pression 

    "Le 8e dragons est en ligne depuis le 21 octobre 1944 devant La Bresse, dans le secteur de la Tête des Cerfs, de la Croix des Moinats et des lisières Sud de Rondfaing, près de Cornimont, secteur où il a relevé un bataillon du 7e RTA. 

    Il va connaître une journée particulièrement mouvementée, le 24 octobre 1944. Elle commence à 6 h 45 par un coup de fil du capitaine Mourieras (Louis), commandant le 4e escadron. L'officier annonce qu'il est attaqué, dans le cadre de la « forte pression sur le centre de la division » évoquée par le JMO de la 3e DIA. Un tir d'artillerie est aussitôt demandé à la compagnie de canons d'infanterie du 4e RTT [régiment de tirailleurs tunisiens], tandis que deux Sherman sont envoyés en soutien à Mourieras. 

    A 7 h 10, ce sont les carrières tenues par des éléments du 3e escadron (capitaine du Chéné) et du 4e RTT qui sont également soumises à cette pression. Les mortiers du groupe Saucet entrent en action. 

    A 8 h 30, cela se calme devant Mourieras, qui fait renvoyer les blindés. En revanche, au peloton du 1er escadron qui est à disposition de l'escadron du Chéné, l'adjudant Edgar Michel, 34 ans, est mortellement blessé, et deux hommes plus légèrement atteints. Et la journée est loin d'être finie. A 10 h 40, nouvelle pression exercée sur l'escadron Mourieras, nouvelle sollicitation des Sherman. Sur lesquels les Allemands font feu, à 11 h 35 : un dragon, Paul Chauvet, trouve la mort d'un éclat d'obus. A 13 h 25, le capitaine du Chéné rend compte que l'ennemi a laissé quatre morts sur le terrain, devant les carrières. Ayant fait huit prisonniers en fin de matinée, l'officier rendra hommage à la conduite des adjudants Michel, qui, à la tête de tirailleurs et dragons, a contre-attaqué et repris une position, et Olivier, qui « a abattu au fusil le chef de la patrouille ». Après une après-midi qui a vu son PC bombardé, le régiment est relevé dans la nuit et regagne Trougemont. Ce sont le 3e RSAR et le Groupe d'escadrons du Jura qui remplacent les cavaliers auvergnats et tarnais. L'historique des spahis se louera de la bonne volonté du bataillon FFI franc-comtois qui, « bien que fatigué et décimé par les pertes, fait preuve d'un excellent moral. Quelle différence entre ce bataillon et celui des dragons...» Merlat, leur chef, en est conscient, lui qui se rend à Besançon pour exposer la situation du régiment qui « tient un secteur avec des jeunes non instruits »..." [...]

26 octobre 1944 – la mort d'un père et d'un fils 

    "[...] Après Marcus, un autre officier supérieur de cavalerie FFI meurt tragiquement, le 26 octobre 1944 à Trougemont. Il est 18 h. Tandis que le chef d'escadrons Merlat est depuis la veille à Besançon, des obus s'abattent sur les cantonnements du 8e dragons. Le régiment venait d'être relevé dans la nuit du 24 au 25 octobre 1944 dans le quartier de la Croix des Moinats par le 3e RSAR et le Groupe d'escadrons du Jura, après avoir perdu au total treize tués et 49 blessés, dont le capitaine Louis Mourieras, commandant le 4e escadron. Au cours de ce tir d'artillerie, le même projectile atteint deux hommes : le commandant Jean Saucet, 44 ans, tué sur le coup, et un de ses fils, Fernand, 21 ans, atteint à la jambe gauche et décédé à l'hôpital. Cette tragédie provoque la consternation au sein du régiment. Le JMO du groupement Allard ajoute : « L'adjudant-chef Gaviguet est blessé au bras par un éclat, tandis que le brigadier Soulie, du 4e escadron, est touché au genou. Le corps du commandant Saucet est transporté dans un local voisin du poste de secours, où il est veillé par ses hommes et par les officiers du régiment qui se relaient.» Leurs obsèques seront célébrées le surlendemain à Rupt. « Le second fils du commandant Saucet, engagé volontaire au 1er GE, employé à la base, a été prévenu de la mort de ses père et frère. Il est venu auprès des corps dans la journée. » Un officier du groupe, qui avait pris la direction des services du 8e dragons, le commandant Joure, succède à Saucet à la tête du 1er groupe d'escadrons. Lequel quittera rapidement le régiment. Joure souhaitait en effet que ses hommes rejoignent l'artillerie, corps dont ils sont issus. Le 7 novembre 1944, les volontaires castrais quitteront leurs camarades auvergnats, étant versés, pour deux officiers et 50 hommes dans l'artillerie de la 5e DB, pour les autres dans celle de la 3e DIA."

7 décembre 1944 - le 8e dragons perd un commandant d'escadron 

    "Ayant vu partir, début novembre 1944, le groupe d'escadrons Saucet, mais accueilli à la même époque un escadron du Corps franc de la Montagne Noire (celui du capitaine Bernard Jouan de Kervenoael, venu du 1er bataillon de l'Aude), le 8e dragons remonte en ligne en Alsace. 

    Toujours associé au 2e régiment de dragons, il doit tenir un secteur entre Heimsbrunn où il a son PC et Burnhaupt-le-Bas. Pour ce premier jour en position, un bombardement coûte la vie à trois dragons, à Galfingue : le maréchal des logis Henri Bonnafoux, 19 ans, François Dessert, 46 ans, et le maréchal des logis Henri de More-Pontgibaud, 27 ans. Le lendemain, c'est le jeune cavalier Henri Page, 18 ans, du 3e escadron, qui est mortellement blessé, et le 7 décembre 1944, le capitaine Gausseres est grièvement blessé par l'explosion d'une mine lors d'une patrouille près d'Heimsbrunn – il sera amputé de la jambe gauche. C'est encore une mine qui provoque la mort de l'adjudant Constant Charles, 26 ans, du 2e escadron, le 12 décembre 1944. Deux jours plus tard, les dragons sont relevés par le 21e RIC. [...]"

Des renforts de Paris, du Nord et du Lot-et-Garonne

    "[...] Il y a eu également du changement dans le 8e régiment de dragons dont le chef, Auguste Merlat, a été promu lieutenant colonel le 29 décembre 1944, avec rang du 25 octobre 1944. Ses effectifs sont désormais de 966 hommes, dont 56 officiers. Outre l'escadron de Kervanoael, il a reçu des engagés volontaires de Paris, du Nord, et du Lot-et-Garonne. Pour ces derniers, il s'agit des 500 hommes du "bataillon de dragons portés" de la Brigade légère de Garonne, aux ordres du commandant Jacky, affecté au régiment par une note du 6 janvier 1945 et formant le 2e escadron (capitaine de la Salle). 

    Pendant la bataille de Colmar, le 8e dragons ne sera pas directement engagé. Toutefois, deux escadrons vont défendre la position de Michelbach-le-Haut, à compter du 21 janvier 1945. Durant cette période, le 25 janvier 1945, l'explosion d'un camion à Grentzingen coûte la vie à quatre dragons, dont l'adjudant armurier Robert Pichon, 40 ans, et l'Espagnol Luis Guillen Sorroche, 20 ans."

16 avril 1945 - dragons portés sur la rive droite du Rhin

    "C'est au tour du 19e BCP du lieutenant-colonel Moillard et du 8e dragons de passer le fleuve à Kehl. En réalité, le 8e régiment de dragons n'existe plus. Ou plus exactement, il a été dissous à la date du 1er avril 1945 pour donner naissance au 8e bataillon de dragons portés (BDP). 

    Successeur du lieutenant-colonel Merlat depuis le 23 février 1945, le chef d'escadrons René-Henri Bonnichon en est le chef de corps, secondé par les chefs d'escadrons Christophe Mangeot et Marc-André Richemont. Les escadrons du bataillon, où avaient été versés les FFI du Lot-et-Garonne de l'ancien Bataillon NL 23, sont respectivement commandés par le lieutenant Gaston Greiner (escadron de commandement), les capitaines Bernard de Kervenaoel (1er), André de la Salle (2e), Charlick du Chéné (3e) et Louis Mourieras (4e). Deux jours avant leur entrée en Allemagne, les dragons ont perdu, à Strasbourg, deux vétérans de la colonne rapide 5, l'adjudant-chef Jean Courtinat et l'adjudant Louis Schwartz. Les venger, comme ceux tombés en Auvergne, dans les Vosges ou en Alsace, sera leur objectif Outre-Rhin. [...]"

20 avril 1945 - la prise de Schramberg

    "Puis, rapporte le JMO du groupement Allard, « une opération aux ordres du commandant Bonichon est montée pour s'emparer de Schramberg. Le 3e escadron avec un peloton d'autos mitrailleuses du 4e RSM attaque la ville par l'Est, tandis que le 1er descend de Sulgen sur Schramberg par la route. Le 4e escadron nettoie les accès et abords Sud de la ville. A 18 h, la ville est prise avec environ 200 prisonniers… » Pertes du 3e escadron : trois blessés, le maréchal des logis-chef Jean Dunaud, les cavaliers Begel et Bacqueville. [...]"

22 avril 1945 - aux sources du Danube

    "Le 8e dragons arrive également à Donaueschingen. Durant la journée, le 3e escadron perd à Braünlingen deux blessés : le cavalier Robots et le maréchal des logis Le Goupil. 

    Journal de marche du groupement Allard : « La progression du groupement Lebel, avec lequel coopère le 4e RSM, a été arrêtée à Behla par une forte résistance allemande, un peloton d'autos mitrailleuses du 1er RSAR a été attaqué au bazooka et détruit. Le lieutenant-colonel Lebel décide de monter une attaque de Furstenberg en direction d'une hauteur située à 2 km sud-est de Behla, fortement tenue par l'ennemi. Deux escadrons, les 3e et 5e, aux ordres du commandant Bonnichon, deux compagnies du 19e BCP, l'ensemble aux ordres du lieutenant-colonel Moillard, commandant le 19e, doivent participer à l'opération prévue le 23 – 6 h après une préparation d'artillerie (135) de dix minutes. Les reconnaissances du terrain sont immédiatement entreprises… ». [...]"

23 avril 1945 - ultimes pertes en Allemagne

    "[...]Pour sa part, au 8e dragons qui doit attaquer ce jour-là, « la préparation d'artillerie a lieu vers 5 h 45 – assez bien ajustée. Les escadrons et compagnies montent à l'attaque, les Allemands ont évacué la position vers 3 h et l'opération se borne à un nettoyage des bois » (journal de marche). 

