mardi 14 janvier 2025

La bataille de Colmar : 8 février 1945


Maurice Lacroix, du I/21e RIC, tué le 8 février 1945 devant Bantzenheim.

 Objectifs Fessenheim et Blodelsheim

    JMO du 12e RCA : "L'attaque sur Fessenheim est déclenchée. Aussitôt les chars entrent en liaison avec les chars de la 1ère DB qui se préparent également à entrer dans Fessenheim mais dont deux venaient de sauter sur des mines. [...] Le village est occupé, l'ennemi l'a d'ailleurs en partie évacué à 5 h et seuls quelques isolés sont pris. [...] A 10 h, [...] le détachement de Lancquessaing et des éléments de la 1ère DB pénètrent [dans Blodelsheim]. [...] La 1ère DB prenait à son compte le couloir entre le Rhin et la forêt et à 15 h livrait un combat très violent en essayant de s'infiltrer dans Rumersheim encore fortement occupé. [...] Les opérations prévues des 1er et 2e escadrons (sous-groupement Massu) sont annulées après un début d'exécution par suite de la jonction réalisée avec la 1ère DB française. [...]". Depuis le 6 février 1945, le 12e RCA a perdu neuf chasseurs.

    JMO du 5e RTM : "Dans la nuit [...], Munchhouse est entièrement à nous. Le lendemain dans la matinée, une double manoeuvre de la 11e compagnie, partant d'Hirtzfelden, et de la 10e, débouchant de Roggenhouse, appuyées respectivement par les escadrons de Lambilly et d'Ussel, nous livre Fessenheim où la 11e fait la liaison avec les éléments de la 2e DB venus du nord, puis, à 10 h, Blodelsheim, sur lequel convergent deux groupements.

    Vers midi, la 11e compagnie occupe la maison forestière et la maison de navigation, qui contrôlent, sur le Rhin, le bac de Blodelsheim. [...]

    Malheureusement [...], le colonel Dewattre [...], venu se rendre compte de la situation, sautait, vers 15 h, sur une mine en quittant Blodelsheim. Très grièvement blessé, il est transporté à Mulhouse où il mourait dans la soirée."

    Agé de 44 ans, Charles Dewattre, né dans les Landes, était Saint-Cyrien. Vétéran des campagnes du Maroc et du Liban, puis de France en 1940, il s'était battu en Italie et avait pris le commandement du 5e RTM en décembre 1944. Titulaire de quinze citations, il est fait commandeur de la Légion d'honneur. Le lieutenant-colonel Jacques Gazounaud, du 8e RTM, lui succède le soir-même.

Objectif Bantzenheim

    JMO du 23e RIC : "Le I/23 et le II/23 envoient des reconnaissances et trouvent les écluses 43 et 44 légèrement occupées."

    JMO du RICM : "A 4 h, l'écluse 47 est encore tenue par l'ennemi. Mais à 8 h, une patrouille du GEP signale que Munchhouse est vide d'ennemis. L'écluse 47 est libre. Une patrouille poussée vers l'écluse 46 rencontre des ennemis qui décrochent. Munchhouse est occupé par le GEP à 8 h 30."

    JMO du 3e BZP : "[...] Le groupement Boispéan [repassé sous les ordres du commandant Vallin] reçoit l'ordre d'envoyer au lever du jour des patrouilles pour reconnaître la partie du secteur comprise entre l'écluse 46 et la cote 226,6 et entre les écluses 46 et 44.

    A 8 h 30, l'escadron Boispéan, le peloton de TD, la section du génie se portent aux lisières Ouest de la Hardt de part et d'autre de l'itinéraire Ensisheim - Chalampé. [...]

    Dans la matinée, le groupement commence l'établissement d'une tête de pont, au nord de l'écluse 46, qui est fortement défendue et minée. [...] Le génie construit un passage à l'écluse 46. Les chars légers, les chars moyens et quelques HT [half-tracks] franchissent le canal à l'écluse 46, dans le courant de l'après-midi."

