samedi 28 septembre 2019

La mort du capitaine "Neuville" à Gravelotte




Il y a 75 ans, des volontaires parisiens intégrés dans la célèbre Colonne Fabien subissaient des pertes sensibles dans le secteur de Gravelotte, entre Saint-Mihiel et Metz.

Le 1er bataillon de marche de Paris, dit «République», a été mis sur pied à compter du 9 septembre 1944. Constitué à Coulommiers, il réunissait 450 hommes, répartis entre quatre compagnies, sous les ordres du commandant Maroy. Le jeune capitaine Pierre Galais («Neuville»), 22 ans, commandait la 1ère compagnie, le lieutenant Brunet la 3e, le capitaine Bello la 4e, le capitaine Vidal la compagnie lourde...
C'est le 22 septembre 1944 que le bataillon fait mouvement afin de rejoindre le Groupement tactique de Lorraine (GTL), qui est l'ancienne colonne Fabien. Le GTL, parti de Nanteuil-le-Haudouin et arrivé en Lorraine depuis une dizaine de jours, opère alors aux côtés du 30e corps d'armée américain aux confins de la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle. Le 1er BM de Paris renforce, pour sa part, le 359e RIUS dans le secteur de Gravelotte. Il va alors prendre part à une action offensive.

Dans un historique conservé par le Service historique de la Défense à Vincennes, le commandant Jean-Raphaël Chagneau (un instituteur), membre de l'état-major du colonel Pierre Georges («Fabien)», détaille cette opération :
« L'attaque fut décidée pour le 26 à l'aube. La 1ère compagnie (est) mise en place dans la nuit du 25 au 26 avec l'assurance d'un appui d'infanterie américaine. Les instructions écrites du capitaine Neuville lui prescrivent le nettoyage des trous de carrières de part et d'autre de la route, et la liquidation de toute résistance de la ferme Saint-Hubert.
A l'aube du 26, une brume assez dense noyait le vallon de la Mance, brume qui s'éclaircit brusquement aux premiers rayons du soleil dégageant la visibilité, et d'un observatoire ennemi situé dans les bois de Vaux (observatoire repéré par la suite) fut déclenché un tir violent (probablement de mortiers) qui s'abattit sur les taillis où s'abritaient les sections de Neuville (5 h).
Nous eûmes des morts et des blessés dont le capitaine Neuville qui, mortellement atteint (colonne vertébrale sectionnées), transmit, avec un admirable sang froid, ses ordres écrits et verbaux à l'un de ses chefs de section, le lieutenant Michel», de son vrai nom Gaston de Tretaigne.
«Celui-ci lança l'attaque, nettoyant à la grenade les trous de carrière, progressant dans le secteur Nord de la Nationale 3 jusqu'aux abords immédiats de la ferme Saint-Hubert où un feu violent d'armes automatiques et d'artillerie provenant du Fort Jeanne d'Arc l'immobilise...»
La ferme sera prise, et dans les jours suivants, le bataillon luttera pour conserver ces positions. Au 28 septembre 1944, il déplorera, selon le commandant Chagneau, une quinzaine de tués et le double de blessés. Par la suite, il fusionnera avec le Bataillon de la Jeunesse (capitaine Jean Ridoux) pour former le 2e régiment de marche de Paris, futur 1er bataillon de la Brigade de Paris (151e régiment d'infanterie).

Les victimes des combats de Gravelotte recensées par le ministère des Armées :
. Jean-Jacques Bernard, de Paris, 18 ans,
. Victor Blot, de Calais, 24 ans,
. Louis Briatte, de Paris, 19 ans,
. Pierre Brière, de Paris, 19 ans,
. Jean Delvigne, de Paris, 22 ans,
. capitaine Pierre Galais («Neuville» ou «Charcot»), né à Amiens en 1922,
. Raymond Ganne, du Cantal, 19 ans,
. sergent Pierre Provost, de Paris, 19 ans,
. Marceau Rombaut, de Paris, 18 ans (il est né le 25 septembre 1926),
. Raymond Solleret, de Paris, 23 ans (décédé le 27 septembre)
. Jean Sourdillon, de Paris, 21 ans
. Roger Thevenault, du Cher, 20 ans.

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