vendredi 14 novembre 2025

Le 1er Bataillon du Charollais et le combat du bois du Calvaire (7 décembre 1944)


Le Bataillon du Charollais sur la cote 475. Photo parue dans l'ouvrage "Le maquis de Beaubery
et le Bataillon du Charollais".

Unité FFI de Saône-et-Loire attachée à la 1ère armée française depuis le 7 septembre 1944, le 1er Bataillon du Charollais a été rudement éprouvé lors des combats entre Bourbach-le-Bas et Roderen, trois mois plus tard. Récit d'une âpre lutte en terre d'Alsace. 

    Le 1er Bataillon du Charollais s'est joint à l'armée B (1ère armée française) dès le 7 septembre 1944. Sous les ordres du capitaine puis commandant Olivier Ziegel (Claude), capitaine de réserve de 35 ans, docteur en droit, cette formation issue du maquis de Beaubery (Saône-et-Loire) a d'abord porté l'appellation de 4e Bataillon du Charollais. Elle se compose des compagnies de Charolles (capitaine Louis Naulin), de Matour (lieutenant Jean du Sordet), de La Clayette (lieutenant Paul Misbach), de Saint-Igny-de-Vers (commandant Joseph du Sordet) et de Beaubery (lieutenant Lucien Blavier). Le capitaine Robert Toussaint est l'adjudant-major du bataillon.

    Attaché à la 1ère division blindée, le bataillon du Charollais quitte la Saône-et-Loire, traverse la Côte-d'Or, la Haute-Marne, puis il entre en Haute-Saône. Il subit ses premières pertes les 23 et 24 septembre 1944, à Palante et Frotey-lès-Lure : trois tués ou disparus, dont l'aspirant Jean Berne. Le 25 septembre 1944, l'unité participe à l'action offensive de la 1ère DB en direction de Ronchamp. Le capitaine britannique Stanley Gannicott, qui accompagne la formation, est blessé, mais dans l'après-midi, la localité de Magny-d'Anigon est occupée. Le lendemain, les FFI du Charollais nettoient le secteur de Magny-d'Anigon, où les corps de 48 résistants massacrés sont découverts dans un charnier, et occupent le village de La Côte. Ils perdent dans la journée les caporaux Henri Bernier et Louis Migeon, les soldats Hubert Braillon, Joseph Cotte et Jean Dargaud, tandis que le lieutenant André Schaller est au nombre des blessés. Le 27, Georges Sella est tué par balle, et l'aspirant Veyret blessé.

    Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1944, deux sections du 1er bataillon de zouaves portés, auquel ont été détachés des éléments du Charollais (la compagnie de Charolles du capitaine Louis Naulin et la section de L'Escaille de la compagnie de Saint-Igny), s'installent par surprise dans la chapelle de Ronchamp, site utilisé par l'ennemi comme observatoire de la région. Le 29 septembre 1944, les Allemands tentent de reprendre la position. Ils sont contraints au repli, mais les pertes ont de nouveau été sensibles chez les FFI de Saône-et-Loire (et du Rhône) : Roger Babanini, Marcel Royer, Jean-Marie Braillon ont perdu la vie. Au matin du 30, les Allemands lancent un nouvel assaut contre Ronchamp renforcé par d'autres éléments du 1er Bataillon du Charollais. Le combat va durer quatre heures. Les FFI perdent deux tués – le médecin auxiliaire Fernand Navello et Jean Pontvianne – et plusieurs hommes grièvement blessés dont le capitaine (ou commandant) François de L'Escaille et l'aspirant des Gayets. « La chapelle est en ruines », notent les anciens du Charollais, mais elle reste française. Le 1er octobre 1944, le bataillon, qui a encore perdu un tué (Claude-Marie François) et trois blessés (dont le commandant Etienne Hérouart), est mis au repos à Santenay (Côte-d'Or).  

    Pendant que leurs camarades soufflent, une compagnie de marche de 200 hommes remonte en ligne le 9 octobre 1944. Elle accompagne des éléments du 9e régiment de chasseurs d'Afrique qui s'installent dans le secteur de Ramonchamp (Vosges), et y reste jusqu'au 17 octobre 1944. Au cours du déplacement depuis Mélisey, quatre de ses hommes (Pierre Champion, Maurice de Noailles, Charles-Henri Morin et Louis Robert) trouvent la mort dans un accident de camion tombé dans la Moselle à Rupt. Puis, les 13 et 14 octobre 1944, meurent encore Louis Mélinand, Raymond Gruel et Jean-Pierre Noyret. Ainsi donc, depuis son arrivée en Haute-Saône, le Bataillon du Charollais aura perdu 22 de ses hommes.

7 décembre 1944 : combat pour le bois du Calvaire

    Jusqu'au 27 novembre 1944, le bataillon reste en cantonnement à Santenay, en Côte-d'Or. C'est là que ses hommes sont invités à signer leur engagement pour la durée de la guerre. Mais ils ne sont que 250 hommes sur 700 initialement, auxquels s'ajoutent une cinquantaine de volontaires de Saône-et-Loire venus s'enrôler, à faire ce choix. Au 27 novembre 1944, le Charollais est passé de cinq à quatre compagnies (dont une compagnie hors rang), puis à trois. Les deux unités de fusiliers voltigeurs sont commandées pour la 1ère (dite l'Escadron) par le lieutenant Antoine d'Anterroches, pour la 2e par le lieutenant Jean du Sordet, tandis que le lieutenant Lucien Blavier est à la tête de la CHR.

    Le 4 décembre 1944, le commandant Georges Vigan-Braquet, chef de corps du Groupe de commandos du 2e corps, se voit rattacher, à Sentheim, le 1er Bataillon du Charollais. Le 6 décembre 1944, celui-ci gagne Bourbach-le-Bas d'où la 2e compagnie part relever, le soir, sur les pentes Sud de la désormais fameuse cote 475, les compatriotes du Commando de Cluny. La cote 475 est cette hauteur qui sépare Bourbach-le-Bas de Roderen. Perdue dans la nuit du 30 novembre 1944 au 1er décembre 1944 par le Régiment de marche Corrèze-Limousin, elle n'a pu être définitivement enlevée par le Commando de Cluny le 3 décembre 1944.

    Le 7 décembre 1944, les volontaires du Gard, de l'Indre-et-Loire et de Saône-et-Loire placés sous le commandement de Vigan-Braquet sont lancés, au matin, à l'attaque en direction de Roderen. La compagnie du Sordet sera en tête, avec un peloton du 3e régiment de spahis marocains. Pour éviter le champ de schuhminen aménagé par les Allemands derrière la cote 475, les FFI du Charollais tourneront d'abord la crête par la gauche, près du calvaire qui a été érigé au sommet, puis s'empareront du bois du Calvaire, situé à 100 m plus bas en direction de Roderen. Depuis ce lieu, la compagnie d'Anterroches, jusque-là tenue en réserve entre Bourbach-le-Bas et la cote 475, se lancera à l'assaut du village. 

    Le compte-rendu de la 2e compagnie du Charollais, commandée par le lieutenant Jean du Sordet avec pour adjoint le lieutenant Leboiteux, composée des sections du sous-lieutenant Joseph Danard, de l'adjudant-chef Marc Gauthey et de l'aspirant Louis Fillière, rapporte longuement les événements de cette journée tragique :

    « Mission de la compagnie pour la journée du 7 [décembre 1944] : prendre la cote 475, occuper le bois au nord de celle-ci (premier objectif). Heure H : 9 h 20, après préparation de 10 minutes sur la cote et le bois. Opération à réaliser en liaison avec les spahis du 3e RSM et les chars progressant sur la route en direction de Roderen. [...] 

    9 h 45 : la section Fillière reçoit l'ordre d'opérer un glissement à gauche et vient se poster en arrière et à droite des deux autres sections sur la droite de la route face au nord. La section Danard signale que deux de ses hommes viennent d'être blessés par explosion de mines. Le médecin [Alain Limouzin] et ses brancardiers se rendent sur les lieux. Le champ étant complètement miné,  l'enlèvement de ces blessés s'avère particulièrement délicat ; le brancardier [Georges Micollot] saute lui-même sur une mine. 

    10 h : arrivée des chars sur la route qui attendent la déminage. La section Danard reçoit l'ordre de se replier vers la droite de la route, sa progression étant impossible ; sept hommes déjà hors de combat et la position occupée par cette unité étant rendue inutile par l'arrivée des chars. 

    10 h 30 : les chars sont en position à droite de la route au nord ouest de 475 ; les sections progressent derrière eux. La section Gauthey occupe le calvaire. [...] 

    10 h 45 : la section Gauthey visite le sentier allant du calvaire à Roderen, tue un Allemand caché dans un trou au calvaire, et ouvre le feu efficacement sur des Allemands qui progressent sur crête à [l'] ouest de Roderen à 600 m environ. La section Fillière à droite est prise à partie par un lance-grenades qui, du bois, lui cause des pertes : un mort, un blessé grave et un conducteur de chars tué en portant secours aux blessés. 

    11 h 30 : progression vers le bois que les chars qui se sont déplacés en ligne vers le sud-est ont soumis au tir de leurs canons et de leurs mitrailleuses, progression par bonds, la section Fillière restant avec le groupe de la section Danard en couverture du mouvement à droite aux ordres du lieutenant Leboiteux. 

    12 h 15 : les sections Danard et Gauthey prennent position dans le bois sur une ligne dirigée nord-sud. La section Fillière est soumise à un tir de lance-grenades qui tue un chef de groupe et blesse grièvement le chef de section Fillière. 

    14 h : regroupement de la compagnie face au nord-est à 100 m à l'intérieur de la secture* gauche du bois, les pertes subies par le tir ininterrompu de mortier et les mines réduisant l'effectif dans de telles proportions que le bois, reconnu inoccupé, ne pouvait être tenu plus au nord et son occupation ne pouvait être exploité. 

    15 h : le lieutenant Leboiteux, les chars assurant la couverture au sud, rejoint les autres sections dans le bois, après s'être fait ouvrir un chemin dans le champ de mines Nord de la cote 475 par un char. La section était arrêtée près du champ où deux hommes avaient été blessés. L'ordre prévient de garder la position occupée, la compagnie devant être relevée avant la nuit par la 1ère compagnie. 

   15 h 30 : reconnaissance du lieutenant d'Anterroches, commandant la 1ère compagnie, accompagné du sous-lieutenant Rimmel, officier de renseignements du bataillon. 

    16 h 30 : mouvements des chars ; contre-attaque allemande après violente préparation par minen qui arrosent le bois, les lisières de la cote 475. La position étant intenable, la compagnie étant sans appui à droite et à gauche et n'ayant aucune vue, le terrain permettant à l'ennemi de s'infiltrer à droite dans le bois et d'opérer un mouvement tournant, la compagnie se replie à la cote 475. La traversée du champ de mines et les tirs de minen causent la perte de trois hommes ; les chars n'étant plus en place pour nous permettre de contrôler les issues du bois, la compagnie reprend sa position au sud de 475. La contre-attaque allemande arrive à la crête, quelques éléments tentant de s'infiltrer sur la droite et ils sont stoppés par un groupe d'Indre-et-Loire. 

    17 h 45 : la situation est rétablie, l'ennemi se contentant de tirer quelques rafales de mitraillettes sur nos positions. 

    18 h : la compagnie est relevée par la 1ère .» 

    La compagnie du Sordet a été très éprouvée durant cette journée qui a vu tout de même le Groupe de commandos du 2e corps garder avec succès la cote 475**. Le sergent Roger Aupoil et Jacques Paliard ont perdu la vie, Maurice Kaiser et Jean Didier ont été mortellement blessés. La liste des blessés comprend l'aspirant Louis Fillière, Hussek, Georges Micollot, qui ont sauté sur une mine, Chatard, tandis que Jeannette Aubague et Georges Perrin ont été commotionnés. Puis le bombardement allemand ayant contraint les hommes de la «2» à se replier, c'est la traversée du champ de mines qui a été meurtrière : Jean Baucher, 47 ans, Michel Pourtales, 17 ans, Emile Legros, Elie Gandit ont été tués ou mortellement blessés. 

