Des hommes de la 9e DIC à Rixheim. (Coll. L. Fontaine)
Secteur de la 9e DIC
6e et 23e RIC
Compte-rendu du lieutenant-colonel Louis Dessert : "Les objectifs fixés aux groupements Landouzy et Dessert sont Cité Anna et Cité Fernand pour le 23e RIC, les puits Ouest et Est et Wittenheim pour le 6e RIC. L'intention du lieutenant-colonel Dessert est la suivante. Dès l'enlèvement de son objectif par le 23e RIC, reconnaître une base de départ aux lisières Est de ces cités. Y porter le I/6 puis attaquer successivement : les puits des mines de potasse, la filature et la Cité Kullmann avec l'appui d'une base de feux installée aux lisières Sud-Est de la Cité Anna (CA 1) et à Kingersheim (armes lourdes du III/6), de l'artillerie et du groupement blindé Doré, ce dernier devenant disponible après l'achèvement de l'attaque du 23e RIC."
Historique du 23e RIC : "Dépassant les éléments du 1er bataillon et du 3e bataillon, le 2e bataillon doit attaquer Cité Anna après une préparation d'artillerie de 40 minutes et avec l'appui d'un peloton de chars. Coiffant littéralement dans un premier temps la Cité Anna proprement dite, le bataillon se rabattra ensuite sur sa gauche pour s'emparer de Puits Anna. [...]
La [5e] compagnie a pour mission de s'emparer de la moitié Est de la Cité Anna. Elle s'installera aux lisières Nord. [...] Il faudra attaquer à l'aube. Au jour, ce serait un suicide. Ce n'est même pas une plaine pour y aller, c'est un billard. Le réveil a lieu à 3 h 30. Il a neigé dans la nuit. [...]
6 h 40, la compagnie quitte la grand'route pour s'engager dans le chemin parallèle aux lisières du village et à 1 k m au sud. La préparation commence. [...]
7 h. Le dispositif s'ébranle. [...] A 7 h 15, les éléments de tête sont à moins de 150 m des lisières. Une minute après, un matraquage sévère de mortiers allemands nous arrive dessus. [...]
7 h 41. Une salve de fumigène placé comme à la main, juste devant, à nous toucher. "En avant ! Allez [la] 5e debout !" Les Allemands continuent à tirer. Ca ne fait rien. Les gars se lèvent, bondissent sans souci de rien. [...] Le sergent J... se penche un instant sur A..., blessé; "Laisse-moi, en avant." Les maisons sont là tout près ! [...] Nous sommes dans le village. Les éléments désignés serrent sur O1. La préparation d'artillerie qui se continue sur O2 tombe un peu court. Le nettoyage de la partie Sud se fait comme prévu. [...]
7 h 53. De nouveau la charge à travers les jardinets, sautant les barrières, enfonçant les portes charmantes et dérisoires qui les ferment. [...]
8 h, les lisières Nord ; l'objectif final est atteint. [...] Les patrouilles de liaison n'ont en effet rien donné. Nous sommes tout seul dans la Cité Anna. [...] Le sergent-chef P. et le soldat D. aperçoivent un groupe d'une vingtaine d'Allemands qui s'avance au nord du Crassier. Ils ouvrent le feu avec leurs mitraillettes. Le groupe B. "Toto" en tête, se porte à leur renfort. Sept Boches en moins. [...]
Vers 9 h 30, venant de l'ouest, une auto-mitrailleuse allemande s'avance précautionneuse, le long de notre rue. [...] De C. épaule sa mitraillette et lâche deux rafales. Les deux occupants accoudés sur le blindage, en observation, s'écroulent ensemble. A la pièce, Ch. ouvre le feu et lâche presque toute une bande. L'AM fait demi-tour et s'enfuit sans résister; [...] Deux chars, deux jagdpanther apparaissent sur la route de Pulversheim à 500 m de nous. Ils s'arrêtent quelques instants. [...] Ils continuent vers le nord et derrière eux, bientôt huit blindés lus petits, autos-mitrailleuses et auto-canons, suivent sagement à la queue-leu-leu. [...]
