jeudi 23 janvier 2025

La libération de la Cité Sainte-Barbe par ceux qui l'ont vécue (2 février 1945)

Des soldats de la section Thiabaud, 3e compagnie. A gauche, Jean Paroissien et Mario Marchetti. (Collection M. Marchetti).


 2 h 15. 

    Parti de Mulhouse où il cantonnait après avoir défendu pendant plusieurs semaines le point d'appui de L'Ile-Napoléon, le 1er bataillon (commandant Gilles Pâris de Bollardière) du 21e régiment d'infanterie coloniale gagne les environs de Cité Anna pour se porter sur sa base de départ : le Jungholtz, un petit bois situé à l'ouest de Cité Sainte-Barbe, son objectif. Les marsouins passent par le carrefour 236, théâtre de violents combats les jours précédents.

Caporal Jean Maire (5e groupe, 2e section, 1ère compagnie), de Poulangy (Haute-Marne) : "Nous distinguons une masse noire. C'est un half-track qui est immobilisé. Les pneus avant sont complètement cramés et il se dégage une forte odeur de brûlé. Sur le côté, un casque de tankiste semble recouvrir quelque chose de noir. A côté, un bras et la main complètement carbonisés. Et presque sous le véhicule, une masse noire qui est certainement le corps du malheureux conducteur."

Soldat Marcel Pesme (6e groupe, 2e section, 3e compagnie), de Laneuville-à-Bayard (Haute-Marne) : "Cela nous met tout de suite dans l'ambiance".


La Cité Sainte-Barbe et l'usine Théodore. (Collection Marcel Heckenroth).

6 h. 

    Des obus de 88 s'abattent sur le Jungholtz où le bataillon qui s'y est installé est repéré.

Caporal Guy Seigle (3e groupe, 2e section, 2e compagnie), de Fronville (Haute-Marne) : "Un jeune, arrivé le 30 janvier à la caserne de Mulhouse et affecté dans mon groupe, est touché d'un éclat d'obus. Un obus de mortier dévié par des branches d'arbre tombe à côté de moi sans exploser. Nous sommes plaqués au sol. Nous nous faisons le plus petit possible. On entend des blessés appeler."

Soldat Abel Mangin (2e groupe, 2e section, 2e compagnie), de Sommeville (Haute-Marne), incorporé le 30 janvier 1945 : "J'étais derrière une touffe de jeunes arbres, attendant la fin de cet enfer, quand Pierre Delaborde est venu me voir et m'a pris sous sa coupe. Nous nous sommes rendus près d'un soldat qui était allongé. Il l'a secoué mais il était mort. C'était mon caporal (1). [...] Jules Lamontagne servait dans mon groupe, il a été blessé sur la base dé départ, un éclat de mortier lui ayant sectionné le tendon d'une jambe. Lucien Martin, de Fontaines-sur-Marne, a été blessé lui aussi dans les mêmes conditions, un éclat dans l'abdomen. "

Abel Mangin.


Soldat Pierre Delaborde (2e groupe, 2e section, 2e compagnie), de Roôcourt-la-Côte (Haute-Marne) : "René Picard, mon chargeur au FM, a été blessé par un éclat d'obus, alors qu'il était assis contre un arbre à mes côtés, avant l'attaque. [...] Guillot de Rolampont l'a remplacé."

Caporal Jean Maire (1ère compagnie) : "Cela dure trois quarts d'heure. La terre tremble. Quand nous nous relevons, les trous apparaissent remplis d'eau glacée et nos vêtements sont complètement trempés sur le devant. Durant le bombardement, nous n'avons rien senti."

6 h 50

    Début de la préparation d'artillerie. A peine moins de cinq minutes se sont écoulées lorsque les marsouins s'élancent sur le long terrain découvert séparant le bois de la cité. La 2e compagnie (lieutenant Antoine Chabot) est en pointe.

Caporal Guy Seigle (2e section, 2e compagnie) : "Nous progressons par bonds en nous couchant le plus souvent dans la neige fondue. Arrivés aux premiers bosquets, des Allemands se montrent en levant les bras. [...] Certains obus tombent même sur mon groupe. [...] Des balles allemandes arrivent sur nous. Deux hommes tombent, l'un devant moi, l'autre à côté. [...] A l'approche des jardins, j'entends le commandant d'unité crier : "Baïonnette au canon !"."

Soldat Abel Mangin (2e section, 2e compagnie) : "Avec Delaborde, j'ai retrouvé le groupe, ou ce qui en restait, derrière un transformateur, devant des tranchées allemandes desquelles partaient des grenades à manche. Nous avons fait quelques prisonniers que j'ai conduits à l'arrière au PC du lieutenant Chabot. Je suis revenu le long d'un plan d'eau. J'y ai vu quelques blessés dont René Picard qui attendait les infirmiers. Les obus continuaient à tomber sur le plan d'eau et les environs."

Soldat Jean Collot (3e section, 2e compagnie), de Marnaval (Haute-Marne) : "A 7 h, en avant ! Nous progressons sur un terrain complètement nu et inondé, pataugeant dans cette sorte de grande mare, nous prenons par moment de bons bains, car les fossés sont invisibles. Il fait encore sombre, notre artillerie fait merveille, et c'est un splendide feu d'artifice sur les puits de potasse et sur la cité que nous offrent nos canons."

Soldat Jean Guillon (groupe de commandement, 3e section, 3e compagnie), de Doulcon (Meuse) : "Les environs, c'était marigots gelés et enneigés. En nous "étalant" sur la glace, arrive ce que nous redoutions, surtout avec nos charges d'obus de rocket : la glace céda. Et plouf pour nous quatre ou cinq jusqu'au cou ! Avec bien du mal, nous nous en sommes sortis et avons repris la progression, pour voir le capitaine Eon déjà aux premières maisons. Là, un civil alsacien donnait des directions et avait l'air de renseigner sur les positions "schleuhs"."

Soldat Marcel Pesme (2e section, 3e compagnie) : "Un violent tir de 88 nous a fait obliquer sur la gauche, traverser un fossé plein d'eau - car la neige fondait - et obliquer ensuite à droite pour entrer dans la cité. Là, nous avons été accueillis par le tir des Allemands. A ce moment-là, Marceau Feit a reçu la balle qui l'a tué."

Aspirant Pierre Thiabaud (3e section, 3e compagnie) : "Si mes souvenirs ne me trahissent pas, Pernoud et Vasseur ont été blessés dans le Jungholtz, en même temps que Gratessol, François et Leclerc, par le tir d'arrêt de l'artillerie allemande, avant le débouché sur la cité."

Soldat Paul Rivault (1ère section, 3e compagnie), de Rouillé (Vienne) : "Nous avons franchi rapidement la distance entre le bois et les habitations que nous avons atteint sans perte. Les gens terrés dans les caves nous ont prévenus que les Allemands étaient cachés dans presque chaque habitation. Alors que nous parlions à ces personnes, nous avons essuyé les premiers tirs, sans dégât."

    A gauche du dispositif, la 1ère compagnie (capitaine Robert Vial) a pour objectif l'usine Théodore.

Caporal Jean Maire (2e section) : "Sur notre droite, nous pouvons assister à l'assaut de la 1ère section. Sur un fond de ciel rougeoyant, à moins de 100 mètres, nous distinguons de profil les nombreuses silhouettes sombres qui s'élancent, le fusil à la main, et nous entendons leurs cris de sauvage. Le spectacle est saisissant. [..] De toutes parts, les balles claquent, venant d'on ne sait où. [...] Derrière moi, j'entends un cri. C'est Grandperrin - un nouveau qui croit avoir été touché. Il a la manche de capote coupée à hauteur de poitrine, mais la balle a seulement égratigné son bras. [...] Il y a un petit terrain découvert que nous devons traverser en rampant. Au bout, nous franchissons une clôture en grillage dans laquelle notre chef de groupe a pratiqué une ouverture à l 'aide de sa pince coupante. [...]"

Caporal René Pitollet (2e groupe, 1ère section), de Saint-Michel (Haute-Marne) : "Riposte des Boches avec leurs canons à six tubes, dont le bruit ressemblait au beuglement d'une vache. Gilbert Lecomte est tué dès le départ ainsi que Jean-Baptiste Raspès qui faisaient partie de mon groupe."

7 h - 9 h, Cité Sainte-Barbe

Caporal Guy Seigle (2e compagnie) : "Nous repartons en franchissant une route. [...] Les haies des jardins se passent facilement. Nous avançons vers les premières maisons. Avec quelques hommes, je me dirige vers l'école en traversant la place sur laquelle se trouve un rond-point couvert de végétation. Les Allemands se retirent des maisons qu'ils occupaient avant notre arrivée pour nous précéder à l'école. Voyant cela, notre chef de section nous fait signe de bifurquer vers une maison à droite de l'école, mais celle-ci est sous le feu des Allemands embusqués et nous nous trouvons bloqués là. [...] Le reste de la compagnie se débat toujours dans les jardins des premières maisons du village. [...] Nous occupons seulement deux maisons : le chef de section est dans l'une et moi avec le sergent et le groupe FM dans l'autre. Nous formons ainsi une petite enclave de huit à dix hommes dans deux maisons."

