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| La stèle en hommage aux morts du RMCL, à Bourbach-le-Bas. (Photo L. Fontaine). |
Créé en octobre 1944, le Régiment de marche Corrèze-Limousin réunissait des volontaires de la Haute-Vienne et de la Corrèze. Aperçu de ses opérations au sein de la 1ère armée française avec ces extraits de notre ouvrage "Les volontaires de l'an 1944".
Octobre 1944 - la création
"Les deux colonnes de la Région R5 permettent la constitution, toujours à la mi-octobre 1944, d'un Régiment de marche Corrèze-Limousin (RMCL).
Partie de la Haute-Vienne le 12 septembre 1944 et arrivée en Côte-d'Or le 28 septembre après une étape en Auvergne, la première colonne (ou demi-brigade) est commandée par le lieutenant colonel Jean-Hubert Joly, un ingénieur militaire de 48 ans, lieutenant en 1918 puis capitaine en 1926. Elle comprenait deux bataillons AS aux ordres des commandants Dini (ou Diny) et Jacques Ansault, un bataillon FTP (commandant Abel) et un bataillon ORA, ainsi qu'un escadron de la Garde républicaine (capitaine Laval) [Note : cet escadron quitte la colonne dès le 25 septembre 1944]. Le 3e bataillon ORA était aux ordres du commandant Gustave Lhermite, Saint-Cyrien de 40 ans venu du 5e bataillon ORA avec sa 2e compagnie (capitaine Fady [Note : Fady était officier au 16e BCP en 1942, sa compagnie et celle du lieutenant Boileau ont repris l'écusson de ce bataillon, où servait par ailleurs le commandant Craplet en 1940]), puis du commandant Emile Dugros, Gersois de 42 ans. « Pupille de la nation » en 1918, breveté de l'Ecole de guerre, Lhermite, officier de la coloniale, était chef de bataillon depuis 1941. En congé d'armistice, il exploitait une ferme d'Ambazac quand il a rejoint la Résistance. Deux commandants de compagnie du bataillon Lhermite, le lieutenant Charles Le Guillou et le capitaine Fernand Fady, seront affectés au II/RMCL, dont Lhermite, qui était entre temps passé à l'état-major de la colonne, prend le commandement.
Recrutée en Corrèze, la deuxième colonne, sous les ordres du lieutenant-colonel René Vaujour (Hervé), un capitaine d'active de 38 ans, était notamment composée de la Demi-brigade AS de Haute-Corrèze (commandant Jean Craplet, 36 ans), qui compte trois bataillons (1er du commandant Louis Le Moigne, 2e du capitaine Georges Magnier, 3e du commandant Henri Malaise) et la compagnie d'engins du capitaine Finas, et de la Demi-brigade AS de Basse-Corrèze (commandant Marius Guédin, alias Georges), qui réunit les bataillons AS de Carreau (capitaine Romain Chevalier), AS de Cœur (capitaine puis commandant Pierre Merlat, dit Romain), AS de Pique (commandant Jean Habert, dit Germain) et AS de Trêfle (capitaine Georges Delord).
Les deux bataillons du RMCL, dont Vaujour hérite du commandement, sont sous les ordres respectifs des commandants Merlat, professeur agrégé d'histoire âgé de 33 ans, et Lhermite. Le régiment, créé officiellement le 25 octobre et ayant pour chef d'état-major un Saint-Cyrien, le lieutenant colonel René de Metz, rassemble 2 300 hommes, dont 690 au 2e bataillon (pour moitié venus de l'ORA, pour moitié de l'AS)."
22 octobre 1944 – Corrèze-Limousin en ligne en Haute Saône
"Ayant fait mouvement depuis Auxonne (Côte-d'Or), où il s'est organisé, le 16 octobre 1944, le Régiment de marche Corrèze-Limousin, qui sera lui aussi habillé à l'américaine, rejoint à son tour la région de Villersexel (Haute-Saône). Il est passé en revue deux jours plus tard par le général Carpentier, commandant la 2e DIM, qui précise que le régiment (appelé également demi-brigade) se compose d'un groupe de commandos de 1 000 hommes (c'est le bataillon commandé par Pierre Merlat), d'un bataillon de 600 hommes, d'un escadron de reconnaissance comprenant deux pelotons de motocyclistes et véhicules légers et deux pelotons portés sur camionnettes.
