jeudi 19 décembre 2024

La bataille de Colmar : 30 janvier 1945


 

 

Marsouins dans la neige d'Alsace. (Cliché paru dans "Kingersheim de 39 à 45", Jean Chesinski.

Secteur de la 9e DIC

6e RIC - l'attaque de Wittenheim

    Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : "L'heure H est fixée à 6 h 40 pour la 9e compagnie (début de la préparation d'artillerie), à 7 h 20 pour la 10e compagnie appuyée par un peloton de Sherman (fin de la préparation d'artillerie et début de la visibilité pour les chars).

    A 6 h 40, un violent tir de contre-préparation ennemi s'abat sur Cité Kullmann, causant des pertes aux 9e et 5e compagnies.

    A 7 h 20, la 10e compagnie débouche et prend pied aux lisières Est de Wittenheim, sans l'aide des chars qui ne peuvent mettre leur moteur en route par suite du froid.

    A 8 h 35, la 10e compagnie atteint l'école où un officier entouré de plusieurs hommes se mêlant dans les caves à la population civile, se défend farouchement et nous cause des pertes sensibles.

    A 8 h 50, la 9e compagnie fait connaître qu'elle est pratiquement immobilisée dans une zone infestée de [schumines] et bien défendue par l'ennemi. Le peloton de TD Davion reçoit mission d'appuyer cette unité."

    JMO du III/6e RIC : "Le médecin auxiliaire Lyonnet, dont le courage fait l'admiration de tous, est grièvement blessé par une mine en portant secours aux blessés."

    Lieutenant-colonel Dessert : "A 10 h 15, la 5e compagnie [Vassal] progressant le long de la lisière Est du village, s'empare du pont situé sur la route Ruelisheim. Le nettoyage de la moitié Sud de la localité est assurée par la 10e compagnie renforcée d'une section [Sage] de la CAC (région de l'Eglise), par la 11e compagnie (capitaine Gavillot) appuyée par un peloton de TD (autour de l'école), tandis que la 9e compagnie progresse difficilement à l'ouest du village. Les défenseurs de la partie Nord résistent farouchement ; ils sont soutenus par trois automoteurs."

    JMO du III/6e RIC : "Les derniers défenseurs de l'école se rendent. La [11e] compagnie a perdu un de ses meilleurs chefs de section, l'aspirant Le Toquin. [...] Sur la lisière Ouest, une patrouille de huit hommes (sergent-chef Leydet) envoyée par la 9e compagnie au carrefour n°3 réussit à s'emparer d'un groupe de baraques en bois situés à 100 m Ouest du carrefour et à faire huit prisonniers, elle s'y installe en PA avancé, mais un quart d'heure après elle est contre-attaquée par un char ennemi venu du carrefour 4. Ce char démolit à bout portant les baraques, blesse grièvement deux hommes du groupe Leydet et fait prisonnier nos soldats."

   Lieutenant-colonel Dessert : " A 16 h, la progression est partout arrêtée ; les 5e, 9e et 11e compagnies reçoivent l'ordre de s'organiser solidement sur place. La 10e compagnie [sous-lieutenant Ruffrich] prise sous les feux conjugués de deux automoteurs et d'une mitrailleuse de 20, tente vainement de s'emparer des carrefours NO et NE de l'église.

    A 21 h, elle doit se résoudre à s'installer défensivement pour la nuit. Les ordres sont pour le lendemain. Le chef de bataillon décide de faire effort par la droite en poussant sur le château la 5e compagnie, la moins éprouvée. La 9e compagnie continuera le nettoyage de la lisière Ouest. La 10e compagnie s'efforcera de liquider la résistance au nord de l'église. Enfin la 11e compagnie reste réservée autour de l'école. Pour cette opération, la section Marie (CAC) encore en réserve à Kullmann est mise à la disposition de la compagnie Vassal. Une compagnie du I/6 (capitaine Berthon) vient prendre position dans Kullmann pour la nuit."

        D'après des déclarations de prisonniers, "Wittenheim [...] aurait été occupée à la date du 29 [janvier] par 150 Allemands des 706e et 758e régiments d'infanterie".

23e RIC et 3e BZP

    JMO du 3e BZP : "Le groupement Vallin renforcé d'une compagnie du 23e RIC a pour mission d'agir offensivement sur la direction Schoenensteinbach, en faisant constamment l'effort par les lisières Est du bois de Nonnenbruch (route principale minée et très enneigée). Il visera à s'emparer successivement du carrefour 236 où il mettra en place un solide bouchon anti-char.

    Une compagnie de coloniaux suit la progression et doit occuper Hohroenderhubel pendant que le groupement progresse sur Schoenensteinbach.

    Le bois est truffé de mines anti-personnel et anti-char. La neige est épaisse (60 cm), aussi la progression est très lente et très pénible. Les sections marchent dans les traces des chars pour éviter les mines. Des résistances ennemies s'accrochent farouchement dans le bois. Un automoteur et des mortiers situés dans le Jungholz [un bois à l'ouest de la Cité Sainte-Barbe, commune de Wittenheim] prennent nos éléments à partie. 