Soldat Paul Rivault (3e compagnie) : "Nous avons franchi deux ou trois pâtés de maison avant d'arriver en bordure du terrain de foot. Nous devions le traverser pour atteindre les maisons en face où étaient embusqués les Allemands. Ils nous voyaient arriver et nous ont pris sous un tir nourri de fusil et de mitrailleuse. [...] J'ai dû être blessé au troisième bond en avant ordonné par le caporal [Régin] qui avait pris le commandement du groupe." (2)

Soldat Aimé Poirot (1ère section, 3e compagnie), de Saint-Dizier (Haute-Marne) : "Une auto-mitrailleuse allemande débouche et passe en trombe devant nous. Elle était sans doute surprise de tomber sur des Français. Nous aussi. On se jette à terre. La blindée n'ouvre pas le feu, elle écrase la palissade d'une maison, pénètre dans le jardin et se retranche derrière l'habitation. J'appelle François Roussille. C'était un garçon de Versailles, qui avait un différend avec son père, un docteur qui a fait 14-18, et il voulait à tout prix rentrer chez lui avec la Croix de guerre. Je dis à Roussille : "Viens avec moi, on va grimper dans la maison et on va tirer sur l'auto-mitrailleuse par le haut". Mais il ne m'écoute pas : il s'agenouille et il arme son fusil lance-grenades. Les Allemands le voient et lui envoient un obus dans la poitrine. Roussille est projeté au milieu de la route. [...]

Nous étions trois en tête : le caporal Blanchard à gauche, Billey au centre, devant, et moi à droite, légèrement en retrait. Une rafale est partie d'une cave sur la droite : les balles m'ont frôlé sans me toucher, mais Billey a été grièvement blessé dans le bas-ventre, et Blanchard a reçu une balle dans la cuisse, plus légèrement. [...] Nous voyons un canon de 37 mis en batterie. Depuis une maison, je tire au lance-grenades sur le canon, qui est mis hors d'usage. Un servant est tué d'un éclat au front, les trois autres se replient mais seront faits prisonniers. Pendant ce temps, l'auto-mitrailleuse s'est cachée derrière un garage. Elle tire sur nous. Une balle touche l'anneau-grenadière de mon fusil, un prisonnier près de moi reçoit des balles dans le bras et dans le pouce, Rondeau est blessé au genou."

8 h 

    La 3e section (sous-lieutenant Roignant) de la 1ère compagnie avait pris rapidement l'usine. Mais une contre-attaque allemande - une cinquantaine de fantassins appuyés par trois blindés - est rapidement lancée.

Caporal Jean Maire : "Voici que des hommes se replient : ce sont des blessés de la 3e section qui rejoignent le poste de secours. Le sergent Thomas, qui traîne sa jambe avec beaucoup de mal, nous apprend que plusieurs camarades sont tués, dont le caporal Roger Clément."

Capitaine Robert Vial : "Nous apercevons, par les perspectives des rues, un groupe compact ennemi qui se porte, au pas de gymnastique, du centre de la cité vers l'usine. [...] Très vite, la contre-attaque se développe : elle prend l'usine d'enfilade et parvient, en l'espace de quelques minutes, au contact de ma compagnie, qu'elle fusille du haut des fenêtres de grands bâtiments. [...] Il faut évacuer la baraque attenante à l'usine, où nous avons rassemblé les prisonniers. Mouvement périlleux que le chef de section exécute avec un sang-froid remarquable. [...]"


Henri Mielle (3e section, 1ère compagnie), de Perrancey, tué dans l'usine. (Collection familiale).


Devant l'école, avec la 2e compagnie

Soldat René Lambert (3e groupe, 2e section), Parisien engagé en Haute-Marne : "L'adjudant-chef Delattre m'a commandé d'aller, à travers les jardins, chercher des munitions pour le lance-grenades. A mon retour pour approvisionner les tireurs de la section, j'ai entendu un coup de feu. Et c'est un copain qui était en train de viser en direction des tireurs embusqués qui s'est fait tuer à mon passage. [...]"

Soldat Abel Mangin (2e groupe, 2e ection) : "L'adjudant-chef Delattre [...] a fait appel à [Roland Sanrey] qui faisait fonction de grenadier, celui-ci s'est mis en position à l'angle d'un bâtiment. Il n'a eu que le temps de s'agenouiller et ouvrir la culasse de son fusil, avant de s'affaisser, tué par une balle en pleine tête."

Caporal Seigle (3e groupe, 2e section) : "Roland Sanrey me dit vouloir lancer une grenade à fusil sur un tireur qu'il a repéré dans le clocher de l'église. Malheureusement, il n'aura pas le temps de tirer car, repéré lui aussi, il est tué d'une balle en plein front par ce tireur qui embête tout le monde. (3) [...] Notre chef de section, lui, a réussi à passer [la rue], mais le sergent-chef Jeanjean, qui arrive avec quelques hommes, est blessé en essayant lui aussi."


Le grenadier Roland Sanrey, tué par un sniper. (Collection Bernard Sanrey).

Soldat Jean Collot (3e groupe, 3e section) : "Ballu, un camarade, tombe dans un jardin, aussitôt deux volontaires partent le chercher, quand le "Chleuh" d'en face, non content, tire sur les sauveteurs, et c'est un râle que l'on entend, car seul, Ballu est à nouveau touché, et arrivé près de nous, il meurt. Il était l'aîné de onze enfants." (3)


Le fonctionnaire caporal Georges Ballu. (Collection familiale). 

9 h.

    Un char ennemi intervient dans le cente de Sainte-Barbe.

Soldat André Herdalot (section de commandement, 2e compagnie), de Veuxhaulles-sur-Aube (Côte-d'Or) : "Un de mes camarades et moi-même tirons dessus. Mais le char ouvre le feu sur nous avec son canon et ses mitrailleuses. Des camarades tombent. [...]"

Soldat Jean Collot (3e section) : "Le lieutenant Agniel qui nous commandait ce jour-là était derrière la maison, quand le caporal Verson lui demande sa carabine, afin d'en descendre un, dit-il. Il n'a pas le temps de tirer, une balle vient le frapper en plein ventre. [...] Ce pauvre gars râlera pendant plus d'une heure, demandant à boire près de nous."

JMO du I/21e RIC : "Le char allemand plusieurs fois pris à partie par nos rockets, est allé se poster au nord-est du village."

    Avec la 3e compagnie, devant la salle des fêtes (théâtre) et à l'extrême-droite de la cité...

Aspirant Thiabaud (3e section) : "C'est en abordant une [maison] que Robert Creux (16 ans et demi) est fauché par une rafale de mitraillette tirée d'un soupirail. Une dizaine d'Allemands sort ensuite de cette cave où se trouvaient également des civils. C'est la raison pour laquelle nous évitions de grenader systématiquement les caves ou de tirer au rocket, de peur de tuer et blesser des civils."

Soldat Jean Guillon (3e section) : "Robert [Creux] a été tué dans la maison, à l'assaut de l'étage côte à côte avec Combre. Marchetti et moi étions au pied du perron. La rafale, les rafales devrais-je dire venaient du haut et non du larmier, nous étions assez bien placés pour en juger. Creux aurait reçu les deux rafales, la seconde dans sa chute, au cours de laquelle il a heurté le caporal à un bras. [...] Régnait alors pas mal de confusion puisque nous apprenions aussi la mort d'Amode Dominici. Roger Georges a vu les deux Allemands sauter d'une fenêtre du haut [...], sûrement ceux qui venaient d'abattre Creux. Il les a canardés sans succès."

Aspirant Thiabaud : "A 9 h 30, ma section borde les lisières Sud de la Cité Sainte-Barbe."

    Près de la salle des fêtes, l'auto-mitrailleuse se montre toujours aussi redoutable par ses tirs.

Louis Oudin (5e groupe, 2e section), de Saint-Dizier : "René Petitpas a reçu une balle dans la région du coeur, et Hubert Marsault une balle dans la cuisse. "Ca y est, je suis touché", a crié Petitpas. Je lui ai dit : "Ne t'inquiète pas, attends, les infirmiers vont arriver !" Mais il a appelé sa mère, et il est mort."

    Le sergent-chef Jean Vignole et des hommes de la section Bernard progressent dans une rue.

Soldat Jean Dorckel (1ère section), de Saint-Dizier : "Une fusillade est partie du larmier de la cave. Vignole a été tué, Krzemenski blessé."

Soldat Aimé Poirot (1ère section) : "Krzemenski était père de cinq ou six enfants. Il a été touché au bras et à l'épaule, et il me suppliait : "me laisse passe, Mémé !"

Soldat Dorckel : "On est parvenu à rentrer dans la maison, on a ouvert la trappe qui mène à la cave et là un Alsacien, en allemand, les a fait sortir. Ils étaient deux, ils n'avaient pas 20 ans. Auzimour, à travers le soupirail, donnait à un des deux un coup de Thompson à l'estomac. Il était fou de rage, il criait "c'était mon copain ! C'était mon copain !". Les deux Allemands disaient "Polski ! Polski !". Mais ils portaient la croix de fer, et ils avaient des mitraillettes russes."

Sergent André Héno (5e groupe, 2e section) : "[Ils] n'avaient plus d'armes et s'étaient rendus. Un officier les a rassemblés dans la cour du théâtre, leur a demandé de faire leur prière et, malgré mon intervention personnelle, les a bel et bien descendus sans autre forme de procès. Vignole était mon ami, nous venions tous deux d'Afrique du nord. Il avait laissé au cours de notre passage en Algérie en 1943 et 1944, une fiancée qui l'attendait à Lapasset en Oranie."


Trois hommes de la section Bernard : Bernard Moginot, caporal Pierre Blanchard,
Gilbert Hinderschiett.

10 h 30.

    La salle des fêtes est enfin occupée, le PC de la 3e compagnie s'y installe. Concomitamment, les blindés du Régiment colonial de chasseurs de chars (RCCC) parviennent enfin à pénétrer dans la cité pour appuyer les fantassins.

