Parti de la Haute-Vienne, où il s'est constitué en octobre 1944, le 20 décembre 1944, le 63e régiment d'infanterie devait rester sous cet écusson en position sur le front de Saint-Nazaire jusqu'à sa dissolution en mars 1945. Le recrutement de ses 1 713 hommes (en février 1945) est varié, en témoignent les origines de ses principaux officiers.
Les officiers
Son chef de corps, le commandant puis lieutenant-colonel Clément Bossard, était le chef de l'ORA de la Haute-Vienne. Au sein de son état-major, le commandant Roland Penichon vient du 3e bataillon du sous-secteur D des FTP, le commandant Paul Thibaud commandait la compagnie de Chalus de l'Armée secrète, les capitaines Pierre Jacquand et Guy Pouponnot servaient au sein de l'ORA.
Du côté des chefs de bataillon, au moins deux viennent des FTP : le commandant Jean Deniel (1er bataillon), qui commandait le 2e bataillon du sous-secteur D, et le commandant Gilbert Lavrat (2e bataillon), chef de ce sous-secteur. Quant au commandant du III/63e RI (appelé, selon les sources, Delacroy ou Delacroix), nous ignorons précisément son origine.
Concernant les commandants des neuf compagnies (trois par bataillon), ils viennent pour la plupart des FTP : le lieutenant Henri Bouijoux (1ère compagnie), le capitaine Louis Chartier (7e compagnie), le capitaine Giry (8e compagnie), qui vient du sous-secteur B, et peut-être le capitaine Charles Denis (2e compagnie). Commandant de la 9e compagnie, le capitaine André Audibert commandait la 3e compagnie du 4e bataillon ORA de la Haute-Vienne. L'ordre de bataille est complété par les capitaines Maurice Lagatdu (3e compagnie), Henri Sarazin (4e compagnie), Marcel Ladurantie (5e compagnie), et le lieutenant André Belleau (6e compagnie).
Que deviennent ces officiers après la dissolution du 63e RI ? Bossard rejoint la 19e DI, le commandant Lavrat et le capitaine Chartier le groupe de transport 557, le lieutenant Belleau la 3e compagnie du I/21e RI, le capitaine Audibert la 7e compagnie du II/21e RI, le lieutenant Bouijoux la 10e du III/21e RI, et le lieutenant Lagatdu la 11e. Le capitaine Pouponnot rejoint également le 21e RI, de même que le capitaine Maurice Huyaux et le lieutenant Robert Coillot.
A noter que parmi les officiers subalternes, certains ont été versés dans l'artillerie (comme Giry, comme sous-lieutenant), d'autres dans la cavalerie ou le génie.
Les opérations
19 décembre 1944 : le 63e RI quitte Limoges pour Redon. Affecté quelques jours plus tôt aux Forces françaises de Loire-Inférieure (FFLI) de la Poche de Saint-Nazaire, le régiment a son PC installé au Dresny. Le 63e a été créé le 23 octobre 1944 en accueillant divers éléments de la Haute-Vienne : le 3e bataillon FTPF de Saint-Yrieix, le 4e bataillon ORA (capitaine Robert Parouti), le maquis de Chalus, l'AS de Bellac...
24 décembre 1944 : le 2e bataillon Lavrat, alors crédité de 667 hommes, monte en ligne, relevant le I/27e RI du commandant Moreau dans le quartier Est du sous-secteur de Fégréac, entre le chemin nord-sud de La Brousse (inclus) et le ruisseau de Saint-Armel (inclus).
27 décembre 1944 : le 1er bataillon Deniel reprend à son compte les positions de la 4e compagnie du 3e bataillon de marche d'Ille-et-Vilaine, du 2e bataillon de Loire-Inférieure (commandant Charles Couche, dit Lamotte) et des 2e et 3e compagnies du 6e bataillon de Loire-Inférieure. Son PC est à l'école du Dresny. Dirigé initialement sur Nantes, le 3e bataillon Delacroy rejoindra peu après les deux autres bataillons.
28 décembre 1944 : le II/63e RI signale que « le canal commence à être pris par la glace ». Il neigera à partir du 9 janvier 1945... Le même jour, la 2e compagnie (capitaine Charles Denis) du I/63e RI s'installe le long de la RN 164, son PC est à la ferme Beauvalon.
8 janvier 1945 : le caporal André Bruneau (1ère compagnie du I/63e RI) meurt accidentellement au Dresny, près de Plessé (il a été blessé la veille).
19 janvier 1945 : au III/63e RI, le soldat Gabriel Sabourdy est grièvement blessé à la tête par une balle de mitrailleuse. Il décédera quelques jours plus tard.
30 janvier 1945 : à l'occasion de l'attaque du block commandé par le sous-lieutenant Fornières, de la 8e compagnie, les soldats Jean Raynaud et Jean Lavaud sont tués, le deuxième en « essayant d'aller chercher [un] soldat allemand qui était au milieu d'un champ », le caporal Keith et le soldat Léon Jiry sont blessés. En face, deux Allemands ont été touchés, dont un sera capturé.