10 h moins 5. Un bruit de chars venant du sud. Cinq minutes après débouchent la première section et les éléments qui s'étaient amalgamés. [...] Venant de Wittenheim, cinq blindés légers avec environ une section d'infanterie s'avancent sur le billard. [...] Ce sont [...] bien des Boches. Ils ouvrent le feu sur notre bâtiment à moins de 800 m. [...] Le capitaine N. règle soigneusement [la concentration d'artillerie]. [...] Dès l'arrivée du tir demandé, l'infanterie se disperse et les blindés cessent de progresser. Les Sherman et les TD se mettent en action. Deux Boches semblent touchés, les autres se replient. [...] La nuit arrive. Petit à petit, le silence [...]"
Nous sommes dans le village. Les éléments désignés serrent sur O1. La préparation d'artillerie qui se continue sur O2 tombe un peu court. Le nettoyage de la partie Sud se fait comme prévu. [...]"
JMO du 23e RIC : "L'objectif a été atteint vers 14 h. Trois contre-attaques sur Cité Anna sont repoussées dans l'après-midi. [...] Prisonniers décomptés : 79 ; prisonniers blessés : 20 ; morts et blessés graves : 45. Total : 144. Pertes amies : deux chars (un tué, neuf blessés). I/23 : néant. II/23 : 20 tués ou disparus, 60 blessés évacués dont le lieutenant Pascal."
Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert, 6e RIC : "A 10 h, le I/6 renforcé d'une section anti-chars de la CAC et d'une section du génie de la 71/1 est regroupé à la sortie Nord de Bourtzwiller, prêt à être dirigé sur Cité Anna. Les reconnaissances sont parties à 8 h, protégées par une section de [fusiliers-voltigeurs]. [...]
A 11 h, le bataillon serre sur le chemin de la cote 234,7. A 12 h, il se porte sur sa base de départ ; la mise en place est terminée à 15 h en dépit des pertes sévères provoquées par un bombardement extrêmement violent d'artillerie et de minens.
L'attaque est déclenchée à 13 h 45, après une préparation d'artillerie de 30 minutes. la 1ère compagnie qui attaque au sud du crassier réussit après un combat extrêmement dur à prendre pied dans l'usine.
La 2e compagnie progressant au nord avance plus lentement. Elle parvient aux maisons à 200 m Sud-Ouest de la cote 230,9. Une de ses sections qui attaquait le crassier est décimée par des tirs précis d'armes automatiques ; le chef de section, l'aspirant Solano, est grièvement blessé. Les restes de cet élément se regroupent à l'usine avec la 1ère compagnie.
La nuit est tombée ; l'attaque de la Cité Kullmann est remise, les unités s'installent sur la défensive ; la compagnie de réserve s'installe face au nord.
Les pertes de la journée sont sévères. Le capitaine Sarthoulet, adjudant-major du 1er bataillon, a été tué ; le capitaine Mercey, commandant la CA 1, blessé. L'artillerie continue à être très active."
JMO du III/6e RIC : "Le chef de bataillon décide de réoccuper 230,1. A 20 h, la section Le Toquin de la 11e compagnie occupe sans difficulté les dernières maisons Nord de 230,1. Diminution notable de l'activité de l'artillerie. Huit déserteurs autrichiens appartenant à un régiment de chasseurs se rendent à la maison.",
Secteur de la 2e DIM
3e BZP
"Le groupement Vallin [...] a pour mission de parer à une attaque de chars, pendant que le 4e RTM attaque Puits Amélie I.
L'attaque est déclenchée à 9 h. L'objectif est atteint vers 10 h. A 13 h environ, les Allemands contre-attaquent à Puits Amélie I. L'attaque est menée par des éléments légers d'infanterie et deux chars (Tigres). Les Marocains ont des pertes et refluent sur la Cité Amélie II. Deux des TD du groupement Vallin stationnés au Puits Max sont alertés et viennent s'embosser à la lisière Nord-Est de la Cité Amélie II. Le bataillon du 4e RTM demande au groupement Vallin de l'aider pour reprendre Puits Amélie I.
A 16 h, un peloton de chars, une section de la 3e compagnie reprennent Cité Amélie I sans coup férir. Les Marocains, qui n'étaient pas prêts pour l'attaque, rejoignent nos éléments après la prise de l'objectif.