    A la 1ère compagnie, on ne reverra pas vivants – ils ont été victimes d'une mine - le lieutenant d'Anterroches, 30 ans, issu du 11e régiment de cuirassiers, et le sous-lieutenant Victor Rimmel, 36 ans, qui étaient partis en reconnaissance au moment où l'ennemi lançait la contre-attaque. Désormais confiée au lieutenant Jean Mauz, secondé par le lieutenant Yves Morin, l'unité rentre à Bourbach-le-Bas. Leurs camarades passeront la nuit dans des trous « pleins d'eau, aucun abri le long de cette pente exposée au vent glacial qui remonte la vallée » - il y aura des évacuations pour pieds gelés au matin. 

Les officiers de la 1ère compagnie ("Le maquis de Beaubery et le Bataillon du Charollais").


    Le Bataillon du Charollais restera en position en Alsace jusqu'au 20 janvier 1945, notamment dans le secteur de Thann, avant d'être dissous pour être versé dans le 2e bataillon du 35e RI, bataillon dont le commandant Ziegel prend le commandement au moment de se battre dans la Poche de Colmar.

Sources principales : AD 71, 84 J 26 et 29, archives du 1er Bataillon du Charollais - SHD, GR 12 P 9, archives du 35e RI - Le Maquis de Beaubery et le bataillon du Charollais, 1947.

* Ancienne unité de mesure de superficie d'une terre. 

** A propos de cette unité, lire avec profit : François ROZIER, Le Corps franc d'Indre-et-Loire. 1ère compagnie du 20e bataillon de chasseurs alpins, Editions du Petit-Pavé, 2016.



jeudi 13 novembre 2025

Le 99e régiment d'infanterie alpine (1944-1945)

La 6e compagnie du II/99e RIA après les combats de Roche-la-Croix.
(Photo parue dans le numéro n°24 du magazine Hommes de guerre, en 1989).


Chef de corps : chef de bataillon Hubert de Sury d'Aspremont, ex-chef de corps du Bataillon ORA de l'Ain puis de la 5e demi-brigade alpine

Créé le 16 décembre 1944 à partir de la 5e demi-brigade alpine de la 1ère division alpine FFI. Le régiment incorpore le 1er bataillon (AS) de l'Ain du capitaine Maurice Colin qui devient I/99e RIA, le 2e bataillon (AS) de l'Ain du capitaine Noël Perrotot qui se transforme en III/99e RIA, le 1er bataillon (AS) de la Loire du capitaine Gérard Maury qui donne naissance au II/99e RIA, ainsi que des éléments du Bataillon ORA de l'Ain et du Bataillon Gentgen (30e bataillon de la Loire). Le Service historique de la Défense évoque également l'incorporation de volontaires du 2e bataillon (FTP) du Rhône du commandant Jean Crotte. Le 99e RIA appartient au Détachement d'armée des Alpes mais n'est pas endivisionné.

Théâtre d'opérations : le Briançonnais (le 1er bataillon de la Loire est en ligne depuis le 26 novembre 1944).

Mouvements et opérations

18 décembre 1944. Le II/99e RIA attaque le fort supérieur de Roche-la-Croix (Basses-Alpes) : le sous-lieutenant André Wehrling (6e compagnie) est tué.

10 janvier 1945. Dans la nuit du 10 au 11 janvier 1945, le II/159e RIA (FFI de l'Ardèche) est relevé par trois compagnies du 30e bataillon de la Loire du commandant René Gentgen, qui sera dissous à la date du 15 janvier 1945, une compagnie passant au I/99e RIA, les deux autres (lieutenants Henri Goldmine et Charles Belval) au III/99e RIA.

27 janvier 1945. Décès de Roger Clavelloux (I/99e RIA), âgé de 16 ans et six mois (il est né à Saint-Etienne le 21 juillet 1928).

31 janvier 1945. Dissolution de la 4e compagnie (lieutenant Roger Michallon) du II/99e RIA qui est versée dans les unités de ce bataillon.

19 mars 1945. Dans les Hautes-Alpes, la patrouille de l'adjudant-chef César Jamais (III/99e RIA) est prise à partie par un feu d'armes automatiques devant la dernière maison du Blétonnet. Le caporal Etienne Mantz est tué, l'adjudant-chef Jamais, « touché à bout portant put cependant à haute voix donner ordre à ses hommes de riposter ». Deux soldats, Jean Buirod et Jean Mathonnet, sont mortellement blessés, tout comme l'adjudant-chef Jamais qui mourra le lendemain à Guillestre.

4 avril 1945. Le 99e RIA fait l'objet d'un sévère bombardement du fort de Gondran C, à Montgenèvre. « De 9 h 30 à 13 h, treize obus de 420 et 25 obus de petit calibre sur le Gondran C. A midi, un coup de 420 tombe en plein milieu du fort. » S'il y a 26 blessés (six graves et 20 légers), le régiment n'enregistre pas de mort ce jour-là. 

Pertes enregistrées durant la présence du 99e RIA sur le front : sergent Bernard Bazin (6e compagnie), décédé le 30 novembre 1944 à Tournoux ; caporal Paul Schwab (CA I), le 11 janvier 1945 ; soldat Zenon Wolski (I/99e), le 14 février 1945 ; Raymond Chêne, à Briançon le 7 mars 1945 ; Jacques Rossin (6e compagnie), à Barcelonnette le 10 mars 1945 ; Louis Marques, le 14 mars 1945 à Névache ; Jean Mathonnet, à Briançon le 21 mars 1945 ; Robert Cusson (10e compagnie), mort accidentellement le 27 mars 1945 ; Gaston Marchand (1ère compagnie) et Jean Thimon, tués par obus le 9 avril 1945 à Névache ; Jean-Paul Perret (II/99e RIA), tué le 18 avril 1945, et Paul Molitor (II/99e RIA), porté disparu à la même date ; Charles Chaize, mort à Briançon le 20 avril 1945 ; Antoine Lièvre, le 21 avril 1945 à Briançon..

Attaque du col de Larche

22 avril 1945. Le groupement Sud est sous les ordres du commandant André Le Henry, du I/159e RIA lors des opérations d'attaque du col de Larche. L’officier jurassien dispose d’une compagnie de son bataillon (lieutenant Burger), de la 6e compagnie (capitaine Guy de Frondeville) du II/99e RIA, de la valeur de deux sections du I/141e RIA, du 2e escadron (capitaine Alfred Colonges) du 5e régiment de dragons, et de deux groupes d'éclaireurs skieurs de l'Ubaye. Objectifs : les ouvrages de Roche-la-Croix. 

Au cours des combats, la 6e compagnie déplore trois sous-officiers blessés : l'adjudant chef Mausset, chef de section, qui a eu le bras droit arraché, les sergents Lagrevol et Oudouard. Le site Mémoire des hommes indique qu'il y a deux morts à la 6e compagnie le 22 avril 1945 à Roche-la-Croix : le caporal-chef Raymond Bader et Louis Alirand. Mais la 4e section de l'aspirant Roilette est parvenue à investir le fort de Roche-la-Croix, sur lequel le drapeau a été hissé à 17 h 30.

25 avril 1945. Pendant que se déroulent les opérations du col de Larche, au nord, sur l'axe Briançon – Turin, deux sections de la 7e compagnie du II/99e RIA, sous les ordres du lieutenant Jean Thomas, partent à 3 h 30 avec pour mission de prendre contact au Mont Quitaine (Monquitaine, commune de Montgenèvre).

Rapport du lieutenant Thomas : « A 5 h 10, le dispositif d'attaque étant en place, je donne l'ordre d'exécution. Dès que les premiers groupes débouchent du grand bois au pied du Mont Quitaine, ils sont pris immédiatement sous le feu de la mitrailleuse lourde ainsi que par les FM. A ce moment, nous prenons position dans le col même, c'est-à-dire côté gauche du Mont Quitaine et quelques instants après la mitrailleuse lourde est neutralisée, un de nos FM touchant les deux servants qui tombent en criant ; jusqu'à 5 h 50, nous répondons de notre mieux à toutes les armes automatiques ennemies au fur et à mesure qu'elles se découvrent... Le décrochage se fait méthodiquement, chaque groupe se protégeant par son arme automatique. Les mortiers ennemis qui nous arrosaient depuis notre arrivée ont suivi notre mouvement de repli... Nous avons eu l'impression que les Boches nous attendaient, ils nous ont laissé sortir du bois sans nous permettre toutefois d'atteindre les réseaux de protection (barbelés et grenades piégées). » Pertes de la patrouille : deux tués (René Moussard, 19 ans, et André Fournier) et six blessés légers.

27 avril 1945. Après être entrée dans Barcelonnette puis être retournée à Briançon, la 6e compagnie du II/99e RIA franchit la frontière franco-italienne. Le lendemain, elle est à Suse.

Ordre de bataille

Etat-major : chef de bataillon Mouxy de Loche, capitaine Gaston Raoux, Méd-Cne Jean Causse, Cne Guyot (ex-Bataillon ORA de l'Ain)

I/99e RIA, capitaine Maurice Colin

    Etat-major : Ltn Marcel Inard

    Compagnie de commandement : Cne Claude Granotier (ex-Bataillon Gentgen)

    1ère compagnie : Ltn Léon Boghossian 

    2e compagnie : Ltn Marcel Louison

    3e compagnie : Slt Jean Signori puis Ltn Martignoni

    4e compagnie : Ltn Pierre Chasse 

    5e compagnie : Ltn Rebold


II/99e RIA, capitaine Gérard Maury

    Etat-major : Ltn Dupuis, Ltn Pissere, Ltn Villie, Cne Givry

    Compagnie de commandement : lieutenant Masson 

    6e compagnie : capitaine Guy de Frondeville

    7e compagnie : lieutenant Jean Thomas

    8e compagnie : lieutenant Roger Michallon puis lieutenant Jean Martinez

    9e compagnie : lieutenant Henri Goldmine (ex-Bataillon Gentgen)

    10e compagnie : capitaine Jacques Tomasini (ex-Bataillon Gentgen)


III/99e RIA, capitaine Noël Perrotot

    Etat-major : Cne Philbert Jacquet (ex-compagnie Narval)

    Compagnie de commandement : Ltn Paul Pauget

    11e compagnie : Ltn Lucien Breton

    12e compagnie : Ltn Guy Jacquet

    13e compagnie : Slt Pierre Touchon

    14e compagnie : Ltn Marcel Payre

    15e compagnie : Ltn Charles Belval (ex-Bataillon Gentgen)

Compagnie de mortiers : Cne André Descours

Compagnie d'éclaireurs skieurs : Cne Edouard Kah (ex-Bataillon ORA de l'Ain).

Sources principales : archives du 99e RIA, GR 12 P 19, SHD - Hommes de guerre n°24, 1989 - Albert MALOIR, Le Forez dans la guerre 1939-1945, édition Horvath, 1986.

mardi 11 novembre 2025

Le 51e régiment d'infanterie (du Tarn et de l'Aveyron), 1944-1945

Des FFI du I/51e RI dans les Vosges. Photo issue de l'ouvrage de Pierre Alquier.


Chef de corps : lieutenant-colonel René Trioche

Organisation :

. 1er bataillon, commandant Henri Pugnaire (blessé 18/10/1944) puis commandant Jean Martrou

. 2e bataillon, commandant François Vittori (Marc).

A l'origine, le lieutenant-colonel René Trioche, ancien officier du 51e RI de l'Armée d'armistice à Albi (tout comme son adjoint, le commandant Edmond Dupuy, mais également Pugnaire et Martrou), commande la 1ère demi-brigade (du Tarn) de la Division légère de Toulouse. Elle se compose initialement de trois bataillons : le Bataillon de l'Albigeois (ORA du Tarn), qui a repris les traditions du I/51e RI, le Bataillon du Rouergue (FTP de l'Aveyron) et le Bataillon Antoine (groupes Vény du Tarn). Ce dernier ne combat pas en corps constitué au sein de la 1ère armée française, à la différence des deux autres bataillons. 

