mercredi 11 décembre 2024

La bataille de Colmar : 22 janvier 1945


Des hommes du 35e RI FFI dans les rues de Schweighouse.
(Photo issue du livre de Gilles Hennequin sur le Régiment de Bourgogne).


 Secteur de la 2e DIM

32e et 152e RI

    "Le mauvais temps marque un degré de plus dans l'abominable", constate le général de Lattre. Qui souligne cependant un succès notable, à mettre à crédit de la 2e DIM : la prise de Reiningue. Elle est l'oeuvre du I/8e RTM, soutenu par la 7e compagnie (Charollais) du II/35e RI. Celle-ci parvient à faire 68 prisonniers, mais au prix de trois morts, dont Guy Carré et Pierre Lardy. A la 6e compagnie, Jean Roy, 17 ans, est tué à Reiningue.

    A Schweighouse où il a son PC, l'état-major du II/35e RI, que dirige le commandant Olivier Ziegel, absent des lieux à ce moment, est frappé par une tragédie. Un obus explose, tuant le médecin-lieutenant Alain Limouzin et l'infirmière Marie-Louise Poncet, blessant mortellement le médecin-capitaine Albert Saulgeot, et touchant plusieurs hommes dont les capitaines Lucien Rebouillat et Robert Toussaint.

    Le 8e RTM prend également - facilement - le couvent d'Oelenberg, que l'ennemi avait évacué. Cela permet aux chasseurs du 2e BCP de retrouver les disparus de l'avant-veille, Duty, Bougaud, le caporal Pichet, qui avaient été soignés par des moines. Seul Thibaut manque à l 'appel (il n'a pas survécu). Autre mauvaise nouvelle pour les hommes du lieutenant Demesy : "Nous apprenons la mort du chasseur Delay à l'hôpital d'Altkirch. Il y avait huit jours qu'il était marié. Sa femme était au bataillon comme dactylo."

    Dans le même secteur, le I/152e RI reprend l'attaque de la sous-station électrique près de Lutterbach. Elle est déclenchée à 8 h 50, après un quart d'heure de préparation d'artillerie. A la différence de la veille, les opérations évoluent favorablement, puisque la 1ère compagnie occupe son objectif à 9 h 40. En revanche, le déminage de la route de Reiningue s'avère difficile.

    En fin de matinée, déclenchement d'une nouvelle préparation d'artillerie, avant l'attaque de la partie Nord des zones boisées situées à l'ouest de la sous-station. Le sous-lieutenant Juif est blessé par la riposte allemande, mais à 12 h 45, la 1ère compagnie, appuyée par des TD, peut nettoyer le bois. Il reste encore, en début d'après-midi, à prendre les maisons de la prise d'eau, puis à atteindre la lisière Ouest du bois, enfin à achever son nettoyage. Pour un total de 68 prisonniers, le bataillon Erulin/Mairal a perdu, durant ces deux jours, 29 tués, 54 blessés et trois évacués pour pieds gelés. Lendemain, il passe en réserve, et les obsèques de ses morts sont célébrées à Morschwiller.

Secteur de la 9e DIC

23e RIC

    JMO : "Une attaque est menée par une compagnie du III/23 pour s'emparer de la fabrique cote 237,5 appuyée par un peloton de chars, un autre peloton étant emboué [sic] vers les abattoirs et appuyant de ses feux la progression. Appui d'artillerie : préparation échelonnée sur 30 minutes avec un groupe de 155 et deux de 105.

    A 13 h 30, la fabrique est prise. Des reconnaissances d'infanterie et de blindés sont poussées aux carrefours Nord de 240,0 et au carrefour 236,8. Elles sont ramenées en arrière à la nuit. Bilan de l'opération : 69 prisonniers dont deux officiers, un panzer jaguar [sic] détruit, deux PAK mis hors de service. Pertes : 5 tués, 17 blessés.

    Nuit du 22 au 23 troublée par les bruits de moteur et de chenilles à l'ouest de Richwiller. Nombreuses arrivées sur la zone de Pfastatt."

6e RIC

    Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : "De 6 h 45 à 17 h : tirs de préparation sur les lisières Nord et Ouest de Kingersheim puis le nettoyage est entrepris. Quatre automoteurs sont signalés à la sortie Nord du village, se dirigeant vers le sud en longeant la lisière Ouest. De petits groupes et des isolés s'infiltrent vers le sud et sont signalés aux lisières Sud de la Cité Kullmann. A 11 h 30, un automoteur allemand touché par un TD flambe. Deux autres sont détruits par nos chars quelques instants plus tard.

    A 15 h le nettoyage de Kingersheim est achevé, à l'exception de la sortie Sud-Ouest du village, où quelques groupes se défendent encore farouchement. Deux sections de la 11e compagnie chargées de reconnaître le village 203,1 et le sud de la Cité Kullmann essuient dès leur débouché des feux très denses d'armes automatiques et sont contraints de se replier. Le lieutenant Cadet, chef de détachement, est blessé."

    Le lieutenant-colonel Dessert souligne la bonne tenue de deux compagnies du II/6e RIC, notamment de la 7e compagnie commandée par le lieutenant Anstett (successeur du capitaine Lassurguère), qui a dû "soutenir pendant plus de 24 heures les assauts répétés d'un bataillon allemand au moral intact."

    "Tandis que le II/6 repoussait si brillamment l'ennemi, le I/6 recevait l'ordre de nettoyer les rives Nord du ruisseau d'Hagelbach, et de rechercher la liaison avec le II/6 vers la sortie Sud-Ouest de Kingersheim. Parvenue à 16 h 30 au carrefour 233,8, la 1ère compagnie s'organise sur place après avoir vainement essayé de dépasser ce point. Une reconnaissance de blindés ainsi qu'un détachement du génie qui s'étaient par trop approchés des lisières Sud-Ouest de Kingersheim sont violemment accrochés."

    Journal de marche du III/6e RIC : "Le bataillon récupère ses deux sections [de la 11e compagnie] dans la nuit. Au milieu de l'après-midi, le chef de bataillon est convoqué au chef de corps en vue d'un engagement dans la matinée le lendemain."

    Dans une note datée de ce jour, le lieutenant-colonel Dessert, chef de corps du 6e RIC, précise, sur la foi des déclarations de prisonniers, que ses hommes ont eu à faire au 2e bataillon (Rempa) du 726. Grenadier-Regiment (716. Grenadier-Division), au "137e régiment de chasseurs" (major Grumb, 1er bataillon : hauptmann Neubourg, 2e bataillon : major Selb) de la "2e division d'infanterie de montagne" venue de Norvège et peut-être d'éléments d'artillerie de la 338. Infanterie-Division.


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