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| Des combattants du 1er RFC dans les Vosges. Photo parue dans le livre de Louis et Nicole Porchet-Marrel. |
Chef de corps : lieutenant-colonel Robert Sarrazac-Soulage (Lagarde), 31 ans, chef du Groupement frontière.
Chef d'état-major : commandant Krau (Bertrand).
6 septembre 1944 : Sarrazac-Soulage annonce à l'état-major de la 3e division d'infanterie algérienne (DIA) la création du 1er régiment de Franche-Comté (RFC). Il sera constitué de trois bataillons recrutés parmi les FFI du Doubs et du Jura.
Le 1er bataillon, créé dès le 4 septembre 1944, veille de la libération de Pontarlier, correspond au Groupe d'escadrons du Jura, mis sur pied à partir du groupe Mont-Poupet. Secondé par le capitaine René Maire du Poset, c'est un aviateur, le capitaine Pierre Patoor, qui commande ce bataillon, composé de trois compagnies sous les ordres du capitaine Gaston Couturier, du lieutenant d'active André Billet et du lieutenant Jacques Baxerres, ainsi que d'une compagnie de commandement (capitaine Albert Roussel).
Aussitôt après la libération de la cité pontissalienne, un 2e bataillon, commandé par le capitaine Edouard Filarder (Duchêne), s'organise au camp de Valdahon, avec pour commandants de compagnies le capitaine Daval puis le capitaine Pierre Hallonet (5e), le lieutenant Barbier puis le lieutenant Velinot puis le lieutenant Monnet (6e), le lieutenant Bart puis le lieutenant Paillot puis le sous-lieutenant Poncet puis le sous-lieutenant Guillaume (7e), le sous-lieutenant Fresne (8e). Comprenant également une "compagnie spéciale russe" (sous-lieutenant Babert), ce II/1er RFC tient d'abord position dans la région de Pont-de-Roide du 12 au 17 septembre 1944, perdant notamment, lors d'une patrouille jusqu'à Vermondans, le 16 septembre 1944, les aspirants Antoine Mayer, un Cadet de la France libre âgé de 20 ans, et Xavier Greusard, ainsi que le sergent Albert Klein, tous trois tués, tandis que le capitaine Richardot (Batelier), adjoint au chef de bataillon, était blessé.
Pour sa part, la constitution du 3e bataillon se révèle plus compliquée. Il sera finalement formé avec les compagnies Verdun, Lorraine, Yser et Gabriel-Péri (puis la compagnie Alsace du capitaine Jules Pagnier) du Bataillon Allard, d'origine FTPF.
26 septembre 1944 : la compagnie russe participe, aux côtés de la 3e DIA, à une attaque au nord de Pont-de-Roide, perdant, selon le capitaine Duchêne, huit morts et douze blessés.
30 septembre 1944 : le bataillon Duchêne, mis à disposition de la 9e DIC nouvellement arrivée en Franche-Comté, s'installe à Chamesol (Doubs). De son côté, le Groupe d'escadrons du Jura (I/1er RFC) participe à une prise d'armes à Pontarlier le 3 octobre 1944 avant de rejoindre trois jours plus tard le 3e régiment de spahis algériens de reconnaissance (RSAR) dans la région de Remiremont (Vosges).
9 octobre 1944 : le I/1er RFC soutient le 3e RSAR (groupement tactique n°4 de la 3e DIA) dans sa progression sur La Bresse (Vosges). Cette unité, qui la veille a atteint le col de Xirais puis défendu la position de Zainvillers, accompagne les spahis du capitaine de Lestrange de part et d'autre de la Moselotte, la compagnie Baxerres atteignant le pont de Thiéfosse, la compagnie Couturier arrivant dans ce village vers midi, toutes deux après avoir réduit des résistances dans les bois.
11 octobre 1944 : Pierre Bonnet, 17 ans, est tué à Thiéfosse, Jeanot Marx, 20 ans, et Edmond Oudot, 21 ans, meurent à Basse-sur-le-Rupt.