    A 19 h 30, épuisés et ayant subi des pertes, nos éléments atteignent le château et le carrefour 236. Deux chars moyens ont sauté sur des mines. Le peloton de TD rejoignant des éléments d'infanterie au château perd un TD qui saute sur une mine dans le bois. Durant la nuit, tirs d'artillerie sur le château et le carrefour. [...]

    A 21 h, la route est déminée de la Cité Fernand à la cote 236".

    Au cours des opérations, le 3e bataillon de zouaves portés déplore quatre tués, appartenant à la 3e compagnie : Lucien Sallei, Raymond Leprêtre, Abdallah, Jacques Alloun, Le bataillon enregistre également cinq blessés dont le sergent Roger Marietti.

5e BCP

    L'attaque de Cernay est déclenchée. Le 5e BCP, qui appartient au groupement Bondis avec le I/1er RTA et un escadron de chars, agira par l'Ouest, dès le milieu de la nuit du 29 au 30 janviers 1945. 

    Il est 3 h 30 lorsque la compagnie du capitaine René Affret progresse vers la cote 425 par le ravin d'Enchenberg. Mais des tirs d'automatiques, en fin de nuit, rendent difficile sa progression.

    C'est à 7 h que le feu est ouvert par l'armée française.

    Relation des combats du 5e BCP : "Tonnerre assourdissant des mortiers, des 105 et des chars. Immédiatement, l'ennemi réagit avec violence. Du côté du 1er RTA, la prise de 425 s'avère très difficile. [...] Les FM et les mitraillettes gèlent, les agents de transmission mettent une heure et demie pour atteindre le PC du bataillon situé pourtant au coeur du combat, plusieurs sont blessés par armes automatiques qui balaient la route. [...] Les Allemands retranchés dans des abris de 1914-1918 tiennent très solidement 425. Quant à la cote 356, elle n'a pas été prise complètement par les tirailleurs. Néanmoins, à 10 h 30, le capitaine Gaubert signale son occupation après une vive résistance par la section Kayser qui surplombe maintenant la vallée de Steinbach. [...]

    Alors que le général de Hesdin, commandant la 4e DMM, vient d'être blessé, les chasseurs ne se résignent pas. Le capitaine Olivier peut avancer jusqu'à 100 m du hameau d'Enchenberg, la 3e compagnie parvient, malgré les 88, à s'accrocher à 11 h 45 au flanc de la cote 425. Elle n'est plus qu'à 100 m du sommet. Mais en dépit des efforts du lieutenant Chassé et du sergent Bennetain, elle ne peut déboucher à cause des feux de face et de flanc. Le sergent Joseph Bernard est tué.

    Il faut une action d'une compagnie du 1er RTA, arrivant par la cote 412, pour soulager les Berrichons qui sont épuisés, et dont les armes sont gelées. Relevée par la 2e compagnie, dans la soirée, la "3" descend se reposer près de l'hôpital du Vieux-Thann. Mais 425 sera prise. Les sections du lieutenant Lefranc et du sous-lieutenant Gaucher, de la "2", s'y installent, en liaison à droite avec le 1er RTA, à gauche avec deux sections de la CA. Dans la nuit, les deux sections de la 2e compagnie sont relevées à leur tour.

    19 tués, 66 blessés, 18 disparus, 132 malades, et même un déserteur : tel est le bilan de la 4e demi-brigade de chasseurs, dont le 1er BCP a fouillé de nuit le Kirschberg, l'a occupé de jour, et s'est emparé de huit petits blockhaus, faisant huit prisonniers.

    Entre le 4e DMM et la 9e DIC, la 2e DIM est toujours occupée à nettoyer la forêt de Nonnenbruch. Un éclat d'obus tue le capitaine Jean Privat, commandant la CA du I/35e RI. Il est remplacé par le lieutenant de Montalembert. Le bataillon perd aussi l'adjudant-chef Marcel Grenot, le sergent René Henri et Jean Doilon. A cette date, depuis la mi-novembre 1944, le I/35e RI (ex-I/Bourgogne) aura perdu 82 tués et 300 blessés. De son côté, le 152e RI déplore, dans cette bataille, 46 morts, dont quatre officiers. Il ne reste que 286 hommes en état de combattre au 1er bataillon, 310 au 2e, et seulement 145 au 3e.

    Dans la zone d'opérations du 2e corps, cette journée du 30 janvier 1945 est marquée par les violents combats du bois de la Hardt (à ne pas confondre avec la forêt près de Mulhouse), à proximité de Jebsheim. Le 1er bataillon de choc qui est engagé déplore 32 tués, dont six officiers (parmi lesquels le lieutenant Michel Durrmeyer), 100 blessés, 40 évacués, et doit se replier.

    

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