Adjudant Georges Chapron (SME, 3e compagnie), de Saint-Dizier : "Nous préférons que les chars nous fassent appui d'artillerie avec leurs pièces de 76. Quand nous avons repéré une fenêtre ou un ennemi qui est caché, nous leur indiquons et cela ne dure que l'espace d'un instant : ni bas de mur ni bonhomme ne restent".

Caporal Seigle (2e compagnie) : "Au bout d'un quart d'heure, il y a déjà beaucoup de dégâts, des maisons brûlent en dégageant de la fumée. D'un bond, nous quittons notre position, traversons la rue pour entrer dans l'école. Je vois des Allemands en tenue blanche s'enfuir, nous leur tirons dessus. Ils sont empêtrés dans les haies des jardins. Mon groupe FM reçoit l'ordre de pénétrer dans le sous-sol de l'école."

11 h 15.

JMO du bataillon : "Un assaut vigoureux de la 2e compagnie après tirs très efficaces des TD et de la CCI enlève l'école." Là, dans le sous-sol, sont réfugiés environ 300 civils.

Capitaine Vial : "Girardon, sans avoir bien compris ce qui lui arrive, est d'un seul coup saisi par les épaules, porté en triomphe dans la cave aux vastes dimensions."

Soldat Herdalot (2e compagnie) : "Nous demandons l'appui des TD qui tirent aussitôt sur l'école et l'église. Le char allemand se retire, nous tirons au rocket sur l'école, puis avec un groupe de la 1ère section [lieutenant Marcel Girardon], nous la prenons d'assaut (cinq prisonniers)."

Soldat Collot (2e compagnie) : "Le caporal Leca a le doigt coupé par une rafale, le sergent Roy a un petit éclat près de l'oeil, Psonack est défiguré et mourra. [...] Nous arrivons enfin à l'église, après avoir traversé un terrain entièrement nu, tout est dévasté, seul un autel avec la Vierge et Jésus, en bois, est intact."

Midi.

    Devant l'usine Théodore, la situation de la 1ère compagnie, après son repli, reste délicate.

Caporal Maire : "Nous commençons à nous organiser un peu mieux. Quelques moellons qui traînent sur place servent à édifier un muret qui va nous protéger. [...] Lhotel, du 4e groupe, vient de prendre une balle dans le bras droit. Il a très mal. [...] A une centaine de mètres à notre gauche, au sommet du crassier, une mitrailleuse a été mise en batterie. Mais les servants ont du mal à utiliser leur arme car ils sont repérés et dès qu'ils font dépasser leurs têtes, ils sont ajustés avec précision. [...] Le caporal Jean Duport, notre chef de groupe, veut essayer d'observer. Il se met debout, laissant dépasser sa tête au-dessus du tas de bois qui le protège. Au bout de quelques secondes, nous le voyons tomber à la renverse. Son casque roule à côté de sa tête et en plein milieu de son front apparaît un trou d'où le sang commence à s'échapper. [...] Encore quelques minutes, un dernier râle, et c'est la fin."

Début d'après-midi.

    2e et 3e compagnies reprennent leur progression en direction de la partie Nord de Sainte-Barbe, où l'ennemi est toujours retranché.

Capitaine Vial : "Atteint d'une balle au genou, le soldat Hennequin rampe sous les trajectoires tendues. Croulant de fatigue, il s'arrête au milieu d'une rue. Le sergent-chef Noguera, un excellent joueur de rugby, l'observe du coin de la maison voisine : il s'élance, le ramasse sous un feu d'enfer, le dépose à l'abri, plonge par-dessus la clôture d'un jardinet où il se retrouve au milieu du groupe de commandement, nez à nez avec le capitaine Chabot qui l'attrape... et le félicite."

Soldat Jean Dubreuil (tireur FM, 3e section, 2e compagnie), de Bricon (Haute-Marne) : "J'ai été blessé d'une balle de parabellum tirée d'une fenêtre de cave en traversant la rue. Mon premier chargeur, Emile Nottebaert, de Froncles, natif du Nord, a pris ma place au FM."


Le tireur FM Jean Dubreuil, de Bricon, blessé par une balle. (Collection J. Dubreuil).


16 h. 

Soldat Jean Collot (3e section, 2e compagnie) : "Nous sommes encore bloqués dans une maison. Emile Nottebaert essaie de mettre en batterie son FM, il prend une balle dans le front. [...] Un gars montre son nez à la porte, de l'autre côté de la rue, il s'enhardit, mais les Boches l'ont repéré, et il s'écroule, une balle dans la jambe. [...] Quelques-uns des nôtres traversent la rue, la maison où ils sont, aussitôt repérée, prend quelques obus. Le sergent Roy, s'aventurant derrière, est tué."

Soldat Abel Mangin (2e section, 2e compagnie) : "Je me suis rendu à l'église, j'ai remarqué de nombreux corps et parmi ceux-ci, j'ai reconnu la chevelure blonde du sergent Roy, que j'avais vu cinq minutes avant : il venait d'être tué par un Allemand qui était posté dans une descente de cave."

Soldat Bernard Moginot (tireur FM, 1ère section, 3e compagnie) : "Je n'avais plus de munitions. Je me suis levé, je me suis caché derrière le mur de la maison pour recharger le fusil-mitrailleur, et j'ai reçu une balle dans la cuisse. Je n'y croyais pas. En réalité, c'était une balle perdue qui a ricoché contre le volet. Si j'étais resté à genoux, je la prenais en pleine tête !"

Soldat André Herdalot (section de commandement, 2e compagnie) : "A 6 heures et quart du soir, les derniers Allemands se rendent, le char et une auto allemande brûlent. [...] Pendant cette journée, ma compagnie a perdu 46 hommes : 35 blessés et 11 tués."

Capitaine Vial : "Vers 16 h, descendu de son char pour mieux guider le tir de son canon contre un ennemi qui se camoufle adroitement, Ricour (4) est atteint, comme Turenne, d'un obus en pleine poitrine, qui le coupe en deux.La lueur de départ du coup qui l'a brisé, trahit son adversaire que le tank-destroyer détruit dans la seconde qui suit."

16 h. 

    La 1ère compagnie repart à l'assaut de l'usine Théodore, perdue dans la matinée. Elle est appuyée par un peloton du 2e régiment de chasseurs d'Afrique.

Caporal Maire : "Au cri "En avant !", tout le monde s'élance en gueulant. Les chars soutiennent notre progression par leurs tirs. [...] Derrière moi, j'entends crier "En avant ! Allez-y les gars". C'est notre capitaine Vial qui [...] avance lui aussi à grandes enjambées, le colt au poing, sans casque, et le sourire aux lèvres...."

Capitaine  Vial (5) : "Une attaque grand style est montée pour l'enlever d'un seul coup. [...] Au moment même où tombe la nuit, l'usine est prise d'un seul élan : il ne reste plus qu'à réduire durant la nuit des résistances sporadiques qui se réveillent de temps en temps."

18 h. 

Soldat Mario Marchetti (3e section, 3e compagnie), de Bar-le-Duc : "Nous n'avions pas dormi depuis 36 heures. Après une nuit dans les bois et une journée terrible, nous n'avions rien mangé depuis hier hier soir."

Sous-lieutenant Robert Bocquillon (2e section de mitrailleuses, compagnie d'accompagnement), de Chaumont : "A 2 h du matin, mort de fatigue, je m'affale sur une paillasse dans une baraque de jardin. [...] J'avais dormi seize ou 18 heures d''affilée..."

Pertes du bataillon : 32 tués, 83 blessés (dont six décèdent), six disparus. Au II/21e RIC (commandant Jean Whitehouse) qui a pris part également à la fin des combats, la 7e compagnie déplore cinq tués. Outre le lieutenant Ricour au RCCC, le médecin-auxiliaire Jean Avinier, du 25e bataillon médical, a été tué durant la journée, tandis que le lieutenant-colonel Henri Delteil, adjoint au chef de corps du 21e RIC, était blessé dans la matinée.


Des vétérans haut-marnais du 21e RIC, en 2005, devant le monument de Cité Sainte-Barbe.
(Photo Lionel Fontaine).


Marsouins du I/21e RIC tués, blessés, prisonniers à Sainte-Barbe (liste non exhaustive)

1ère compagnie. 

Tués : caporal Roger Clément, caporal Jean Duport, René Grime, Gilbert Lecomte, Henri Mielle, Jean-Baptiste Raspès. Blessés : sergent-chef Marcel Contestabile, André Guénot, Paul Letuppe (décédé), sergent-chef Laure, Lhotel, sergent Gilbert Thomas. Prisonniers : Charlier, Nadeau, Pignal.

2e compagnie. 

Tués : Georges Ballu, Robert Doffin, Roger Drioux, caporal Guy Leroy, Pierre Mathis, Emile Nottebaert, sergent Jean Roy, Roland Sanrey, caporal Louis Verson, Blessés : André Delanne (décédé), Jean Dubreuil, Gilles Guichard, François Habermarcher, adjudant-chef Georges Holveck, sergent-chef Maurice Jeanjean, Roger Jouanne, Jules Lamontagne, caporal Jean Leca, Lucien Martin, René Nourdin, Jean Paleur, Eugène Patris, André Pernot, René Picard, Jean Prodhon, Bronislas Pszonack (décédé), Marius Ramillon, caporal Guy Seigle.

3e compagnie. 

Tués : Fernand Billey, sergent Emile Crelerot, Robert Creux, Joseph Decombe, Marceau Feit, Joseph Ferrer, sergent Maurice Landivaux, Roger Levallois, René Petitpas, René Rihn, Raymond Rousset, François Roussille, Anicet Vanaquer, sergent-chef Jean Vignolle, Blessés : Michel Baretge, caporal Blanchard, Demoullin (décédé), Amode Dominici (décédé), capitaine Jean Eon, Robert François, adjudant-chef Jean Gérin, Grattesol, René Jubeau, Krzemenski, Raymond Leclerc, caporal Hubert Marsault, Lucien Minot, Bernard Moginot, Louis Oudin, Pernoud, Jean Renaud, Paul Rivault, Roger Rondeaux, (sergent ?) Rouzier, Stanislas Rosanski, lieutenant Edmond Thouvenot, Vasseur.