1er novembre 1944 : le Groupe d'escadrons du Jura est relevé à la Croix des Moinats par le II/1er RFC. Ce dernier venait d'être instruit par le Régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE) de la 5e DB à laquelle le bataillon a été rattachée du 17 au 29 octobre 1944. Avant ce rattachement, le bataillon Filarder, qui a vu partir ses 80 Russes le 19 octobre 1944, avait déjà perdu quatorze tués ou disparus et 30 blessés en opération.
3 novembre 1944 : le III/1er RFC, qui n'a pas encore été engagé au combat et dont le commandant Genévrier, venu des FFI de Lyon, prend le commandement à compter du 4 novembre 1944 (il succède au capitaine Puccinelli, l'un des chefs de bataillon successifs), monte enfin en ligne au Haut du Ménil, au sud de Cornimont (Vosges). Il s'agit plus exactement des compagnies Alsace et Verdun, le reste du bataillon cantonnant à Saulxures. Attaché au 3e RSAR, le I/1er RFC atteint pour sa part les lisières Ouest du Tholy mais doit se replier en raison d'un tir de mortiers.
Nuit du 5 au 6 novembre 1944 : la 3e compagnie du I/1er RFC et les spahis relèvent le Groupement de choc près de la Neuve Roche.
13 novembre 1944 : une patrouille du corps-franc du 1er RFC, commandée par le lieutenant Robbe et le sous-lieutenant Philippin, perd quatre disparus devant Le Tholy, dont le sergent Léon Pinel, 23 ans, tué. André Patula est également porté disparu à la date du 13 novembre 1944 dans les Vosges.
16 novembre 1944 : le III/1er RFC relève le I/4e RTT dans le quartier de Rochesson.
Libérateurs de Gérardmer
17 novembre 1944 : la 3e DIA descend vers Gérardmer. Le 2e bataillon du RFC marche entre le col des Moinats et La Bresse. Le sous-lieutenant Romain Verguet, de la 5e compagnie, est grièvement blessé aux jambes par un obus et décède, à l'âge de 29 ans, durant son transport. Deux guetteurs de la 7e compagnie, Raymond Martin, 23 ans, et Ercole Félice, 21 ans, sont tués par le bombardement d'une ferme sur le territoire de Cornimont. Ce jour-là, les Allemands incendient Gérardmer avant de se replier...
18 novembre 1944 : il y a encore des pertes au RFC. Le sous-lieutenant Albert Grappe, le sous-lieutenant Nicot et le sergent Tissot, de la 6e compagnie, sautent sur des mines. Le premier meurt de ses blessures à la suite de son amputation.
19 novembre 1944 : selon l'historique du 3e RSAR, « c'est la 2e compagnie du I/RFC », celle du lieutenant Billet, « qui aura l'honneur d'entrer la première dans Gérardmer détruite... » Guidé par un garde forestier, le groupe franc-comtois avait occupé « dès 9 h ses objectifs initiaux au col de la Vierge et aux lisières Est du bois de la Creuse. De là, devançant le 2e Spahis, il occupera Gérardmer au début d'après-midi ». La compagnie Billet, après avoir « traversé des champs de mines et après avoir investi la ville, [...] prit rapidement position sur les hauteurs au sud de la ville, afin de parer à toutes contre-attaques... » Le soir, les Franc-Comtois sont installés à La Rochotte et à La Gemanguette. Le 2e RSAR et les unités FFI qui lui sont attachées entrent également dans la cité martyre où de 7 à 8 000 sinistrés ont trouvé refuge dans un quartier épargné par les incendies. Prochains objectifs : La Bresse et le col de la Schlucht.
20 novembre 1944 : le groupe d'escadrons (I/1er RFC), qui progresse au sud de la route de Colmar, atteint les Quatre-Feignes, les Hautes-Feignes et les Hautes-Vannes. C'est le jour de l'entrée de la 3e DIA dans La Bresse également incendiée.
21 novembre 1944 : mis à disposition du lieutenant-colonel Trioche, commandant le 51e RI, le II/1er RFC s'installe notamment au col de la Grosse-Pierre (le sous-lieutenant Boissard, de la 5e compagnie, qui accompagnait le capitaine Hallonet, saute sur une mine, il a un doigt de pied arraché).