1er bataillon du 51e RI

Effectifs : 20 officiers et 407 sous-officiers et hommes de troupe. « Les hommes sont des jeunes engagés, en majorité étudiants, note le général Guillaume, commandant la 3e division d'infanterie algérienne. L'instruction qu'ils ont reçue est rudimentaire : un peu d'école de groupe et de maniement d'armes. » Particularité de sa 3e compagnie (capitaine Lucien Rabaséda) : elle est composée de gardes d'un escadron de marche formé après la dissolution des escadrons 3/6, 7/6 et 8/6. La 2e compagnie est commandée par le capitaine Emile Arino, qui n'a que 21 ans. Ce dernier était, sous le pseudonyme de Daniel, le chef du maquis Stalingrad, d'où le nom de Compagnie Stalingrad de l'unité.

Ayant défilé à Dijon le 15 octobre 1944, le I/51e RI est mis à disposition du 2e régiment de spahis algériens de reconnaissance (RSAR), dans les Vosges, le 18 octobre 1944. Ce jour-là, son chef, Pugnaire, est blessé aux jambes par des éclats d'obus en arrivant à Saulxures-sur-Moselotte. Un autre ancien officier du 51e RI, le commandant Martrou, lui succède. Sous ses ordres, le bataillon relève, le 19 octobre 1944, le bataillon Bénony du Corps franc Pommiès dans le quartier de La Forge-Julienrupt, sur l'axe Remiremont - Gérardmer, devant Le Tholy. Le 24 octobre 1944, il déplore la mort du soldat Jacques Magnier, au Syndicat. Puis, le 28 octobre 1944, il perd le soldat Roger Calmet, tué par l'obus d'un char Tiger posté en bas du Tholy (l'adjudant Richard, le sergent-chef Thibault, le sergent Mauriès et le caporal Jaïs sont blessés). Nouvelles pertes le 4 novembre 1944, lors d'une reconnaissance sur une crête par une patrouille qui est accrochée par une mitrailleuse (le sergent-chef Paul Busig, les sergents Thibault et Mayer sont blessés). Relevé dans le quartier de La Forge le 7 novembre 1944 et dans la nuit du 7 au 8 par le 1er Bataillon de Toulouse (ex-2e demi-brigade Ajax), le bataillon part cantonner au Roulier et à Saint-Loup-sur-Semouse. 

Depuis le 27 octobre 1944, le I/51e RI compte une nouvelle 3e compagnie confiée au capitaine Max Rouch et provenant de la Demi-brigade Ajax (cette unité succède, dans l'ordre de bataille du bataillon, à l'ancien escadron de marche de gardes du capitaine Rabaséda, qui rentre à Toulouse). 

Le I/51e RI, également appelé Bataillon de l'Albigeois, remonte en ligne le 19 novembre 1944, entre Cornimont et Xoulces, en relevant des militaires du 2e Bataillon de la Légion étrangère. Le 22 novembre 1944, deux sections de la 1ère compagnie (capitaine Guy Maraval de Bonnery), qui ont été accrochées, perdent un homme lors du repli : Georges Senegas, tué à Xoulces. Le 25 novembre 1944, le sergent Jean Salviani, dont le frère Charles sert également dans le régiment, est tué par l'explosion d'une mine au cours d'une liaison. Puis le bataillon reçoit, le 26 novembre 1944, l'ordre de se porter sur le col du Brabant, au sein d'un sous-groupement composé du II/1er Régiment de Franche-Comté et d'éléments du 7e régiment de chasseurs d'Afrique. Parti de Xoulces, il parvient au col. Le lendemain, il reprend la progression en direction du Bramont, mais rencontre de nombreuses difficultés. « La colonne Trioche qui s'était emparée de la bordure des bois de la Roche des Bouchaux est vigoureusement contre-attaquée et revient sur ses positions de départ après avoir subi des pertes sensibles », note le journal du II/RFC. En début d'après-midi, en effet, la 3e compagnie a notamment perdu, près de la ferme des Corbeaux, le sergent Jean Miquel et Pierre Marty. Le I/51e RI déplore également, ce 27 novembre 1944, près de Cornimont, la mort de Georges Bassot, du sergent Léon Florczak et de Jean Gauthier. Ce sont la compagnie Monnet et le corps-franc du RFC, installés dans la zone de la chapelle, qui couvrent le repli du I/51e RI, lequel retourne le soir à Cornimont. 

Parvenu au col du Bramont le 5 décembre 1944, le I/51e RI reste en ligne dans le secteur de La Bresse. Le 18 janvier 1945, conduits par le capitaine Maraval et le lieutenant Rio, neuf hommes de la 3e section (adjudant-chef Canès), 1ère compagnie, partent en patrouille en direction du lieu-dit Rothenbach, au Rainkopf, commune de La Bresse. L'explosion d'une grenade provoque la réaction, au panzerfaust, au mortier, à la mitrailleuse, de l'ennemi. Adrien Pistre, 20 ans, et Jean Roumiguieres, 21 ans, sont tués, Raymond Carausse est grièvement blessé par une balle explosive, Henri Cougoureux est touché par une grenade. Les cinq rescapés parviennent à se replier - le corps de Roumiguieres ne sera découvert que le 21 avril 1945. Le 3 février 1945, lorsque le secteur des Vosges se met en mouvement dans le cadre des opérations de réduction de la Poche de Colmar, le I/51e RI, dont une patrouille dans la nuit a confirmé le décrochage des Allemands, atteint le Rothenbachkopf. Quelques semaines plus tard, le bataillon, qui ne compte plus que quinze officiers et 299 hommes au 16 février 1945, est dissous. Une partie des hommes rejoignent le Sud-Ouest où le 18e RI se reconstitue (le commandant Pugnaire, le capitaine Maraval y serviront), tandis que leurs camarades sont affectés le 26 février 1945 au 49e RI né de la transformation du Corps franc Pommiès. C'est avec ce régiment que les Albigeois prennent part à la Campagne d'Allemagne.

2e bataillon du 51e RI

Dit Bataillon du Rouergue ou 1er Bataillon de l'Aveyron (à ne pas pas confondre avec le 1er Bataillon de l'Aveyron de la Brigade légère du Languedoc) ou Bataillon Marc. Recruté dans la région de Decazeville (Aveyron), il a conservé son organisation typiquement FTP. Ainsi, son chef Marc est notamment secondé par un « commissaire aux effectifs », le capitaine Lucien Aussenac (Dorin), et ses compagnies seront longtemps numérotées 4 201, 4 206 et 4 209. Parti d'Albi le 5 septembre 1944, puis de Rodez le surlendemain, le bataillon cantonne durant plus d'un mois à Saint-Appolinaire, près de Dijon, où les contrats d'engagement pour la durée de la guerre ont été signés, avant de se porter le 16 octobre 1944 sur Rupt-sur-Moselle. Ce jour-là, il est en position au Syndicat et à Vagney. Relevé le 26 octobre 1944 par le groupe d'escadrons d'Audibert du 3e dragons à Moyenmont et Dramont, il reprend le lendemain les positions du 3e bataillon de la Demi-brigade d'Auvergne. 

Le 31 octobre 1944, le II/51e RI est lancé au combat. Un de ses officiers, le sous-lieutenant Michelet, de la 4201e compagnie (capitaine Raymond Comte, dit Crémieux), est blessé à la jambe droite. Le 3 novembre 1944, il prend part à la tentative de progression sur Rochesson, avec le 3e dragons. A 12 h 45, le chef d'escadrons d'Audibert rend compte que le bataillon de l'Aveyron, qui progresse par le Grisard, a atteint la cote 650 avant d'aller occuper 821. Puis, « à 16 h 15, rapporte le JMO du 2e RSAR, le Bataillon Marc ayant réussi à pousser un élément jusqu'à 300 m au sud du Haut de Bouvacôte, le lieutenant-colonel Trioche reçoit l'ordre de reconnaître et d'occuper avant la tombée de la nuit la cote 733. Il y parviendra sans difficultés. »

Le 14 novembre 1944, jour où le IIe Corps lance son offensive dans le Doubs, le bataillon du commandant Vittori, qui opère avec le 1er Bataillon de Toulouse, atteint les pentes Nord du Haut de Bouvacôte (cote 816). Le lendemain, le 2e RSAR et les FFI venus de Berlingoutte entrent enfin dans Le Tholy, puis arrivent dans l'après-midi au carrefour de Préchamp où la liaison est réalisée avec les Américains. Ce jour-là, le bataillon du commandant Marc vit une tragédie : en se portant en avant, des FTP « sont reçus par plusieurs salves de FM ou de mitrailleuses qui blessent deux de nos gars, dont un assez grièvement... Il a été atteint par une balle explosive dans la région du ventre ; ces coups de feu sont tirés par le bataillon Ajax [1er Bataillon de Toulouse] ; nos gars se font aussitôt reconnaître et le feu cesse immédiatement. » Il y aura un autre drame, plus cruel encore. Quatre volontaires étaient partis en reconnaissance, lorsqu'au lieu-dit Goutte des fromages (commune du Tholy), ils se sont heurtés à des soldats allemands. Il y a trois tués : Benjamin Fargues, Louis Hernandez et le sergent André Glarey, mort des suites de ses blessures le 16 novembre 1944 à Remiremont. Le quatrième FTP, « voyant ses camarades tomber, tire à son tour et blesse ou tue deux boches, puis il se barricade à l'intérieur » de la maison « et se défend très courageusement jusqu'à l'arrivée d'une compagnie d'Ajax qui met l'ennemi en déroute ». Ainsi, « cette journée, qui devait être pour notre bataillon une journée de joie, se termine dans le deuil », note le journal des marches de l'unité. Le lendemain, le bataillon aveyronnais est retiré du front pour se reposer à Corbenay... 

Au repos pendant douze jours, le 1er bataillon de l'Aveyron remonte en ligne le 30 novembre 1944. Ses 4 201e et 4 206e compagnies relèvent les hommes du 1er RFC éprouvés par le combat du bois de la Roche de Bouchaux. Le PC du bataillon est établi à Lansauchamp. Alors que deux hommes ont été blessés dans la journée en sautant sur une mine (Raymond Lecole a reçu huit éclats à l'épaule, à la cuisse, au mollet gauche, aux chevilles et au talon gauche), une patrouille de la 4 201e compagnie conduite par le sous-lieutenant Maximilien Lubecki est lancée dans la nuit, avec l'objectif, dans la mesure du possible, de faire des prisonniers. Mais, victime d'une balle en plein front dans une rencontre avec l'ennemi « à environ un kilomètre de nos lignes », le jeune officier de 19 ans devait perdre la vie, dans la forêt, comme le sergent Luciano Bartoletti. Antoine Gonzales, dit Michaud, « veut essayer de ramener les cadavres de ses camarades, mais il tombe à son tour victime de son devoir », note le JMO du bataillon, qui signale aussi que René Boyer, porté disparu, parviendra à rejoindre son unité. C'est le capitaine Eugène Pilate (Félix) qui, avec d'autres Aveyronnais, ira rechercher le lendemain les trois corps. 

Le 4 décembre 1944, entre La Bresse, en Lorraine, et Wildenstein, en Alsace, le II/51e RI vit « une journée toute améliorée de gloire ». Il avait reçu l'ordre de pousser en direction du col de Bramont et du lac des Corbeaux : « La 4 201e compagnie, en particulier, étant parvenue la veille au col de la Vierge, partit dès le matin pour prendre le col... Elle y parvint vers la fin de la matinée, et cette marche surprit tellement l'ennemi qu'on trouva dans une maison les pommes de terre cuisant au feu et abandonnées par les boches en déroute. Suivie peu après par la 4 206e, puis par la 4 209e, elle arrive même à la frontière alsacienne et sur la route nationale. » 

Puis, comme les camarades du I/51e RI, les FTP du II/51e vont tenir position. Le 21 décembre 1944, le capitaine René Schiltz (Debussy), commandant la 4 206e compagnie, meurt accidentellement dans le secteur de Rainkopf, lors de la relève par la 4 209e compagnie. Le bataillon est alors implanté sur la piste des Italiens et au poste Riquet notamment, à proximité du col de Bramont. Le 26 décembre 1944, Ernest Vabre est tué au Rainkopf.