A partir du 22 octobre 1944, le RMCL vient occuper une partie du sous-secteur tenu par le 5e RTM, le I/RMCL tenant le quartier de Moffans, le II/RMCL celui de Lyoffans. Dès le 29 octobre 1944, Bernard Ossowsky, 24 ans, et l'adjudant Ferdinand Ruff, 35 ans, sont tués à Moffans.
Puis, lors de patrouilles, le sous-lieutenant L'Hotte est blessé par une mine, le 2 novembre 1944, et le sergent Joseph Hornet, 21 ans, ainsi que le volontaire Roger Pinchaud, 18 ans, de la 6e compagnie, sont tués à Lomontot, le lendemain.
Le 6 novembre 1944, le capitaine Léon Demaison, de Limoges, commandant la compagnie anti-chars (CAC), est tué accidentellement à Lomont par une sentinelle. Il sera remplacé par le lieutenant Chambon.
Le 8, deux des points d'appui du I/RMCL, celui du bois du Bœuf et celui dit "de Forêt", sont attaqués, mais l'action échoue grâce à l'intervention de l'artillerie sollicitée par le commandant de la 2e compagnie. Le 10, Albert Jaconelli, 19 ans, est victime de l'explosion d'un obus, à Lyoffans, et l'adjudant-chef Michel Pascal, 32 ans, meurt de ses blessures à Besançon.
Le lendemain, le RMCL voit enfin arriver un bataillon du 1er régiment de volontaires de l'Yonne qui doit le relever. Ce bataillon « arrive à Lyoffans, à 3 h, tous phares de ses véhicules allumés, ce qui provoque une sérieuse réaction de l'ennemi », note le commandant Lhermite."
17 novembre 1944 - Offensive dans le Doubs
"A leur tour, le Commando de Cluny et le Régiment de marche Corrèze-Limousin sont lancés dans la bataille, dans le secteur de la 2e DIM, le 17 novembre 1944. Ils appartiennent au groupement du colonel Maulnier-Condroyer, chargé d'assurer la liaison entre les 1er et 2e corps, en progressant par Faymont et Lomont, au nord de la zone de combats, en limite du secteur tenu par la 1ère DMI. L'objectif est de s'assurer de la Lizaine, cours d'eau de 25 km entre le bassin de Champagney et Montbéliard [...].
Le RMCL est associé au Commando de Cluny au sein de ce groupement. D'ailleurs, le lieutenant-colonel Vaujour en commande la colonne Sud, qui comprend les volontaires de Saône-et-Loire. La veille, son 2e bataillon a été très éprouvé. « Avant Moffans, témoigne Pierre Celerier, de la 5e compagnie (capitaine Alphonse Picard), une de nos patrouilles forte d'une dizaine d'hommes a été anéantie par le feu croisé d'armes lourdes. Seuls deux rescapés (Michel Bordonneau et moi-même), qui ont réussi à remonter toutes les armes des camarades tués jusqu'à notre PA. » Commandée par le sous-lieutenant Coquerel, cette patrouille avait pour mission de « situer exactement les PA allemands de Planches de Lomont et du Moulin Vieux », écrit le commandant Lhermite, précisant que l'embuscade a été dressée par « environ une compagnie ennemie à la lisière Est du bois de Derrière le Moulin ». C'est au sein des sections des lieutenants Butz et Lamarsaude de la même compagnie Picard, envoyées au secours de la malheureuse patrouille, que des pertes ont été enregistrées : André Boissy, 19 ans, Norbert Seigue et Gilbert Lacoste (de Limoges), 18 ans, Martial Majoresse, 19 ans, victime d'une rafale reçue en pleine poitrine tandis que son camarade Georges Favard, 18 ans, était blessé aux jambes.
