mercredi 18 décembre 2024

La bataille de Colmar : 27 janvier 1945


Des éléments du 6e RIC dans Kingersheim. Photo parue dans l'étude
"Wittenheim. Libération. 50e anniversaire", Jean-Charles Winnlen, 1995.


 Secteur de la 9e DIC

6e RIC - attaque de la Cité Kullmann

    Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : "La préparation d'artillerie commence à 7 h, suspendue à 7 h 25, elle est reprise de 7 h 30 à 7 h 35.

    Le 1er bataillon se porte alors en avant, la compagnie de droite (1ère compagnie) cherchant à prendre pied dans l'usine avec l'appui des chars, la compagnie de gauche (2e compagnie) prenant pour objectif le carrefour du cimetière. Les éléments de tête de la 1ère compagnie, soumis à des tirs extrêmement meurtriers partant de l'usine et de la filature, sont presque immédiatement cloués au sol. Un char touché flambe ; le capitaine Benard, commandant l'escadron de chars, est tué d'une balle en pleine tête. Le mouvement des chars se trouve un moment désorganisé ; le fort grillage qui barre l'accès de l'usine n'a pu être écrasé qu'en un seul point. Une dizaine d'hommes qui essaient d'entrer dans l'usine par ce passage sont touchés. De ce côté la progression ne pourra être reprise qu'en fin d'après-midi.

    Au nord, la 2e compagnie, retardée par des tirs précis d'armes automatiques et par de nombreux champs de mines, n'avance que très lentement. Son chef, le capitaine Verdier, est grièvement blessé. Contre-attaquée par une demi-compagnie adverse, elle se maintient sur ses positions. Un tir d'artillerie opportunément demandé par le sous-lieutenant Werenmann qui a pris le commandement et exécuté avec la plus grande précision, disperse l'ennemi.

    Le chef de bataillon décide alors d'engager sa compagnie réservée, la 3e. Cette unité reçoit l'ordre de dépasser la 2e compagnie, puis après s'être installée au carrefour 228,2, de prendre à revers les défenses de l'usine. En outre le lieutenant-colonel Dessert décide d'engager dès maintenant le 3e bataillon et lui fixe comme objectif les lisières Nord de la Cité Kullmann. L'action est menée avec deux compagnies : 9e et 11e.

    Les unités se portent en avant à 11 h 30 après une contre-préparation d'artillerie. Elles sont immédiatement arrêtées par des tirs nourris provenant des soupiraux et des fenêtres de l'usine et des dernières maisons du village. Cependant, une section de la 9e compagnie réussit à atteindre la tranchée bordant la lisière Sud de Cité Kullmann. Les réactions de l'artillerie et des mortiers ennemis sont très fortes.

    Jusqu'à 16 h, la situation du III/6e reste inchangée ; des groupes de la 11e compagnie [sous-lieutenant Reisser] réussissent plusieurs fois à pénétrer dans l'usine, mais en sont aussitôt rejetés.

    Le chef de bataillon, après une reconnaissance rapide, décide alors d'engager les TD [du Régiment colonial de chasseurs de chars] en soutien de l'infanterie. Les trois TD du lieutenant Roussel ouvrent le feu à 16 h 15 sur l'usine. Une section enlevée par son chef l'aspirant Le Toquin se lance à l'assaut et prend pied dans l'usine. Au même instant les éléments de la 1ère compagnie, qui étaient immobilisés dans la neige depuis 8 heures, partent à leur tour à l'assaut, et pénètrent dans ce bâtiment par sa face Ouest.

    Le III/6e traverse rapidement la filature, la cité, et atteint son objectif vers 17 h 30. Le nettoyage de la Cité est achevé en fin de journée.

    Le PC du I/6 rejoint la 1ère compagnie à la corne SE de Cité Kullmann ; le chef de bataillon commandant le III/6e regagne Kingersheim en laissant sur place les 9e et 11e compagnies à la disposition du chef de bataillon commandant le I/6e RIC.

    La journée a été extrêmement dure. Les pertes sont très sévères, surtout au 1er bataillon." Selon le JMO du III/6e RIC, le bataillon Communal déplore 10 tués, 31 blessés, un disparu.

23e RIC

    JMO : "Matin. Chute de neige. Le nettoyage de l'extrémité NO de la Cité Fernand est repris en profitant de la diversion créée par la préparation d'artillerie [à 4 h]."