Le 3 février 1945, des patrouilles du 1er Bataillon de l'Aveyron se mettent en mouvement à 7 h 30 « et arrivent à hauteur du poste allemand au point 2.891 où elles constatent que l'ennemi s'est replié. Voyant que les bruits selon lesquels les Allemands commençaient à retirer leurs troupes du secteur se justifiaient, nos hommes, malgré les difficultés à marcher sur l'épaisseur de neige, reprennent courage et résolument foncent à l'avant. En peu de temps, la route des crêtes est atteinte et occupée immédiatement. Le Rainkopf à son tour est atteint et l'auberge du Rothenbach, première étape, est occupée aussi». C'est là que le sous lieutenant Simon échappe à la mort quand un engin piégé explose à l'intérieur. Dans l'après-midi, partant du point d'appui Riquet où le commandant Vittori a établi son PC, « une section de la 2e compagnie, parmi laquelle se trouvent le capitaine Roux et le sous-lieutenant Montpellier, part en direction du refuge du Rainkopf en suivant la route des crêtes. Arrivée à la hauteur du lac de Blanchemer, ils sont durement pris à partie par plusieurs mitrailleuses allemandes qui avaient encore les postes sur le flanc Est du Rainkopf. Aussitôt la première rafale, le sergent Naves Robert, dit Julien, s'affaisse, touché à la tête. La patrouille se replie sur Blanchemer où, une fois de plus, elle est prise sous le feu d'éléments isolés à Abri-Fer. Une deuxième patrouille, partie sur les pas de la première, est aussi accrochée à son tour. Le caporal-chef Lefevre est blessé par une balle à la cuisse. » Agé de 18 ans, Robert Naves, qui avait été retrouvé par des éclaireurs skieurs du RFC « après avoir passé une nuit par un froid terrible à 50 m d'un blockhaus ennemi », décède le 10 février 1945 à Besançon.

Le 7 février 1945, les I et II/51e RI descendent des crêtes, passent à Metzeral et vont cantonner à Sondernach. Tandis que le 1er bataillon est versé au 49e RI, le 2e, qui regroupe 20 officiers et 434 hommes au 16 février 1945, est affecté le 21 février 1945 au 3e bataillon du 151e RI (ex-Brigade de Paris), bataillon dont Vittori prend le commandement avant de le céder au capitaine de Linarès. Les Aveyronnais du III/151e RI se couvrent ensuite de gloire en Allemagne.

Le 51e RI (du Tarn et de l'Aveyron) avait cessé de vivre. Mais entre-temps, le régiment avait été reconstitué, devant Dunkerque, à compter du 24 janvier 1945, avec des volontaires du Nord et de la Picardie. Le 25 novembre 1944, le lieutenant-colonel Trioche, "commandant le 51e RI", s'était d'ailleurs ému auprès du général de Monsabert, commandant le 2e corps de la 1ère armée française, du projet de reconstitution d'un autre 51e RI, "à Amiens et à Beauvais". L'officier souhaitait que sa formation "soit seule reconnue officiellement" comme détentrice de cet écusson, pour la raison qu'il conservait son drapeau et que ses cadres avaient servi au sein du régiment entre 1940 et1942. René Trioche souhaitait même que le 51e RI s'augmente d'un 3e bataillon reconstitué avec des éléments de Picardie - le bataillon de sécurité II/2 du lieutenant-colonel Fromonot. Effectivement, cette unité a bien porté l'appellation de III/51e RI... mais au sein du nouveau 51e RI.

Sources : archives du bataillon de l'Albigeois, GR 13 P 69, SHD - archives du Bataillon Marc, GR 13 P 82, SHD - archives de la demi-brigade Trioche, GR 13 P 93, SHD - archives du 51e RI, GR 12 P 12, SHD - Pierre Alquier, Le I/51e RI (FFI) ou Bataillon de l'Albigeois. Les jeunes volontaires de la Libération, 1993.


jeudi 6 novembre 2025

Le 35e régiment d'infanterie (1945)



Chef de corps : colonel Henri Manhès puis colonel René Coué, 50 ans (à compter du 31 mars 1945)

Créé le 20 janvier 1945 (officiellement le 1er mars 1945) sous le nom de Régiment Bourgogne-Yonne par la fusion du Régiment de Bourgogne, du 1er régiment de volontaires de l'Yonne et du 1er bataillon du Charollais. Renforcé ultérieurement par le 1er bataillon de Toulouse. Affecté à la 14e division d'infanterie.

Ordre de bataille

    Etat-major : commandant Max Voulgré, commandant René Alizon (Bourgogne), commandant Jacques Adam (Yonne)

    CHR, capitaine Emile Magny (Yonne)

    CAC, capitaine André Rosenthal (Toulouse)

    CCI, lieutenant Michel Brandière (Yonne)

    I/35e RI, capitaine Paul Loquin (Bourgogne)

        1ère compagnie, capitaine Gaston Girard (Bourgogne)

        2e compagnie, lieutenant Mariam Briot-Cylinski

        3e compagnie, lieutenant André Moulinier puis capitaine Henri Cathelin

        CA 1, capitaine Jean Privat (tué 30/1/45) puis capitaine Paul Euzen 

        CB 1, lieutenant Henri Ganivette

    II/35e RI, commandant Olivier Ziegel (Charollais) puis capitaine Lucien Rebouillat (Bourgogne)

        5e compagnie, capitaine Maurice Marandet (corps franc Bourgogne)

        6e compagnie, capitaine Max Forêt (Bourgogne)

        7e compagnie, lieutenant Jean du Sordet (Charollais)

        CA 2, lieutenant Mauz (Charollais) puis capitaine Jean Girard (Bourgogne)

        CB 2, lieutenant Edmond Hervieu

    III/35e RI, commandant Marcel Perreault (Yonne)

        9e compagnie, capitaine Marcel Verlych puis sous-lieutenant Robert Rousseau

        10e compagnie, capitaine Marcel Poirier (Yonne)

        11e compagnie, lieutenant R. Calmette 

        CA 3, lieutenant René Bernard

        CB 3, capitaine Jean Forni

    Autres officiers affectés le 1er mars 1945 : capitaines Guy Hericault (Yonne), Gabriel Poux (Toulouse), André Mothère (Yonne), Jean Guvet (Yonne), Jacques Bachy (Yonne), Jean Morère (Toulouse), Alfred Verchot, Léon Febvay, Edm. Philippot, Ernest Noël, etc.

Compte-rendu des mouvements et opérations :

20 janvier - 9 février 1945 : opérations de la Poche de Colmar (nettoyage de la forêt de Nonnenbruch, prise de Reiningue, de la Cité Gressagert...). 

30 mars 1945 : quitte Belfort pour le secteur du Rhin (le II/35e relève le II/126e RI dans le secteur de Marckolsheim).

8 avril 1945 : les soldats Marius Baudoin et Jacques Viaud (II/35e) sont tués par l'éclatement d'un lance-grenades.

11 avril 1945 : installée à la ferme du Limbourg, la section Danard (II/35e RI) est bombardée, Jean Augagneur, 18 ans, est tué. 

18 avril 1945 : le I et III/35e RI font mouvement sur Karlsruhe après avoir franchi le Rhin dans le cadre du groupement Coué. Dans la nuit du 18 au 19, le soldat Léon Cluzange (CCI) est tué par accident.

19 avril 1945 : relevé cinq jours plus tôt par le 27e RI, le II/35e RI passe à son tour le Rhin sur le pont de Maximiliensau. 

25 avril 1945 : le 35e RI fait treize prisonniers. Le soldat Maurice Lardet (6e compagnie) est tué par accident.

30 avril 1945 : 126 prisonniers par le I/35e RI dans la région de Furtwanger, 29 par le II/35e RI.

1er mai 1945 : 131 prisonniers par le II/35e RI, la CCI et le III/35e RI.

8 mai 1945 : à cette date, 413 autres prisonniers ont été faits depuis le 2 mai, dont le Pr Otto Grimm, "ancien président du Comité France Allemagne". 

Source principale : GR 12 P 9, SHD.




mercredi 5 novembre 2025

FFI de la 1ère armée française au combat, septembre - décembre 1944



Les journaux de marche, historiques, rapports d'officiers des unités FFI servant dans la 1ère armée française qui sont conservés à Vincennes, des témoignages publiés dans les ouvrages écrits par des vétérans ou des historiens permettent de rendre compte des difficultés rencontrées par les jeunes volontaires de 1944 pour libérer le nord-est de la France. En voici quelques exemples recueillis au cours de nos recherches. 

Corps-franc Bayard, bois du Mont de Vannes (Mélisey, Haute-Saône), 25 septembre 1944 

"A l'est, les bois du Mont de Vannes que nous sommes appelés à nettoyer fument... Enfoncés de plus en plus profondément dans le bois, nous finîmes par sentir une présence hostile qui ne se manifestait pas. [...] L'honneur périlleux de tourner une résistance ennemie bien placée nous est laissé. En cinq minutes deux morts s'affaissent sur les pierres sans que la position soit meilleure. Roger s'avance à son tour et à son tour tombe, une balle dans la tête […]. A présent il faut déplacer des pierres, faire son trou, prévoir la nuit à cette place..." (lieutenant Jean-Pierre Rouchié, Les nouvelles compagnies franches du Tarn, 1946).

Brigade indépendante Alsace-Lorraine, bois le Prince (Ramonchamp, Vosges), 4 octobre 1944

Le bataillon BARK "progressa à droite avec facilité avant de se heurter à des nids d'armes automatiques qu'il réduisait au prix de pertes sensibles […]. La gauche se heurta de suite à des armes automatiques qu'elle ne put détruire. Vers 17 h, la progression était arrêtée et le bataillon recevait l'ordre de s'enterrer sur le terrain conquis lorsque les chars entreprirent une action énergique de nettoyage devant la partie Nord du front du bataillon. Cette action provoqua un repli précipité de l'ennemi dont les unités FFI profitèrent pour gagner la lisière Est du bois. A la tombée de la nuit, l'ensemble du Bataillon Valmy relevait BARK qui avait perdu huit tués et quinze blessés" (rapport du lieutenant-colonel Pierre Jacquot). 

8e régiment de dragons, Trougemont (Vosges), 10 octobre 1944

« … 8 h : les escadrons de premier échelon ouvrent le feu sur Trougemont, l’avant-garde attaque Trougemont au canon. Des crêtes où progressent le commandement et l’escadron du Chéné, on voit les [Allemands] abandonner le village, courant vers les bois au sud, mitraillés par les armes automatiques. Nos éléments de premier échelon pénétrant dans Trougemont avec les chars tuent une dizaine d’Allemands et font [une] vingtaine de prisonniers. Le sous-lieutenant Maury avec le maréchal des logis-chef Fournier et le maréchal des logis Fournès de l’EHR grenadent une cave où sont réfugiés des Allemands et font sept prisonniers... » (journal de marche du 8e dragons).

Corps franc Pommiès, Le Thillot (Vosges), 22 novembre 1944

"Au nord, les éléments en position sur le Grand-Mont sont toujours arrêtés par des armes automatiques tirant de Lachapelle. Des détachements de renfort sont envoyés qui progressent dans le thalweg du stand de la Ravanne, qui sont arrêtés par des armes automatiques ennemies qui étaient restées muettes à l'extrémité Sud du thalweg entre le Mont des Brocheux et l'objectif de Grand-Mont situé à 500 m sud-ouest du hameau de l'Etat. Un autre élément attaque l'objectif du Grand Mont en débouchant de la plaine. Au sud du dispositif, région étang de la Truite, étang de la Peau, des éléments de la division ayant négligé un certain nombre de résistances ennemies, celles-ci gênent la progression. 16 h 50. Le CFP reçoit l'ordre d'organiser les lignes atteintes et de ne plus entreprendre que des actions en zone avec appui d'artillerie. Nos pertes : treize tués, 69 blessés." (journal de marche du CFP/49e RI).