Le 17 novembre 1944, c'est enfin la marche en avant, sur l'axe Mignavillers – Gros bois de Champey (I/RMCL) et sur l'axe Le Chénoley – Lomontot - Lomont (II/RMCL), celui-ci couvert au nord – théoriquement – par le 1er RVY, au sud par le Commando de Cluny. Pour ces unités, le départ se fait aux environs de 10 h, après une courte préparation d'artillerie exécutée par une batterie de mortiers chimiques américains. « L'ennemi a beaucoup tiré jusqu'à 5 h du matin, constate le commandant Lhermite. Depuis, plus rien. Il se pourrait qu'il ait décroché. » De fait, une section de la CA 2 (capitaine Finas) trouve le PA Planches de Lomontot évacué. Aussitôt, le bataillon se met en marche derrière les spahis. La progression est lente, à cause des mines. Un volontaire corrézien est tué dans une explosion. Mais à 15 h, les autos mitrailleuses et la 5e compagnie entrent dans Lomont, où ils font trois prisonniers, où ils apprennent aussi que des habitants ont été emmenés par les Allemands ayant décroché. La marche reprend en direction de Belverne. Deux cents mètres après la sortie de Lomont, les Limousins sont stoppés par des tirs de mitrailleuses. « L'Yonne n'a pas suivi notre mouvement et de ce fait le flanc gauche du bataillon est découvert », regrette Gustave Lhermite. Ordre est alors donné au II/RMCL, où quatre hommes de la compagnie Picard ont été blessés par mines sur la route, de s'établir défensivement à Lomont."
18 novembre 1944 - "joie délirante" à Belverne et Etobon
"Le RMCL avance également sur Belverne au matin, les abattis sur la route ayant été enlevés par les pionniers du lieutenant Martel. Vers 8 h, les autos mitrailleuses des spahis marocains et la 6e compagnie entrent dans le village, accueillis par une « joie délirante » (commandant Lhermite). Trois heures et demie plus tard, c'est un « accueil triomphal » qui est réservé au bataillon par la population d'Etobon, où treize prisonniers sont faits. Puis, passant par Courchamp, où le PC du Commando de Cluny est déjà installé, les hommes du RMCL poussent jusqu'à Chenebier où, après leur entrée, ils subissent un tir de mortier (le volontaire Reix est blessé légèrement). De son côté, la 8e compagnie (capitaine Marcel Poirier) du III/1er RVY, qui était jusqu'alors en ligne à Clairegoutte, nettoie la forêt de Chérimont avant d'entrer, également, dans Etobon."
19 novembre 1944 - en appui du Commando de Cluny
"Durant la journée, le II/RMCL est resté à Etobon, procédant au rétablissant d'un pont sur la Lizaine (par les pionniers du lieutenant Martel), couvrant l'action de Cluny sur Echavanne et Frahier. D'ailleurs, la section de mitrailleuses et le mortier de 60 du capitaine Finas interviendront pour appuyer les commandos bourguignons (120 obus de mortier seront tirés), perdant deux sous-officiers blessés, et dans la nuit, la 5e compagnie sera envoyée soutenir les hommes du commandant Bazot."
20 novembre 1944 - l'entrée dans Evette
"Au Groupement Maulnier-Condroyer, le Commando de Cluny et le RMCL se remettent en route à 10 h. Une section de la 1ère compagnie du bataillon bourguignon ainsi que les brancardiers atteignent à leur tour le bassin réservoir de Champagney, qu'avait pu conserver la compagnie Lamiral. Puis, vers 13 h 30, cette dernière repart, arrivant à Evette où entre également le II/RMCL, après avoir franchi le canal de la Haute-Saône, sous la pluie, tandis que les Corréziens du I/RMCL prenaient Haut-Evette et Les Egrins. A 15 h, la liaison est prise avec la 1ère DMI."
22 novembre 1944 - la défense de Belfort
"Le 22 novembre 1944, le Commando de Cluny rejoint Evette puis, par Salbert et Valdoie, va cantonner à Cravanche, assurant, avec le RMCL, un bataillon du Régiment de Bourgogne et le 8e RTM, la défense du secteur Sud de Belfort. Au RMCL, qui garde à partir du 23 novembre le fort de Salbert et Cravanche, le lieutenant Camille Crozette, un sous-lieutenant de carrière de 44 ans, chevalier de la Légion d'honneur après une grave blessure en 1940 et commandant la 2e compagnie, s'est distingué, le 22 novembre [Note : ou le 21 selon le commandant Lhermite], lors d'une patrouille dans le bois du Salbert, en faisant seize prisonniers, en prenant deux canons de 88 et des mitrailleuses légères".