Compagnie d'accompagnement. Tué : Serge Hemonnot. Blessé : Maurice Delacroix.

Compagnie de commandement. Blessés. Jacques Lasdrat (décédé), René Nicard.

Unités non définies. Tués : Jacques Berthomeau, François Duigou, Adrien Houeix, Henri Osmenda, Lucien Pitre, Camille Vincent (2e compagnie ?), René Vivier (2e compagnie ?). Blessé : sergent Maurice Boudeville. 


Le service de santé du I/21e RIC, à Sainte-Barbe. (Coll. M. Heckenroth).



(1) Le caporal Guy Leroy.

(2) Il s'agit du groupe du sergent Maurice Landivaux qui perd quatre tués (sergent Landivaux, Roger Levallois, Raymond Rousset, Anicet Vanaquer), trois blessés (Lucien Minot, Jean-Louis Renaud, Paul Rivault), trois rescapés (Monso, caporal Jean Régin, Joseph Sguerra).

(3) Georges Ballu était originaire de la Mayenne.

(4) Lieutenant Robert Ricour, du RCCC.

(5) Le capitaine Robert Vial devait être grièvement blessé le lendemain par un éclat d'obus qui l'a rendu aveugle.


mercredi 15 janvier 2025

La bataille de Colmar : 9 février 1945

 Secteur de la 9e DIC

    Relation de la 11e compagnie du III/21e RIC : "Les patrouilles révéleront que la plupart des résistances se sont repliées au cours de la nuit à partir de 2 h [...] ; le canal franchi facilement, la 9e compagnie est poussée jusqu'au village [de Bantzenheim] dont les derniers occupants sont capturés.

    A 8 h 45, le bataillon occupe Bantzenheim où il récupère un canon de 105 intact, quatre mitrailleuses et fait 19 prisonniers. Sans désemparer, la 9e compagnie pousse jusqu'au pont de Chalampé qu'elle atteint vers 10 h, au moment où les derniers soldats allemands regagnent en barque la rive droite du Rhin sous la protection de tirs nourris d'armes automatiques."

    I/21e RIC : A 6 h, la  3e section de la 3e compagnie marche en direction de la station de Bantzenheim. Aspirant Thiabaud : "Nous passons le canal en équilibristes, sur une poutre. Nous ramenons cinq prisonniers et atteignons la lisière Est de la Hardt. Le Rhin est à 2 km". André Herdalot (2e compagnie) : "Cinq Allemands se rendent d'eux-mêmes, ils ont le sourire aux lèvres." JMO du I/21 : "A 14 h, le bataillon reçoit l'ordre de rejoindre Ensisheim."

    Au cours des opérations, le régiment a déploré 86 tués, 238 blessés et neuf disparus. De son côté, le RICM a perdu cinq tués (quatre soldats du groupe d'escadrons portés et un aspirant du 3e escadron), 24 blessés (dont 22 du GEP). Il a fait sept prisonniers et a décompté dix cadavres ennemis, entre le 6 et le 9 février.

    Le groupement Vallin a pour mission de couvrir au sud la progression du 21e RIC en direction de Chalampé. JMO du 3e BZP : "L'attaque menée par le 21e RIC sur Chalampé n'offre aucune résistance. La 1ère compagnie du groupement Vallin pousse sur Bantzenheim et quelques éléments sont poussés sur Chalampé. Avec les coloniaux, Chalampé est atteint vers 11 h 30 sans difficulté". Vers midi, ordre est donné au bataillon de rejoindre Mulhouse.

  JMO du 23e RIC : "Ottmarsheim est atteint à 10 h, sans coup férir. Dix prisonniers sont faits. Chalampé est atteint par la compagnie Bertrand (2e compagnie). Le I/23 est immédiatement relevé par le II/23".

Secteur de la 2e DIM

    JMO du 5e RTM : "Aux premières heures du jour, le 1er bataillon occupe le village de Rumersheim [...] et va à son tour border le Rhin, au moment où une sourde détonation annonce la destruction du pont de Chalampé et la libération de l'Alsace."

mardi 14 janvier 2025

La bataille de Colmar : 8 février 1945


Maurice Lacroix, du I/21e RIC, tué le 8 février 1945 devant Bantzenheim.

 Objectifs Fessenheim et Blodelsheim

    JMO du 12e RCA : "L'attaque sur Fessenheim est déclenchée. Aussitôt les chars entrent en liaison avec les chars de la 1ère DB qui se préparent également à entrer dans Fessenheim mais dont deux venaient de sauter sur des mines. [...] Le village est occupé, l'ennemi l'a d'ailleurs en partie évacué à 5 h et seuls quelques isolés sont pris. [...] A 10 h, [...] le détachement de Lancquessaing et des éléments de la 1ère DB pénètrent [dans Blodelsheim]. [...] La 1ère DB prenait à son compte le couloir entre le Rhin et la forêt et à 15 h livrait un combat très violent en essayant de s'infiltrer dans Rumersheim encore fortement occupé. [...] Les opérations prévues des 1er et 2e escadrons (sous-groupement Massu) sont annulées après un début d'exécution par suite de la jonction réalisée avec la 1ère DB française. [...]". Depuis le 6 février 1945, le 12e RCA a perdu neuf chasseurs.

    JMO du 5e RTM : "Dans la nuit [...], Munchhouse est entièrement à nous. Le lendemain dans la matinée, une double manoeuvre de la 11e compagnie, partant d'Hirtzfelden, et de la 10e, débouchant de Roggenhouse, appuyées respectivement par les escadrons de Lambilly et d'Ussel, nous livre Fessenheim où la 11e fait la liaison avec les éléments de la 2e DB venus du nord, puis, à 10 h, Blodelsheim, sur lequel convergent deux groupements.

    Vers midi, la 11e compagnie occupe la maison forestière et la maison de navigation, qui contrôlent, sur le Rhin, le bac de Blodelsheim. [...]

    Malheureusement [...], le colonel Dewattre [...], venu se rendre compte de la situation, sautait, vers 15 h, sur une mine en quittant Blodelsheim. Très grièvement blessé, il est transporté à Mulhouse où il mourait dans la soirée."

    Agé de 44 ans, Charles Dewattre, né dans les Landes, était Saint-Cyrien. Vétéran des campagnes du Maroc et du Liban, puis de France en 1940, il s'était battu en Italie et avait pris le commandement du 5e RTM en décembre 1944. Titulaire de quinze citations, il est fait commandeur de la Légion d'honneur. Le lieutenant-colonel Jacques Gazounaud, du 8e RTM, lui succède le soir-même.

Objectif Bantzenheim

    JMO du 23e RIC : "Le I/23 et le II/23 envoient des reconnaissances et trouvent les écluses 43 et 44 légèrement occupées."

    JMO du RICM : "A 4 h, l'écluse 47 est encore tenue par l'ennemi. Mais à 8 h, une patrouille du GEP signale que Munchhouse est vide d'ennemis. L'écluse 47 est libre. Une patrouille poussée vers l'écluse 46 rencontre des ennemis qui décrochent. Munchhouse est occupé par le GEP à 8 h 30."

    JMO du 3e BZP : "[...] Le groupement Boispéan [repassé sous les ordres du commandant Vallin] reçoit l'ordre d'envoyer au lever du jour des patrouilles pour reconnaître la partie du secteur comprise entre l'écluse 46 et la cote 226,6 et entre les écluses 46 et 44.

    A 8 h 30, l'escadron Boispéan, le peloton de TD, la section du génie se portent aux lisières Ouest de la Hardt de part et d'autre de l'itinéraire Ensisheim - Chalampé. [...]

    Dans la matinée, le groupement commence l'établissement d'une tête de pont, au nord de l'écluse 46, qui est fortement défendue et minée. [...] Le génie construit un passage à l'écluse 46. Les chars légers, les chars moyens et quelques HT [half-tracks] franchissent le canal à l'écluse 46, dans le courant de l'après-midi."

    I/21e RIC : à 8 h 30, la 1ère compagnie (lieutenant Auvigne) se porte sur le canal Sud-ouest de Munchhouse pour relever le RICM. Sur le canal, Auvigne rencontre un officier supérieur qui lui donne l'ordre de foncer sur le carrefour 226, où deux prisonniers sont faits. JMO du bataillon : "Un peloton du RICM dépasse la 1ère compagnie pour aller reconnaître le pont de Bantzenheim sur le canal. Il est accroché par des armes automatiques"

    JMO du RICM : "Le détachement Aubinière (3e escadron, un peloton de TD, deux pelotons portés) franchit la passerelle à 11 h et dépasse l'infanterie du 21e RIC. Il disperse vers le carrefour 222 des éléments retardateurs armés de mitrailleuses légères. Le pont sur le canal de la Hardt est détruit ainsi que le pont 300 m Nord-est de 222. Des patrouilles sont envoyées aussitôt vers le pont 1 km Ouest de Bantzenheim, l'une le long du canal de la Hardt, l'autre sur la laie centrale passant par 222 puis par la route de Radbrunnen à Bantzenheim."