152e régiment d'infanterie, bois de l'Oberwald (Friesen, Haut-Rhin), 26 novembre 1944

« Les sections s'accrochent au terrain, ripostent au feu ennemi, parent à un débordement, se maintiennent. Un élément même poursuit sa progression, arrivant à quelques dizaines de mètres du PC du colonel commandant la défense de l'Oberwald. Le feu devient de plus en plus intense, la situation critique. Les tirs d'arrêt ennemis s'abattent sur le deuxième échelon, fauchant de nombreux hommes. Il faut se replier. L'ordre de repli donné par le commandant de bataillon est exécuté à contre-coeur, mais face à l'ennemi au moyen de petites contre-attaques, après évacuation de tous les blessés et en ramenant quelques prisonniers. » (historique du 152e RI).

Corps franc Pommiès, Le Petit Drumont (Vosges), 29 novembre 1944

« Il neige ; le vent est furieux et glacial […] ; la visibilité est presque nulle, car un épais rideau de neige empêche nos hommes d'y voir à 35 mètres... Les Boches qui nous ont entendu progresser tirent sur les cibles qui se détachent merveilleusement sur la neige immaculée... Nos armes s'enrayent, les canons et les culasses bourrés de neige... Poisson est tué net d'une balle dans la tête. Spoher tombe lui aussi. Le sergent-chef Benoist veut lui porter secours, il est pris dans le tir des Boches... Une balle l'atteint au bras gauche... De Courrèges est mortellement touché en allant chercher un de ses hommes blessé. Trois hommes tombent : l'aspirant Broussier, Bloch André, Beau. Rolland lui aussi est tué, tandis que Civrac de Fabian est blessé par une balle au mollet, que Domec a le biceps traversé par une balle, que Coutaux leur ramenant le corps du lieutenant de Courrèges* est lui aussi blessé, et que Hegg, témoin de ce spectacle affreux, est commotionné et gelé... » (témoignage d'Henri Juppé, cité par René Giraudon, Le Corps franc Pommiès (3), 1995). 

Brigade légère du Languedoc, Village-Neuf (Haut-Rhin), 30 novembre 1944

"Après deux tentatives infructueuses, et avec l'appui de deux tanks-destroyers, la section Cailholl réussit à franchir le pont vers midi. Le 2e commando fait la jonction avec le II/6e RIC venu de Rosenau sur Village-Neuf. Combat très dur dans le village, où l'ennemi est retranché dans de nombreuses maisons. Le village est nettoyé vers 15 h. Certains éléments atteignent le Rhin et avancent en direction de Huningue. Le lieutenant-colonel Brugié, suivi de trois hommes, s'empare de la tranchée le long du canal et y fait 29 prisonniers. Le nombre de prisonniers du groupe de commandos à la fin de la journée est de 92. A 16 h, Village-Neuf est entièrement occupé. Les Allemands tiennent encore Huningue." (journal de marche du groupe de commandos, AD 34). 

1er bataillon de l’Aveyron, Lansauchamp (Vosges), 2 décembre 1944

« Ce matin, à 5 h, le capitaine Félix [Eugène Pilate] est parti reprendre aux Boches les corps de notre camarades ; Julien a voulu l’accompagner ; ils se sont dirigés vers la compagnie 4 201 à laquelle appartenaient ses trois amis. Là d’autres gars les ont suivis, en particulier quelques-uns de la patrouille malheureuse. A 9 h, ils arrivaient aux positions que les Boches avaient abandonnées, il y a très peu de temps. Les cadavres de nos amis sont à côté. Le sous-lieutenant Lubecki Max a été atteint d’une balle en plein front, une autre lui a traversé la joue. Le sergent Bartoletti lui aussi a été tué d’une balle dans la tête, quant à Gonzales Antoine (Michaud), c’est une balle explosive dans la tempe qui lui ôta la vie. Le sous-lieutenant Lubecki a eu les poches vidées en partie. » (journal de marche du bataillon). 

1er régiment du Morvan, Mollau (Haut-Rhin), 2 décembre 1944

« Nous montons au refuge du Gazon-Rouge par un difficile chemin de montagne et traversons là, la frontière d'Alsace. Après une pause de deux heures, nous redescendons par un chemin abrupt et étroit, couvert de rochers et de glace et parfois dominant le vide... Nous traversons le premier pays alsacien, Storckensohn. La compagnie arrive harassée à Mollau. » (journal de marche de la 11e compagnie, communiqué par Stephen Martin).

Groupe d'escadrons du 1er régiment de Franche-Comté, Le Hohneck (Vosges), 3 décembre 1944

"Le capitaine Couturier a déjà fait reconnaître les avancées du Hohneck par une patrouille. Le lieutenant Baxerres, commandant le 3e escadron, dit simplement : "Je vais au Hohneck". » Malgré la neige qui tombe, « le 3e escadron passe au milieu des lignes ennemies ; les sentinelles allemandes hésitent à tirer sur ces fantômes blancs... Au sommet, la surprise est complète ; nos hommes prennent l'hôtel d'assaut... A 19 h, un compte-rendu parvient au Haut Chitelet annonçant l'occupation du Hohneck... Vers minuit, une contre-attaque est repoussée..." ("La prise du Hohneck par les FFI de Franche-Comté", journal Rhin et Danube, octobre 1998).

Commando de Cluny, cote 475, 3 décembre 1944

"L'heure H est à 15 h 05. L'attaque démarre : le contact est pris dès l'arrivée de Legrand et Grard sur la crête à droite. L'ennemi réagit immédiatement par des tirs d'armes automatiques. Les hommes des deux groupes manoeuvrent au mieux, cherchant à se protéger derrière quelques arbres en place ; mais presque tous les arbres sont minés. Grard saute sur une mine, sur deux mines, sur trois mines... Halftermeyer essayant de lui porter secours, saute également. C'est une véritable hécatombe ; armes automatiques ou mines : Legrand, Boutillon, de Witte sont, dans le même temps, hors de combat. [...] Soudain, des fusées illuminent le ciel. Ce sont des fusées de repli. Je dois, suivant les ordres, ramener mon groupe aux trous de départ. Les rescapés des deux autres groupes regagnent leurs trous. Les tirs s'estompent, puis s'arrêtent ; un silence impressionnant s'abat sur la colline" (Paul Huot, J'avais 20 ans en 1943, Sauve-Terre, 2000).

3e régiment de dragons (ex-Corps franc Bayard), col de La Schlucht (Vosges), 5 décembre 1944

« Le feu ennemi semble faiblir. Au lieu de décrocher, le lieutenant Barbas, entraîné par son élan, poursuit le combat. A 14 h 35, interpellée en allemand par le maréchal des logis Dotzler, la garnison d'une casemate […] demande à se rendre, ayant plusieurs hommes hors de combat. Le lieutenant Barbas, au lieu de faire cesser le feu, se lève alors, fait hisser une mitrailleuse par deux hommes pour mieux viser, et la servant lui-même, debout, se met à tirer ses rafales et s'abat tué d'une balle en pleine tête... » (journal de marche du 1er groupe d'escadrons). 

3e bataillon, 1er régiment de volontaires de l'Yonne, Michelbach (Haut-Rhin), 7 décembre 1944

« Vers 9 h 30, les groupes d'attaque des sections des 8e et 9e compagnies s'élancent de part et d'autre de la D 34, leur axe de progression. Aussitôt, l'ennemi riposte et encadre de rafales de mitrailleuses, de mortiers de 81, d'obus de 88, de 150, les assaillants – tombent alors Boulmier, tué, Torton, Bérard, gravement blessés. L'adjudant Chillard, avec les Hanker, Bonnardel, Cappé, Lenne et d'autres, rampant dans le fossé qui borde la route, parviennent à 250 m du village, d'où ils voient la rue centrale s'ouvrir devant eux. Mais de son observatoire du clocher, l'ennemi les voit encore mieux et les bloque sur place avec ses mortiers (l'agent de liaison Bonnet est tué dans le fossé), alors qu'ils attendent les chars qui ne suivent pas, et pour cause. A 10 h 30, notre Sherman de tête saute, projectile de panzerfaust ou 88 d'un Panther qui se manifeste alors à 1 400 m, embossé dans Michelbach. Le commandant Charpy demande au commandant des blindés, qui craint le Panther, d'avancer, toute sa colonne étant stoppée en attente de décision. A 11 h 30, le commandant Charpy, chef du 1er bataillon, est tué à son poste d'observation par un éclat d'obus de 88 » (témoignage du caporal Luc Berton, archives Arolsen, AD 89). 

1er bataillon du Charollais, entre Bourbach-le-Bas et Roderen (Haut-Rhin), 7 décembre 1944

"16 h 30 : mouvements des chars ; contre-attaque allemande après violente préparation par minen qui arrosent le bois, les lisières de la cote 475. La position étant intenable, la compagnie étant sans appui à droite et à gauche et n'ayant aucune vue, le terrain permettant à l'ennemi de s'infiltrer à droite dans le bois et d'opérer un mouvement tournant, la compagnie se replie à la cote 475. La traversée du champ de mines et les tirs de minen causent la perte de trois hommes ; les chars n'étant plus en place pour nous permettre de contrôler les issues du bois, la compagnie reprend sa position au sud de 475. La contre-attaque allemande arrive à la crête, quelques éléments tentant de s'infiltrer sur la droite et ils sont stoppés par un groupe d'Indre-et-Loire. 17 h 45 : la situation est rétablie, l'ennemi se contentant de tirer quelques rafales de mitraillettes sur nos positions. 18 h : la compagnie est relevée par la 1ère ." (compte-rendu de la 2e compagnie, AD 71).

* Les douze victimes du CFP tuées ce jour-là et identifiées sont : capitaine Louis-Jean Françot, lieutenant Nicolas Mikhailoff-Raslovleff, sous-lieutenant Jean de Courrèges, aspirant Jacques Broussier, sergent-chef Albert Benoist, Jean Poisson, Daniel Lavignotte, Jean-Charles Meisburger, Julien Spohr, André Bloch, Jean Rolland, Marcel Braud.

mardi 28 octobre 2025

Le 151e régiment d'infanterie (1944-1945)

Pierre Georges, alias colonel Fabien, mort pour la France à Habsheim.

    Formée de volontaires de la région parisienne, de la Meuse, mais également de la Marne et de l'Aisne, la Brigade de Paris (ex-Groupement tactique de Lorraine) rejoint en décembre 1944 la 1ère armée française, après avoir opéré aux côtés de l'armée américaine en Meurthe-et-Moselle et en Moselle. Elle se transforme en 151e régiment d'infanterie. Voici une évocation de ses opérations en Alsace et en Allemagne, d'après les extraits du tome 1 de "Volontaires de l'an 1944" consacrés à ce corps.

10 décembre 1944 

    "Réunie à Vesoul où elle est présentée au général de Lattre, la Brigade (ou 1er Régiment) de Paris est conduite jusqu'à Habsheim et, mise à disposition du 1er corps, elle monte en ligne dans la nuit du 13 au 14 décembre dans le sous-quartier de Hombourg, où elle relève le I/21e RIC. Renforcée du corps-franc Paris XVIIIe, elle deviendra, le 12 janvier 1945, 151e RI, le régiment commandé avant-guerre par Jean de Lattre."

