Secteur de la 9e DIC
23e RIC
JMO : "A 10 h, une action [est] montée dans le but de s'emparer de Puits Anna, Cité Fernand, Cité Anna, mine de potasse. Le bataillon Visand attaquant à droite, appuyé à gauche par la compagnie Camors chargée de s'emparer de [Meyer-Hof]. Préparation d'artillerie à partir de 4 h 30 sur [Meyer-Hof], Puits Anna, les lisières Sud et Sud-Est de Cité Anna (les mines de potasse). Cette préparation (prolongée par des tirs de protection) sur les mêmes objectifs pendant dix minutes. A partir de 4 h 10, le III/RAC[M] en appui direct répondra aux demandes de tir du III/23. La CCI reste à la disposition du colonel.
10 h. En fin d'après-midi, après une lutte particulièrement dure, les éléments qui avaient atteint les abords de la Cité Anna et le glacis Nord du bois rectangulaire sont ramenés en arrière. [Meyer-Hof] est tenu.
Dispositif : I/23 moins la compagnie Camors ; [Meyer-Hof] : compagnie Camors, une section [anti-chars] de la CAC, un peloton de chars, un peloton de TD ; fabrique 237,5 : 9e et 10e compagnies, une section [anti-chars], PC avant III/23 ; Strueth : CB 3, PC [arrière] III/23 ; deux PA avancés : l'un au carrefour de la cote 241, l'un région cote 236,8 ; Lutterbach : sans changement.
Bilan de l'opération : 14 prisonniers faits, un automoteur détruit. Pertes amies : I/23, 4 tués, 15 blessés ; II/23 : 0 ; III/23 : 5 tués, 22 blessés dont le capitaine Aubert, 5 disparus. Trois chars HS, un mort, deux blessés, deux disparus.
Harcèlement sur les PA et Pfastatt. Temps sombre, chute de neige, puis dans la soirée et la nuit dégel et pluie."
6e RIC
Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert :
"3 h. Le bataillon est enlevé en camion à Dornach. Il débarque à Illzach et se dirige à pieds sur sa base de départ de Kingersheim. Le chef de bataillon rassemble les commandants de compagnies à 4 h et leur donne l'ordre d'attaque. L'objectif du bataillon est la Cité Kullmann [Wittenheim], il sera appuyé dans son action par deux pelotons de Sherman et deux pelotons de TD. L'heure H est fixée à 10 h.
9 h 30. Début de la préparation d'artillerie. La 11e compagnie, appuyée par quatre Sherman et commandée par le capitaine Gavillot se porte à l 'attaque du hameau 230,1."
"L'attaque du hameau nord de Kingersheim [...]" : "A 800 m au nord du village de Kingersheim et de part et d'autre de la route, se trouve un hameau d'une trentaine de maisons, aujourd'hui en ruines. [...] Il est 9 h. Les premières maisons sont entre nos mains. Les voltigeurs qu'appuie un peloton de chars réduisent une à une les résistances ennemies solidement accrochées dans les caves et derrière les murs calcinés. Sur la droite, le groupe du sergent-chef Barbie [Maurice Barbier] est en tête. [...] Le groupe progresse dans le sillage de son chef. Tout à coup, un de nos chars, atteint par un "panzerschock" [sic], s'enflamme. Le coup est parti d'un soupirail voisin. Les voltigeurs ont repéré l'ennemi, ils s'approchent prudemment. Une rafale de mitrailleuse balaye la route : le sergent-chef Barbie, blessé, tombe. [...]
Barbie se relève, il crie "En avant", et le groupe s'élance à l'assaut de la maison. Mais, au moment d'atteindre l'objectif, Barbie, touché à nouveau, s'écroule, mortellement atteint. Etendu, tout près du char qui brûle, perdant son sang, Barbie commande toujours. "Allez-y les enfants, c'est pour la France." [...] La cave est nettoyée par le groupe."
Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : la 11e compagnie s'empare du hameau "en faisant une vingtaine de prisonniers. Très éprouvée par des tirs d'artillerie et de minen, privée du soutien des Sherman qui en une heure sont tous mis hors de combat, elle ne peut déboucher et elle s'organise sur son objectif.
10 h 35 : la 10e compagnie reçoit l'ordre de s'engager, une section dépasse la 11e compagnie, atteint les dernières maisons de 230,1 mais prise sous des feux violents provenant de l'usine et d'une tranchée parallèle aux lisières Sud du village où une partie des défenseurs de 230,1 ont pu se replier, elle ne peut déboucher. Le chef de bataillon arrête le mouvement en avant. Le capitaine de Carville est blessé.
15 h : les éléments de la 10e compagnie qui n'avaient pas débouché (deux sections fusiliers-voltigeurs et une SME) s'installent en PA aux lisières Nord et Nord-Ouest du village. La dernière section en 230,1 est mise sous les ordres du capitaine Gavillot pour la défense.