8 février 1945 : il revient à chacune des compagnies du 2e bataillon du commandant Gilbert Lavrat de mener une mission de reconnaissance. Objectif de ces sorties, chacune étant exécutée par un officier, deux sous-officiers et 17 hommes : la « surveillance des positions ennemies en face de leur sous-quartier respectif ». C’est le lieutenant Bernard, chef de la 4e section, qui s'est vu confier la mission dévolue à la 6e compagnie du capitaine Louis Belleau.
Pour exécuter sa mission, le lieutenant Bernard est accompagné par seize hommes de troupe ainsi que trois sous-officiers : les sergents-chefs Tolari et Demaison, et le sergent Grivet. La progression des 20 militaires se fait en deux groupes, distance huit pas entre chaque volontaire. Il est 8 h 20 et sans incident, la route du Bézy est atteinte. Direction ensuite Le Thénot, qu'aborderont le groupe Tolari par l'ouest, le groupe Demaison par l'est et le nord.
9 h 30. Le lieutenant Bernard raconte : « La section, à ce moment, forme un demi-cercle.
A 9 h 40, arrivons en vue des premières maisons du Thénot. Les deux FM prennent position et prennent sous leur feu le village ; les éclaireurs et les voltigeurs continuent à progresser. Au moment où les quatre éclaireurs arrivaient à la hauteur des premières maisons du village, l'ennemi ouvre un feu extrêmement violent sur l'ensemble de la section : position de combat immédiate.
9 h 45. Riposte rapide [de] toutes nos armes ; le tir précis de nos FM oblige les armes automatiques ennemies à changer de positions. A ce moment, je reçois une liaison du 2e groupe, me prévenant que quatre hommes dont le sergent-chef Tolary (sic) étaient hors de combat ; de même au premier groupe, le chargeur du FM est tué à son poste. Un homme est tué quelques secondes plus tard.
9 h 50. Me rendant compte de la supériorité écrasante de l'ennemi, j'ai fait concentrer le feu des FM sur les armes automatiques ennemies et j'ai donné l'ordre de repli immédiat.
9 h 55. Repli en tiroir. »
Il manque huit hommes à la patrouille. La moitié des effectifs. « Il est pratiquement impossible de faire quelque chose pour eux », note le lieutenant Bernard, dont le détachement déplore un autre blessé au cours du repli : le chef Demaison, touché à la cuisse. Malgré un tir de harcèlement au 75, la section parvient à rentrer dans ses lignes à 10 h 30, ayant également abandonné un FM et les armes individuelles de ses disparus. Il y en a cinq, dont le sergent-chef Tolari, le sergent Grivet et le caporal Roussy. Une autre patrouille partie du poste de surveillance Sud de Brandy parviendra à ramener trois de ces disparus. Ils sont morts : Jean Tolari, André Grivet et Roger Vignerie. André Roussy est décédé des suites de ses blessures, à Fégréac, à l'âge de 20 ans, Jean Neollier est porté disparu. Le même jour, un autre soldat du régiment, Pierre Celerier, meurt à Plessé.
Février 1945 : le régiment, crédité d’un effectif de 1 713 hommes dont 109 officiers, défend alors la rive Nord du canal de Nantes à Brest entre Le Paty sur la Vilaine et le Moulin de Pelerin sur la RN 64, avant sa relève entre le 9 et le 16 mars 1945 par la 4e demi-brigade de chasseurs .
3 mars 1945 : sur ordre du sous-lieutenant Jean Theillon, le caporal Henri Andrieux et le soldat Chabreton, du III/63e RI, sont envoyés reconnaître une maison. Deux coups de feu sont tirés : le caporal tombe (il sera porté disparu), le soldat est blessé au bras gauche mais parvient à s'enfuir.
9 mars 1945 : le I/63e RI est relevé par le 5e BCP qui, arrivé à Redon dans la nuit du 5 au 6 mars, est dirigé sur Le Dresny. Le III/63e RI du capitaine André Pazat le sera deux jours plus tard par le 1er BCP (le bataillon limousin se rend à Redon et sera dissous le 25 mars 1945).
16 mars 1945 : le II/63e RI (commandant Lavrat) est relevé dans le sous-secteur de Fégréac (lieutenant-colonel Bossard) par le 17e BCP venu de Nantes.
Les unités du 63e RI sont alors réparties entre celles du 21e RI nouvellement recréé. Ainsi, le 21 mars 1945, la 5e compagnie du 63e RI est versée dans la CAC, la 3e compagnie du 21e RI et le groupe de transport 537, la 7e compagnie dans la CCI du 21e RI.
Sources : archives du 63e RI, SHD, GR 12 P 13 ; archives collectives des FFI de la Haute-Vienne, SHD, GR 19 P 87.
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