27 décembre 1944 

    "L'explosion d'une mine apportée au PC de Habsheim coûte la vie au colonel Fabien, commandant la Brigade de Paris, à son adjoint le lieutenant-colonel Marcel Pimpaud (Dax), au capitaine Ernest Lebon, 47 ans, à un officier de liaison de la 9e DIC (le capitaine Blanco), à une jeune secrétaire, Gilberte Lavaire, 22 ans. Georges Van de Kherkove est également tué ce jour-là. Enfin, mortellement blessé, le capitaine Pierre Katz, 33 ans, chef du 3e bureau, devait succomber à ses blessures. Le colonel Claude Jaeger (Michelin), 27 ans, prendra le commandement de la Brigade de Paris, qui deviendra 151e RI le 12 janvier 1945." 

18 janvier 1945

    "Mort d'Henri Brebion, 18 ans, en forêt de la Hardt (par éclat de mortier), de Berthoux et d'Emile Hadangue, des suites de blessures".

8 février 1945 

    "Tandis que la brigade de spahis du colonel Brunot atteint Hombourg, que le 5e RTM entre dans Fessenheim puis Blodelsheim, où son chef de corps, le colonel Charles Dewattre, est mortellement blessé, et que le 21e RIC est douloureusement éprouvé devant Bantzenheim, le 151e RI, également mis en mouvement, arrive à Petit-Landau, ayant perdu, au cours de sa progression, Marcel Clerambaux, Parisien de 17 ans, Louis Clauzel, 19 ans, Lucien Gandrille, 28 ans, Jean Lefebvre, 22 ans, Georges Palais, 20 ans, Johannes Richard Blanc*..."

* Ces dernières semaines, le régiment a perdu de nombreux tués, à Habsheim et dans la forêt de la Hardt : Fernand Billard, 21 ans, le 20 janvier 1945, Alphonse Carrez, 26 ans, le 24 janvier, Robert Delattre, 22 ans, le 2 février, Jean Painvin, 20 ans, le 2 février, René Breton, 19 ans, le 6 février (des suites de blessures), sans doute Raymond Digregorio, 39 ans (blessé et tombé à l'eau, à Petit-Landau). Puis, le 9 février, Ernest Celarie, et Robert Rolland, 19 ans ; le 10 février, Jean-Edouard Leroy, 21 ans (par mine à Huningue), Marcel Lomel, 20 ans (de ses blessures à Mulhouse), Joseph Siegwarth, 21 ans (par mine dans la Hardt) ; le 12 février, Guy Berger, 18 ans (par balle à Habsheim), Araldo Berti, 33 ans (par balle).

1er mars 1945 

    "Renforcé le 2 février 1945 par le 1er bataillon territorial de la XIVe région militaire (commandant Noël Ruat), parti de Saint-Etienne pour Valdahon le 13 janvier 1945*, puis par le 1er bataillon de l'Aveyron (30 officiers, 434 hommes au 16 février 1945), le 151e RI, qui comptait 2 400 hommes à cette date, est recréé officiellement le 1er mars 1945 et remplace le 8e RTM au sein de la 2e DIM. Ayant accueilli, pendant son séjour en forêt de la Hardt, des officiers supérieurs non FFI, comme les commandants Clément, chef d'état-major, Maurice Bichon et Richard, le régiment avait pour chefs de bataillon, toujours à la date du 16 février 1945, le capitaine Chevallier, dit Audier, venu du Bataillon de la République, le commandant Vidal et le commandant Bernard Cunin, ce dernier issu des FFI de l'Yonne. Puis le commandant Cuenoud prendra la tête du I/151e RI, Cunin celui du II/151e RI. Pour quelques jours encore, le chef de bataillon Vittori conservera le commandement du III/151e RI, dont les 10e, 9e et 11e compagnies ont été formées le 21 février 1945 par les 1ère, 2e et 3e compagnies de son 1er bataillon de l'Aveyron, avant de le laisser au capitaine de Linarès."

« Après avoir rejoint spontanément les FFI dans la Loire en août 1944, je me porte volontaire pour un engagement pour la durée de la guerre plus trois mois, le 1er décembre 1944, au titre du 2e bataillon de la Loire pour rejoindre le Valdahon (dans des wagons à bestiaux). Le 3 février 1945, le 2e bataillon de la Loire est versé au 151e RI […] à Habsheim, Haut-Rhin, où je suis affecté au II/151e RI, commandant Cunin, 7e compagnie, capitaine Lescouret » (lettre d'Antoine Béal du 29 septembre 2003). Selon le colonel Jaeger, les effectifs de ce bataillon de la Loire s'élevaient à 380 hommes au 2 février 1945.

31 mars 1945 

    "Finalement avancée à la date du 31 mars 1945, l'opération de franchissement du Rhin sera réalisée avec deux principaux sites de passage : devant Spire, pour le 3e RTA, et à Germersheim, pour le 4e RTM et le 151e RI. Le régiment de volontaires de Paris, de la Loire, de l’Aveyron et de la Meuse partira de la plage A, au sud-est de Mechtersheim. Ces fantassins comme les tirailleurs qui passeront au sud se voient mettre à disposition une flotte de 55 bateaux M2 et de quinze stormboats.

    C’est la 5e compagnie (lieutenant Joseph Rodrigues) du II/151e RI, où ont été notamment affectés les volontaires du Bataillon de la Meuse et du bataillon de la Loire, qui constituera la première vague de l’opération. « A 4 h 45, précise le journal de marche du bataillon, le tir de préparation se déclenche et dure jusqu’à 5 h, se poursuivant alors par un tir d’encagement d’une vingtaine de minutes. Sur la plage n°1, la 5e compagnie prend place sur douze bateaux. Six seulement réussissent à démarrer après de multiples efforts des mécaniciens timoniers.» 

    Officier d’origine italienne âgé de 34 ans, venu du bataillon de la Loire, le lieutenant Antoine Calligaris est à bord du premier canot. Constatant le retard au démarrage de la moitié des embarcations, il se rabat sur l’île triangulaire en "L" - c'est ainsi qu'elle est qualifiée dans le JMO - pour les attendre. Enfin la flotte est au complet. « Mais l’heure H (5 h) est largement dépassée, poursuit le compte-rendu du II/151e RI : il est 6 h 10 et il fait jour […]. Les canots sont pris d’enfilade par les feux d’une casemate de la rive droite du Rhin. Quelques hommes sont touchés. Le convoi fait alors demi-tour, sur ordre du commandant de compagnie […], monté sur le cinquième bateau et retourne à l’île en L. » De ce point, semble-t-il, des rafales claquent. Ordre est alors donné de rejoindre la plage d’embarquement - en réalité, ces tirs venaient de la rive droite du Rhin, non de l’île triangulaire que la 9e compagnie va occuper. 

    D’autres pertes sont causées vers 9 h 30 par des tirs ennemis déclenchés par suite de la reconnaissance d’officiers de tank destroyers sur la digue. Quatre casemates de la rive droite sont bientôt repérées. 

    JMO : « A 14 h, le chef de bataillon Cunin, de retour de mission, reprend le commandement du bataillon. Il apprend qu’une nouvelle opération vient d’être montée de la façon suivante : un canot va partir, suivi de deux autres, et le reste du convoi ne quittera la berge que si les trois premières embarcations réussissent à passer […]. A 14 h 30, la nouvelle tentative a lieu. Neuf bateaux sont chargés d’hommes. Six s’arrêtent en L, trois continuent et débouchent dans le Rhin. Les six bateaux arrêtés démarrent à ce moment, voyant que le débouché n’a provoqué aucune réaction de la part de l’ennemi. Mais quand la tête du convoi va atteindre le milieu du fleuve, de violents feux de mitrailleuses et de mortiers s’abattent sur lui. Un canot est en feu, un se rabat sur la face Sud-Est de l’île triangulaire, cinq partent à la dérive. Deux seulement (avec le lieutenant Calligaris) atteignent la berge ennemie […] Quelques hommes ont été blessés durant la traversée... » 

    Avec sa poignée d'hommes, Antoine Calligaris va alors faire preuve d'une attitude exemplaire : « Le débarquement a lieu sur le talus pavé et incliné, qui est à ce moment pris de flanc par les feux de la casemate bétonnée. Nombreux blessés. Le lieutenant Calligaris décide de franchir le talus qui le sépare de la lagune mais il est alors pris à partie par des rafales provenant de la maison N et a deux blessés. Il revient à son point initial, longe la berge sur environ 300 m et gravit le talus en P : il lui reste à ce moment une douzaine d'hommes sans aucune arme automatique. Le sergent-chef Escande fait une patrouille et ne trouve personne devant lui. Le petit groupe s'installe en PA fermé. » 

    Aux environs de 17 h 30, deux soldats d'origine tyrolienne viennent se rendre aux Français. Ils révèlent que la maison où ils étaient installés vient d'être évacuée. « Le lieutenant Calligaris pousse immédiatement une patrouille vers cette maison, rapporte le journal du II/151e RI, mais doit y renoncer, recevant des rafales de mitraillettes de sa droite de l'intérieur du bois. Il essaie de rendre compte de sa situation au bataillon par son petit appareil radio 536, mais la liaison ne peut être  réalisée. Pendant ce temps, le chef de bataillon a demandé l'aide des TD pour détruire les casemates. » 

    La tête de pont est toujours bien mince lorsque le bataillon reçoit vers 18 h 30 la visite du général de Lattre, « salué par un violent bombardement, qui s'abat près de la plage n°2 ». Un quart d'heure plus tard, les TD ouvrent le feu pour protéger le passage d'une nouvelle vague. Mais le sort semble s'acharner : « Un premier canot part de la plage n°1, mais tombe en panne à son débouché dans le Rhin : il est immédiatement détruit par des tirs de mitrailleuses et mortiers. Les TD [reprennent] leur tir. Quelques rafales de nos mitrailleuses provoquent la réaction des armes ennemies. Les TD effectuent alors un troisième tir. Un canot commandé par le lieutenant Rodrigues, accompagné d'un officier de liaison d'artillerie (lieutenant de Lacroix) réussit à franchir le fleuve sous les rafales. Cinq survivants peuvent débarquer... Le lieutenant de Lacroix est grièvement blessé. » 

    Enfin, le commandant de la 5e compagnie est sur la rive droite. Mais il « est pris de flanc par les feux de la casemate B et, comme l'a fait le lieutenant Calligaris, franchit le talus qui le sépare de la lagune. Comme cette fois la maison N n'est plus occupée par l'ennemi, il peut s'y installer. Il y est rejoint par l'équipage d'un autre canot qui a réussi à traverser sans peine. La nuit tombe et le groupe du lieutenant Calligaris rejoint le lieutenant Rodrigues. Ce dernier rend compte au bataillon, par l'intermédiaire du poste radio de l'artillerie qui ne l'a pas quitté, de la possibilité actuelle de franchissement du Rhin et demande en outre l'envoi de bateaux pour l'évacuation des blessés. Mais malgré les ordres du chef de bataillon, les canots ne peuvent repartir, les moteurs refusant obstinément de se mettre en marche. Les trois seuls qui sont en état ont ramené sur la terre ferme la 9e compagnie installée dans l'île triangulaire depuis le matin, mais à leur tour ils tombent en panne. Vers 21 h 30, un bateau revient de la rive droite, chargé de blessés et des deux déserteurs allemands. A 21 h 40, le chef de bataillon décide d'utiliser les quelques bateaux qui viennent d'être réparés pour reprendre l'opération de franchissement. Mais à 21 h 45, un message du colonel fait interrompre tout nouveau mouvement. » 

    Pourquoi cet ordre ? Parce que de son côté, le III/4e RTM a pu, après avoir repoussé plusieurs contre-attaques et perdu 28 morts et 36 blessés, établir une tête de pont depuis la plage B. C'est donc ici que le II/151e RI du commandant Cunin passera le lendemain matin, 1er avril 1945, à 5 h, comme passera, dans la nuit du 31 au 1er, le I/151e RI (commandant René Cuenoud) qui, longeant la rive droite du Rhin vers le nord, fouillera l'Unterwall. « Ce mouvement de rocade s'exécute sans incident et tout le II/151e prend pied sur la rive droite le matin du 1er avril et rejoint les éléments de la 5e compagnie qui ont réussi la traversée la veille », note, avec soulagement, le JMO du bataillon. A la fin de la nuit, le bataillon Cuenoud a pu en effet passer le fleuve sur la plage du 4e RTM, mais il a perdu deux tués (dont un sergent) et trois blessés par un bombardement du point d'embarquement*."