    Durant ces deux journées, le régiment a fait 245 prisonniers dont dix officiers. Il a perdu trois tués, le 23 avril 1945, à Riedböhringen : le jeune brigadier Bernard Assenard, 17 ans et demi, du 2e escadron, les dragons Clément Chaillou, 18 ans, du 3e escadron, et Maurice Philippot, 20 ans, du 5e escadron. [...]"

    "A la fin de la guerre, les pertes totales du 8e dragons s'élèvent à 55 tués (dont deux officiers, onze sous-officiers et 31 hommes depuis le 15 septembre 1944) et 109 blessés."

Sources : archives du 8e régiment de dragons, GR 12 P 109, SHD Vincennes ; archives du groupement Allard, GR 13 P 69, SHD Vincennes.

lundi 21 juillet 2025

Le Régiment de marche Corrèze-Limousin (octobre - décembre 1944)


La stèle en hommage aux morts du RMCL, à Bourbach-le-Bas. (Photo L. Fontaine). 


Créé en octobre 1944, le Régiment de marche Corrèze-Limousin réunissait des volontaires de la Haute-Vienne et de la Corrèze. Aperçu de ses opérations au sein de la 1ère armée française avec ces extraits de notre ouvrage "Les volontaires de l'an 1944".

Octobre 1944 - la création

    "Les deux colonnes de la Région R5 permettent la constitution, toujours à la mi-octobre 1944, d'un Régiment de marche Corrèze-Limousin (RMCL). 

    Partie de la Haute-Vienne le 12 septembre 1944 et arrivée en Côte-d'Or le 28 septembre après une étape en Auvergne, la première colonne (ou demi-brigade) est commandée par le lieutenant colonel Jean-Hubert Joly, un ingénieur militaire de 48 ans, lieutenant en 1918 puis capitaine en 1926. Elle comprenait deux bataillons AS aux ordres des commandants Dini (ou Diny) et Jacques Ansault, un bataillon FTP (commandant Abel) et un bataillon ORA, ainsi qu'un escadron de la Garde républicaine (capitaine Laval) [Note : cet escadron quitte la colonne dès le 25 septembre 1944]. Le 3e bataillon ORA était aux ordres du commandant Gustave Lhermite, Saint-Cyrien de 40 ans venu du 5e bataillon ORA avec sa 2e compagnie (capitaine Fady [Note : Fady était officier au 16e BCP en 1942, sa compagnie et celle du lieutenant Boileau ont repris l'écusson de ce bataillon, où servait par ailleurs le commandant Craplet en 1940]), puis du commandant Emile Dugros, Gersois de 42 ans. « Pupille de la nation » en 1918, breveté de l'Ecole de guerre, Lhermite, officier de la coloniale, était chef de bataillon depuis 1941. En congé d'armistice, il exploitait une ferme d'Ambazac quand il a rejoint la Résistance. Deux commandants de compagnie du bataillon Lhermite, le lieutenant Charles Le Guillou et le capitaine Fernand Fady, seront affectés au II/RMCL, dont Lhermite, qui était entre temps passé à l'état-major de la colonne, prend le commandement. 

    Recrutée en Corrèze, la deuxième colonne, sous les ordres du lieutenant-colonel René Vaujour (Hervé), un capitaine d'active de 38 ans, était notamment composée de la Demi-brigade AS de Haute-Corrèze (commandant Jean Craplet, 36 ans), qui compte trois bataillons (1er du commandant Louis Le Moigne, 2e du capitaine Georges Magnier, 3e du commandant Henri Malaise) et la compagnie d'engins du capitaine Finas, et de la Demi-brigade AS de Basse-Corrèze (commandant Marius Guédin, alias Georges), qui réunit les bataillons AS de Carreau (capitaine Romain Chevalier), AS de Cœur (capitaine puis commandant Pierre Merlat, dit Romain), AS de Pique (commandant Jean Habert, dit Germain) et AS de Trêfle (capitaine Georges Delord). 

    Les deux bataillons du RMCL, dont Vaujour hérite du commandement, sont sous les ordres respectifs des commandants Merlat, professeur agrégé d'histoire âgé de 33 ans, et Lhermite. Le régiment, créé officiellement le 25 octobre et ayant pour chef d'état-major un Saint-Cyrien, le lieutenant colonel René de Metz, rassemble 2 300 hommes, dont 690 au 2e bataillon (pour moitié venus de l'ORA, pour moitié de l'AS)."

22 octobre 1944 – Corrèze-Limousin en ligne en Haute Saône 

    "Ayant fait mouvement depuis Auxonne (Côte-d'Or), où il s'est organisé, le 16 octobre 1944, le Régiment de marche Corrèze-Limousin, qui sera lui aussi habillé à l'américaine, rejoint à son tour la région de Villersexel (Haute-Saône). Il est passé en revue deux jours plus tard par le général Carpentier, commandant la 2e DIM, qui précise que le régiment (appelé également demi-brigade) se compose d'un groupe de commandos de 1 000 hommes (c'est le bataillon commandé par Pierre Merlat), d'un bataillon de 600 hommes, d'un escadron de reconnaissance comprenant deux pelotons de motocyclistes et véhicules légers et deux pelotons portés sur camionnettes. 

    A partir du 22 octobre 1944, le RMCL vient occuper une partie du sous-secteur tenu par le 5e RTM, le I/RMCL tenant le quartier de Moffans, le II/RMCL celui de Lyoffans. Dès le 29 octobre 1944, Bernard Ossowsky, 24 ans, et l'adjudant Ferdinand Ruff, 35 ans, sont tués à Moffans. 

    Puis, lors de patrouilles, le sous-lieutenant L'Hotte est blessé par une mine, le 2 novembre 1944, et le sergent Joseph Hornet, 21 ans, ainsi que le volontaire Roger Pinchaud, 18 ans, de la 6e compagnie, sont tués à Lomontot, le lendemain. 

    Le 6 novembre 1944, le capitaine Léon Demaison, de Limoges, commandant la compagnie anti-chars (CAC), est tué accidentellement à Lomont par une sentinelle. Il sera remplacé par le lieutenant Chambon. 

    Le 8, deux des points d'appui du I/RMCL, celui du bois du Bœuf et celui dit "de Forêt", sont attaqués, mais l'action échoue grâce à l'intervention de l'artillerie sollicitée par le commandant de la 2e compagnie. Le 10, Albert Jaconelli, 19 ans, est victime de l'explosion d'un obus, à Lyoffans, et l'adjudant-chef Michel Pascal, 32 ans, meurt de ses blessures à Besançon. 

    Le lendemain, le RMCL voit enfin arriver un bataillon du 1er régiment de volontaires de l'Yonne qui doit le relever. Ce bataillon « arrive à Lyoffans, à 3 h, tous phares de ses véhicules allumés, ce qui provoque une sérieuse réaction de l'ennemi », note le commandant Lhermite."

17 novembre 1944 - Offensive dans le Doubs

    "A leur tour, le Commando de Cluny et le Régiment de marche Corrèze-Limousin sont lancés dans la bataille, dans le secteur de la 2e DIM, le 17 novembre 1944. Ils appartiennent au groupement du colonel Maulnier-Condroyer, chargé d'assurer la liaison entre les 1er et 2e corps, en progressant par Faymont et Lomont, au nord de la zone de combats, en limite du secteur tenu par la 1ère DMI. L'objectif est de s'assurer de la Lizaine, cours d'eau de 25 km entre le bassin de Champagney et Montbéliard [...].

    Le RMCL est associé au Commando de Cluny au sein de ce groupement. D'ailleurs, le lieutenant-colonel Vaujour en commande la colonne Sud, qui comprend les volontaires de Saône-et-Loire. La veille, son 2e bataillon a été très éprouvé. « Avant Moffans, témoigne Pierre Celerier, de la 5e compagnie (capitaine Alphonse Picard), une de nos patrouilles forte d'une dizaine d'hommes a été anéantie par le feu croisé d'armes lourdes. Seuls deux rescapés (Michel Bordonneau et moi-même), qui ont réussi à remonter toutes les armes des camarades tués jusqu'à notre PA. » Commandée par le sous-lieutenant Coquerel, cette patrouille avait pour mission de « situer exactement les PA allemands de Planches de Lomont et du Moulin Vieux », écrit le commandant Lhermite, précisant que l'embuscade a été dressée par « environ une compagnie ennemie à la lisière Est du bois de Derrière le Moulin ». C'est au sein des sections des lieutenants Butz et Lamarsaude de la même compagnie Picard, envoyées au secours de la malheureuse patrouille, que des pertes ont été enregistrées : André Boissy, 19 ans, Norbert Seigue et Gilbert Lacoste (de Limoges), 18 ans, Martial Majoresse, 19 ans, victime d'une rafale reçue en pleine poitrine tandis que son camarade Georges Favard, 18 ans, était blessé aux jambes. 

    Le 17 novembre 1944, c'est enfin la marche en avant, sur l'axe Mignavillers – Gros bois de Champey (I/RMCL) et sur l'axe Le Chénoley – Lomontot - Lomont (II/RMCL), celui-ci couvert au nord – théoriquement – par le 1er RVY, au sud par le Commando de Cluny. Pour ces unités, le départ se fait aux environs de 10 h, après une courte préparation d'artillerie exécutée par une batterie de mortiers chimiques américains. « L'ennemi a beaucoup tiré jusqu'à 5 h du matin, constate le commandant Lhermite. Depuis, plus rien. Il se pourrait qu'il ait décroché. » De fait, une section de la CA 2 (capitaine Finas) trouve le PA Planches de Lomontot évacué. Aussitôt, le bataillon se met en marche derrière les spahis. La progression est lente, à cause des mines. Un volontaire corrézien est tué dans une explosion. Mais à 15 h, les autos mitrailleuses et la 5e compagnie entrent dans Lomont, où ils font trois prisonniers, où ils apprennent aussi que des habitants ont été emmenés par les Allemands ayant décroché. La marche reprend en direction de Belverne. Deux cents mètres après la sortie de Lomont, les Limousins sont stoppés par des tirs de mitrailleuses. « L'Yonne n'a pas suivi notre mouvement et de ce fait le flanc gauche du bataillon est découvert », regrette Gustave Lhermite. Ordre est alors donné au II/RMCL, où quatre hommes de la compagnie Picard ont été blessés par mines sur la route, de s'établir défensivement à Lomont."