    Quelques prisonniers sont faits, mais "tous les ponts et ponceaux sont détruits. [...] A 14 h 30, l'escadron franchit le canal sur un passage de fortune en troncs d'arbres et terre. Le bataillon Sizaire qui l'a dépassé vers midi a été stoppé par des barrages violents d'artillerie et d'infanterie à la lisière Est [...] et ne peut déboucher. Le feux des TD, des chars légers et des canons d'assaut du détachement Aubinière sont mis à sa disposition, mais, faute d'objectifs précis, n'obtiennent aucun résultat."

    En effet, au III/21e RIC du lieutenant-colonel Sizaire, la 11e compagnie a atteint les lisières de la forêt et s'apprêtait à marcher sur Bantzenheim lorsqu'elle a été clouée au sol par de violents tirs d'armes automatiques depuis le remblai du canal. A la nuit, la compagnie, qui a pu décrocher, déplore 14 tués et 28 blessés, dont le capitaine Fernand Pech (qui succombe à ses blessures) et l'aspirant Jean Micolon, chef de section. 

    JMO du RICM : "Au cours d'une [patrouille pour rechercher un point de passage sur le canal au sud de Bantzenheim], l'aspirant de Tienda est tué par un tireur au fusil."

    Au I/21e RIC, qui a atteint les lisières Est de la Hardt à 16 h 30, un accrochage coûte à la 2e compagnie deux tués : le sergent Léon Porché et le soldat Camille Combray, Par ailleurs, un tir de harcèlement au mortier coûte la vie au soldat Maurice Lacroix, de la même unité. La nuit, froide et pluvieuse, est passée sur place. 

   Selon le JMO du 3e BZP, le bataillon est positionné au soir à 1 500 m à l'est de Radbrunner (1ère compagnie et chars légers), au puits de Radbrunner (2e compagnie, CA et chars moyens) et à l'écluse 46 (3e compagnie). Il a perdu quatre blessés dont le sergent-chef Vignal et le sergent Simon.

Objectifs Petit-Landau et Niffer

    Tandis que la brigade de spahis du colonel Brunot atteint Hombourg, le 151e RI du colonel Claude Jaeger (Michelin), successeur du colonel Fabien (Pierre Georges), se met en mouvement et arrive à Petit-Landau. Mais il a perdu de nombreux tués à cause des mines lors de sa progression (au moins six).     De son côté, le 19e BCP du lieutenant-colonel Albert Moillard, mis sur pied à Paris, se porte de Kembs où il tenait position depuis le 22 décembre 1944 sur Niffer. Les mines, les tirs d'artillerie tuent le sergent-chef Robert Beillot, Roger Desprez, Maurice Rousseau, Gérard Bianquis et Lucien Lalloz. Mais l'objectif est atteint.


lundi 13 janvier 2025

La bataille de Colmar : 7 février 1945


Un chasseur du 20e BCA en 1945. (Photo DR).
 

   Du nord au sud, d'ouest en est, les unités françaises de la 9e DIC, de la 2e DIM, de la 2e DB convergent vers le Rhin.

Objectif Fessenheim

    Le 6 février 1945, les éléments de la 2e DB engagés dans les opérations de Colmar ont subi des pertes notables en prenant le carrefour 197 (un char français du détachement Bort détruit, contre deux chars ennemis détruits, 150 prisonniers, des tués) et Obersaasheim (deux Panther détruits, 250 prisonniers par le détachement Fonde). Prochains objectifs : Heiteren et Fessenheim.

    JMO du 12e RCA : "A 5 h du matin, des tirs amis très denses venant de l'Ouest sur l'ouvrage 197 et les lisières Ouest d'Obersaasheim amènent une grande confusion. [...] A 8 h, un bataillon américain arrive en formation d'attaque à Obersaasheim. Nous apprenons que c'est à la demande du commandant de ce bataillon que les tirs ont été déclenchés sur nos positions pendant la nuit.

    A 9 h 45, débouchés simultanés du détachement Bort et du détachement Fonde sur Heiteren. [...] Le village [...] est pratiquement évacué. Dix prisonniers et un important matériel sont capturés."

    Puis Balgau est pris malgré la perte d'un nouveau char (une quarantaine de prisonniers).

    "Aussitôt l'axe déminé, le détachement Fonde est poussé sur Fessenheim. L'ennemi réagit de plus en plus violemment par son artillerie, en particulier à Balgau où nous avons des pertes sensibles.

    A 16 h, le détachement Fonde appuyé par un tir d'artillerie débouche et aborde Fessenheim largement sur l'Ouest. Il est alors violemment pris à partie par des armes anti-chars venant de Fessensheim et des bois de Fessenheim, tandis que des tirs directs d'artillerie présumés amis nous arrivent dans le dos, des bois du Hardtwald. Le char de tête du détachement Fonde arrivé à proximité du village est touché et brûle. Des tirs d'artillerie sont alors demandés sur les lisières du village mais la nuit tombe et l'occupation du village ne peut être envisagée avant la fin du jour. Le commandant du sous-groupement décide de remettre au lendemain la suite des opérations. [...]"

Objectif Blodelsheim

     JMO du 5e RTM : "Le 7, dès le jour, la 9e compagnie pénètre dans le bois Rothleible. La 10e compagnie s'installe à gauche. L'ennemi est vite retrouvé : il s'est retranché derrière le canal du Rhône au Rhin, dont il tient solidement les points de passage, notamment l'écluse 49 située dans l'axe de marche de la 9e. Pendant toute la matinée, il soumet le bois à un bombardement intense d'obus. [...]

    Devant le 1er bataillon, qui a pris pied lui aussi dans les bois au sud du canal, la situation est identique. Vers 16 h, sous les coups conjugués des mortiers du lieutenant Raval et de canons du lieutenant Gien [...], les Allemands lâchent pied. [...]

    Dans la nuit tombante, la progression est reprise aussitôt. Elle rencontre les pires difficultés. Les écluses ont sauté, les abords du canal sont infestés de mines. Le sergent Millot, envoyé à l'écluse 49 à la tête d'une patrouille, est grièvement blessé. Le capitaine Gardes est atteint peu après. Le sous-lieutenant Béziat a un pied arraché, les brancardiers qui l'évacuent sautent à leur tour. [...] Vers 21 h, enfin, la 9e compagnie atteint Roggenhouse, où elle fait sa jonction avec la 10e qui a franchi le canal plus au nord, à l'écluse 50. [...]"

 Objectifs Battenheim, Bantzenheim

    Historique du 23e RIC : "Le 23e RIC reçoit mission de s'emparer de Battenheim d'abord, puis de poursuivre jusqu'au Rhin en traversant la redoutable forêt de la Harth. [...] L'Ill, notamment, que borde Battenheim, s'étale sur plus de 100 mètres dans les prairies environnantes en roulant des eaux tumultueuses. Trente-six heures durant, à la ferme Saint-Georges, les pionniers régimentaires [...] s'acharnent à la construction d'une passerelle sous le feu ajusté de l'artillerie ennemie bien au courant des points de passage propices.

    Enfin, dans la matinée du 7, un à un, sur une passerelle de fortune, la 2e compagnie s'infiltre et gagne tout d'abord le Moulin d'Adolsheim, libre d'ennemis." 

    JMO du 23e RIC : "Après un franchissement très pénible, le I/23 à 14 h 20 est au Moulin et à Battenheim. Dans la nuit du 7 au 8, le II/23 relève le groupement Quinche à Battenheim et Baldersheim face à la forêt de la Harth. Le III/23 s'installe à Mulhouse (caserne Lefebvre)".

    RICM : à 3 h 40, le lieutenant-colonel Louis Le Puloch rend compte que les écluses 47 à 49 ont sauté. L'objectif est de franchir le canal du Rhône au Rhin au sud de Munchhouse, puis de jeter une passerelle de 17 tonnes à l'écluse 47. L'heure H du franchissement par le groupe d'escadrons portés (GEP) est fixé à 18 h.

    JMO du RICM : "12 h. Au cours de la préparation, l'artillerie tire court. Un médecin du génie est tué. Une conductrice sanitaire et quelques hommes sont blessés à 600 m du canal. Face au layon Nord, la réaction ennemie est très forte. Après deux tentatives vaines, la passerelle est lancée jusqu'à une péniche échouée. [...] Le chef du groupe de tête, le caporal Bohin, saute, mais en arrivant à terre tombe sur une schuhmine, le reste du groupe est tué ou blessé sur la péniche."

    A 19 h, le capitaine Sartout, commandant le GEP, estime que la tentative a échoué. Mais à 20 h 30, trois pelotons ont réussi à franchir le canal.

    JMO du 3e BZP : "[...] Le groupement Boispéan pousse en direction de la cote 229 (sud de l'écluse 46 sur le canal du Rhône au Rhin."

Forêt de la Hardt

    Les unités qui défendent depuis de nombreuses semaines la forêt de la Hardt se mettent à leur tour en mouvement.

    Vers 9 h, la 3e compagnie du 31e BCP fait prisonnier un lieutenant allemand et apprend le décrochage ennemi. En raison des mines, le caporal-chef De Berchem, dont le fils est également engagé, et le chasseur Robert Bihler, tout juste 18 ans, sont mortellement blessés, le capitaine Moutte, l'adjudant-chef Bertrand et le chasseur Sibold sont touchés, les deux derniers grièvement. Mais le 31e BCP parvient à progresser de 3 km et atteint son objectif à la nuit.

Sources complémentaires : archives du 12e régiment de chasseurs d'Afrique, GR 12 P 120, SHD, Vincennes.

   

    

    


jeudi 9 janvier 2025

La bataille de Colmar : nuit du 5 au 6 février 1945 et 6 février 1945


Maurice Noirot (21e RIC), grièvement blessé à Ensisheim.