22 novembre 1944 : au soir, le groupe d'escadrons du Jura est au Cerceneux Marion et aux Vazenes. Le bataillon Patoor appartient alors, comme le III/1er RFC, au sous-groupement Sud (lieutenant-colonel Sarrazac-Soulage) du GT 3. Quant au II/1er RFC, il sert au sein du GT 1 du général Duval. Le bataillon atteint le ruisseau du Chajoux et, à 8 h, le village de La Cure (au nord-est de La Bresse), avant qu'une contre-attaque ennemie ne contraigne au repli la section Humbert de la 7e compagnie. Emmenée par le lieutenant Graber, une patrouille se porte jusqu'à la ferme Grouvelin, d'où trois hommes se rendent, à ski, jusqu'à la ferme Biezot où la liaison est réalisée avec une compagnie du groupe d'escadrons du Jura.
Objectif le col de Bramont
26 novembre 1944 : l'approche de La Schlucht reste toujours impossible pour le GT 3, au sein duquel le groupe d'escadrons du Jura réalise des patrouilles en direction du Collet de la Mine et du Haut Vieux, tandis que le III/1er RFC est soumis à un tir de 88 et mortiers en procédant au déminage de la route Le Metty – La Ténine.
A 8 h, le I/51e RI reçoit l'ordre de se porter sur le col du Brabant, première étape avant le col de Bramont, frontière entre les Vosges et l'Alsace. Ce bataillon appartient, comme le II/1er RFC, au sous-groupement Nord (GT Duval) du colonel Van Hecke, chef de corps du 7e régiment de chasseurs d'Afrique. Parti de Xoulces, le I/51e RI parvient au col du Brabant. L'autre composante du sous-groupement Nord, le II/1er RFC, qui est à Lansauchamp, sur la route Cornimont - La Bresse, reçoit l'ordre de porter sa 7e compagnie (lieutenant Guillaume) sur la chapelle située au sommet du col du Brabant, le long du chemin du Haut des Bouchaux qui conduit au lac des Corbeaux. Mais après avoir marché pendant 500 mètres, l'unité est stoppée dans sa progression par un contre-ordre : elle doit revenir à Lansauchamp. C'est là que se rassemble le bataillon, sauf la 5e compagnie (capitaine Hallonet) qui s'installe à Louvière Les Huttes. Pour sa part, la 6e compagnie du lieutenant Monnet, qui avait fait mouvement sur La Bresse, a été prise à partie par des rafales de mitrailleuses.
27 novembre 1944 : les FFI tarnais et franc-comtois reprennent leur progression en direction du Bramont. La compagnie Monnet monte à partir de 9 h 30 à la chapelle du Brabant, par la piste de Lansauchamp. Sa mission est de réaliser la jonction avec les hommes du lieutenant-colonel Trioche. Près de la chapelle, il y a une ferme, dans laquelle pénètrent des démineurs et des hommes de la 1ère section de la 6e compagnie. Un piège explose : deux soldats du génie sont tués, Antoine Soatto et le caporal André Jachez, du 1er RFC, sont blessés. Plus tard, à 11 h 40, il y aura cinq blessés au corps-franc, victimes du bombardement du chemin montant du Daval à la chapelle du Brabant. A 13 h 30, le capitaine Filarder ordonne, par message, à la compagnie Guillaume de rester sur place, car le mouvement du I/51e RI a été « enrayé » dès le départ. « La colonne Trioche qui s'était emparée de la bordure des bois de la Roche des Bouchaux est vigoureusement contre-attaquée et revient sur ses positions de départ après avoir subi des pertes sensibles », note le journal du II/1er RFC. En début d'après-midi, en effet, la 3e compagnie du I/51e RI a subi des pertes près de la ferme des Corbeaux. Ce sont la compagnie Monnet et le corps-franc du 1er RFC, installés dans la zone de la chapelle, qui couvrent le repli du I/51e RI.