16 h : le hameau 230,1 continue à subir des tirs extrêmement violents d'artillerie et de minen qui causent de lourdes pertes. Le chef de bataillon décide de replier sur Kingersheim à la nuit tous les éléments poussés en avant. La 11e compagnie très éprouvée sera mise en réserve. La 9e compagnie qui n'a pas encore été engagée assurera la défense des faces Nord et Nord-Est de Kingersheim.
19 h : le dispositif de la nuit est en place. Le repli de la compagnie Gavillot s'est effectué sans incident. Pendant toute la journée le village de Kingersheim et en particulier les abords du PC du bataillon ont été soumis à des tirs ajustés et nourris de l'artillerie ennemie.
Au cours de cette journée, les pertes s'élèvent à 32 tués dont cinq sous-officiers, 74 blessés dont quatre officiers et neuf sous-officiers."
2e bataillon de choc
Issu du Bataillon Janson-de-Sailly, renforcé par plus de 250 volontaires du 2e bataillon d'instruction du Loiret puis par le renfort 502 constitué de Normands, le 2e bataillon de choc du commandant Berger a reçu la mission d'enlever la Cité Richwiller, à l'ouest de Mulhouse, et s'est pour cela porté de Magstatt à Richwiller. L'attaque est fixée à 14 h, avec l'appui du CC 1 de la 1ère DB.
Aspirant Claude Melmer (1) : "L'heure de l'attaque est dépassée. Les chars ne sont pas là, le commandant lance l'attaque. La 1ère compagnie attaque de front face à l'est, les 2e et 3e, traversant le bois au sud, protègent l'attaque ; la 4e compagnie, à cheval sur la route, partira avec les chars pour prendre la lisière Sud de la cité. Dès le départ, de violents tirs d'armes automatiques puis des rafales de mortiers tombent sur la 1ère compagnie engagée sur le glacis couvert de neige." Le capitaine de Fougerolles est blessé, ainsi que le chef de sa 1ère section. Le capitaine Jouandet vient prendre le commandement de l'unité, qui entre dans la cité et fait quatre prisonniers.
Sergent-chef Jacques Malezieux-Dehon (1) : "Le soir les objectifs sont atteints - deux compagnies se barricadent pour la nuit dans la cité tandis que deux autres la passeront dans les bois environnants, par -20°C. Les 30 centimètres de neige les avaient protégés des schumine dont le sol était truffé;"
3e bataillon de zouaves portés
Le 3e BZP constitue l'infanterie portée du CC 1 de la 1ère DB qui appuie les Chocs. Le JMO du bataillon, jusque-là non engagé, indique : "A partir de 12 h, le groupement Vallin se porte à Richwiller. Deux pelotons de chars du capitaine Boisredon [2e régiment de cuirassiers] sont mis à la disposition du bataillon de choc [...] pour s'emparer de la cité de Richwiller (O1). Le reste du groupement doit, après la prise de O1, s'emparer de la station (O2) puis de la Cité Amélie II. La Cité de Richwiller est atteinte. Puis le commandant donne l'ordre de suspendre le mouvement pour O2 et O3. Le groupement (moins deux pelotons de chars) reste donc à Richwiller." Pertes : un blessé au bataillon, dont un half-track de la 3e compagnie a été détruit par un coup de 88.
Secteur de la 2e DIM
A gauche, la 2e DIM parvient à contrôler la route de Thann à Lutterbach. Mais il y a des pertes au 1er RVY (III/35e RI) qui, en forêt de Nonnenbruch, voit mourir à cause d'un obus l'adjudant Gabriel Jourdan, Guy Sergent et André Garnault. C'est dans cette même forêt qu'entre le II/35e RI - avec le I/8e RTM - tandis que le I/35e est relevé.
Eprouvé par les combats du couvent d'Oelenberg, le 2e BCP quitte ses positions. "Il reste environ 50 hommes valides, note le journal de marche, les autres étant soit blessés par les tirs de l'artillerie ennemie, soit exténués par le froid." Les opérations de Colmar lui ont coûté 26 tués, une centaine de blessés, 40 évacués pour pieds gelés. "Les morts et les blessés sont emmenés dans des couvertures, portées par des camarades plus heureux qu'eux qui, spontanément, chantent la "Sidi-Brahim"."
2e corps
Le 23 janvier 1945 est également le jour où, au nord de la poche, le 2e corps passe à l'offensive. Nous le retrouverons pour une relation des combats de Jebsheim et de Grussenheim, en particulier.
Source complémentaire : Antoine Bechaux, Michel Lafuma, "Le 2e choc. Bataillon Janson de Sailly. 1944-1945", France-Empire, 1988 ; archives du 3e bataillon de zouaves portés, SHD.
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