 Secteur du 21e RIC - 1ère DB - Ensisheim

    Un char Panther apparaît devant les hommes du commandant Sizaire. Soldat Antoine Grimaldi (9e compagnie, III/21e RIC) : "Nous voyons nettement le canon se lever, puis c'est le fracas et la lueur du coup. Au-dessus de nos têtes, un vrombissement monstrueux. Loin derrière nous l'obus éclate. Ce sera le seul."

    Soldat Maurice Noirot (compagnie anti-chars, 21e RIC) : "Je voulus bien me placer pour tirer [sur le char] avec efficacité. C'est à ce moment-là que je fus terrassé par une grenade offensive lancée sans doute depuis l'autre côté de la rue." Le volontaire haut-marnais est grièvement blessé à l'oeil gauche qu'il perdra. 

    Le blindé recule soudainement et s'embourbe dans le canal. 

    Soldat Guy Legrand (compagnie d'accompagnement, III/21e RIC) : "Autour de nous, partout de l'eau, la crue augmente toujours. On entend les voltigeurs qui barbotent, en jurant, dans l'eau glacée."

    6 février 1945, 5 h. Ensisheim, dont l'hôpital a été occupé par la 11e compagnie, est libre. Le III/21e RIC a perdu trois tués et 22 blessés durant ces opérations. Sur le pont de l'Ill, le commandant Sizaire tend la main au général Salan.

    Le génie du CC1 de la 1ère DB construit un pont classe 16 qui est terminé à 15 h, tandis que le génie du corps d'armée édifie un pont pour véhicules de 40 tonnes.

    JMO du 3e BZP : "Le régiment de reconnaissance de la 9e DIC, l'escadron André du CC1 franchissent le pont classe 16 à partir de 15 h 30." Puis la 3e compagnie de zouaves et l'escadron Boispean le passent à 17 h 30 avec pour objectif d'atteindre le canal du Rhône au Rhin au sud de l'écluse 46.

    JMO du 23e RIC : "A 9 h 30, ordre est donné au I/23 de franchir l'Ill et de faire pousser des patrouilles en direction de Battenheim. Passage de la rivière impossible par suite de la montée des eaux."

    Secteur de la 9e DIC - RICM

    Le Régiment d'infanterie coloniale du Maroc, régiment de reconnaissance de la 9e DIC, n'a pas encore été engagé durant les opérations de Colmar. Depuis le 3 février 1945, le groupe d'escadrons portés (GEP), formé en octobre 1944 par des volontaires du Doubs (FFI du Lomont), s'était installé à Modenheim. Le RICM du lieutenant-colonel Louis Le Puloch est enfin lancé en avant ce 6 février 1945.

    Le RICM est chargé d'éclairer le groupement Salan entre l'Ill et le canal. Il détache le 2e escadron de reconnaissance au CC1 de la 1ère DB et reçoit l'escadron de reconnaissance du 3e RCA (cf. JMO du 3e BZP).

    Compte-rendu d'opérations du RICM : "Le pont de 17 tonnes d'Ensisheim est achevé à 16 h. A 16 h 30, il est franchi par le détachement D1 (escadron du 3e RCA et un peloton porté du RICM)", suivi par le détachement D2 (4e escadron du capitaine Pol, trois pelotons portés et un peloton de chars légers).

    "A l'ouest de l'écluse 47, le détachement Pol est accueilli par des tirs d'automoteurs, de minen et d'armes automatiques. Un peloton à pied confirme que l'écluse 47 est sauté". De même, le peloton du lieutenant Maurier annonce que l'écluse 48 a sauté également. Au cours d'une patrouille, "l'aspirant Georges saute sur une tellermine, est blessé à la tête". 


Secteur de la 2e DIM

    Le 5e régiment de tirailleurs marocains, commandé par le colonel Charles Dewattre, vient d'occuper Ungersheim, atteint l'Ill et se dirige sur Reguisheim.  

  JMO du 5e RTM : "Tout le 3e bataillon, reçu avec enthousiasme par la population, se trouve dans Reguisheim, où il cueille quelques Boches oubliés ou attardés. [...] Les unités sont aussitôt décuplées en direction de Hirtzfelden et Roggenhouse. [...] La 9e compagnie parvient à la chapelle de Semersheim, mais toutes ses tentatives pour en déboucher en direction du bois de Rothleible, dont la lisière est tenue, demeurent vaines. La 11e compagnie, plus heureuse, s'empare de la maison forestière, traverse le bois et occupe Hirtzfelden à 21 h.

    Le 1er bataillon, ramené à Reguisheim pur y franchir l'Ill, a déboîté vers le sud en direction de Munchouse. Il s'est heurté à de fortes résistances établies dans le bois. [...]"


2e bataillon de choc - 31e BCP - 1er et 5e BCP

    Partie de Mulhouse, la 2e compagnie (capitaine du Ménil) du 2e bataillon de choc met la main sur Sausheim, où le commandant Berger établit son PC, et la 4e compagnie se porte sur Baldenheim. "Occupation rapide du village, il vient d'être évacué", note le capitaine Lucien Auvray.

    En forêt de la Hardt qu'il défend depuis le 29 janvier 1945, le 31e BCP du capitaine Audibert commence à sortir de ses positions pour tâter le dispositif ennemi. Il s'agit de l'ancien - et éphémère - 1er BCP issu de la fusion des 1er et 2e BCP mis sur pied à partir du Groupe mobile d'Alsace et du Bataillon Rapp. Le canal de Huningue est franchi par des patrouilles. Au cours d'accrochages, le sous-lieutenant André Maujean et le sergent Marcel Lorentz sont tués, le caporal René Welterlin est mortellement blessé. Un champ de mines empêche d'aller chercher leurs corps, ce qui sera tenté à la faveur de la nuit, au prix de nouvelles pertes. Le caporal-chef Louis Turini, dit Boularand, "bien que grièvement blessé, mais n'écoutant que son courage, cherche à poursuivre sa mission ; il vient à peine de faire quelques mètres, qu'une mine explose, lui arrachant à la jambe droite (1)" (historique du 31e BCP).

    A la 4e demi-brigade de chasseurs, dans le secteur de la 4e DMM, une perte notable est déplorée : celle du lieutenant Emile Devaud, de la compagnie hors rang. Tentant "de ramener les corps de deux sous-officiers tués par mines le 25 janvier, [il] saute lui-même sur une mine" (historique de la demi-brigade).

(1) Turini décède de ses blessures.

Sources complémentaires : archives du 31e BCP, GR 13 P 69, SHD ; archives du RICM, GR 13 P 258, SHD ;  "Blodelsheim", journal Rhin et Danube, février 1994.


mercredi 8 janvier 2025

La bataille de Colmar : 5 février 1945



 Secteur de la 9e DIC

    Notes du capitaine Jean Surun (6e compagnie, 2e bataillon, 21e RIC) : "La 6e compagnie est chargée de nettoyer le bois de Réguisheim, effectué sans encombre. Attaque du quartier Ouest de Réguisheim par un groupement blindé et recevons violents tirs d'artillerie et de mortiers."

    JMO du 3e BZP : "Des prisonniers capturés [...] déclarent que leur chef de bataillon et des camarades se sont repliés en franchissant l'Ill à la nage, dans la nuit du 4 au 5.

    A 12 h, le franchissement de la rivière est tenté en utilisant un canot pneumatique prêté par les coloniaux. Cette opération échoue, une résistance se révélant dès le début. [...]"

      6e compagnie du II/21e RIC : "Dans l'après-midi, la compagnie reçoit l'ordre de transporter des canots pneumatiques afin de faire tête de pont vers l'Ill. Position d'attente. Tirs d'artillerie ennemis, plusieurs blessés. La 5e compagnie est sévèrement touchée aussi."

    17 h 05 : opération de franchissement de l'Ill depuis le bois de Réguisheim. Six canots transportent la 5e compagnie (capitaine Ernest Brin) du II/21e RIC. Une embarcation est touchée par des éclats d'obus, une chavire (sept noyés), la troisième dérive.

    17 h 20 : opération de diversion par la 2e section (sous-lieutenant David) de la 3e compagnie du I/21e RIC. Le courant est trop rapide, le canot transportant le groupe du sergent André Héno part à la dérive et accoste à 2 km du lieu d'embarquement. 

    17 h 30 : franchissement de l'Ill par le III/21e RIC (commandant Robert Sizaire). Les tirs d'artillerie causent 18 tués et blessés à une section de la 10e compagnie.

    Secteur des Vosges

    Il est 5 h 30 lorsque se produit, à Rouffach, la jonction entre les Français et les Américains, assurant ainsi la fermeture de la poche des Vosges.

    Dans le secteur du groupement Nord des Vosges, la 8e compagnie du 2e bataillon du 1er Régiment de Franche-Comté arrive à 7 h 30 à Mittlach, où sont déjà présents des goumiers du colonel Massiet-Dubiest et des éléments du 5e RI, puis parvient à Metzeral à 9 h. Les zouaves du commandant Gustave Lhermite sont eux à Munster. La liaison y est réalisée à 10 h 30 avec la 11e compagnie du III/5e RI, laquelle réalise également la jonction avec les Américains à Gunsbach.

    Tandis que le Hohneck est nettoyé, le groupement Centre pousse sur Linthal. "Le chef de bataillon, accompagné du capitaine Malterre, du capitaine Thomas et de l'aspirant Lacroix, montent au Markstein où ils arrivent à midi", note le JMO du III/24e RI. En mouvement depuis la veille, le commando Miler du Corps franc Pommiès atteint Linthal à 17 h, après avoir établi le contact avec une patrouille de blindés de la 4e division marocaine de montagne. Rattaché à cette division, le 5e BCP explore l'Hartmannswillerskopf, si cher au coeur des chasseurs.


