A la Libération, les FFI champenois, réunis dans la 6e région militaire, ont donné naissance à neuf bataillons (quatre dans la Marne, quatre dans l'Aube, un en Haute-Marne) ainsi qu'à deux compagnies (une dans l'Aube, une en Haute-Marne) et à une section (Marne), toutes ces unités rejoignant l'armée régulière.
Parmi ces différents éléments, figure une formation méconnue : la Compagnie Pierre. Elle a été créée après la libération de Bar-sur-Aube (31 août 1944) par le commandant français de cette place, le lieutenant (puis capitaine) Raymond Krugell („Pierre“). Cet Alsacien, grand résistant, évadé du camp de représailles de Lübeck, évadé d'un train de la mort l'emmenant vers Neuengamme, avait alors la responsabilité de quatre maquis et d'un maquis de parachutage organisés aux confins de l'Aube et de la Haute-Marne. Un de ces maquis, baptisé „Maurice“, était basé en forêt de Blinfey, où avait été implanté un chantier forestier accueillant des réfractaires au STO, essentiellement Parisiens et Haut-Marnais.
Avec ces maquis ainsi que des groupes locaux, la Compagnie Pierre rassemble 272 hommes. Elle relève des Commandos M, un groupement FFI aubois rattaché aux services spéciaux britanniques (le SOE) dont le chef militaire était un jeune officier français, le capitaine Maurice Dupont, alias „commandant Yvan“.
Durant la quinzaine de jours qui suit sa création, la compagnie participe à la défense de Bar-sur-Aube, au recueil de renseignements demandés par l'état-major de la 3e armée américaine, et elle envoie, le 10 septembre 1944, trois sections participer aux opérations préalables à la libération de Chaumont.
Le 28 septembre 1944, le général de brigade Puccinelli, commandant la 6e région militaire, fait faire mouvement à la compagnie, équipée de 27 véhicules, sur Châlons-sur-Marne (quartier Tirlet). Les véhicules appartiennent à un parc auto confié au lieutenant Marcel Charton, 42 ans, de Sommevoire, chef de maquis.
Parmi les officiers de sa compagnie cités par le capitaine Krugell, figurent en effet plusieurs Haut-Marnais :
. le lieutenant Georges Semin, 32 ans, né à Vaux-sur-Blaise, instituteur à Sommevoire, chef de maquis ;
. le sous-lieutenant Henri Navet, 46 ans, né à Troyes, domicilié à Perthes, chef de maquis ;
. le lieutenant Roger Ott.
L'unité est dissoute à compter du 7 octobre 1944 et donne naissance à la 5e compagnie du III/106e RI sous les ordres du lieutenant Georges (Semin). La section auto est affectée à la 6e compagnie auto, avec le lieutenant Marcel Granjean, de Sommevoire également.
Les Commandos M ont en effet donné naissance au Bataillon Mermoz, ou III/106e RI, au sein duquel la Compagnie Pierre constitue la 15e compagnie. Il a été confié au commandant Alfred Hummel, mort accidentellement le 3 novembre 1944, et il fera mouvement le 24 décembre pour la frontière franco-belge, dans le cadre du Groupement de sécurité du Nord-Est mis sur pied après l'offensive allemande en Ardenne. C'est durant leur séjour dans les Ardennes que le 106e RI sera officiellement recréé le 1er janvier 1945, pour être confié au lieutenant-colonel Enet.
Quant à Krugell, il est devenu officier d'ordonnance de Puccinelli..
Nous ignorons précisément combien de Haut-Marnais ont rejoint le 106e RI. Mais ils sont plusieurs à figurer sur des clichés représentant des FFI des Commandos M affectés à ce régiment et stationnés dans les Ardennes. Clichés sur lesquels figurent ainsi l'aspirant Daniel Hubail, 22 ans, venu de la Compagnie Pierre, l'aspirant Quillet, le sergent-chef Gavant, deux Wasseyens (Marcel Voisot et Eugène Delaire), Bonnefois, Gabriel Colas (de Mertrud), Raymond Joly (né à Parnot, issu du maquis Maurice, affecté à la 15e compagnie), Maurice Rolet, Simonnot, Valère Servet... Jean Cornevin, de Sommevoire, appartient également à cette 15e compagnie.
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