28 novembre 1944 : après une préparation d'artillerie qui a été déclenchée à 10 h 15 par le II/67e RAA, le II/1er RFC, dont le PC s'est porté à la chapelle de Brabant, reprend sa progression. Tandis que la 5e compagnie (capitaine Pierre Hallonet) reste en position dans la région des Huttes-La Louvière, « avec mission de protéger La Bresse et de couvrir le débouché de la [vallée] de la Vologne » (historique du 7e RCA), les 7e (lieutenant Guillaume) et la 6e compagnies (lieutenant Monnet) abordent, à 10 h 25, « la corne du bois de la Roche des Bouchaux », précise le journal du bataillon Duchêne. Mais cinq minutes plus tard, les Franc-Comtois se heurtent à l'ennemi. A 11 h 05, la compagnie Monnet est arrêtée par une ligne de barbelés, puis prise à partie, sur sa droite, par des mitrailleuses installées à la corne du bois de la Chauderie. A 14 h, les deux compagnies sont définitivement stoppées et reçoivent l'ordre de s'installer en position défensive. S'il a pu prendre en partie le bois de la Roche des Bouchaux, le II/1er RFC déplore trois tués (Raoul Melet, 24 ans, André Grandvoinnet, 20 ans, touchés chacun par une balle, et Jean Girod, 19 ans, mort des suites de ses blessures) et dix blessés, dont le sergent Marcel Gudin. Le 7e RCA a assisté à ce combat. Son historique confirme que l'ennemi a réagi « par des tirs de mortiers qui s'appliquent sur le bois, sur le glacis au sud du bois, sur le Signal 1065 et dans la région du col de la chapelle du Brabant. A 14 h, un TD […] détruit un observatoire ennemi dans une ferme sur les pentes Sud de Moyen-Mont ». Le document note aussi que « la compagnie du capitaine Rouche [sic] du I/51 tient le Signal de la Roche des Bouchaux et contrôle les pistes Nord de l'Eperon. La CA du I/51 tient une position sur la poste [sic] Sud de la chapelle du Brabant […] ».
29 novembre 1944 : le II/1er RFC, qui a perdu plusieurs blessés par éclats (l'adjudant-chef Gilbert Blanchard, 44 ans, et Henri Juif, qui décèdent de leurs blessures, Cicolini), reçoit l'ordre d'évacuer le bois de la Roche des Bouchaux, le décrochage se faisant après un tir d'artillerie français. De son côté, la 5e compagnie rejoint la chapelle du Brabant, où se trouve la CA du I/51e RI. Les hommes du capitaine Duchêne seront relevés le lendemain par le Bataillon Marc (II/51e RI), gagneront Bouligney, et mériteront une citation à l'ordre du corps d'armée, décernée par le général de Lattre, pour avoir « conquis de haute lutte la moitié » du bois de la Roche des Bouchaux. Le col de Bramont ne sera atteint que le 4 décembre 1944 par le II/51e RI...
Fait d'armes au Hohneck
3 décembre 1944 : deux bataillons du 1er Régiment de Franche-Comté, les 1er (groupe d'escadrons du capitaine Patoor) et 3e, forment, sous les ordres du lieutenant-colonel Sarrazac-Soulage, assisté du commandant Krau, un sous-groupement Sud. « Depuis deux semaines, se souvient un officier, [il] est en ligne sur un front de 6 km, face à la vallée du Chajoux... Le 2 décembre au soir, des indices sérieux font penser que les Allemands amorcent un décrochage... » Le 3 décembre 1944 au matin, sur la neige et malgré les mines, les Franc-Comtois s'avancent. D'abord, le groupe d'escadrons trouve les casemates du Collet de la Mine vides. A midi, les FFI sont au col des Feignes. A 14 h, la route des Crêtes est atteinte. La neige oblige le 1er escadron à s'abriter dans le chalet du Haut-Chitelet, où il fait prisonnier un officier allemand. « Deux patrouilles sont envoyées pour reconnaître le col de La Schlucht, car ce col n'est plus qu'à 2 km. » Un combat s'engage. Deux chefs de section sont tués : le lieutenant Marcel Aubert, 22 ans, et l’adjudant-chef Robert Commarmont, 31 ans. « Ces pertes cruelles n'entament pas nos hommes, poursuit notre officier témoin. Le capitaine Couturier a déjà fait reconnaître les avancées du Hohneck par une patrouille. Le lieutenant Baxerres, commandant le 3e escadron, dit simplement : "Je vais au Hohneck". » Malgré la neige qui tombe, « le 3e escadron passe au milieu des lignes ennemies ; les sentinelles allemandes hésitent à tirer sur ces fantômes blancs... Au sommet, la surprise est complète ; nos hommes prennent l'hôtel d'assaut... A 19 h, un compte-rendu parvient au Haut Chitelet annonçant l'occupation du Hohneck... Vers minuit, une contre attaque est repoussée... » De son côté, l'escadron (compagnie) Billet n'est pas resté inactif, mais a été accueilli par des tirs d'armes individuelles devant la ferme de Schmargult.