18 novembre 1944 - "joie délirante" à Belverne et Etobon

    "Le RMCL avance également sur Belverne au matin, les abattis sur la route ayant été enlevés par les pionniers du lieutenant Martel. Vers 8 h, les autos mitrailleuses des spahis marocains et la 6e compagnie entrent dans le village, accueillis par une « joie délirante » (commandant Lhermite). Trois heures et demie plus tard, c'est un « accueil triomphal » qui est réservé au bataillon par la population d'Etobon, où treize prisonniers sont faits. Puis, passant par Courchamp, où le PC du Commando de Cluny est déjà installé, les hommes du RMCL poussent jusqu'à Chenebier où, après leur entrée, ils subissent un tir de mortier (le volontaire Reix est blessé légèrement). De son côté, la 8e compagnie (capitaine Marcel Poirier) du III/1er RVY, qui était jusqu'alors en ligne à Clairegoutte, nettoie la forêt de Chérimont avant d'entrer, également, dans Etobon."

19 novembre 1944 - en appui du Commando de Cluny

    "Durant la journée, le II/RMCL est resté à Etobon, procédant au rétablissant d'un pont sur la Lizaine (par les pionniers du lieutenant Martel), couvrant l'action de Cluny sur Echavanne et Frahier. D'ailleurs, la section de mitrailleuses et le mortier de 60 du capitaine Finas interviendront pour appuyer les commandos bourguignons (120 obus de mortier seront tirés), perdant deux sous-officiers blessés, et dans la nuit, la 5e compagnie sera envoyée soutenir les hommes du commandant Bazot."

20 novembre 1944 - l'entrée dans Evette 

    "Au Groupement Maulnier-Condroyer, le Commando de Cluny et le RMCL se remettent en route à 10 h. Une section de la 1ère compagnie du bataillon bourguignon ainsi que les brancardiers atteignent à leur tour le bassin réservoir de Champagney, qu'avait pu conserver la compagnie Lamiral. Puis, vers 13 h 30, cette dernière repart, arrivant à Evette où entre également le II/RMCL, après avoir franchi le canal de la Haute-Saône, sous la pluie, tandis que les Corréziens du I/RMCL prenaient Haut-Evette et Les Egrins. A 15 h, la liaison est prise avec la 1ère DMI."

22 novembre 1944 - la défense de Belfort

    "Le 22 novembre 1944, le Commando de Cluny rejoint Evette puis, par Salbert et Valdoie, va cantonner à Cravanche, assurant, avec le RMCL, un bataillon du Régiment de Bourgogne et le 8e RTM, la défense du secteur Sud de Belfort. Au RMCL, qui garde à partir du 23 novembre le fort de Salbert et Cravanche, le lieutenant Camille Crozette, un sous-lieutenant de carrière de 44 ans, chevalier de la Légion d'honneur après une grave blessure en 1940 et commandant la 2e compagnie, s'est distingué, le 22 novembre [Note : ou le 21 selon le commandant Lhermite], lors d'une patrouille dans le bois du Salbert, en faisant seize prisonniers, en prenant deux canons de 88 et des mitrailleuses légères".

26 novembre 1944 - Les Corréziens sous le feu à Petite-Fontaine 

    "Nous avions laissé le Régiment de marche Corrèze Limousin à Cravanche, dans l'agglomération de Belfort. Depuis, il a - le 24 novembre - relevé des spahis marocains à Valdoie, puis nettoyé le 25 le bois d'Arsot, occupé l'ouvrage Rodolphe et le fort de Roppe qui était vide (par une compagnie du I/RMCL). Sur la route de Soppe-le-Haut, la 2e compagnie (lieutenant Léon Barthes) du bataillon corrézien est aux prises avec les Allemands à Petite-Fontaine, sur le ruisseau Saint-Nicolas. L'autre bataillon, qui vient de recevoir des chaussures pour remplacer celles dégradées par les marches dans la boue, reçoit l'ordre du lieutenant-colonel Vaujour de se porter d'urgence sur ce secteur pour épauler ses camarades. C'est la CAC du lieutenant Chambon qui est poussée sur Petite-Fontaine, pendant que le II/RMCL s'installe à Felon. « La compagnie Barthes du 1er bataillon est réfugiée dans les maisons », écrit le commandant Lhermite. Au poste de secours avancé, il y a deux tués et huit blessés, en raison notamment des balles de tireurs d'élite, signale le chef de bataillon. Le sergent Marcel Oswald, 21 ans, et Jean Le Houelleur, 19 ans, sont les deux tués par balles, et parmi les blessés, Roger Stoffel, 20 ans, ne devait pas survivre. Ancien officier dans la Brigade AS de Corrèze, dont il commandait la compagnie d'engins, le capitaine Finas, commandant la CA 2, vient également soutenir les fantassins, grâce à des mortiers de 81 récupérés à Belfort. Ses tirs permettront de réduire au silence le feu ennemi. Petite-Fontaine sera encore bombardé le lendemain, mais dans la nuit du 27 au 28, le village sera évacué."

30 novembre 1944 - Corrèze-Limousin arrive en plein combat sur la cote 475 (Bourbach-le-Bas)

    "Une autre unité FFI va faire connaissance avec la cote 475 : c'est le Régiment de marche Corrèze-Limousin, qui assurait jusqu'alors la défense de Felon et de Petite-Fontaine. A 11 h, ordre est donné au bataillon Lhermite d'embarquer en camions jusqu'à Soppe-le-Bas, puis de gagner Sentheim et Bourbach-le-Bas afin d'attaquer en direction du Bruckenwald, un bois situé entre la cote 475 et la route Guewenheim – Roderen. Les informations données à Lhermite et à son adjoint Emile Dugros ont fait état de la possible perte de Bourbach. La progression se fera donc prudemment par le Bergwald, entre Sentheim et Bourbach. 

    C'est aux environs de 15 h que le mouvement s'enclenche, par le passage de la Doller sur un pont. Commandant Lhermite : « Bourbach paraît encore tenu par des éléments amis, notamment des chars, et au moment du départ à l'attaque, un combat de chars se déroule sur les pentes de la cote 475. » Il s'agit de l'affrontement entre les Jagdpanther et les TD du 8e RCA. Gustave Lhermite : « Dévalant les pentes vers Bourbach, une salve de 88 éclate sur les premiers éléments. » Joseph Roulhac, 20 ans, et Robert Jannicot, 21 ans, de la 6e compagnie, sont tués, le sergent Palard grièvement blessé. « Les 6e et 7e compagnies traversent vite Bourbach pour atteindre la crête 433-412 », c'est à-dire la route en forme de virage en épingle qui relie le village à Roderen et qui débouche sur la cote 475. « Profitant de la confusion que les chars français ont créé sur les pentes de 475, la 6e compagnie, animée par le capitaine Fady, continue la progression, couverte sur son flanc gauche par la section Delage […]. La 7e compagnie lie son mouvement à celui de la 6e sur les pentes du Bruckenwald. Elles s'y enterreront car la nuit tombe. » 

    A leur tour, la CA 2 du capitaine Finas et la CAC du lieutenant Chambon arrivent dans le secteur et s'installent sur la ligne 433 - 412. Elles seront rejointes, à 21 h, par la 5e compagnie du capitaine Picard. Agé de 18 ans, Gilbert Lenoir, originaire de Couzeix, se souvient : « Nous avons pris position en bas de la côte, il fait froid, il tombait de la neige mêlée de pluie. Nous avons dû creuser des trous individuels qui se remplissaient d'eau... » Le commandant du bataillon de la Haute-Vienne garde plutôt le souvenir d'une nuit « claire avec la lune, elle commence dans le calme en dehors d'un tir assez épars avec de l'artillerie allemande et de mortiers ». L'entrée en lice des Limousins a permis la relève des Bourguignons [Note : le Régiment de Bourgogne], fortement éprouvés. [...]"

1er décembre 1944 - les FFI de Haute-Vienne perdent la cote 475 

    "C'est durant cette même nuit du 30 novembre au 1er décembre 1944 qu'une nouvelle action offensive allemande est déclenchée au-dessus de Bourbach-le-Bas, sur la cote 475. L'affaire aura marqué le commandant Lhermite, qui la racontera en détail. 

    Il est environ 2 h lorsque les Allemands lancent un premier assaut sur les positions des compagnies Fady et Le Guillou, après préparation d'artillerie : « Bien enterrées, elles repoussent l'attaque, avec l'aide des tirs d'artillerie et de mortiers de la CA 2. Mais les jeunes, surtout à la 7e compagnie, ont dépensé beaucoup de munitions, alors que nous avons laissé une partie de la dotation à Felon, suivant les ordres d'allègement »

    Vers 3 h 30, c'est un nouveau bombardement d'obus de 105 et de mortiers, de balles de mitrailleuses de 20 sur la ligne 433-412 et Bourbach. La nouvelle attaque qui lui succède est repoussée, mais les hommes du capitaine Le Guillou n'ont presque plus de munitions. Pour maintenir leurs positions, ils se verront remettre une nouvelle dotation ainsi que deux FM par les pionniers. 

    Une heure plus tard, le feu s'abat à une troisième reprise sur le bataillon Lhermite, qui attend avec impatience un ravitaillement par mulets. Cette fois, la situation est dramatique. La 7e compagnie a besoin de renforts. Lhermite lui envoie la 5e du capitaine Picard. Mais les hommes du capitaine Le Guillou lâchent pied. L'officier vient lui-même l'annoncer, « à bout de nerfs », à son chef de bataillon, vers 5 h 30. « La moitié de ses effectifs est détruite et les survivants se sont enfuis », note le commandant Lhermite. Le chef de bataillon voit le danger : ce mouvement menace la 6e compagnie sur sa droite. Il ordonne à l'artillerie d'intensifier ses tirs d'arrêt devant la compagnie Fady, tandis qu'il confie au lieutenant de Solere la mission de reprendre en main la compagnie Le Guillou, dont le capitaine est toujours choqué, et de la ramener sur 433-412. 