* Le général de Lattre a donné le chiffre de 88 morts et 53 blessés pour le II/151e RI (le JMO du bataillon n'en communique pas). Pour sa part, le ministère des Armées a identifié 35 morts pour le régiment les 31 mars et 1er avril 1945, dont Maxime Rulquin, 24 ans, et Raymond Rulquin, 22 ans, tous deux nés à Haudainville dans la Meuse. Onze des victimes sont nées dans la Loire et huit dans la Meuse. Michel Bigorgne, Benoît Bourdier, Jules Brasdefer sont morts dans leur canot coulé, André Leblanc, Jean-Baptiste Mayery, Santo Zagni se sont noyés, le corps de Clément Borowy sera retrouvé dans un bras du Rhin, Brahim Abderaman est porté disparu..

1er avril 1945 : le 151e RI sur la rive droite du Rhin

    "Le 1er avril 1945 est le premier jour d'opération de la 1ère armée sur la rive droite du Rhin. Plus précisément du 2e corps, car le 1er, lui, continue à assurer la défense du fleuve côté France, en attendant que les hommes de Monsabert arrivent à sa hauteur. « A 5 h du matin, note le JMO du I/151, le commandant du bataillon (chef de bataillon Cuenoud) reçoit l'ordre de prendre le commandement des éléments du régiment débarqués sur la rive droite et de pousser au plus tôt sur Philippsburg et Oberhausen. A la même heure, une patrouille de la 2e compagnie du capitaine Valadoux rend compte qu'elle a pu approcher de Philippsburg jusqu'au pont Ouest de la ville sans réaction ennemie. Il est aussitôt décidé de pousser la 1ère compagnie (capitaine Dubroca) toute entière dans Philippsburg et de faire suivre le reste du bataillon tandis que le 3e bataillon (capitaine de Linarès) agira plus au sud pour contourner la ville si une résistance s'y manifeste. A 6 h, le colonel Gandoet reprend le commandement du régiment et à 7 h il pénètre dans Philippsburg avec les éléments de tête...» 

    Ce sont des éléments de la 11e compagnie qui sont entrés dans la ville, à 5 h 30 selon le JMO du III/151e. Cette même compagnie occupe ensuite, à 9 h 25, Wiesenthal, où le capitaine de Linarès constitue une section cycliste. Puis, à 7 h 45, le lieutenant-colonel Paul Gandoet, un jeune chef de corps de 43 ans, qui n'avait pris le commandement du régiment que le 29 mars 1945, donne l'ordre au bataillon Cuenoud de pousser sur l'axe Wachausel – Kirlach - Kronau. 

    JMO du I/151 : « A 9 h 30, le bataillon reprend sa progression, précédé d'une patrouille cycliste aux ordres du lieutenant Mazeyrat. Wachausel est atteint à 11 h. La population marque un accueil cordial (!). Kirlach est atteint à 14 h. De nombreux drapeaux blancs sont aux fenêtres. Le chef de bataillon Cuenoud convoque le bourgmestre et se rend avec lui à la mairie ; il lui prescrit d'y faire rassembler armes et radios ainsi que les militaires de la Wehrmacht en tenue ou en civil. C'est à ce moment que le commandant apprend que la patrouille du lieutenant Mazeyrat a rencontré l'ennemi à l'ouest de Kronau.» Il y a des pertes, notamment le lieutenant Léon Mazeyrat : il a été tué alors qu'il allait fêter ses 25 ans le 3 avril 1945. 

    Au II/15-1, qui suit le 1er bataillon, on rapporte que « vers 14 h, le colonel nous donne l'ordre d'envoyer le corps-franc à bicyclette en direction de Forst en vue de rechercher le contact. Le lieutenant Guigon est arrêté par des feux au carrefour de l'autostrade de Manheim à Karlsruhe et de la route de Hambrucken à Forst. Il ramène quatorze prisonniers après avoir infligé des pertes à l'ennemi. Vers 15 h, le bataillon reçoit l'ordre de se porter immédiatement à Hambrucken où il arrive sans incident. » A son tour, le III/151e RI, dont la 9e compagnie n'a franchi le Rhin que dans la matinée, arrive à Hambrucken, puis se porte sur Ubstadt, mais la 10e compagnie « se trouve stoppée à hauteur de la voie ferrée par des tirs d'armes automatiques et ne peut atteindre son objectif le soir-même »." 

2 avril 1945 – les durs combats de Bruchsal et Karlsdorf 

    "Le 2 avril 1945, jour où les Haut-Marnais du I/21e RIC passent également le fleuve de vive force (bien plus au sud, à Leimersheim), le 151e RI reprend, au matin, sa progression, le 3e bataillon sur Ubstadt, occupé à 9 h 45, le 2e sur Forsten. Puis tous deux devront s'emparer de Bruchsal, « obstacle particulièrement considérable dont la défense, intégrée dans les arrières du Westwall, est assurée par des obstacles bétonnés et étoffée par des unités de campagne » (général de Lattre). « Le bataillon forme le centre du dispositif, précise le JMO du II/15-1. Il doit attaquer la ville par le nord et la déborder par l'ouest, en liant son mouvement à celui du 3e bataillon à l'est tandis que le 1er bataillon opérant à l'ouest a reçu pour mission de prendre Karlsdorf. » 

    Le bataillon de Linarès est engagé dès la matinée. La 9e compagnie et la CA 3 se portent sur la route Ubstadt - Bruchsal, la 11e compagnie, que joint le capitaine adjudant-major Dunan, est à Stettfeld. Il est 10 h 15 quand la "9" est stoppée à la cote 123 par des feux de mitrailleuses. « A 11 h, le capitaine de Linarès qui s'était porté en avant avec le capitaine Quincy pour étudier le terrain et voir les possibilités de manœuvre reçoit une balle dans l'épaule et est évacué », note le JMO du bataillon. Laissant sa CA 3 au sous-lieutenant Darse, le capitaine Quincy prend le commandement du bataillon. Tandis que la 9e mais aussi la 10e compagnies sont bloquées, et que le capitaine Quincy ne peut obtenir l'appui d'un peloton de chars américains, la 11e rejoint à 13 h son bataillon et est aussitôt engagée avec une section de mitrailleuses de la CA. « Le capitaine Ares [Emile Arno], commandant la 11e compagnie réussit à atteindre les premières maisons de Bruchsal mais se trouve arrêtée par un tir d'armes automatiques et d'un canon antichars. La 9e compagnie se trouve dans une situation critique, […] directement sous le feu d'une mitrailleuse ennemie et subit des pertes. » En début d'après-midi, le III/151e RI reçoit enfin l'appui de quatre blindés – français, ceux-là – mais qui sont rapidement arrêtés par une arme anti-chars. Toutefois, leur appui feu sera bien utile aux fantassins, encouragés par le lieutenant-colonel Gandoet. 

    Dans l'après-midi, c'est le II/15-1 qui entre en action. Mais la 7e compagnie, qui a pour mission de progresser en direction de Bruchsal à cheval sur la route, tandis que la 5e doit déborder la ville par l'Ouest, « est accrochée à la ferme située à 500 m nord-ouest du passage à niveau » de la voie ferrée. « Le commandant de la 7e compagnie fait exécuter un tir de mortiers qui a pour résultat d'affoler les points d'appuis ennemis. Il fait plusieurs prisonniers et continue sa progression jusqu'au ruisseau (400 m nord-ouest du passage à niveau). La section Tardy est alors arrêtée par une mitrailleuse placée sur la ligne de chemin de fer dans la maison du garde barrière à 800 m ouest du passage à niveau. » 

     A 16 h 50, indique le JMO du III/15-1, « la 9e compagnie réussit à pénétrer dans la ville après l'avoir débordée par le nord-est et avoir pris d'assaut le nid de mitrailleuses qui en interdisait l'accès. Ces actions permettent aux éléments qui progressent suivant l'axe de la route de repartir en avant et ils nettoient maison par maison l'entrée de Bruchsal. Par ailleurs, le 2e bataillon pénètre dans la ville par la lisière Nord-Ouest... » 

    Au bataillon Cunin, en effet, « vers 18 h 30, le capitaine Lescouret franchissait la voie ferrée après avoir neutralisé l'ennemi installé dans la maison du garde barrière. Au cours de sa progression par la route minée, il se heurte à des groupes d'Allemands dans des trous en bordure de la route ; il fait des prisonniers. Le chef de bataillon donne l'ordre au commandant de la 5e de franchir la voie ferrée orientée Est-Ouest et d'aborder les lisières Nord-Ouest de la ville. Il entre dans la partie Nord de la ville avec les éléments de la 7e compagnie et donne l'ordre au lieutenant Simon, commandant la section de réserve de cette compagnie, de rejoindre son capitaine et de se mettre à sa disposition pour le nettoyage de la localité. » 

    Le contact est pris par les deux chefs de bataillon, le II/151e RI reçoit mission de s'installer défensivement aux lisières Nord et Nord-Ouest de Bruchsal. 

    Pendant que le reste du régiment bataillait à Bruchsal, le I/151e RI attaque Karlsdorf. Le bataillon, qui a fait la veille 40 prisonniers, est parti le matin de Kirlach pour, initialement, Weilher. Mais, arrivé à Hambrucken, il a été dirigé sur Forst. C'est alors que le lieutenant-colonel Gandoet lui a confié la mission de couvrir le flanc Sud du régiment, dans l'attaque de Bruchsal, en s'emparant de Karlsdorf. Le JMO du bataillon raconte : « La 1ère et la 3e compagnie sont chargées de l'attaque de Karlsdorf, la 1ère par les bois Ouest de l'autoroute, la 3e par la cote 109. La 2e compagnie, initialement réservée dans le bois Sud-Ouest de Forst, le nettoiera et poussera des éléments jusqu'à la route 35. A 15 h, les opérations de nettoyage des bois se déroulent sans incident. Vers 14 h, l'ennemi réagit violemment contre les éléments en lisière des bois par des tirs d'armes automatiques venant de la voie ferrée et des ponts de l'autostrade. La 1ère compagnie atteint la pointe Sud des bois et s'empare de la résistance du pont et du chemin de fer. La 2e compagnie progresse jusqu'à la voie ferrée mais est soumise à des tirs d'artillerie. La 3e compagnie est arrêtée par des tirs d'armes automatiques. La progression est stoppée par des tirs d'infanterie et des bombardements d'artillerie alors que les unités de tête buttent sur un canal, situé entre la route et la voie ferrée, que la carte au 1/50 000e n'indique pas... » Un appui d'artillerie est demandé. Il sera exécuté, non par le III/63e RAA qui n'a pas encore franchi le Rhin, mais par deux groupes de la 3e DIA. « A 19 h, l'attaque part mais est soumise à un tir de contre-préparation allemand intense de 150 et de 210, qui cause de lourdes pertes au I/151e RI. La 2e compagnie, qui est dans le bois de Forst, est particulièrement touchée. A 20 h, la situation est confuse. La 1ère compagnie a réussi le tour de force de passer le canal sur le pont détruit et de se glisser le long de l'autostrade, mais elle tombe aussi sous les tirs d'arrêt... La 2e compagnie, de son côté, est désorganisée par la contre-préparation ennemie. La 3e compagnie, pour sa part, n'a pas pu démarrer, l'appui de notre artillerie ayant été déclenché avec dix minutes de retard. Elle essaie de progresser, mais c'est très difficile. A 21 h, la situation s'éclaircit car la 1ère compagnie a pris pied dans Karlsdorf et en commence le nettoyage. La 2e compagnie se réorganise ; ses pertes sont sévères. La 3e compagnie a réussi à pénétrer dans la partie Ouest de Karlsdorf. Durant la nuit, le nettoyage mené par les 1ère et 3e compagnies se poursuit, les deux unités étant aux ordres du capitaine Dubroca. » Les pertes sont lourdes au bataillon, pour ce combat de Karlsdorf dont le général de Lattre ne parle curieusement pas : 20 tués, dont le lieutenant aveyronnais Alfred Leygues (2e compagnie), 79 blessés*. 