    I/21e RIC : à 8 h 30, la 1ère compagnie (lieutenant Auvigne) se porte sur le canal Sud-ouest de Munchhouse pour relever le RICM. Sur le canal, Auvigne rencontre un officier supérieur qui lui donne l'ordre de foncer sur le carrefour 226, où deux prisonniers sont faits. JMO du bataillon : "Un peloton du RICM dépasse la 1ère compagnie pour aller reconnaître le pont de Bantzenheim sur le canal. Il est accroché par des armes automatiques"

    JMO du RICM : "Le détachement Aubinière (3e escadron, un peloton de TD, deux pelotons portés) franchit la passerelle à 11 h et dépasse l'infanterie du 21e RIC. Il disperse vers le carrefour 222 des éléments retardateurs armés de mitrailleuses légères. Le pont sur le canal de la Hardt est détruit ainsi que le pont 300 m Nord-est de 222. Des patrouilles sont envoyées aussitôt vers le pont 1 km Ouest de Bantzenheim, l'une le long du canal de la Hardt, l'autre sur la laie centrale passant par 222 puis par la route de Radbrunnen à Bantzenheim."

    Quelques prisonniers sont faits, mais "tous les ponts et ponceaux sont détruits. [...] A 14 h 30, l'escadron franchit le canal sur un passage de fortune en troncs d'arbres et terre. Le bataillon Sizaire qui l'a dépassé vers midi a été stoppé par des barrages violents d'artillerie et d'infanterie à la lisière Est [...] et ne peut déboucher. Le feux des TD, des chars légers et des canons d'assaut du détachement Aubinière sont mis à sa disposition, mais, faute d'objectifs précis, n'obtiennent aucun résultat."

    En effet, au III/21e RIC du lieutenant-colonel Sizaire, la 11e compagnie a atteint les lisières de la forêt et s'apprêtait à marcher sur Bantzenheim lorsqu'elle a été clouée au sol par de violents tirs d'armes automatiques depuis le remblai du canal. A la nuit, la compagnie, qui a pu décrocher, déplore 14 tués et 28 blessés, dont le capitaine Fernand Pech (qui succombe à ses blessures) et l'aspirant Jean Micolon, chef de section. 

    JMO du RICM : "Au cours d'une [patrouille pour rechercher un point de passage sur le canal au sud de Bantzenheim], l'aspirant de Tienda est tué par un tireur au fusil."

    Au I/21e RIC, qui a atteint les lisières Est de la Hardt à 16 h 30, un accrochage coûte à la 2e compagnie deux tués : le sergent Léon Porché et le soldat Camille Combray, Par ailleurs, un tir de harcèlement au mortier coûte la vie au soldat Maurice Lacroix, de la même unité. La nuit, froide et pluvieuse, est passée sur place. 

   Selon le JMO du 3e BZP, le bataillon est positionné au soir à 1 500 m à l'est de Radbrunner (1ère compagnie et chars légers), au puits de Radbrunner (2e compagnie, CA et chars moyens) et à l'écluse 46 (3e compagnie). Il a perdu quatre blessés dont le sergent-chef Vignal et le sergent Simon.

Objectifs Petit-Landau et Niffer

    Tandis que la brigade de spahis du colonel Brunot atteint Hombourg, le 151e RI du colonel Claude Jaeger (Michelin), successeur du colonel Fabien (Pierre Georges), se met en mouvement et arrive à Petit-Landau. Mais il a perdu de nombreux tués à cause des mines lors de sa progression (au moins six).     De son côté, le 19e BCP du lieutenant-colonel Albert Moillard, mis sur pied à Paris, se porte de Kembs où il tenait position depuis le 22 décembre 1944 sur Niffer. Les mines, les tirs d'artillerie tuent le sergent-chef Robert Beillot, Roger Desprez, Maurice Rousseau, Gérard Bianquis et Lucien Lalloz. Mais l'objectif est atteint.


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