5 décembre 1944 : le groupe d'escadrons du Jura s'attaque à la "Ferme sans nom", occupée, dit-on, par 70 Allemands. Sans appui d'artillerie, le peloton All donne l'assaut avec ses 30 hommes soutenus par les feux du peloton Bolle. Le sous-lieutenant All, revolver au point, entre dans le chalet. Une balle lui brise la cuisse, mais 47 Allemands se rendent, dont deux officiers... Autre unité du groupe Patoor, la compagnie Billet avait occupé la ferme du Schmargult évacuée le 4 décembre 1944 puis, après relève de la compagnie Baxerre, elle a défendu le Hohneck, qu'elle a conservé malgré plusieurs assauts dans la nuit du 4 au 5. Le 6 décembre 1944, elle laisse les lieux à une compagnie du 4e RTT (régiment de tirailleurs tunisiens). « On fait le bilan : deux tués, trois disparus, trois blessés chez nous, deux officiers et 20 tués chez lui, 51 prisonniers dont trois officiers. »
Epidémie au 2e bataillon
15 décembre 1944 : une nouvelle tentative de libération de Colmar est lancée le 15 décembre 1944 par le général de Monsabert, dans la région d'Orbey. Le groupement Bonjour participe à ces opérations. Le 16, le groupe d'escadrons du Jura, qui perd ce jour-là Roger Barthe, 20 ans, mort de ses blessures au Bonhomme, occupe le col du Calvaire avec les spahis algériens. Le lendemain, l'hôtel du Lac Blanc est pris, où meurt Maurice Claude, 23 ans. Les FFI franc-comtois seront encore engagés le 18 décembre 1944, avant d'aller se reposer au Bonhomme le 25. Français et Américains ont pu parvenir jusqu'à 6 km seulement de Colmar, mais l'attaque n'ira pas plus loin..
Durant ce mois de décembre 1944, le 1er régiment de Franche-Comté, dont le chef de corps, le lieutenant-colonel Sarrazac-Soulage, a annoncé mi-décembre 1944 son prochain départ (il sera remplacé par le lieutenant-colonel Albert Sarda de Caumont, dit Rosette, issu des FFI de la Région 4), vit une période mouvementée. Tandis que le groupe d'escadrons du Jura opère, nous l'avons vu, avec le groupement Bonjour dans la région d'Orbey, occupant la Tête des Faux et la ferme Tinfonge, le 2e bataillon connaît un tragique événement : une épidémie de typhoïde qui se déclare le 7 décembre 1944 et va entraîner sa mise en quarantaine à Bouligney, en Haute-Saône. Les soldats Manuel Raye, Fournier, Auguste Courtois, Alfred Cambazard, Guyon, Joseph Bourgon seront notamment victimes de cette épidémie. Eprouvé par la maladie, le bataillon Filarder recevra, en renfort, la 12e compagnie Alsace du capitaine Jules Pagnier (III/1er RFC). Ce départ sera compensé, au III/1er RFC, par l'arrivée, à partir du 10 décembre 1944, du « Bataillon de renfort de Saint-Etienne », venu de Feurs (Loire) et commandé par le capitaine Ravereau, alias Franck. Sa 1ère compagnie (capitaine Revol) deviendra 10e compagnie du III/1er RFC, la 2e se transformera en 12e compagnie, la 3e en 11e compagnie, et la CHR... en CHR du bataillon. Confiée au capitaine Mugnet-Pollet, en remplacement du capitaine Prost affecté à la CHR, la 9e compagnie (Verdun), qui tient le Collet et le chaume du Schmargult, est conservée en l'état, l'ancienne 10e (Yser) est versée dans les 9e et 12e compagnies. C'est à Ravereau qu'est confié désormais, à compter du 12 décembre 1944, le destin de ce bataillon ligérien et jurassien...