    

La 10e division d'infanterie (1944-1945) : deuxième partie


Les éléments de la 10e DI présentés au ministre Diéthelm. (photo ECPAD)


 Plutôt que de rester positionnés dans les Ardennes, les éléments de la 10e DI sont dirigés sur la 1ère armée française. Un changement de destination qui s'explique par le repli des troupes américaines ordonné par le général Eisenhower à la suite d'une offensive allemande en Lorraine dans la nuit du 31 décembre 1944 au 1er janvier 1945. La 10e DI - du moins une partie non négligeable - a été appelée pour permettre à la 3e division d'infanterie algérienne d'aller défendre Strasbourg.

    C'est en train que le 5e RI, qui était à Auvillers-les-Forges (Ardennes), est dirigé sur la région de Remiremont (Vosges). Il débarque les 6 et 7 janvier 1945 à Saint-Nabord, où le III/5e RI et les unités régimentaires, parties de Paris le 8 janvier 1945, vont le rejoindre. 

    Même parcours pour le 24e RI du lieutenant-colonel Bablon. Arrivé à Signy-le-Petit (Ardennes) le 30 décembre 1944, affecté à la recherche de parachutistes, le 3e bataillon du commandant Deynoux embarque dans les wagons le 3 janvier 1945 au soir. Terminus Saint-Nabord. 

    Rapidement, le 5e RI monte en ligne dans les Vosges, secteur dont le colonel Emblanc commandera le sous-secteur Nord. Le 9 janvier 1945, tandis que le sous-lieutenant Emile Caumont est mortellement blessé dans un accident de la route près de Nancy - le lieutenant Sablot et le sous-lieutenant de Margerie sont blessés -, le I/5e RI du lieutenant-colonel Hucher prend position au-dessus de Gérardmer. Trois sections de la 2e compagnie défendent le point d'appui de Balveurche, une autre est au Collet avec une section du 2e bataillon du 9e régiment de zouaves, la 3e compagnie est au PA du Grand Valtin, une section de la CA est à la maison forestière de Belbriette, la 1ère compagnie et la CA au barrage de Xonrupt, enfin le PC et la compagnie de commandement à Parigoutte. "Notre unité était la dernière en liaison avec le 21e corps américain", précise Jean Vantin, jeune volontaire de 17 ans de la CA 1 (capitaine Robert Thominet). 

    Le 13 janvier 1945, tandis que le capitaine Caillon (II/5e RI) rejoint le I/5e RI, le soldat Michaux (ou Michot), agent de liaison, est porté disparu entre le Grand Valtin et Xonrupt - il a été capturé.

    Le lendemain, des tirs de mortiers s'abattent sur l'observatoire de Balveurche. Le sergent Viebranet est tué, l'adjudant Lebas et le soldat Jean-Baptiste Antonini, 17 ans, sont blessés (Antonini meurt de ses blessures à Gérardmer le 15 janvier 1945).

    Dans la nuit du 13 au 14 janvier, c'est au tour du III/24e RI de monter en ligne, non pas dans les Vosges, mais en Alsace, dans le secteur d'Urbès où il relève le 1er bataillon du 1er régiment de tirailleurs marocains. Passées par le col de Bussang, les compagnies (lieutenant Thelliez, capitaine Albert Delarra, capitaine Alfred Wihlm, capitaine Pierre Malterre, capitaine René Thomas) s'installent à Fellering, Wesserling et Ranspach, sur la nationale 66 qui relie Le Thillot à Thann. 

    La même nuit, le II/24e RI du commandant Schweitzer remplace le bataillon de tirailleurs Chauveau, toujours dans la vallée de la Thur, dans la région d'Oderen et Fellering. Le 17 janvier 1945, l'aspirant Boete est blessé, et le 19, un soldat du bataillon Schweitzer est tué.

    A noter que parmi les éléments de la 10e DI - renforcée par la 4e demi-brigade de chasseurs du commandant André Petit - débarqués dans les Vosges, figurent des hommes de la compagnie mixte de transmissions 10/84, parmi lesquels Claude Barbier. 

La bataille de Colmar

    Le 20 janvier 1945, la 1ère armée française lance la bataille pour réduire la Poche de Colmar. Les troupes du secteur des Vosges sont chargées pendant ces opérations d'empêcher les troupes allemandes en position sur les hauteurs de décrocher en direction de la plaine d'Alsace. Période qui n'est pas du tout repos, en témoigne cette chronologie.

    Rappelons les emplacements des unités de la 10e DI, renforcées par le 1er Régiment de Franche-Comté, les I et II/51e RI, le Corps franc Pommiès, le 1er Régiment du Morvan : le I/5e RI (Hucher) entre Gérardmer et La Schlucht, le III/5e RI (Devillars) à Wildenstein, le III/24e RI (Deynoux) à Oderen et Fellering, les 1er et 5e BCP puis le I/24e RI (Lhuillier) à Willer-sur-Thur (Oberfeld).

20 janvier 1945. Trois blessés par mortier au III/24e RI.

21 janvier 1945. Dans la nuit du 21 au 22, le III/5e RI relève le 3e groupement de tabors marocains, vers les fermes Schaffert, Bramont et Kleinruntz (PC à Wildenstein). Le sergent Henri Parent est tué.

22 janvier 1945. Une patrouille du II/24e RI (Schweizer) est harcelée au pied de la cote 585. Elle se retire avec cinq blessés, laisse un mort et un blessé prisonnier.

24 janvier 1945. Un blessé par mortier au III/24e RI.

26 janvier 1945. "Deux tués et quatre blessés légers à la 3e compagnie au cours d'une patrouille", note le JMO du I/5e RI qui déplore la mort de Marcel Leclerc et Raymond Milon près du Valtin. En ce jour de tempête de neige, le I/24e RI (capitaine Lhuillier), débarqué deux jours plus tôt à Masevaux, commence à relever le 1er BCP à Willer-sur-Thur.

27 janvier 1945. Le II/5e RI relève le II/9e zouaves au Collet et au Chitelet (PC à l'usine électrique de Gérardmer). La 10e compagnie du III/24e RI occupe la maison Sieg (quatre blessés au régiment). 

28 janvier 1945. Le capitaine Sockel, adjudant-major du I/5e RI, réalise la liaison avec les Américains au Thalet. Au II/5e RI, le point d'appui du carrefour du Chitelet, défendu par la section du lieutenant Geslin, est attaqué par des skieurs. Le soldat Louis Martin est tué d'une balle en plein front.

29 janvier 1945. Activité de patrouilles au 24e RI. L'aspirant Jacques Bergerot, du 2e bataillon, est tué sur une mine à la cote 831, il y a également quatre blessés. Au cours d'un accrochage impliquant la 10e compagnie du III/24e, le soldat Lucien Chignon est tué.

30 janvier 1945. Accrochage de nuit pour une patrouille du 5e RI : un tué (le soldat André Feugueur), trois disparus dont le sous-lieutenant Fernand Beurthe. Au I/24e RI, le lieutenant Capeyron, commandant la 3e compagnie, est blessé. Le 24e RI déplore également trois morts.

Lourdes pertes au II/24e RI

31 janvier 1945. Blessure accidentelle du commandant R. Carlot, chef du III/5e RI. Son adjoint, le capitaine Pery (ou Péri), lui succède. En réserve à Retournemer, la 6e compagnie (lieutenant Célestin Gauthier) du II/5e RI relève la 5e compagnie (capitaine Depoix) au Chaume du Haut-Chitelet.

    La CA du II/24e RI effectue un coup de main à partir de 5 h sur les cotes 585 et 775, tandis que deux sections de la 7e compagnie réalisent une diversion sur la cote 684. JMO du 24e RI : "L'une des patrouilles fouille le bois de la cote 775 et par suite de la destruction d'un appareil de liaison, ne reçoit pas l'ordre de repli qui lui est donné à 5 h. Elle se fait prendre de flanc par des mitrailleuses et tirs de mortiers. Parvient à décrocher à 11 h. Les deux sections attaquant la cote 585 sont accrochées par des armes automatiques enterrées dans des bunkers. Elles décident de prendre la position en la tournant mais sont prises à partie par des armes automatiques qui se dévoilent. La fin du décrochage a lieu vers 19 h." 

    Les pertes sont lourdes au bataillon : huit morts, dont le sous-lieutenant André Lottin, et quinze blessés. Le JMO du 24e RI n'apporte pas plus de précisions sur ces pertes. Le journal de la 10e DI indique : "Ordre de décrocher à 7 h 50. Une section n'avait pas pu décrocher à 18 h". Le témoignage d'un vétéran du II/24e RI semble suggérer que les victimes appartiennent à la 2e section de la 7e compagnie, qui défendait une ferme près de Wildenstein attaquée par les Allemands. Les victimes : Pierre Archambaud, 18 ans, René Dhal, 20 ans, René Dropsit, 19 ans, Charles Lefebvre, 20 ans, Georges Pelouze, 19 ans, Gérard Warin, 17 ans. Autre victime du régiment : Georges Szczesny, 19 ans.

    Pour sa part, le I/24e RI accroche une patrouille allemande vers 10 h 30 sur la cote 561,8, perdant un tué et le sous-lieutenant Jacques Goussu-Chantel blessé.


1er février 1945. Tandis qu'une patrouille du II/5e RI partie du PA du Collet pousse jusqu'à la ligne des crêtes, perdant quatre blessés (Crochard, Kaplansky, Besnard et caporal Bruant), au II/5e RI, dans la nuit du 1er au 2, une nouvelle attaque ennemie au Chitelet coûte un tué (soldat Roger Daoulas, de la 6e compagnie) et deux blessés. Le III/5e RI perd un tué (soldat René L'Hostis, 17 ans) à Wildenstein, victime d'un éclat d'obus.