26 novembre 1944 - Les Corréziens sous le feu à Petite-Fontaine
"Nous avions laissé le Régiment de marche Corrèze Limousin à Cravanche, dans l'agglomération de Belfort. Depuis, il a - le 24 novembre - relevé des spahis marocains à Valdoie, puis nettoyé le 25 le bois d'Arsot, occupé l'ouvrage Rodolphe et le fort de Roppe qui était vide (par une compagnie du I/RMCL). Sur la route de Soppe-le-Haut, la 2e compagnie (lieutenant Léon Barthes) du bataillon corrézien est aux prises avec les Allemands à Petite-Fontaine, sur le ruisseau Saint-Nicolas. L'autre bataillon, qui vient de recevoir des chaussures pour remplacer celles dégradées par les marches dans la boue, reçoit l'ordre du lieutenant-colonel Vaujour de se porter d'urgence sur ce secteur pour épauler ses camarades. C'est la CAC du lieutenant Chambon qui est poussée sur Petite-Fontaine, pendant que le II/RMCL s'installe à Felon. « La compagnie Barthes du 1er bataillon est réfugiée dans les maisons », écrit le commandant Lhermite. Au poste de secours avancé, il y a deux tués et huit blessés, en raison notamment des balles de tireurs d'élite, signale le chef de bataillon. Le sergent Marcel Oswald, 21 ans, et Jean Le Houelleur, 19 ans, sont les deux tués par balles, et parmi les blessés, Roger Stoffel, 20 ans, ne devait pas survivre. Ancien officier dans la Brigade AS de Corrèze, dont il commandait la compagnie d'engins, le capitaine Finas, commandant la CA 2, vient également soutenir les fantassins, grâce à des mortiers de 81 récupérés à Belfort. Ses tirs permettront de réduire au silence le feu ennemi. Petite-Fontaine sera encore bombardé le lendemain, mais dans la nuit du 27 au 28, le village sera évacué."
30 novembre 1944 - Corrèze-Limousin arrive en plein combat sur la cote 475 (Bourbach-le-Bas)
"Une autre unité FFI va faire connaissance avec la cote 475 : c'est le Régiment de marche Corrèze-Limousin, qui assurait jusqu'alors la défense de Felon et de Petite-Fontaine. A 11 h, ordre est donné au bataillon Lhermite d'embarquer en camions jusqu'à Soppe-le-Bas, puis de gagner Sentheim et Bourbach-le-Bas afin d'attaquer en direction du Bruckenwald, un bois situé entre la cote 475 et la route Guewenheim – Roderen. Les informations données à Lhermite et à son adjoint Emile Dugros ont fait état de la possible perte de Bourbach. La progression se fera donc prudemment par le Bergwald, entre Sentheim et Bourbach.
C'est aux environs de 15 h que le mouvement s'enclenche, par le passage de la Doller sur un pont. Commandant Lhermite : « Bourbach paraît encore tenu par des éléments amis, notamment des chars, et au moment du départ à l'attaque, un combat de chars se déroule sur les pentes de la cote 475. » Il s'agit de l'affrontement entre les Jagdpanther et les TD du 8e RCA. Gustave Lhermite : « Dévalant les pentes vers Bourbach, une salve de 88 éclate sur les premiers éléments. » Joseph Roulhac, 20 ans, et Robert Jannicot, 21 ans, de la 6e compagnie, sont tués, le sergent Palard grièvement blessé. « Les 6e et 7e compagnies traversent vite Bourbach pour atteindre la crête 433-412 », c'est à-dire la route en forme de virage en épingle qui relie le village à Roderen et qui débouche sur la cote 475. « Profitant de la confusion que les chars français ont créé sur les pentes de 475, la 6e compagnie, animée par le capitaine Fady, continue la progression, couverte sur son flanc gauche par la section Delage […]. La 7e compagnie lie son mouvement à celui de la 6e sur les pentes du Bruckenwald. Elles s'y enterreront car la nuit tombe. »
A leur tour, la CA 2 du capitaine Finas et la CAC du lieutenant Chambon arrivent dans le secteur et s'installent sur la ligne 433 - 412. Elles seront rejointes, à 21 h, par la 5e compagnie du capitaine Picard. Agé de 18 ans, Gilbert Lenoir, originaire de Couzeix, se souvient : « Nous avons pris position en bas de la côte, il fait froid, il tombait de la neige mêlée de pluie. Nous avons dû creuser des trous individuels qui se remplissaient d'eau... » Le commandant du bataillon de la Haute-Vienne garde plutôt le souvenir d'une nuit « claire avec la lune, elle commence dans le calme en dehors d'un tir assez épars avec de l'artillerie allemande et de mortiers ». L'entrée en lice des Limousins a permis la relève des Bourguignons [Note : le Régiment de Bourgogne], fortement éprouvés. [...]"