Secteur de la 2e DIM

20e BCA

    Les chasseurs alpins du commandant Vigan-Braquet poursuivent leur progression, malgré 70 cm de neige. Renforcée par deux chars moyens, la compagnie Bonnet s'empare de deux blockhaus devant Cernay et fait 48 prisonniers. Puis, "malgré des conditions atmosphériques épouvantables", la compagnie Réveillou parvient à la lisière de la forêt de Nonnenbruch, à 3 000 m de Cernay, l'un des objectifs principaux dévolus au 1er corps, et dont un faubourg - celui de Belfort - a été conquis dans la nuit par le 6e RTM.

    "Le moral est très élevé, mais la fatigue est intense et les évacuations pour pieds gelés se multiplient", rend compte le commandant Vigan-Braquet.

2e corps - Jebsheim

    Historique du RMLE : "[...] CC5. Le groupement Robelin relève les éléments du 1er régiment de chasseurs parachutistes dans les bois du moulin de Jebsheim, vive réaction ennemie devant Grussenheim.

    CC6. Le groupement du Chelas doit initialement poursuivre sa mission de couvrir le flanc gauche des Américains sur l'axe : moulin de Jebsheim - Jebsheim - 188 (canal) - Durrenentzen. Dès que les Américains auront pris Jebsheim, le groupement Boulanger relèvera le groupement du Chelas de sa mission, ce dernier renforcé du bataillon de parachutistes devant couvrir sur Grussenheim le mouvement du CC6 et profiter de toute occasion pour occuper cette localité. [...]

    A 8 h les Américains signalent qu'ils ont occupé Jebsheim, à 9 h le groupement du Chelas arrive dans la localité où il constate que seule la partie Nord est entre les mains de nos Alliés, il s'installe donc aux lisières Nord face à Grussenheim. Le groupement Boulanger quitte à 11 h la région entre Orchbach et Riedbrunnen et se porte vers Jebsheim où son chef qui l'y a devancé décide d'isoler la garnison ennemie par une double manoeuvre d'encerclement avant de pousser vers le canal. Les parties Est et Ouest du village sont occupées après un violent combat, l'élément Ouest est arrêté, celui de l'Est atteint la cote 182 d'où il ne peut déboucher, en raison des feux croisés d'auto-moteurs provenant du bois de la Hardt et du canal. [...] Le groupement Vieville s'installe face aux lisières Est."

    JMO de la 11e compagnie (capitaine Lalo) du RMLE : "Départ sur Jebsheim qu'il faut occuper. Violent bombardement sur la route avant d'arriver au moulin. Le sergent Levigne et le légionnaire Romain blessés par éclat d'obus sont évacués. Les légionnaires Narro-Calvo, [Rolando] Hario et [Daniel] Bratenik sont tués à leur poste de combat et leur véhicule mis hors service par 88. Un canon de 57 doit être abandonné. [...] La compagnie s'installe en défensive aux lisières Est du village."

    Historique du RMLE : "Les parachutistes arrivent à la nuit dans la localité et relèvent les légionnaires de la 9e compagnie dans leurs opérations de nettoyage. Les Américains dès la tombée de la nuit se sont repliés de quelques maisons que réoccupe l'ennemi. Plus de 100 prisonniers sont capturés. [...]"

2e corps - Grussenheim

    La 1ère DMI et le GT V de la 2e DB ont reçu pour mission de conquérir Grussenheim après avoir franchi la Blind. Sont notamment engagés le 1er bataillon de la Légion étrangère (BLE) du jeune commandant Gabriel Brunet de Sairigné, 32 ans, et le 3e bataillon du Régiment de marche du Tchad du lieutenant-colonel Joseph Putz, 50 ans. Le soir, le Génie commence à installer des ponts Bailey sur la rivière. A 22 h 30, des tirs s'abattent sur la tête de pont. "Dès les premières rafales, la section du génie a des pertes considérables : 10 tués, 30 blessés, indique le JMO du 3e RMT. Le lieutenant qui la commande, les sous-officiers sont du nombre." Il y a également des pertes au RMT, et un TD est mis hors d'usage.

Sources complémentaires : archives du RMT, GR 12 P 259, SHD ; archives du RMLE, GR 12 P 83, SHD.


    

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