    Mais voilà que, vers 6 h 30, le capitaine Fady arrive à son tour au PC. « Il a donné l'ordre de repli à ses sections : il ne pouvait plus tenir, débordé sur ses flancs, sans munitions, la première ligne attaquée au corps à corps », rapporte Lhermite, qui rend compte à son chef, le lieutenant-colonel Vaujour, de la perte de la cote 475 et du repli. Evidemment, Hervé est « furieux »

    Enfin, le ravitaillement arrive. Le jour est levé. Le lieutenant-colonel de Metz, de l'état-major du RMCL (dont le 1er bataillon n'a pas été engagé), ordonne la reprise de 475. Mais c'est un bataillon très éprouvé, dont deux officiers viennent d'être blessés - le capitaine Vaucheret, de la CB, et le capitaine Fady, touché au côté et surtout au genou - que commande Lhermite, qui garde en mémoire les « cris et gémissements de plus de 50 blessés » au poste de secours. A la 6e compagnie, il n'y a plus que 45 hommes autour du lieutenant Quenot. La section de l'adjudant Albert Delage, ancien sous-officier de dragons, composée de jeunes de la région d'Ambazac, a disparu. Au moins quatre de ses hommes, le caporal-chef Marcel Bertrand, 22 ans, les soldats Roger Quiecout, 22 ans, Jean Frugier, 20 ans, René Pichon, 25 ans, ont été tués. Les autres, à court de munitions, ont été faits prisonniers, dont Delage qui a été grièvement blessé. De son côté, la 7e compagnie déplore quatre tués, dix blessés et deux disparus. 

    Seule, finalement, la CAC du lieutenant Chambon sera lancée dans l'opération, à partir de midi, en progressant par la vallée de Michelbach. Mais ce sera un échec : vers 13 h, elle est stoppée à la crête 475 par des tirs d'infanterie, de mortiers, d'artillerie et même d'un char. Ses hommes doivent se terrer dans les trous de combat anciennement tenus par la "6". « Le bataillon ne peut faire plus », se résigne le commandant Lhermite, dont un nouvel officier, le sous-lieutenant Chauviret, vient d'être « choqué » par l'explosion d'un obus. 

    « La nuit va tomber », et tandis que la CAC reste sur ses emplacements, le chef de bataillon demande au capitaine Le Guillou d'installer un point d'appui entre la CAC et le I/4e RTM du commandant Thouvenot, afin de barrer la route Bourbach – Roderen. Nouveau refus de l'officier, qui va bientôt partir en convalescence. Le lieutenant Quenot accepte la mission. Et le II/RMCL s'en tiendra là, restant sur ses positions jusqu'au 3 décembre 1944. Les pertes sont terribles au bataillon Lhermite, qui avait déjà perdu 46 hommes depuis le 19 octobre 1944 : quatre sous-officiers et 17 soldats tués, quatre officiers, onze sous-officiers et 32 soldats blessés, deux sous-officiers et 18 soldats disparus. Soit 95 hommes mis hors de combat, dont 73 appartenant à la 6e compagnie. Un de ses sous-officiers, le sergent-chef Robert Malassenet, se sera distingué durant ces combats, après être tombé, avec une patrouille de trois hommes poussée sur la cote 475, « sur un point d'appui ennemi d'une trentaine d'hommes qu'il a attaqué courageusement et sans hésiter. A ramené dans nos lignes une mitrailleuse légère, un prisonnier » 

1er janvier 1945 - la dissolution

    "Le 1er janvier 1945, « comme ni le Limousin ni la Corrèze ne peuvent renforcer le RMCL et remplacer les pertes » (commandant Lhermite), le Régiment de marche Corrèze-Limousin lourdement éprouvé à Bourbach-le-Bas est dissous pour être versé dans le 9e régiment de zouaves. Son 1er bataillon devient I/9e RZ, confié au lieutenant-colonel Marius Guedin puis au capitaine Merlat. Promu lieutenant-colonel le 25 décembre 1944 (mais il ne le saura que le 8 février 1945), Gustave Lhermite est le chef du 3e bataillon. Il est secondé par les commandants Emile Dugros, venu du 3e bataillon ORA de Haute-Vienne, et Lirot, celui-ci issu celui-ci issu du bataillon 10/22 de Saint-Ouen [...]"

    Après la réalisation de cet amalgame, les anciens volontaires de Corrèze et de Haute-Vienne prennent part, au sein du 9e régiment de zouaves, aux opérations de la Poche de Colmar dans les Vosges, entrant dans Soultzeren le 4 février 1945 puis dans Munster le lendemain. 

Sources :  Les FFI limousins dans la libération de l'Est de la France, opuscule n°1, extraits du journal de marche du chef de bataillon Lhermite (archives Michel Rouzier, président de l'Anacr 87) ; Archives municipales de Munster : Extraits des souvenirs du général Gustave Lhermite ; archives du Régiment Corrèze-Limousin. GR 13 P 75, SHD Vincennes.


Encadrement du régiment (SHD, GR 13 P 75). 

CHR : capitaine Albert Meyer. 

Compagnie de transport : lieutenant Jean Mouly. 

Compagnie anti-chars : capitaine L. Demaison puis lieutenant Chambon. 

I/RMCL (Merlat) : 

CB, capitaine Charles Marchal, CA, capitaine Roger Thomas, 1ère compagnie, lieutenant Henri Bertin, 2e compagnie, lieutenant Camille Crozette, 3e compagnie, capitaine André David. 

II/RMCL (Lhermite) : 

CB, capitaine Vital Baucheret puis capitaine Albert Rochard, CA, capitaine François Finas, 5e compagnie, capitaine Alphonse Picard, 6e compagnie, capitaine F. Fady, 7e compagnie, capitaine Ch. Le Guillou. Selon le commandant Lhermite, le capitaine Geraud avait d'abord commandé la CB 2, avant de rejoindre rapidement la Haute-Vienne, le capitaine Demaison conduisait la 6e avant d'être affecté au I/RMCL (comme le commandant Ancel), le capitaine Fady la 8e devenue 6e.

samedi 5 juillet 2025

Les bataillons de chasseurs (à pied ou alpins), 1944-1945

Le 19e BCP, formé à Paris. (GR 12 P 30, SHD Vincennes). 

Les bataillons de chasseurs, à pied (BCP) ou alpins (BCA), ont disparu soit après la défaite de la France (1940), soit après la dissolution de l'Armée d'armistice (1942). La majorité de ces corps ont toutefois revu le jour dès 1944, soit pour certains dans le maquis, soit pour les autres au moment de la Libération. Voici un tour d'horizon des conditions de création et des opérations de ces bataillons.

1er BCP

Chef de corps : commandant Jean Paoli puis commandant Roland Perrot.

Créé le 1er janvier 1945 dans l'Indre à partir du 90e RI. Note : deux autres 1er BCP créés provisoirement en 1944 (voir 31e BCP et 19e BCP).

Ordre de bataille. Etat-major : commandant Camille Boiziau, capitaine Roger Bertrand. 1ère compagnie, capitaine Georges Guiet. 2e compagnie, capitaine Roger Bertrand puis capitaine Charles Baamann puis lieutenant Roger Erouart. 3e compagnie, capitaine Roger Tissier. CA, capitaine Robert Kneper. CB, capitaine Jean Hal.

Intégré dans la 4e demi-brigade de chasseurs (commandant André Petit). Fait mouvement vers les Vosges le 7 janvier 1945. Monte en ligne dans le quartier de l'Oberfeld dans la nuit du 16 au 17 janvier 1945. Campagne de la Poche de Colmar (20 janvier - 9 février 1945), au cours de laquelle il atteint le Molkenrain le 4 février 1945. Intégré avec sa demi-brigade dans la 25e division d'infanterie sur le front de Saint-Nazaire. Relève le III/63e RI le 11 mars 1945.

2e BCP

Chef de corps : capitaine puis commandant Roger Daumont.

Créé le 15 septembre 1944 comme Bataillon du Louhannais (Saône-et-Loire). Effectifs : 28 officiers, 47 sous-officiers, 580 hommes au 15 novembre 1944. Note : un autre 2e BCP créé provisoirement (voir 31e BCP).

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Pierre Bullier, capitaine André Marguenaux. 1ère compagnie, lieutenant Roger François. 2e compagnie, lieutenant Arthur Lavallée. 3e compagnie, lieutenant Robert Demesy. CA, capitaine René Vichot. CB, lieutenant Guy (Robert) puis lieutenant Trontain (Louis). 

Défile à Paris le 11 novembre 1944. Affecté à la 1ère armée française le 22 novembre 1944. Engagé à partir du 27 novembre 1944 dans la forêt de la Hardt. Lancé à l'assaut du couvent d'Oelenberg le 20 janvier 1945 ; lourdes pertes (26 tués, une centaine de blessés, 40 évacuations pour pieds gelés au moment de la relève le 23 janvier 1945). Renforcé le 30 janvier 1945 par des volontaires de Savoie et de Paris. Intégré dans la 3e demi-brigade de chasseurs de la 14e DI. Entré en Allemagne le 8 avril 1945 (stationne à Rastatt). Pertes totales en opération : 52 morts. 

4e BCP

Chef de corps : commandant Robert Muller.

Créé le 16 mars 1945 soit par changement d'appellation du Bataillon Rhin-et-Moselle, soit par la fusion du Bataillon Rhin-et-Moselle (issu des deux bataillons de la demi-brigade Oziol) et du Bataillon d'Alsaciens-Lorrains de Clermont-Ferrand (ex-1ère demi-brigade d'Alsace-Lorraine). Note : un autre 4e BCP créé provisoirement (voir 31e BCP).

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine René Planchet. 1ère compagnie, lieutenant Gaston Métivier. 2e compagnie, lieutenant Armand Rey. 3e compagnie, capitaine Jean Stemmlin. CA, lieutenant Albert Erdmann. CB, capitaine Antoine Hervé-Gruyer.

Intégré dans la 3e demi-brigade de chasseurs de la 14e DI. Fin de la campagne d'Allemagne (stationné à Baden-Baden puis Donaueschingen et Rottweil).

5e BCP

Chef de corps : commandant Jean-Marie Stabler. 

Créé le 1er janvier 1945 au Blanc (Indre) à partir du 68e RI. Note : un autre 5e BCP créé provisoirement (1er bataillon FFI des Vosges puis 29e BCP).

Ordre de bataille. Etat-major : commandant Olivier Dupleix, capitaine André Olivier. 1ère compagnie, capitaine Léon Gaubert, capitaine René Karrière. 2e compagnie, capitaine Dominique Raffaldi. 3e compagnie, capitaine René Affret. CA, capitaine A. Olivier, capitaine Joseph Andreu. CB, capitaine Pierre Pretet. 

Part de Châteauroux le 7 janvier 1945. Arrive à Saint-Nabord (Vosges) le 10 janvier 1945. Relève le II/8e RTM à Willer-sur-Thur dans la nuit du 16 au 17 janvier 1945. Premier tué le 18 janvier 1945. Campagne de la Poche de Colmar : entrée dans Cernay le 28 janvier 1945. Pertes : 12 tués, 15 disparus, 56 blessés durant ces combats. Quitte les Vosges pour le front de Saint-Nazaire le 3 mars 1945. Relève le I/63e RI le 9 mars 1945. Perd deux tués, un disparu le 20 mars 1945 à Fégréac. 