En position dans les Vosges et à Strasbourg
28 décembre 1944 : la 9e compagnie Alsace (capitaine Pagnier) et une section (lieutenant Fabre) de la compagnie Verdun du III/1er RFC relèvent une section du 7e RTA à Schmargult.
6 janvier 1945 : toujours associé au 3e RSAR, le I/RFC, qui était stationné au Bonhomme, quitte les Vosges le 6 janvier 1945 pour la région de Strasbourg, s'installant le 10 dans le quartier de Nordhouse. Durant la bataille de Colmar, le reste du régiment tient position au Chaume de Schmargult, près de La Bresse, au sein du groupement Nord des Vosges.
22 janvier 1945 : des patrouilles du III/1er RFC sont lancées sur le Chaume de Breitzhousen (La Bresse) et la Ferme sans nom. Le bataillon commence à être relevé par le II/1er RFC qui tiendra les points d'appui du col des Feignes-sous-Vologne, de la Baraque des Allemands, du Petit-Artimont, de Schmargult, etc. Les hommes du capitaine Prost, commandant par intérim le III/1er RFC (le commandant Genevrier a été affecté à la base arrière du régiment), vont se reposer à Vagney.
29 janvier 1945 : l'aspirant Jean-Roger Paris (7e compagnie), 28 ans, et le soldat Michel Renault (ou Renaud), 18 ans, sont grièvement blessés lors d'une patrouille. Le premier décède dans la nuit du 30 au 31, le second le 31 (à Gérardmer).
3 février 1945 : premier signe d'un décrochage allemand dans les Vosges. A la tête d'une patrouille de la 5e compagnie du 2e bataillon partie à l'aube, le lieutenant Robbe trouve d'abord la Ferme sans nom abandonnée. Elle est occupée à 10 h par la 6e compagnie, qui parvient aussi à 11 h à Breitzhousen, puis, vers 13 h, reconnaît par des patrouilles les crêtes à l'est de la source de la Moselotte et sur le Kastelberg. Au même moment, avec les skieurs de la 5e compagnie, le lieutenant Graber pousse en direction de Mittlach mais doit décrocher en raison des résistances qui sont rencontrées. Le chaume de Ferschmuss est toujours tenu par les Allemands, et il apparaît impossible de l'attaquer à cause d'une tempête de neige.
4 février 1945 : n'ayant pu prendre Ferschmuss la veille, le II/1er RFC du capitaine Edouard Filarder met la main sur cette position, qui est vide, à 8 h. Une section de la 7e compagnie s'y installe. Mais une violente tempête de neige à 10 h 30 rend impossible la découverte d'un passage sur Mittlach. Lancée à son tour, la 8e compagnie, arrivée à 17 h à Ferschmuss, parvient toutefois à dépasser la Route des crêtes et à atteindre le refuge du Vieil-Etang. Une patrouille est même poussée jusqu'à Mittlach.
5 février 1945 : la 8e compagnie du II/1er RFC, partie à 6 h du refuge du Vieil-Etang, arrive à 7 h 30 à Mittlach, où sont déjà présents des goumiers du colonel Massiet Dubiest et des hommes du 5e RI. Une section se porte jusqu'à Metzeral où elle parvient à 9 h. « Ce sont les premières troupes françaises qui parviennent, et l'accueil est chaleureux », note le JMO du 2e bataillon qui se regroupe dans la localité. Une section de la 8e compagnie est poussée à Munster, où le 9e régiment de zouaves est déjà arrivé. C'est la fin de la bataille d'Alsace pour le régiment.