* La ministère de la Défense recense 30 ou 31 morts du 151e RI, le 2 avril 1945, la plupart tués à Karlsdorf, dont de très jeunes soldats, tous âgés de 18 ans : Emile Blondel, Albert Bodere, Georges Chancelade, Albert Derbias, Henri Poupard, Arnaud Sanchez, Marcel Wittmann.

3 avril 1945 

    "Au II/151e RI, la journée est passée à assurer la défense de Bruchsal, tandis que le lieutenant Guigon et son corps-franc patrouillent dans les bois à 2 km au sud de la ville. Dans le secteur du 1er bataillon, une tentative ennemie est faite pour reprendre Karlsdorf. « Des automoteurs pénètrent dans Karlsdorf, note le JMO du bataillon. Notre infanterie, abritée dans les maisons, ne bouge pas, respectant les ordres donnés.» Pour sa part, le III/151e RI a pour mission de prendre Heidelsheim. La 11e compagnie doit d'abord réduire des résistances constituées d'armes automatiques, et la 10e ne progresse pas aussi rapidement que souhaité, si bien que c'est la 9e qui arrive la première devant le village. JMO : « Elle est stoppée par des chars boches et des armes automatiques. Elle s'installe de part et d'autre de la route en utilisant le terrain au maximum et s'accroche au terrain […]. Les chars allemands placés à l'entrée du village font quelques sorties et balayent avec leurs armes automatiques les positions de la 9e compagnie sur lesquelles ils envoient également des obus. Mais la 9e compagnie tient bon et à 17 h, elle réussit à pénétrer dans le village et aux abords immédiats, et en particulier près du cimetière. Quelques patrouilles sont faites. Les derniers éléments décrochent dans la nuit. Les pertes s'élèvent à cinq tués et 20 blessés. Une vingtaine de boches ont été tués et autant prisonniers. » 

4 avril 1945

    "Solidement établie sur la rive droite du Rhin, l'armée de Lattre va pouvoir agir dans deux directions, de part et d'autre de la Forêt Noire : vers l'est en direction de l'Enz et du Neckar (2e DIM, 3e DIA, 5e DB), et vers le sud afin de déborder les défenses ennemies sur le fleuve et prendre pied dans la partie Nord du massif (9e DIC, un combat command de la 1ère DB). A la division Carpentier, le bataillon Quincy du 15-1 s'est vu confier une nouvelle mission : prendre Helmsheim. Le mouvement s'engage dès 5 h, avec un tir exécuté par la CCI. « Premier accrochage à gauche par la 11e compagnie qui fait deux prisonniers, la progression continue cependant jusqu'aux pentes Nord de la crête dominant Helmsheim, rapporte le JMO. Au nord à 100 m de cette crête, la 11e compagnie est de nouveau accrochée sur la gauche, la progression continue et un groupe parvient à hauteur des premières maisons du village.

Un char ennemi apparaît. Le groupe restera bloqué sur place jusqu'à la fin de la journée et c'est l'action des éléments de droite qui les dégagera.» 

    Ces éléments, encadrés par les capitaines Quincy et Comte, les lieutenants Fareza, Boyer et Noël, l'adjudant-chef Duquesnoy et le sergent-chef Costa, seront particulièrement éprouvés durant la journée. Jusqu'alors tenu en réserve, le II/151e est également poussé sur Helmsheim en renfort du bataillon Quincy, ainsi que des éléments du I/151e. « La 6e compagnie [...] pénétrait dans le village par l'Ouest, précise le journal des marches du bataillon Cunin. La 7e progressant à sa gauche appuyée à la voie ferrée, nettoyait la partie Est du village », où les fantassins sont entrés à 17 h. Pertes très lourdes au 3e bataillon, qui avait déjà déploré douze morts et 32 blessés le 2 avril 1945 : 18 tués* et 55 blessés. « La plupart des tués [l']ont été dans le chemin creux où nos éléments sont restés durant trois heures vis-à-vis des Allemands en se fusillant à 20 m », note le JMO du 3e bataillon. Le capitaine Raymond Comte, commandant la 10e compagnie, le lieutenant Fareza, le lieutenant Gay (1ère compagnie) sont au nombre des blessés que les services du médecin-lieutenant Monnerot ont réussi à évacuer « en un temps record ». Le lieutenant-colonel Gandoet précise également que le commandant Gaillard, commandant les unités régimentaires, a été blessé grièvement (par balle à la tête), que le capitaine Vigier a reçu une rafale dans la jambe, qu'un lieutenant-colonel stagiaire a écopé d'éclats dans le cou. Le soir, le III/15-1 est relevé par le 5e RTM et regagne Heidelsheim."

* Parmi les morts du régiment à Helmsheim le 4 avril 1945, figurent de très jeunes soldats : Roger Baille, 18 ans, Roger Balaguera, 18 ans, André Barbey, 17 ans (il est né le 21 mars 1928 dans l'Allier), Pierre Brassac, 18 ans, Léonce Chanabe, 18 ans, Auguste Herny, 18 ans, Stanislas Lipowski, 18 ans. Sont décédés aussi, ce jour-là, Marcel Lepage, 16 ans (né le 15 janvier 1929 à Paris) et Pierre Martin, 17 ans, mort des suites de blessures à Wiesenthal.

9 avril 1945 : "Lancés en direction de Langenalb, le CC4, le 151e RI et le groupement Navarre nettoient une zone montagneuse boisée. Ce qui occasionne de nouvelles pertes au régiment Gandoet, notamment à Grafenhausen : René Jaouen, 21 ans, et René Rozet, 21 ans, victimes d'obus, Antoine Lenzi, 21 ans, tué par balle..."

11 avril 1945 : "Au 151e RI, il est à peu près la même heure - 17 h 45, plus exactement - lorsque le commandant Cuenoud est atteint par éclats d'obus à Dobel. En l'absence du capitaine Pierre Treguier, en permission, il sera remplacé par le capitaine André Dubroca, commandant de la 1ère compagnie. C'est également à Dobel que meurt, victime d'un éclat d'obus à la tête, celui que tous appelaient Mascotte. Mascotte, c'est Serge Gras. « Une parenthèse sur Mascotte, écrit le capitaine Dubroca : il a 15 ans, haut comme trois pommes et même moins. Il avait suivi les Canadiens quand ils avaient débarqué en Normandie et il avait fini par échouer chez Fabien. Un oiseau, gai, blagueur, jamais en place. Je l'avais adopté à mon arrivée à l'unité... » Tuberculeux, Serge Gras venait de s'échapper de l'hôpital de Mulhouse, marchant 30 km pour rejoindre sa compagnie avant le départ pour le combat. « J'ai pris ma grosse voix des moments où je suis ému pour lui mettre huit jours de prison ; mais devant ses larmes, je n'avais pas eu le courage de le renvoyer. »" Au 21e RIC, quelques mois plus tôt, le capitaine Jean Eon s'est laissé aussi apitoyer par les larmes du soldat Robert Creux. Celui-ci était un peu plus âgé que Serge Gras : il était né le 18 janvier 1929 à Saint-Dizier, quand Mascotte avait vu le jour le 10 février 1929 à Lyon. Creux est mort au champ d'honneur le 2 février 1945, à Wittenheim. Gras, le 11 avril 1945, en Allemagne, auprès de l'adjudant Charles Lemaréchal."

12 avril 1945 : "Parmi les autres événements de la journée, signalons la prise – notable – de Baden-Baden et l'occupation, vers 13 h, de Kaltenbronn, attaqué par les 1er et 2e bataillons du 151e RI."

14 avril 1945 : "Le régiment du lieutenant-colonel Gandoet poursuit sa progression entre Pforzheim et Freudenstadt. Nonnenmiss est occupé à 11 h 30 par la 2e compagnie, le bois est nettoyé, quatre prisonniers sont faits, mais le régiment déplore quatre tués. Le ministère des Armées fait état pour ce jour-là de la mort, à Kohlauste, d'Italo Borelli, 26 ans, Jean Brule, 17 ans et demi, Armand Vandenbossche, 43 ans et demi. Puis la compagnie du capitaine Pierre Valadoux occupe Enzklosterle." 

17 avril 1945 : "Mais l'événement que salue le commandant de la 1ère armée française, c'est la prise de Freudenstadt, objectif de la manoeuvre. Après avoir progressé la veille dans une immense forêt de sapins, le colonel Navarre, avec ses chasseurs du lieutenant-colonel Vigan-Braquet, y entre à 10 h. Pour le général de Lattre, cette conquête d'une ville en partie incendiée, et dont le nettoyage est notamment réalisé par le II/151e RI, signe la fin de la première phase de la Campagne d'Allemagne".

20 avril 1945 : "Depuis la veille, la 2e DIM fait l'objet de contre-attaques. Dans leur tentative de repli vers le sud, les troupes allemandes se présentent ainsi devant la localité d'Ober Jesingen, défendue par le II/151e RI. Sa garnison - la 7e compagnie du capitaine Lescouret – est encerclée, celles de Kuppingen et Herrenberg sont menacées. Il faut l'intervention, côté Est, des hommes du colonel Navarre (3e RSM, 20e BCA, II/4e RTM) et, côté Ouest, du I/151e RI pour venir en aide aux hommes de Lescouret, enfin délivrés le lendemain à 7 h par leurs camarades du bataillon Cunin. Jean-Baptiste Chabrannel, 18 ans, Jean-Claude Merley, 19 ans, Louis Toulouse, 34 ans, Joseph Dalliere ont été tués à Ober Jesingen, tandis que Natale Rampazzo, 21 ans, a trouvé la mort à Herrenberg."

23 avril 1945 : "Au 2e corps, le 151e RI, au sein de la colonne Mozat, marche depuis le 22 avril sur Bingen, et le 20e BCA, avec la colonne Chappuis, sur Sigmaringen. Chez Mozat, la progression depuis Tübingen est lente, à cause des abattis et des destructions sur le chemin, à cause du feu ennemi aussi. Général de Lattre : « Toutefois, le 15-1 prend pied sur le plateau, à Genkingen. Vers minuit, une grosse contre-attaque à base de panzerfaust se déclenche. Des caves et des fenêtres de Genkingen, qu'occupe le bataillon Quincy (III/151e RI), les Allemands, militaires et civils mélangés, tirent à bout portant sur nos hommes. Ce n'est qu'au matin le 23 que le coup est définitivement paré. » A Conningen, qu'il a pris dans la journée puis conservé dans la nuit malgré une contre-attaque, et à Genkingen, le régiment du lieutenant-colonel Gandoet a perdu Jean-Claude Cuisance, 17 ans, Yoland Durand, 18 ans, Jean Guidicelli, 20 ans, Aloyse Remus, 20 ans. Il déplore également la mort, à Tübingen, de Robert Cabrit, 20 ans, de Pierre Hondet, 21 ans, et Raoul Mouysset (décédés de leurs blessures), ainsi que celle d'Edouard Lanoizellée (CCI), 47 ans*"

* Le ministère des Armées mentionne ce jour-là la mort d'Angelo Lazzari, 20 ans, noyé à Mechtersheim. Il a donc plutôt été victime du passage du Rhin.

7 mai 1945. Fin des combats en Europe. "A l'appel des morts fait par le lieutenant Dalsace le 12 mai 1945, il apparaît que 43 hommes du I/151e RI*, dont quatre officiers, ont été tués".

* Où le commandant Edmond Alix a pris le commandement du III/151e le 2 mai 1945. 

SOURCE PRINCIPALE : archives du GTL et du 151e RI, GR 12 P 25, SHD.