- Au 24e RI, un tué à la CCI, deux blessés au 1er bataillon.

2 février 1945. Pertes sensibles dans une patrouille du III/5e RI partie vers 16 h de la ferme Schaffert : le lieutenant Raymond Damour, les soldats Robert Mahieu, Armand Meritet, Robert Remigereau et Albert Robineau sont tués sur le territoire de Wildenstein.

- l'artillerie allemande cible les positions du 24e RI, qui déplore la mort de Daniel Courant à Fellering et d'Henri Ladam à Willer-sur-Thur.

3 février 1945. Les soldats Francis Auffray, 17 ans, et Bruno Baro, 21 ans, du III/5e RI, sont tués par un tir d'artillerie à Wildenstein.

4 février 1945. L'ennemi ayant décroché en direction de la plaine d'Alsace, la 10e DI et les unités FFI qui lui sont rattachées sont parties vers l'avant. Le I/5e RI atteint le sommet du col de La Schlucht à 13 h 30, mais les mines causent onze blessés "dont quatre très graves". Parmi eux, Pierre Lefebvre (2e compagnie) décède à Gérardmer. Les autres blessés : Fontaine, Lucien Endis, Ridet, sergent Diseine, Dudoy, Kircheim, Pourveau, Youpelle, Berger, André Picotin.

- Au II/5e RI, la 7e compagnie ne parvient que le soir à prendre le Falimont. Ce contretemps empêche la 6e compagnie de se porter sur le Hohneck. Le sergent Brochard, de la 5e compagnie, a été tué, il y a deux blessés dont le sergent Flachon (CA 2)... qui ne se prénomme pas André mais Andrée car il s'agit d'une femme !

- Dans un autre secteur des Vosges, le 24e RI éprouve également des pertes à cause des mines : le soldat Joseph Cutulic est tué.

5 février 1945. Le 5e RI parvient à Mittlach puis à Munster, où la liaison est réalisée avec les zouaves à 10 h 30. La 11e compagnie du III/5e RI établit également la jonction avec les Américains à Gunsbach. Au 24e RI, le 3e bataillon parvient à midi au Markstein, la liaison est faite avec le 2e bataillon à l'auberge du lieu. Dans la nuit du 5 au 6, le régiment du lieutenant-colonel Bablon arrive également à Linthal qu'avait atteint le Corps franc Pommiès. Pour la division, les opérations dans les Vosges et en Alsace sont terminées. Elle aura perdu 32 tués. A lui seul le 24e RI déplore 18 morts, 64 blessés, deux disparus, 25 hommes victimes de gelures et 68 malades depuis son arrivée en Lorraine.

9 février 1945. Grande prise d'arme à Munster au cours de laquelle le général Billotte, notamment, est décoré.

10 février. Le 5e RI commence à quitter l'Est pour les Deux-Sèvres. Avec le 24e RI, il rejoint l'Ouest mais ces deux corps ne seront pas engagés dans les combats.


Les morts de la 10e DI dans les Vosges et en Alsace

5e RI

Sous-lieutenant Emile Caumont, lieutenant Raymond Damour

Sergent ou adjudant Viebranet, sergent Henri Parent

Soldats Jean-Baptiste Antonini, Roger Lebonnois, Marcel Leclerc, Raymond Milon, Louis Martin, André Feugheur, Roger Daoulas, René L'Hostis, Robert Mahieu, Armand Meritet, Robert Remigereau, Albert Robineau, Francis Auffray, Bruno Baro, René Gautier, Pierre Lefebvre, Guy Maulian.

24e RI

Sous-lieutenant André Lottin

Aspirant Jacques Bergerot

Soldats Denis Hamaury, Lucien Chignon, Claude Dubost, Georges Szczesny, Pierre Archambaud, René Dhal, René Dropsit, Charles Lefebvre, Georges Pelouze, Gérard Warin, Jean-Louis Khremer, Claude Bauer, Roger Cevaer, Daniel Courant, Henri Ladam, Marcel Guilpin, Joseph Cutulic, Maurice Desplaces. 


Les poches de l'Atlantique 

    Troisième corps d'infanterie, le 46e régiment d'infanterie n'a pas été engagé dans l'Est. Il sera dirigé vers l'Ouest. Parti de Nemours (Seine-et-Marne), il arrive le 9 février 1945 à Parthenay (Deux-Sèvres). Le 46e RI, dont le chef, le lieutenant-colonel Georges Bertrand, est mort à son poste le 1er février 1945, relève le 131e RI devant La Rochelle dans la nuit du 27 au 28 mars et le 28 mars 1945. Le nouveau chef de corps du régiment, le lieutenant-colonel Pierre d'Esneval, a son PC à Chaillé-les-Marais. Le même jour, le 32e RA (lieutenant-colonel Pagès) de la 10e DI est mis à la disposition du Détachement d'armée de l'Atlantique. 

    C'est le III/46e RI (ex-Bataillon 9/22 dit Brie sans peur) du commandant Paul Cheutin qui enregistre le premier mort du régiment, dans la nuit du 4 au 5 avril 1945, lors d'une patrouille :  le sergent Alain Jardin. Il y a également deux blessés (adjudant-chef Pilaud et caporal Trony), ainsi que huit disparus (caporal-chef Play, caporaux Arrigoni et Chevallier, soldats Roland Fouquet qui en réalité est mort, Revidon, Pierre, Ergo et Bajoux). Nouvelles pertes le 12 avril 1945, toujours en patrouille, à la 11e compagnie : le caporal-chef Félix Cousin est tué, le capitaine Guy Mausser, les soldats Lanaut et Planchet sont blessés, le lieutenant André Troubac est considéré comme disparu mais a été tué, le lieutenant Pelletier et six hommes sont capturés. Enfin, dans la nuit du 12 au 13 avril 1945, la 10e compagnie repousse des éléments allemands le long de la Sèvre niortaise, au prix de deux tués (Marcel Remy et Lucien Bohère) et deux blessés.

    Durant toutes ces opérations, le 46e RI aura perdu 35 hommes. 


 L'ordre de bataille de la 10e DI

    Général Pierre Billotte

    Chef d'état-major : colonel Nicolas Roumiantzoff

        Sous-chef d'état-major : lieutenant-colonel Gouraud

    Infanterie : colonel Rousseau

    Artillerie : colonel Hanneton

    Transmissions : commandant Maurizi

    Génie : lieutenant-colonel Hitier

    Train : commandant Leparc

    Santé : médecin-commandant Carrot


 L'ordre de bataille du 5e RI

    Chef de corps : colonel Emblanc

        Etat-major : commandants Farret, Picardat

        Bataillon de commandement : commandant Noblet

            CHR : capitaine Ricaud

            CAC : lieutenant d'Avranche

            CCI : capitaine Castellan

        1er bataillon : lieutenant-colonel Hucher

            1ère compagnie : capitaine Couderc

            2e compagnie : capitaine Le Picard

            3e compagnie : capitaine Villard

            CA : capitaine Thominet

            CB : capitaine Minot

        2e bataillon : commandant Marie Devillars

            5e compagnie : capitaine Depoix

            6e compagnie : lieutenant Célestin Gauthier

            7e compagnie : capitaine Vaugouin puis lieutenant Damon

            CA : lieutenant Sablot

        3e bataillon : commandant Carlot puis capitaine Pery 

            9e compagnie : capitaine Verdez

            10e compagnie : capitaine Laurent

            11e compagnie :: capitaine Hernandez

            CA : capitaine Lespinasse

            CB : capitaine Jalabert    


L'ordre de bataille du 24e RI

    Chef de corps : lieutenant-colonel Bablon

        Etat-major : commandant Philippe Desrobert

        Bataillon de commandement : commandant Claveau

            CHR : lieutenant Scellos

            CCI : capitaine de Douville

            CAC : capitaine Treich

        1er bataillon : capitaine Jean Lhuillier

            1ère compagnie : capitaine Chéron 

            2e compagnie : lieutenant René Chapey 

            3e compagnie : lieutenant Capeyron 

            CA : capitaine Vibert

        2e bataillon : commandant Schweitzer

            5e compagnie : capitaine Baillon

            6e compagnie : capitaine Guillemot

            7e compagnie : lieutenant Carrée

            CA : capitaine Beurotte

            CB : lieutenant Auzonne

        3e bataillon : commandant Georges Deynoux

            9e compagnie : lieutenant Thelliez

            10e compagnie : capitaine Albert Delarra

            11e compagnie : capitaine Alfred Wihlm

            CA : capitaine René Thomas 

            CB : capitaine Pierre Malterre

46e RI : lieutenant-colonel Georges Bertrand puis lieutenant-colonel Pierre d'Esneval

    1er bataillon : commandant Baylon

    2e bataillon : commandant Gobillard

    3e bataillon : commandant Cheutin

    Bataillon de commandement : capitaine Vannier

32e RA : lieutenant-colonel Pagès

    1er groupe : commandant Baumann

    2e groupe : commandant Ruas

    3e groupe : lieutenant-colonel Chevallier

    4e groupe : commandant Haack

110e groupe de FTA : capitaine Guéry

18e régiment de dragons : lieutenant-colonel Moissenet

    Escadron hors rang : capitaine Hamelin

    1er escadron : capitaine Coupe

    2e escadron : capitaine Paricot

    3e escadron : capitaine Lyon 

    4e escadron : capitaine Cellier

84e bataillon du génie : commandant Scarpazza

10e bataillon médical : médecin-commandant Roque 


Sources : archives des 5e, 24e et 46e RI, archives de la 10e DI, SHD, Vincennes.