Depuis 13 h, le groupement devait rejoindre le colonel Durosoy (à Pfastatt). Les éléments du 4e RTM interviennent pour que le groupement Vallin reste sur place. Après plusieurs contre-ordres, le groupement quitte Cité Amélie à partir de 22 h 30 pour Pfastatt, où il stationne.
Durant la nuit du 24 au 25 et le 25, les Allemands bombardent violemment Cité Amélie II.
Pertes : Tués : Charles Lantrua (3e compagnie), Salah ben Sassi (CA). Blessés : sept.
La 2e et la 1ère compagnie sont à Bourtzwiller et ne sont pas engagées."
20e BCA
Historique du bataillon : "Le bataillon quitte [Schweighouse] avant le jour et se dirige vers la forêt de [Nonnenbruch], où la 1ère compagnie, poussée par ces quelques journées sous les ordres du lieutenant Reveillou, et la 2e compagnie, provisoirement aux ordres du sous-lieutenant Bonnet, prennent position côte à côte sur la base de départ. La 1ère compagnie atteint O2 vers midi, au prix de pertes sévères : 14 morts ou blessés sérieux. La 2e compagnie avance à son tour. Ses pertes sont heureusement plus légères. L'aumônier Krebs est grièvement blessé par balles pendant l'évacuation des blessés."
En s'emparant de la Cité Grassegert (II/8e RTM, 1ère DB et II/35e RI) et du Puits Amélie-I (4e RTM), la 2e DIM peut enfin se rapprocher de Wittelsheim, ayant atteint la lisière Nord-Est de la forêt de Nonnenbruch,
En couverture de la 4e DMM, le 5e BCP a reçu l'ordre de relever le II/1er RTA (régiment de tirailleurs algériens) dans les faubourgs de Vieux-Thann. "La neige qui s'était mise à tomber dans le courant de la journée augmente d'intensité le soir venu et c'est dans une épaisseur de 60 cm de neige que les déplacements vont avoir lieu", note l'historique du bataillon qui - tout comme le 1er BCP - est relevé dans la nuit à Willer-sur-Thur par le 24e RI et le 1er Bataillon de Toulouse. Le PC du chef de bataillon Stabler est établi dans la sous-préfecture de Thann.
2e corps
Ce jour est celui du début des combats meurtriers de Jebsheim. Y prendront part le 254e RI américain, le combat command 6 (colonel Boutaud de Lavilléon) de la 5e DB, au sein duquel opère le 3e bataillon du Régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE), ainsi que le 1er régiment de chasseurs parachutistes du commandant Faure.
Historique du RMLE : "Le groupement du [Cheylas] passe l'Ill au pont 178, oblique vers le sud-est, reconnaît vers la cote 178 un point de passage sur le Riedbrunnen qu'il franchit, attaque et prend le moulin de Jebsheim. Il y est à peine installé qu'il est soumis à une violente contre-attaque d'un bataillon (7e Erz-Bataillon) appuyé par des minen de gros calibres et de l'artillerie (en batterie dans les bois de la Hardt), trois Horniss (en batterie dans les bois de la Hardt), un jagdpanther et un Tigre. Le groupement est dans une situation critique - le groupement Boulanger lui envoie en renfort ses quatre TD.
Le moulin flambe, le groupement est obligé de l'abandonner, il s'accroche au sol, les légionnaires s'enterrent, assurant la défense du carrefour 200 mètres Ouest du moulin.
A 16 h 45, l'ennemi est repoussé, son infanterie a subi de lourdes pertes, le jagdpanther brûle. La 10e compagnie a l'un de ses chefs de section tué, un autre blessé ainsi que 25 légionnaires, deux TD sont hors de combat. En fin de journée, deux compagnies de parachutistes sont poussées vers les bois Nord et Nord-Est du moulin afin de couvrir le groupement et d'interdire à l'ennemi tout débouché de Grussenheim. Le groupement de Viéville est en position articulée à 1 km nord-est de la Maison-Rouge."
Sources complémentaires : "5e bataillon de chasseurs à pied. Campagne d'Alsace 1945", archives Maurice Vincent ; archives du RMLE, SHD.
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