6e BCA

Chef de corps : commandant Roland Costa de Beauregard (Durieu).

Créé le 11 décembre 1944 par changement d'appellation du Bataillon Vercors (Isère).

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Jacquet, capitaine Malleval. 1ère compagnie, capitaine Bordenave. 2e compagnie, capitaine Bennes puis capitaine Servais puis capitaine Guy Maréchal. 3e compagnie, capitaine Brisac puis capitaine Millias-Forest puis lieutenant Gonnet. 4e compagnie, capitaine Renard puis capitaine Selme puis capitaine Ruche. CA, lieutenant André Gonnet. CB, capitaine Fouilleux puis lieutenant Foldat puis lieutenant Quillet.

Intégré dans la 7e demi-brigade de chasseurs. Campagne des Alpes. Perd le sous-lieutenant Maurice Anger le 20  décembre 1944. Déplore quatre morts à Lanslebourg le 12 mars 1945. Renforce le 11e BCA pour défendre le Mont-Froid, qui est perdu dans la nuit du 11 au 12 avril 1945. 

7e BCA

Chef de corps : commandant Lorin puis commandant de Buttet.

Créé le 1er janvier 1945 par changement d'appellation du 24e BCA (issu de la fusion du 2e bataillon des Glières et du Bataillon Bulle du Beaufortin)

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine André Chevalier. 1ère compagnie, capitaine Escande puis capitaine Gendron. 2e compagnie, capitaine Chabert. 3e compagnie, lieutenant Louis Bernardy. 4e compagnie, capitaine Barillot puis capitaine Gilbert Cachat puis lieutenant Cohendoz. CB, capitaine Charignon.

Intégré dans la 5e demi-brigade de chasseurs alpins de la 27e DA. Opère en Tarentaise. Reprend la pointe du Clapet, les cols de Forclaz et des Embrasures le 19 mars 1945. Prend le Roc de Belleface le 10 avril 1945. Pénètre en Italie le 30 avril 1945.

8e BCP

Chef de corps : lieutenant-colonel Jean Pochard puis capitaine Pugliesi-Conti.

Créé le 7 septembre 1944 à l'Ecole militaire de Paris. Effectifs : 806 officiers, sous-officiers et hommes de troupe au 1er novembre 1944. Note : un autre 8e BCP créé provisoirement en Haute-Vienne.

Ordre de bataille. 1ère compagnie, lieutenant de Berdouare. 2e compagnie, lieutenant Fromageot.

Intégré dans la 1ère demi-brigade de chasseurs. Fait mouvement les 21 et 22 octobre 1944 en direction de la Lorraine. Perd son premier tué le 18 novembre 1944 dans la région de Metz. Entre dans cette ville. Patrouille le long de la frontière franco-allemande pendant la Bataille de l'Ardenne. Entre en Sarre en mars 1945 (Coblence, Boppard).

11e BCA

Chef de corps : capitaine René Grand. 

Créé le 11 décembre 1944 par changement d'appellation du Bataillon de l'Oisans (Isère). Note : un autre 11e BCA créé provisoirement dans les Hautes-Alpes (bataillon 11/15 du commandant Louis Terrasson-Duvernon, versé dans la 2e compagnie du 11e BCA).

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Valence. 1ère compagnie, capitaine Franconie. 2e compagnie, capitaine Vissac puis lieutenant Nino puis capitaine Martinerie puis capitaine Mialonier. 3e compagnie, lieutenant Burel. 4e compagnie, lieutenant Bacle puis capitaine Branche. CCB-CA, lieutenant Achard, lieutenant Girard.

Intégré dans la 7e demi-brigade de chasseurs. En position dans le quartier de Bramans. Renforcé par une compagnie du 3e bataillon de l'Ardèche. Perd six tués dont le sous-lieutenant Lucien Jobert le 16 janvier 1945 lors du bombardement du poste des Glières. Combat du 5 au 12 avril 1945 sur le Mont-Froid (lourdes pertes, dont le sous-lieutenant Julien Faure, tué).

13e BCA

Chef de corps : commandant Georges Héritier (Blanchard).

Créé le 1er janvier 1945 par fusion du Bataillon Savoie et du Bataillon Maurienne. 

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Jegou. 1ère compagnie, capitaine Calderini. 2e compagnie, capitaine Paul Charve. 3e compagnie, capitaine Guillet puis capitaine Maspero. 4e compagnie, capitaine Dionis. CB, lieutenant Bosson.

Intégré dans la 5e demi-brigade de chasseurs. En ligne en Tarentaise. Engagé dans les combats du Roc Noir (23-31 mars 1945) qui lui coûtent 39 tués (dont le lieutenant Louis Rullier et le sous-lieutenant Lissner), 60 blessés.

15e BCA

Chef de corps : commandant André Lecoanet.

Créé le 11 décembre 1944 par fusion du Bataillon Belledonne et du 1er bataillon de marche du Grésivaudan (Isère).

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine de Roussy de Sales (Saliens). 1ère compagnie, capitaine Etienne Poitau (Stéphane). 2e compagnie, lieutenant Rondet puis lieutenant Pierre Gröll puis capitaine Joseph Mistral. 3e compagnie, capitaine Sotty. 4e compagnie, capitaine Dalmasso puis capitaine Jacquart. CCB, capitaine Laissard puis capitaine Dalmasso puis lieutenant Columbani. 

Intégré dans la 7e demi-brigade de chasseurs. Campagne des Alpes. Gravit la pointe du Clary le 5 avril 1945. Une patrouille entre en Italie le 27 avril 1945 par le col d'Arnès. Lecoanet entre dans Turin le 3 mai 1945.

16e BCP

Chef de corps : commandant Paul Aubry.

Créé le 20 octobre 1944 comme bataillon de marche 21/21. Compte à l'origine une seule compagnie (la compagnie Alsace-Lorraine, mise sur pied dans l'Aube). Effectifs : 178 hommes au 1er novembre 1944. 

Ordre de bataille. 1ère compagnie, capitaine René Xhaard. 2e compagnie, lieutenant Hugel puis lieutenant Juigne. 3e compagnie, lieutenant Ibanez.

Intégré dans la 1ère demi-brigade de chasseurs. Nettoyage de la région Sud de Metz le 19 novembre 1944. Nettoyage de Metz le 20 novembre 1944. Pousse une reconnaissance en Allemagne le 15 décembre 1944 (deux tués, deux disparus dont le sous-lieutenant Quintran). Incorpore trois sections du 30e BCP "Charente" le 1er mars 1945. Entre en Sarre en mars 1945. Opérations de nettoyage dans le secteur de l'armée américaine (perd six tués ou blessés le 8 avril 1945 à Obereisenbach). Pertes totales en opération : neuf morts, 12 blessés.

17e BCP

Chef de corps : capitaine puis commandant Jean Costa de Beauregard (Carol).

Créé le 15 octobre 1944 par changement d'appellation du Bataillon Carol (Brigade Charles-Martel), mis sur pied dans l'Indre. Effectifs : 22 officiers, 76 sous-officiers, 403 hommes au 3 février 1945.

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Henri Vautravers. 1ère compagnie, lieutenant Jean-Louis de La Bastide (tué). 2e compagnie, capitaine Albert Wauquier. 3e compagnie, capitaine Jacques Lanlo. 4e compagnie, lieutenant puis capitaine Joseph Millot, sous-lieutenant de Carvalho. CA, capitaine Pierre Lequine. CHR, lieutenant René La Tournerie.

Monte en ligne le 12 novembre 1944 dans le secteur du Temple-de-Bretagne (poche de Saint-Nazaire). Perd le lieutenant Jean-Louis de La Bastide et deux hommes le 27 janvier 1945. Relevé dans le sous-secteur de Saint-Etienne-de-Montluc par le III/67e RI le 8 février 1945 et dirigé sur Nantes. Intégré dans la 4e demi-brigade de chasseurs de la 25e DI. Incorpore la compagnie autonome Bretteval qui devient CA le 1er avril 1945. Remonte en ligne devant Saint-Nazaire le 16 mars 1945 en relevant le II/63e RI. Perd le sous-lieutenant Marcel Menard sur une mine le 26 avril 1945. Perd le sergent-chef Gabriel Clisson, 18 ans, sur le canal de Nantes à Brest le 6 mai 1945.

19e BCP

Chef de corps : lieutenant-colonel Albert Moillard.

Créé le 1er septembre 1944 à l'Ecole militaire de Paris sous l'appellation de 1er BCP (première unité de chasseurs recréée officiellement). Destiné à l'origine à rejoindre la 2e DB. Effectifs : 696 hommes.

Ordre de bataille. Etat-major : commandant Charles Gobilliard. 1ère compagnie, lieutenant Maurice Autogue. 2e compagnie, lieutenant Charles Quenard. 3e compagnie, lieutenant Max Blin. CA, capitaine André Dumard. CHR, capitaine Georges Kaminski.

Le 1er BCP devient 19e BCP le 1er octobre 1944. Quitte Paris le 11 décembre 1944 pour la 1ère armée française. Relève le 6e RIC sur le Rhin à Kembs, Sierentz, Niffer le 22 décembre 1944. Perd cinq tués le 29 décembre 1944. Nombreuses pertes lors de la garde du Rhin et la fin de la campagne de la Poche de Colmar. Renforcé d'éléments du bataillon 105/22. Non endivisionné, associé au 1er RSAR. Entre en Allemagne le 16 avril 1945. Combat ç Nusbach le 17 avril 1945, occupe Donaueschingen et combat à Behla le 21 avril 1945. Atteint Constance le 26 avril 1945. Pertes totales en opération : 66 tués (dont le lieutenant Pierre d'Elbée), 300 blessés, 2 prisonniers.

20e BCA

Chef de corps : commandant puis lieutenant-colonel Georges Vigan-Braquet.

Créé le 13 janvier 1945 par changement d'appellation du Bataillon d'appui du régiment de reconnaissance (issu de la fusion du Corps franc des Ardennes [Gard] et du Corps franc d'Indre-et-Loire).

Etat-major : capitaine Alexandre Sart (tué). 1ère compagnie, lieutenant Louis Réveillou. 2e compagnie, sous-lieutenant Bonnet. 3e compagnie, lieutenant Roger Pichat puis lieutenant Réveillou puis lieutenant Ruby. 