1er décembre 1944 - les FFI de Haute-Vienne perdent la cote 475
"C'est durant cette même nuit du 30 novembre au 1er décembre 1944 qu'une nouvelle action offensive allemande est déclenchée au-dessus de Bourbach-le-Bas, sur la cote 475. L'affaire aura marqué le commandant Lhermite, qui la racontera en détail.
Il est environ 2 h lorsque les Allemands lancent un premier assaut sur les positions des compagnies Fady et Le Guillou, après préparation d'artillerie : « Bien enterrées, elles repoussent l'attaque, avec l'aide des tirs d'artillerie et de mortiers de la CA 2. Mais les jeunes, surtout à la 7e compagnie, ont dépensé beaucoup de munitions, alors que nous avons laissé une partie de la dotation à Felon, suivant les ordres d'allègement ».
Vers 3 h 30, c'est un nouveau bombardement d'obus de 105 et de mortiers, de balles de mitrailleuses de 20 sur la ligne 433-412 et Bourbach. La nouvelle attaque qui lui succède est repoussée, mais les hommes du capitaine Le Guillou n'ont presque plus de munitions. Pour maintenir leurs positions, ils se verront remettre une nouvelle dotation ainsi que deux FM par les pionniers.
Une heure plus tard, le feu s'abat à une troisième reprise sur le bataillon Lhermite, qui attend avec impatience un ravitaillement par mulets. Cette fois, la situation est dramatique. La 7e compagnie a besoin de renforts. Lhermite lui envoie la 5e du capitaine Picard. Mais les hommes du capitaine Le Guillou lâchent pied. L'officier vient lui-même l'annoncer, « à bout de nerfs », à son chef de bataillon, vers 5 h 30. « La moitié de ses effectifs est détruite et les survivants se sont enfuis », note le commandant Lhermite. Le chef de bataillon voit le danger : ce mouvement menace la 6e compagnie sur sa droite. Il ordonne à l'artillerie d'intensifier ses tirs d'arrêt devant la compagnie Fady, tandis qu'il confie au lieutenant de Solere la mission de reprendre en main la compagnie Le Guillou, dont le capitaine est toujours choqué, et de la ramener sur 433-412.
Mais voilà que, vers 6 h 30, le capitaine Fady arrive à son tour au PC. « Il a donné l'ordre de repli à ses sections : il ne pouvait plus tenir, débordé sur ses flancs, sans munitions, la première ligne attaquée au corps à corps », rapporte Lhermite, qui rend compte à son chef, le lieutenant-colonel Vaujour, de la perte de la cote 475 et du repli. Evidemment, Hervé est « furieux ».
Enfin, le ravitaillement arrive. Le jour est levé. Le lieutenant-colonel de Metz, de l'état-major du RMCL (dont le 1er bataillon n'a pas été engagé), ordonne la reprise de 475. Mais c'est un bataillon très éprouvé, dont deux officiers viennent d'être blessés - le capitaine Vaucheret, de la CB, et le capitaine Fady, touché au côté et surtout au genou - que commande Lhermite, qui garde en mémoire les « cris et gémissements de plus de 50 blessés » au poste de secours. A la 6e compagnie, il n'y a plus que 45 hommes autour du lieutenant Quenot. La section de l'adjudant Albert Delage, ancien sous-officier de dragons, composée de jeunes de la région d'Ambazac, a disparu. Au moins quatre de ses hommes, le caporal-chef Marcel Bertrand, 22 ans, les soldats Roger Quiecout, 22 ans, Jean Frugier, 20 ans, René Pichon, 25 ans, ont été tués. Les autres, à court de munitions, ont été faits prisonniers, dont Delage qui a été grièvement blessé. De son côté, la 7e compagnie déplore quatre tués, dix blessés et deux disparus.
