Secteur du 21e RIC - 1ère DB - Ensisheim
Un char Panther apparaît devant les hommes du commandant Sizaire. Soldat Antoine Grimaldi (9e compagnie, III/21e RIC) : "Nous voyons nettement le canon se lever, puis c'est le fracas et la lueur du coup. Au-dessus de nos têtes, un vrombissement monstrueux. Loin derrière nous l'obus éclate. Ce sera le seul."
Soldat Maurice Noirot (compagnie anti-chars, 21e RIC) : "Je voulus bien me placer pour tirer [sur le char] avec efficacité. C'est à ce moment-là que je fus terrassé par une grenade offensive lancée sans doute depuis l'autre côté de la rue." Le volontaire haut-marnais est grièvement blessé à l'oeil gauche qu'il perdra.
Le blindé recule soudainement et s'embourbe dans le canal.
Soldat Guy Legrand (compagnie d'accompagnement, III/21e RIC) : "Autour de nous, partout de l'eau, la crue augmente toujours. On entend les voltigeurs qui barbotent, en jurant, dans l'eau glacée."
6 février 1945, 5 h. Ensisheim, dont l'hôpital a été occupé par la 11e compagnie, est libre. Le III/21e RIC a perdu trois tués et 22 blessés durant ces opérations. Sur le pont de l'Ill, le commandant Sizaire tend la main au général Salan.
Le génie du CC1 de la 1ère DB construit un pont classe 16 qui est terminé à 15 h, tandis que le génie du corps d'armée édifie un pont pour véhicules de 40 tonnes.
JMO du 3e BZP : "Le régiment de reconnaissance de la 9e DIC, l'escadron André du CC1 franchissent le pont classe 16 à partir de 15 h 30." Puis la 3e compagnie de zouaves et l'escadron Boispean le passent à 17 h 30 avec pour objectif d'atteindre le canal du Rhône au Rhin au sud de l'écluse 46.
JMO du 23e RIC : "A 9 h 30, ordre est donné au I/23 de franchir l'Ill et de faire pousser des patrouilles en direction de Battenheim. Passage de la rivière impossible par suite de la montée des eaux."
Secteur de la 9e DIC - RICM
Le Régiment d'infanterie coloniale du Maroc, régiment de reconnaissance de la 9e DIC, n'a pas encore été engagé durant les opérations de Colmar. Depuis le 3 février 1945, le groupe d'escadrons portés (GEP), formé en octobre 1944 par des volontaires du Doubs (FFI du Lomont), s'était installé à Modenheim. Le RICM du lieutenant-colonel Louis Le Puloch est enfin lancé en avant ce 6 février 1945.
Le RICM est chargé d'éclairer le groupement Salan entre l'Ill et le canal. Il détache le 2e escadron de reconnaissance au CC1 de la 1ère DB et reçoit l'escadron de reconnaissance du 3e RCA (cf. JMO du 3e BZP).
Compte-rendu d'opérations du RICM : "Le pont de 17 tonnes d'Ensisheim est achevé à 16 h. A 16 h 30, il est franchi par le détachement D1 (escadron du 3e RCA et un peloton porté du RICM)", suivi par le détachement D2 (4e escadron du capitaine Pol, trois pelotons portés et un peloton de chars légers).
"A l'ouest de l'écluse 47, le détachement Pol est accueilli par des tirs d'automoteurs, de minen et d'armes automatiques. Un peloton à pied confirme que l'écluse 47 est sauté". De même, le peloton du lieutenant Maurier annonce que l'écluse 48 a sauté également. Au cours d'une patrouille, "l'aspirant Georges saute sur une tellermine, est blessé à la tête".
Secteur de la 2e DIM
Le 5e régiment de tirailleurs marocains, commandé par le colonel Charles Dewattre, vient d'occuper Ungersheim, atteint l'Ill et se dirige sur Reguisheim.
JMO du 5e RTM : "Tout le 3e bataillon, reçu avec enthousiasme par la population, se trouve dans Reguisheim, où il cueille quelques Boches oubliés ou attardés. [...] Les unités sont aussitôt décuplées en direction de Hirtzfelden et Roggenhouse. [...] La 9e compagnie parvient à la chapelle de Semersheim, mais toutes ses tentatives pour en déboucher en direction du bois de Rothleible, dont la lisière est tenue, demeurent vaines. La 11e compagnie, plus heureuse, s'empare de la maison forestière, traverse le bois et occupe Hirtzfelden à 21 h.
Le 1er bataillon, ramené à Reguisheim pur y franchir l'Ill, a déboîté vers le sud en direction de Munchouse. Il s'est heurté à de fortes résistances établies dans le bois. [...]"
2e bataillon de choc - 31e BCP - 1er et 5e BCP
Partie de Mulhouse, la 2e compagnie (capitaine du Ménil) du 2e bataillon de choc met la main sur Sausheim, où le commandant Berger établit son PC, et la 4e compagnie se porte sur Baldenheim. "Occupation rapide du village, il vient d'être évacué", note le capitaine Lucien Auvray.
En forêt de la Hardt qu'il défend depuis le 29 janvier 1945, le 31e BCP du capitaine Audibert commence à sortir de ses positions pour tâter le dispositif ennemi. Il s'agit de l'ancien - et éphémère - 1er BCP issu de la fusion des 1er et 2e BCP mis sur pied à partir du Groupe mobile d'Alsace et du Bataillon Rapp. Le canal de Huningue est franchi par des patrouilles. Au cours d'accrochages, le sous-lieutenant André Maujean et le sergent Marcel Lorentz sont tués, le caporal René Welterlin est mortellement blessé. Un champ de mines empêche d'aller chercher leurs corps, ce qui sera tenté à la faveur de la nuit, au prix de nouvelles pertes. Le caporal-chef Louis Turini, dit Boularand, "bien que grièvement blessé, mais n'écoutant que son courage, cherche à poursuivre sa mission ; il vient à peine de faire quelques mètres, qu'une mine explose, lui arrachant à la jambe droite (1)" (historique du 31e BCP).
A la 4e demi-brigade de chasseurs, dans le secteur de la 4e DMM, une perte notable est déplorée : celle du lieutenant Emile Devaud, de la compagnie hors rang. Tentant "de ramener les corps de deux sous-officiers tués par mines le 25 janvier, [il] saute lui-même sur une mine" (historique de la demi-brigade).
(1) Turini décède de ses blessures.
Sources complémentaires : archives du 31e BCP, GR 13 P 69, SHD ; archives du RICM, GR 13 P 258, SHD ; "Blodelsheim", journal Rhin et Danube, février 1994.
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