Participe au nettoyage de la forêt de Nonnenrbuch (25-29 janvier 1945). Renforcé par des éléments du Bataillon 105/22 (Rambouillet). Associé au 3e RSM au sein du groupement Navarre. Passe le Rhin le 1er avril 1945 à Germersheim. Prend part à la prise d'Hochstetten le 2 avril 1945. Entre dans Karlsruhe le 4 avril 1945. Perd le capitaine Sart à Langenalb le 10 avril 1945. Entre dans Freudenstadt le 17 avril 1945. Mène avec ses éclaireurs-skieurs un raid jusqu'au col de l'Arlberg (5-7 mai 1945). Pertes totales en opération : 61 morts (dont 36 sous l'écusson du 20e BCA). 

24e BCA

Chef de corps : commandant Jean Marey.

Créé à compter du 1er avril 1945 sur le territoire de la 14e région militaire par fusion du Bataillon Sambre-et-Meuse (5e bataillon de la Loire) et du Bataillon Gex. Effectifs : 26 officiers, 87 sous-officiers, 686 hommes à sa création. Note : un autre 24e BCA créé provisirement (cf 7e BCA).

Ordre de bataille. 1ère compagnie, lieutenant Albert Oriol. 2e compagnie, capitaine René Cusset (François). 3e compagnie, capitaine Adrien Monier (Rodolphe). 4e compagnie, lieutenant Albert Jamet.

Non endivisionné. Fait mouvement le 14 avril 1945 pour la région de Gap. Progresse en direction du Col de Larche qu'il atteint le 26 avril 1945. Le commandant Marey y plante le drapeau du bataillon. 

27e BCA

Chef de corps : commandant Yves Godard.

Créé le 1er décembre 1944 à partir du Bataillon Godard (issu de la fusion du 1er bataillon des Glières et du Bataillon FTP Foges).

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Mollaret. 1ère compagnie, capitaine Jourdan. 2e compagnie, capitaine Herzog. 3e compagnie, capitaine Julien Cachat. 4e compagnie, capitaine Dmanne (Ducas) puis capitaine Comparot.

Intégré dans la 5e demi-brigade de chasseurs. Campagne des Alpes. Perd notamment le sous-lieutenant Joseph Boulet et plusieurs chasseurs le 21 décembre 1944. Passé en Italie le 28 avril 1945.

30e BCP

Chef : commandant Raymond du Cheyron du Pavillon.

Créé en Lorraine par ordre du général Dody (commandant la 21e région militaire) du 25 octobre 1944 comme bataillon de sécurité 3/21. Note : un autre 30e BCP créé en Charente.

Ordre de bataille : 1ère compagnie, capitaine Le Mittre. 2e compagnie, capitaine Jacques Chaduc. 3e compagnie, lieutenant Henri Duverger. 

Intégré dans la 1ère demi-brigade de chasseurs. Renforcé par des éléments du 8e BCP (ORA Haute-Vienne) du capitaine Raymond Martin arrivé en Lorraine le 15 novembre 1944. Perd un premier chasseur le 22 novembre 1944 à Metz. Renforcé par des éléments du 30e BCP "Charente" le 21 février 1945. Entre en Sarre début mars 1945.

31e BCP

Chef : capitaine René, Henri Audibert

Créé le 13 janvier 1945 par changement d'appellation du 1er BCP, issu de la fusion des 1er (capitaine A. Baumeister) et 2e puis 4e (capitaine Pattin) BCP du Groupe mobile d'Alsace-Suisse, ce dernier ayant été renforcé par les volontaires du Bataillon Rapp (capitaine Paul Katz) et du bataillon du commandant Schmidt.

Ordre de bataille. Etat-major : capitaine Paul Katz. 1ère compagnie, capitaine Moutte. 2e compagnie, lieutenant Dryander. 3e compagnie, capitaine Baur. CA, lieutenant Schmuck. CB, lieutenant René Nicolas.

Relève le I/21e RIC dans le quartier de L'Ile-Napoléon le 29 janvier 1945. Quitte ses positions le 6 février 1945 pour avancer dans la forêt de la Hardt, franchissant le canal de Huningue (le sous-lieutenant André Maujean tué). Malgré les mines qui lui coûtent des pertes sérieuses (une dizaine de tués et blessés), avance de 3 km dans la forêt le lendemain. Défile à Mulhouse le 10 février 1945. Intégré dans la 3e demi-brigade de chasseurs de la 14e DI. 

    A noter que plusieurs bataillons (12e, 14e et 22e BCA, notamment) ont été recréés provisoirement, soit dans le maquis, soit à la Libération, mais n'étaient plus en activité au moment de la fin des combats en Europe. 

Source principale : série GR 12 P, SHD, Vincennes.




mercredi 2 juillet 2025

26 novembre 1944 : reconnaissance meurtrière à L'Envers des Fies, dans les Vosges



La plaque en hommage aux morts du 3e/12e dragons. (Photo L. Fontaine).

    Le 26 novembre 1944, tandis que le 152e RI est meurtri dans le bois de l'Oberwald, que le Bataillon Janson de Sailly prend sa part dans la conquête de Masevaux, que le I/51e RI atteint le Col du Brabant, que le Corps franc Pommiès entre dans Le Thillot, le 3e régiment de dragons du chef d'escadrons Pierre Dunoyer de Segonzac est cruellement éprouvé entre Gérardmer et le Col de La Schlucht. C'est le combat de l'Envers des Fies que nous vous détaillons ici.

    A sa création à Castres le 31 août 1944, le 1er groupe d'escadrons du 3e dragons FFI, confié au chef d'escadrons Paul d'Audibert de Lussan, avec pour adjoint le capitaine René Mazens, se compose de trois escadrons : le 1er du lieutenant Henri Périé (pelotons Jean Le Vavasseur, Georges Barbas, Marc Vène), le 2e du lieutenant Henri Sautour (pelotons Michel Mare, Hubert de Charron, Edouard Bonhoure) et le 3e du capitaine Jean de Tauriac (pelotons Guy de Charron et Louis Aussenac).

    Engagé dans les Vosges, le 1er GE du 3e dragons appartient au sous-groupement Lecoq, auprès de qui Audibert apprend, le 25 novembre 1944, quelques jours après l'entrée des troupes françaises dans Gérardmer, que le bois de la Brochotte et la maison forestière L'Envers des Fies ne sont plus occupés. Il s'agit, pour les dragons, de le vérifier, le 26 novembre 1944. L'historique du groupe d'escadrons - le régiment en compte trois - rend compte dans le détail de cette journée.

    "Mission du sous-groupement Lecoq. S'efforcer de déborder par le nord les résistances ennemies de la région à l'est de Longemer. En cas de repli profond de l'ennemi, pousser rapidement : 1) sur l'axe Xonrupt - Le Valtin - Le Rudlin - Col de Louchbach et Colmar (soit par le Lac Blanc et Orbey, soit par le Col du Bonhomme et Lapoutroie) ; 2) en direction de La Schlucht. [...] Mission du groupe d'escadrons. Envoyer à 8 h 15, le 26 novembre, une reconnaissance destinée à s'emparer de la maison forestière des Fies, de L'Envers des Fies et du Carrefour des Fies. [...]

    A 6 h, le 1er escadron, le commandant d'Audibert et son PC quittent à pied Gérardmer, où le 2e escadron reste jusqu'à nouvel ordre, arrivent à Xonrupt à 7 h 30 et à 8 h partent en reconnaissance, accompagnés par le lieutenant Alquier-Bouffard du 3e groupe d'escadrons qui doit les mener jusqu'à la maison forestière de L'Envers des Fies. [...]

    A 8 h 45, l'échelon de reconnaissance atteint la maison forestière de L'Envers des Fies, la reconnait prudemment et la trouve libre.

    A 9 h, le 1er escadron se porte dans les bois situés à 4 mètres Ouest 812,5, en occupe les lisières Nord, face au carrefour des Fies, et Est, face à la ferme de L'Envers des Fies, que va reconnaître le peloton Le Vavasseur commandé par le sous-lieutenant Cormouls. [...]

    A 9 h 15, ce peloton atteignant les lisières Ouest du bois de la ferme de L'Envers des Fies est pris sous un feu violent et ajusté d'armes automatiques situées dans ce bois et celui des Brochottes. Il est littéralement cloué au sol. [...] Des tireurs d'élite, armés de fusils à lunette et grimpés dans les arbres, font du tir à la cible. Le brigadier Frauenfelder est tué, le maréchal des logis Assemat blessé très grièvement à la jambe à moins de 10 m des fils de fer ennemis.

    A 9 h 30, le commandant d'Audibert rend compte au lieutenant-colonel Lecoq. [...]

    A 10 h 30, le capitaine Périé décide d'aller voir le peloton Le Vavasseur (Cormouls) afin de se rendre compte personnellement de sa situation qui s'avère de plus en plus critique. Il essuie plusieurs balles à l'aller. Sur le chemin du retour, il est tué d'une balle en pleine tête par un tireur d'élite. [...]" Le corps de l'officier âgé de 29 ans est ramené par le brigadier Granier et le cavalier Larroque. 

    "A 10 h 5, [d'Audibert] adresse au lieutenant-colonel Lecoq ce message : "Résistance signalée Envers des Fies est plus sérieuse. Les lisières Ouest du bois sont tenues par plus de deux sections. Capitaine Périé tué. 2 blessés graves. Dois-je persister dans attaque Envers des Fies ou dois-je me porter au carrefour des Fies ?".

    A 11 h, le médecin-lieutenant Bourdet se porte vers le maréchal des logis Assemat. [...] Il donne à ce sous-officier les soins voulus, malgré un feu violent dont il est la cible, puis est grièvement blessé à son tour par une balle explosive au bras. Deux hommes, les cavaliers de Villèle et Cheron vont spontanément à son secours et le ramènent. Cheron est à son tour très grièvement blessé par une balle, dans les reins. [...]

    A 12 h 55, [d'Audibert] envoie l'ordre au peloton Le Vavasseur (Cormouls) de décrocher prudemment. [...]" Au cours de sa mission de transmission d'ordres, le cavalier Thomas René "est blessé à deux reprises".

    "A 13 h 05, le peloton Le Vavasseur (Cormouls) commence son décrochage, effectuant son repli sur un glacis. [...] Coup sur coup, sont tués les cavaliers Marty et Arramond, tandis que sont blessés le maréchal des logis Copens, les cavaliers Descoux, Delfavero Gaston, Rouanet Pierre et que le maréchal des logis-chef Gimenez a son casque traversé d'une balle et le cuir chevelu brûlé.