Seule, finalement, la CAC du lieutenant Chambon sera lancée dans l'opération, à partir de midi, en progressant par la vallée de Michelbach. Mais ce sera un échec : vers 13 h, elle est stoppée à la crête 475 par des tirs d'infanterie, de mortiers, d'artillerie et même d'un char. Ses hommes doivent se terrer dans les trous de combat anciennement tenus par la "6". « Le bataillon ne peut faire plus », se résigne le commandant Lhermite, dont un nouvel officier, le sous-lieutenant Chauviret, vient d'être « choqué » par l'explosion d'un obus.
« La nuit va tomber », et tandis que la CAC reste sur ses emplacements, le chef de bataillon demande au capitaine Le Guillou d'installer un point d'appui entre la CAC et le I/4e RTM du commandant Thouvenot, afin de barrer la route Bourbach – Roderen. Nouveau refus de l'officier, qui va bientôt partir en convalescence. Le lieutenant Quenot accepte la mission. Et le II/RMCL s'en tiendra là, restant sur ses positions jusqu'au 3 décembre 1944. Les pertes sont terribles au bataillon Lhermite, qui avait déjà perdu 46 hommes depuis le 19 octobre 1944 : quatre sous-officiers et 17 soldats tués, quatre officiers, onze sous-officiers et 32 soldats blessés, deux sous-officiers et 18 soldats disparus. Soit 95 hommes mis hors de combat, dont 73 appartenant à la 6e compagnie. Un de ses sous-officiers, le sergent-chef Robert Malassenet, se sera distingué durant ces combats, après être tombé, avec une patrouille de trois hommes poussée sur la cote 475, « sur un point d'appui ennemi d'une trentaine d'hommes qu'il a attaqué courageusement et sans hésiter. A ramené dans nos lignes une mitrailleuse légère, un prisonnier »
1er janvier 1945 - la dissolution
"Le 1er janvier 1945, « comme ni le Limousin ni la Corrèze ne peuvent renforcer le RMCL et remplacer les pertes » (commandant Lhermite), le Régiment de marche Corrèze-Limousin lourdement éprouvé à Bourbach-le-Bas est dissous pour être versé dans le 9e régiment de zouaves. Son 1er bataillon devient I/9e RZ, confié au lieutenant-colonel Marius Guedin puis au capitaine Merlat. Promu lieutenant-colonel le 25 décembre 1944 (mais il ne le saura que le 8 février 1945), Gustave Lhermite est le chef du 3e bataillon. Il est secondé par les commandants Emile Dugros, venu du 3e bataillon ORA de Haute-Vienne, et Lirot, celui-ci issu celui-ci issu du bataillon 10/22 de Saint-Ouen [...]"
Après la réalisation de cet amalgame, les anciens volontaires de Corrèze et de Haute-Vienne prennent part, au sein du 9e régiment de zouaves, aux opérations de la Poche de Colmar dans les Vosges, entrant dans Soultzeren le 4 février 1945 puis dans Munster le lendemain.
Sources : Les FFI limousins dans la libération de l'Est de la France, opuscule n°1, extraits du journal de marche du chef de bataillon Lhermite (archives Michel Rouzier, président de l'Anacr 87) ; Archives municipales de Munster : Extraits des souvenirs du général Gustave Lhermite ; archives du Régiment Corrèze-Limousin. GR 13 P 75, SHD Vincennes.
Encadrement du régiment (SHD, GR 13 P 75).
CHR : capitaine Albert Meyer.
Compagnie de transport : lieutenant Jean Mouly.
Compagnie anti-chars : capitaine L. Demaison puis lieutenant Chambon.
I/RMCL (Merlat) :
CB, capitaine Charles Marchal, CA, capitaine Roger Thomas, 1ère compagnie, lieutenant Henri Bertin, 2e compagnie, lieutenant Camille Crozette, 3e compagnie, capitaine André David.
II/RMCL (Lhermite) :
CB, capitaine Vital Baucheret puis capitaine Albert Rochard, CA, capitaine François Finas, 5e compagnie, capitaine Alphonse Picard, 6e compagnie, capitaine F. Fady, 7e compagnie, capitaine Ch. Le Guillou. Selon le commandant Lhermite, le capitaine Geraud avait d'abord commandé la CB 2, avant de rejoindre rapidement la Haute-Vienne, le capitaine Demaison conduisait la 6e avant d'être affecté au I/RMCL (comme le commandant Ancel), le capitaine Fady la 8e devenue 6e.

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