Intégré au 27e RI
Le 19 février 1945 (officiellement le 1er mars 1945), le 1er régiment du Morvan, pour 1 247 hommes, et le 1er régiment de Franche-Comté, pour 1 588 volontaires, fusionnent pour former le 27e régiment d'infanterie, qui est confié au lieutenant-colonel Albert Sarda de Caumont. Le I/1er RFC forme le I/27e, aux ordres du commandant Deleu venu du 1er RTA (puisque le capitaine Patoor a fait ses adieux à ses hommes), le II/1er RFC donne naissance au II/27e dont le capitaine Filarder garde le commandement, et le III/RFC est versé dans ces deux bataillons ainsi que dans les unités régimentaires. Avec le 27e RI, les FFI du Doubs, du Jura et de la Loire prennent part à la Campagne d'Allemagne.
Etat des morts du 1er régiment de Franche-Comté (1944-1945)
Sous-lieutenant Romain Verguet (II), 29 ans, le 17 novembre 1944 ; sous lieutenant Albert Grappe (II), le 18 novembre 1944 ; lieutenant Marcel Aubert (I), 22 ans, le 3 décembre 1944 ; aspirant Jean-Roger Paris (II), 28 ans, le 30 janvier 1945.
Adjudant-chef Gilbert Blanchard (II), 44 ans, blessé à mort le 29 novembre 1944 ; sergent Léon Pinel (CF), 23 ans, le 13 novembre 1944 ; adjudant-chef Robert Commarmont (I), 31 ans, le 3 décembre 1944.
Léon Girardot, 20 ans, le 8 octobre 1944 ; Maurice Albertini, 17 ans, le 9 octobre 1944 ; Pierre Bonnet, 17 ans, le 11 octobre 1944 ; Jeanot Marx, 20 ans, le 11 octobre 1944 ; Edmond Oudot, 21 ans, le 11 octobre 1944 ; Raymond Cardis (I), 19 ans, le 15 octobre 1944 ; Maurice Denizet, 19 ans, le 15 octobre 1944 (accident) ; Jean-Marie Barthoulot (I), 18 ans, le 27 ou 28 octobre 1944 ; Raymond Martin (II), 23 ans, le 17 novembre 1944; Ercole Félice (II), 21 ans, le 17 novembre 1944 ; Raymond Malsot, 21 ans, le 2 ou 21 novembre 1944 (blessures) ; Jacques Corbin, 18 ans, le 27 novembre 1944 (blessures) ; Raoul Melet (II), 24 ans, le 28 novembre 1944 ; André Grandvoinnet (II), 20 ans, le 28 novembre 1944 ; Jean Girod (II), 19 ans, le 28 novembre 1944 ; Jules Pierrein (II), le 28 novembre 1944 ; Jacques Medicus, 37 ans, le 28 novembre 1944 (accident) ; Henri Juif (II), blessé à mort le 29 novembre 1944 ; Maxime Bitsch, 20 ans, le 4 décembre 1944 ; Georges Bruneau, 20 ans, le 4 décembre 1944 ; François Salomon, 21 ans, le 4 décembre 1944 ; André Gros, 20 ans, le 5 décembre 1944 ; Samuel Dailly (I), 30 ans, le 13 décembre 1944 ; Primo Locatelli (I), 22 ans, le 13 décembre 1944 ; Roger Barthe (I), 20 ans, le 16 décembre 1944 ; Maurice Claude (I), 23 ans, le 17 décembre 1944 ; René Raguin, le 17 décembre 1944 ; Paul Gras, 19 ans, le 26 décembre 1944 ; Jean-Roger Lhomme-Choulet, 30 ans, en décembre 1944 (blessures) ; Adolphe Percerot, 24 ans, le 20 janvier 1945 (accident) ; Michel Renault (ou Renaud), 18 ans, le 31 janvier 1945 ; Joannes Cognasse (III), 19 ans, le 21 février 1945.
Sources principales : PORCHET-MARREL (Louis et Nicole), Les combattants volontaires de Franche-Comté, 1990 - archives du 27e RI, GR 12 P 7, SHD - La prise du Hohneck par les FFI de Franche-Comté , journal Rhin et Danube, octobre 1998 - Mémoire des Hommes.

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