    A 13 h 50, au message qu'il avait envoyé à 10 h 55 au lieutenant-colonel Lecoq, il est répondu au commandant d'Audibert : "Ne pas insister sur L'Envers des Fies et se porter dans la région de La Roche-[du] Page".

    A 13 h 55, le commandant réplique sur le champ : "Suis toujours très solidement accroché. Peloton au contact vers la ferme des Fies a éprouvé des pertes très sévères, 3 tués, 8 blessés. Reçois votre ordre de repli. Ne pourrai l'exécuter qu'à la nuit, afin de ramener les morts et les blessés qui sont sous le feu. Mon médecin blessé, prière d'envoyer médecin et équipes de brancardiers". Audibert demande également que le 2e escadron (capitaine Sautour, lieutenant Aussenac) lui soit envoyé à La Roche du Page. Lecoq donne son autorisation, ainsi que l'ordre à un peloton de chars d'appuyer les FFI du Tarn qui voient par ailleurs arriver le médecin-lieutenant Gabriel Nahas.

    "A 16 h, un peloton de chars de l'escadron du capitaine de Baulny commence son tir de neutralisation.

    A 16 h 10, le cavalier Barbagelata est tué par balle.

    A 16 h 40, le tir du peloton de chars cesse. Il fait encore jour. On discerne alors sur la neige un corps qui rampe. Ce ne peut être que le maréchal des logis Assemat." André Assemat est ramené dans nos lignes, et le dernier corps évacué à 17 h 30.

    "A 17 h 30, le 1er escadron décroche. [...] A 20 h, il est à Gérardmer."

    Dans une chapelle ardente dressée dans la cité, ont été réunis les corps du capitaine Périé et du cavalier Barbagelata. "Sur le corps du capitaine Périé est déployé le fanion dont la devise qu'on y voit briller : "Debout, la Victoire luira", n'a jamais paru plus émouvante".

    Capitaine Henri Périé, brigadier Henri Frauenfelder, cavaliers Mario Barbagelata, Ernest Marty et Léon Arramond : tels sont les noms des cinq volontaires du 1er escadron tombés ce jour-là au-dessus de Xonrupt. Un escadron qui sera encore endeuillé le 5 décembre 1944, avec la mort de son nouveau chef, le lieutenant Georges Barbas, sur la Route des Crêtes, provoquant, selon l'aveu du rédacteur du JMO du groupe, une "dépression physique et morale" au sein des hommes de l'escadron, relevé le lendemain.

Source : archives du 12e dragons (ex-3e dragons), GR 12 P 109.

lundi 23 juin 2025

Les 107e et 108e régiments d'infanterie (1944-1945)


Défilé du III/108e RI. Photo publiée dans l'ouvrage de René Coustellier,
Le groupe Soleil dans la Résistance.


107e régiment d'infanterie

Chef de corps : commandant puis lieutenant-colonel Charles Frugier

Créé le 20 octobre 1944 par changement d'appellation du 1er régiment Bernard (ou 1er régiment FTP des Charentes) qui sert devant Royan depuis le 7 septembre 1944. Distinct du I/107e RI (capitaine Charles Bernard, dit Lévêque), qui est en position devant La Rochelle.

Organisé en quatre puis deux bataillons après fusion des 3e et 4e bataillons.

Effectifs : 1 540 hommes en janvier 1945. Parmi ses officiers, 94 % sont FFI, 5 % réservistes, 1 % d'active selon un rapport sur le moral du 16 février 1945. 40 % des effectifs viennent de la Haute-Vienne, 40 % de la Charente.

Principales opérations :

Nuit du 12 au 13 décembre 1944 : les II et III/107e RI sont relevés par le 1er RI dans le sous-secteur de Thénac.

21 janvier 1945 : l'adjudant-chef Emile Forest et Paul Bisserier sont tués à Semussac.

23 janvier 1945 : accrochage mortel dans le bois de La Chasse. Mort du sergent-chef René Thomas, du sergent Louis Morichon, du caporal Albert Brousse, de Roland Lucien, Alphonse Rainaud, André Cremoux, Jean Frioulaud...

24 janvier 1945 : Jacques Rouzeau est tué par balle. Il était âgé de 16 ans et 9 mois.

9 février 1945 : le II/107e RI est relevé devant Cozes par le I/150e RI. Durant le mois de février 1945, l'état-major du régiment est à Gémozac, le I/107e RI à Arces, le II/107e RI à Saint-André-de-Lidon.

14 avril 1945 : offensive contre la Poche de Royan. Le 107e RI appartient au sous-groupement Frugier (groupement Sud) avec le I/150e RI et le 1er escadron du 13e régiment de dragons. Le II/107e RI du capitaine Jean-Marcel Lafitte couvre le flanc du I/150e RI dans son attaque. A 13 h 20, le capitaine Lafitte rend compte : "Biscaye, Cassine, Beauregard, moulin de Belloire, Belloire sont à nous sans un coup de fusil". Puis Trois-Journaux est occupé, enfin Meschers à 18 h 15. Bilan : quatre prisonniers, sans aucune perte.

15 avril 1945 : le 107e RI doit s'emparer des organisations défensives du Compin, de la Pointe de Suzac, du Berceau et de Chenaumoine. Les opérations sont moins aisées que la veille, à cause des mines qui nécessitent l'intervention des démineurs. En fin d'après-midi, le I/107e RI pénètre dans la zone piégée, s'empare du Berceau et de Chenaumoine, faisant 35 prisonniers, contre cinq blessés, dont le lieutenant Peyretou. A la Pointe de Suzac, 32 prisonniers sont faits par le II/107e RI du capitaine André Servais. Liaison est réalisée avec le bataillon de marche n°5. Pour cette journée, le régiment déplore trois tués (sergent-chef Victor Liautard, sergents Henri Duvergne et René Hamelin) et six blessés (dont le capitaine Claude Forillière et le lieutenant Rippe).

18 avril 1945 : fin des opérations de Royan.


108e régiment d'infanterie

Chef de corps : lieutenant-colonel Paul Bousquet (Demorny)

Créé le 1er décembre 1944 devant La Rochelle par changement d'appellation de la 6e brigade FTP de Dordogne (1er, 3e et 4e régiments FTP).

Effectifs : 370 officiers, 785 sous-officiers, 3 224 hommes de troupe.

Organisation : I/108e RI, capitaine Fernand Lesoin (Saint-Germain-de-Marennes), II/108e RI, capitaine Simon Baetz (Surgères), III/108e RI, commandant René Coustellier dit Soleil (Saint-Georges-des-Bois).

Principales opérations 

15 décembre 1944 : trois morts, huit blessés à Bouhet.

27 décembre 1944 : lors d'une patrouille du II/108e RI partie de Chambon en direction d'Aigrefeuille, perte de trois morts (sergent Gaston Descombes, Germain Escuriol, Miloud Bezzouine) et cinq blessés dont un prisonnier.

1er février 1945 : le III/108e RI relevé par le I/4e RZ dans le sous-secteur de Puyravault.

4 avril 1945 : Sylvain Lafais et Pierre Lascaud meurent à Surgères et La Planterie.

2 mai 1945 : action offensive contre la Poche de La Rochelle. Le 108e RI et le II/125e RI forment le groupement du colonel Félix Chêne, qui prend la croupe nord-ouest d'Aigrefeuille et Les Panonières. La liaison entre les deux unités est réalisée au moulin du Fraigne. Au III/108e RI, qui est appuyé par quatre chars B1, les pertes sont de cinq blessés.

Sources principales : archives des 107e et 108e RI, GR 12 P 19 et 12 P 20, SHD Vincennes ; site Mémoire des hommes ; René COUSTELLIER, Le groupe Soleil dans la Résistance, Fanlac, 1998.



dimanche 15 juin 2025

Origine géographique des FFI des Poches de l'Atlantique, septembre 1944 - mai 1945



Aisne

III/67e RI - Cne Le Pape Auguste - St-Nazaire

Aube

I/131e RI - Cdt Vel Lucien - La Rochelle/Médoc/Oléron

II/131e RI - Cdt Poirier Jean - La Rochelle/Royan/Oléron

Charente

Rgt Bir-Hacheim (4 btns) - Lcl Chambre Pierre - La Rochelle - devient 6e RI

Rgt Foch (2 btns) - Lcl Bouvron Auguste - La Rochelle - devient 123e RI puis III/6e RI

I/107e RI - Cne Bernard Charles - La Rochelle - devient III/80e RI puis III/117e RI

Cher

Brigade Bertrand - Col Bertrand René - Royan

    1er RI - Lcl Ribaud Jean, Col Rudloff Maurice  

        I/1er RI - Cdt Roy Pierre 

        III/1er RI - Cdt Vacher Paul 

    33e demi-brigade - Lcl Trousseau Paul   

        I/33e - Cdt Rabineau Moïse

        II/33e - Cne Mesnard René

    34e demi-brigade - Lcl Vogüe (de) Arnaud

        I/34e - Cdt Aramon (d') André 

        II/34e - Cdt Baronnet Robert

    GR 8 - Cne Servois Henri             

    I/72e RA - Cne Harle Camille 

Corrèze

2e bataillon FFI - Cne Puchot - Médoc - versé III/100e RI puis III/126e RI

21e bataillon - Cne Guérin Pierre - Médoc - versé III/100e RI puis III/126 RI

Côtes-du-Nord

9e bataillon - Cdt Joly Joseph - Lorient - devient III/71e RI

13e bataillon - Cdt Feutren Pierre, tué, Cne Auzeran -  Lorient - versé 71e RI et 16e btn

14e bataillon - Cdt Houssay Roger, Cne Berest Louis - Lorient - devient 14e btn rangers

15e bataillon - Cdt Razurel Léon, Cne Le Meur Joseph - Lorient, St-Nazaire - versé 19e DI

16e bataillon - Cdt Jourand Raoul, Cne Corentin André - Lorient - devient 16e btn rangers

Btn Valmy - Cdt Conan Albert - Lorient - devient 9e btn de sécurité puis II/137e RI

Creuse

78e RI (3 btns) - Lcl Brodhurst Jack - La Rochelle

II/26e RI - Cdt Belmont Raymond  - La Rochelle - devient II/13e RI

Dordogne

6e brigade FTP - Lcl Bousquet Paul - La Rochelle - devient 108e RI

    1er rgt Ricco (4 btns) - Cdt Ricco Angelo

    3e rgt Duguesclin (4 btns) - Cdt Bonvallet Flavius 

    4e rgt Soleil (4 btns) - Cdt Coustellier René

Btn Marsouin - Cdt Couture Jean - Médoc- versé 3e RIC

Btn Bertrand - Cdt Alessandri Bertrand - Médoc - versé 3e RIC

Btn Bayard - Cdt Martin Charles - Médoc - versé 3e RIC

Groupe Pistolet - Cdt Dauta Jean - Médoc - versé 3e RIC

Btn Roche - Cdt Roche Joseph - Médoc - versé 3e RIC

Groupe François-1er - Cne Feyry Marceau - Royan - versé 26e RI

BM Pierrot - Cdt Laborie Pierre - Royan - devient III/170e RI

11e btn de la Dordogne, dit Roland - Cne Christophe Raoul, Cdt Clée Roland - Royan - versé                 II/50e RI

Brigade Rac - Cdt, Lcl Cézard Rodolphe - Royan - devient 50e RI

    1er btn - Cdt Dupuy Robert

    2e btn - Cdt Vieugeot Roger

    3e btn Violette - Cdt Tallet René

Btn Lila - Cdt Labonellie Ernest - Royan - versé 26e RI

7e btn FTP de la Dordogne - Cne Riau Pierre - Médoc - versé 7e RIC

3e btn FTP de la Dordogne* - Médoc

26e RI - Lcl Mingasson Sylvain - La Rochelle - devient 13e RI

    1er btn - Cdt Vallade Victor

    3e btn - Cdt Santraille Joseph

Régiment Z (4 btns) - Cdt Moressée Georges - Royan - devient 12e RA

* Dit Bataillon Geo. Peut-être unité de la 6e brigade FTP.

Eure-et-Loir

III/131e RI - Cne Layre (de) Antoine, Cdt Raynaud Raoul - La Rochelle/Médoc/Oléron

Finistère

1er BM du Finistère - Cdt Le Bourhis Jean - Lorient - devient 1er btn rangers

2e BM du Finistère - Cne Lavat Louis, Cne Bellan Maurice -  Lorient - devient 2e btn rangers

3e BM du Finistère - Cdt Kerveillant Corentin,  Cne Bernard Jean - Lorient                          

17e bataillon du Finistère - Cne Loyer Paul - Lorient 

Btn de fusiliers-marins du Finistère - LV Le Hénaff  - Lorient - devient IV/4e RFM

I/118e RI - Cne Le Cléac'h Louis - Lorient

II/118e RI - Cdt Rideau Maxime - Lorient

Gers

DB de l'Armagnac (3 btns) - Lcl Monnet Henri - Royan - devient 158e RI

Btn Raynaud (1er rgt du Gers) - Cdt Dorbes Louis - Royan - devient III/158e RI

Gironde

Btn franc Penthésilée - Cdt Chodzko Jan - Médoc - versé 7e RIC

Btn d'Arcachon - Cdt Duchez Robert - Médoc - versé II/34e RI

Btn du Blayais - Cdt Elissalde Léon - Médoc - devient III/7e RIC puis III/38e RI

Btn Charly-Médoc - Lcl Cominetti - Médoc 

Btn Georges - Cdt Bordes Alban - Médoc - versé I/34e RI

Btn Songe* - Médoc

2e escadron du 16e GRDI - Cne Douence Gérard - Médoc - devient 1/18e RCC

* D'après l'ouvrage "Front du Médoc. Une brigade FFI au combat".

Ille-et-Vilaine

1er bataillon d'Ille-et-Vilaine - Cdt Even Jean, Cne Robert - St-Nazaire

3e BM d'Ille-et-Vilaine - Cdt Meunier Marcel - St-Nazaire - versé I/41e RI

Indre

8e cuirassiers - Cdt Beaumont (de) Claude - St-Nazaire

17e BCP - Cdt Beauregard (Costa de) Jean - St-Nazaire

27e RI - Cdt Fox Charles - St-Nazaire

    I/27e RI -  Cdt Moreau Jean - versé I/21e RI

   II/27e RI -  Cdt Husband Jean - versé II/21e RI

Indre-et-Loire

Btn 7/4 Dominique - Cdt Libot Wilfried - St-Nazaire - versé I/32e RI 

32e RI - Lcl Costantini René - St-Nazaire

    I/32e RI - Cdt Vialle Louis-Raoul            

    II/32e RI - Cdt Robillard Gabriel

Landes

Btn Claverie - Cdt Claverie Louis - Médoc - versé 34e RI

Btn Nord-landais - Cne Lartigau - Médoc - versé I/34e RI

Btn Aturin, dit d'Aire-sur-Adour - Cdt Tramond, Cne Baradat - Médoc - versé II/34e RI 

Cie ou Btn Doussy - versé II/34e RI

Loir-et-Cher

4e RIA - Lcl Lavergne (de) Henri, tué, Cdt Biron André - Lorient

    I/4e RIA - Cdt Judes Charles

    II/4e RIA - Cdt Verrier Charles, tué, Cdt Henry Norbert, Cne Talencé (de) André

Loire-Inférieure

1er BM de Loire-Inférieure (I/65e RI) - Cdt Coché Jean - St-Nazaire - versé 7e btn de Loire-Inférieure

2e btn de Loire-Inférieure -  Cdt Couche Charles - St-Nazaire

3e BM de Loire-Inférieure - Cdt Torquat (de) François - St-Nazaire - versé 1er RH, 19e RD, 18e RCC

5e bataillon de Loire-Inférieure - Cdt Grangeat Gilbert, Cne Karrière René - St-Nazaire - versé 32e RI

6e bataillon de la Loire-Inférieure - Cne Raux Jean, Cdt Goupilleau Jean - St-Nazaire - versé 32e RI, 20e RA, 8e cuirassiers.

7e bataillon de Loire-Inférieure - Cdt Junghans André - St-Nazaire - versé II/32e RI

1er GMR - Cne Besnier Guy - St-Nazaire 

Lot

2e RI du Lot  - Lcl Noireau Robert - Médoc - devient 154e RGA

    I/2e - Cne Gaudusson (de) André

    II/2e - Cne Larribère, Cne Parrot

    III/2e - Cne Sol Roger

Lot-et-Garonne

Btn Atlantique - Cdt Baril Maurice, Cdt Barret Jean - Médoc - devient III/34e RI

Maine-et-Loire

I/135e RI - Cne Rochecouste (de) Donald - St-Nazaire -versé 1er RH 

II/135e RI - Cdt Legrand - St-Nazaire - versé 1er RH et 32e RI

Mayenne

(Cie Btn 7/4 -  Cne Bodin Léon - St-Nazaire - versée 32e RI)

Meurthe-et-Moselle

I/150e RI - Cdt Blangenois Cyrille -  Royan

Morbihan

1er bataillon du Morbihan - Cdt Le Vigouroux Raymond - Lorient

2e bataillon  du Morbihan - Cdt Le Garrec Yves - Lorient - versé III/41e RI

3e bataillon du Morbihan - col Robo Félix - Lorient

4e bataillon du Morbihan - Cdt Rucard Jean, Cdt Lambert (de) - Lorient - devient 4e btn rangers

5e bataillon du Morbihan - Cdt Doré Louis - Lorient  

6e bataillon du Morbihan - Cdt Chalmé Célestin - Lorient - versé 7e btn du Morbihan

7e bataillon du Morbihan - Cdt Muller Jean, Cne Laimé - Lorient - devient III/118e RI

8e bataillon du Morbihan - Cdt Caro Eugène - Lorient - versé II/41e RI

9e bataillon du Morbihan - Cdt Le Gouvello de La Porte Eon - Lorient

10e bataillon du Morbihan - Cdt Le Coutaller Jean - Lorient - devient 10e btn rangers

11e bataillon du Morbihan - Cdt Carrion Roque - Lorient

12e bataillon du Morbihan - Gal La Morlais (de) Armand, Cdt Morin - Lorient - versé II/41e RI

Nord

Btn Bienassis - Cdt Bienassis Pierre - Dunkerque - devient I/51e RI

I/110e RI - Cdt Sal (Chaveribière de) André - Dunkerque - devient II/51e RI

II/110e RI  - Cdt Dewulf Edouard - Dunkerque - devient IV/110e RI

33e RI (3 btns) - Col Gros Léon - Dunkerque 

Oise

I/67e RI - Cdt Bouquerel Amédée - Dunkerque

Hautes-Pyrénées

I/Rgt de Bigorre - Cdt Richon Jean - Royan

Sarthe

8e bataillon de la Sarthe - Cne Demenois André - St-Nazaire - devient III/32e RI

Seine-et-Marne

46e RI - Lcl Esneval (d') Pierre - La Rochelle

Deux-Sèvres

114e RI - Col Proust Edmond - La Rochelle

Somme

II/67e RI - Cne Pruvot Louis - St-Nazaire

Tarn

I/15e RI - Cdt Simonot André - La Rochelle - versé II/158e RI

Tarn-et-Garonne

BM du Tarn-et-Garonne - Cdt Cotttaz Marc - Médoc - devient II/38 RI

Vendée

1er BM de Vendée - Cdt Aigreault Camille - La Rochelle - devient I/93e RI

2e btn de Vendée - Cdt Lebrun Robert - La Rochelle - devient II/93e RI

3e btn de Vendée - Cdt Jacques Guy - St-Nazaire - devient III/93e RI

4e btn FFI de Vendée - Cne Morin Claude - La Rochelle - devient IV/93e RI

5e btn FFI de Vendée - Cdt Savin Maurice - La Rochelle - devient V/93e RI

Vienne

1er btn de la Vienne - Cdt Thomas, Cne Rogez Louis - St-Nazaire - devient VII/125e RI

2e btn de la Vienne - Cdt Bernard Edmond, Cne Brutus René - St-Nazaire - devient IV/125e RI

5e btn de la Vienne - Cdt Ricour, Cne Darcourt - St-Nazaire - devient VI/125e RI

Cie d'accompagnement Bretteval - Cne Lequime Pierre - St-Nazaire - versé 17e BCP

II/125e RI - Cne Barbault Lucien - La Rochelle

III/125e RI - Cdt Thiant Gabriel - La Rochelle

Haute-Vienne

63e RI - Lcl Brossard Camille - St-Nazaire - versé 63e RI, groupe de transport 537

2e btn ORA de la Haute-Vienne, dit Patriarche - Cdt Praingy (Saulnier de) Raoul - versé 1er RH

1er Rgt Bernard (3 btns) - Lcl Frugier Charles - La Rochelle - devient 107e RI