Les corps des chasseurs du 2e BCP tombés devant le couvent de l'Oelenberg,
le 20 janvier 1945. (Photo issue du livre de René Pacaut).
L'heure de la délivrance a sonné pour Colmar. Et pour une grande partie du territoire alsacien qu'il restait à conquérir. A peine la ville de Strasbourg est-elle sur le point d'être définitivement sauvée que le général de Lattre de Tassigny lance le 20 janvier 1945 une grande offensive. Celle dont il caresse le projet depuis plusieurs semaines. Elle sera la plus intense, la plus rude de la campagne.
Favorisée, selon son instruction personnelle et secrète n°7, par la situation militaire allemande - difficultés en Ardenne, échecs d'attaques en Lorraine, offensive de l'Armée rouge sur le front Est -, constituant "la meilleure parade à la menace allemande sur Strasbourg", l'offensive sera engagée au petit jour du 20. Et se déroulera en deux temps.
D'abord, au sud, le 1er corps (2e division d'infanterie marocaine, 4e division marocaine de montagne, 9e division d'infanterie coloniale, 1ère division blindée) agira pour faire tomber Cernay, s'emparer des points de passage sur l'Ill entre Meyenheim et Ensisheim, et permettre l'exploitation en direction de Brisach, point de passage sur le Rhin. Puis, au nord, le 2e corps (1ère division de marche d'infanterie, 5e division blindée), renforcé par la 2e DB française et la 3e DI américaine, entrera en action à partir du 23 janvier 1945, convergeant lui aussi vers Brisach.
20 janvier 1945, 1er corps
"Hélas ! Le temps n'a jamais été plus affreux que le 20 janvier", note le général de Lattre. C'est pourtant par une météo exécrable qu'après une préparation d'artillerie exécutée par 102 batteries, les tirailleurs de Carpentier et de Hesdin, les marsouins de Morlière se lancent à l'assaut, sous la neige, à partir de 7 h 55, sur une ligne Thann-Mulhouse, à la conquête des cités ouvrières, des puits de potasse, des sommets.
Voici, au jour le jour, le détail des opérations menées par plusieurs de ces unités, grâce essentiellement aux journaux de marche et d'opération conservés à Vincennes.
23e RIC
Appuyé par un peloton de chars et un peloton de TD, le 23e RIC du colonel Jean Landouzy, encadré par le 152e RI à gauche et le 6e RIC à droite, a pour objectifs Pfastatt et Lutterbach, puis Meyershof et la Cité Anna, enfin la Cité Sainte-Barbe et Ruelisheim. Pour cette première journée d'offensive, l'appui d'artillerie est fourni par trois groupes de 105, six pièces de 105, deux compagnies de canons et deux groupes de 155.
Le I/23e RIC du commandant Marie-Gabriel Alain progresse à droite pour s'emparer de Pfastatt, le II/23e RIC du commandant Robert de Loisy à gauche en direction de Lutterbach.
La 5e compagnie du capitaine Charles Voisin doit donner la première. Au sein du II/23e RIC à majorité iséroise, elle constitue une unité auvergnate, puisque les deux-tiers de l'effectifs proviennent de volontaires du Puy-de-Dôme (3e compagnie, zone 14) qui se sont rattachés au Bataillon de Chartreuse. Son objectif : la teinturerie de Pfastatt, de l'autre-côté de la Doller. "Un monde, cette teinturerie ! écrit le capitaine Voisin. Un vaste rectangle de 700 m de long, sur 500 m de large, orienté nord-sud. Le mur Sud borde à 15 m la rivière et 150 m de terrain vague le séparent des premiers bâtiments, serrés dans l'enceinte. Tout autour, le billard. Un fusil-mitrailleur empêcherait le débouché d'un régiment."
Pourtant, après avoir franchi la Doller à gué, l'unité, qui est en pointe de sa division, parvient à 7 h 05 à neutraliser la garnison en un quart d'heure, au prix d'un tué et deux blessés. Cette réussite permet ainsi de créer une tête de pont sur la rive gauche.
Au soir, l'objectif 01 (Pfastatt et Lutterbach) du 23e RIC est atteint, "sauf l'extrémité Ouest de Lutterbach", note sobrement le JMO du régiment. Celui-ci a fait 157 prisonniers dont deux officiers. Le II/23e RIC déplore 13 tués dont le capitaine André Sicard, chef de la 7e compagnie) et 60 blessés dont le sous-lieutenant Feyler, le I/23e 12 tués, 42 blessés, deux disparus. Le soir, le 2e bataillon est à Lutterbach, le 1er à Pfastatt, le 3e du commandant Gaston Voisard à la teinturerie en réserve. "Nuit calme", rapporte le JMO du 23e RIC, qui a été épaulé durant cette journée par les pelotons Duwez et Giraud.
6e RIC
Le 23e RIC a bénéficié, pour son attaque de Lutterbach, de l'appui feu du III/6e RIC (commandant Communal), qui était en réserve de la 9e DIC à Dornach - tandis que le 21e RIC est en position à L'Ile-Napoléon. Le reste du 6e RIC est engagé à droite des hommes du colonel Landouzy.
Le "compte-rendu des opérations de réduction de la poche de Colmar" du lieutenant-colonel Dessert rapporte ainsi la journée du 6e RIC :
"A 7 h 45, début de la préparation d'artillerie, les deux compagnies [2e et 3e du I/6e RIC] serrent au plus près de la berge Sud et commencent à franchir la Doller [...] sur quatre passerelles placées par le Génie. La 2e compagnie franchit la rivière sans grande difficulté et s'empare très rapidement de l'usine d'équarrissage (une mitrailleuse et une vingtaine de prisonniers sont faits). Elle poursuit sa progression en direction du couvent qu'elle atteint vers 8 h 30.
Pendant ce temps, les sections de tête de la 3e compagnie ont franchi également la Doller malgré des feux ajustés des tireurs d'élite ennemis postés dans l'usine Manurhin. Bientôt elles sont arrêtées par des résistances installées dans l'usine et disposent de panzerfaust et de lance-grenades. Plusieurs sous-officiers et hommes de troupes sont tués ou blessés.
Le lieutenant Boivin réussit cependant à pénétrer dans le bâtiment partie Est, bientôt suivi par la 3e section, qui elle aussi a eu des pertes sévères aux passerelles.
Vers 8 h 45, un char Sherman, qui a passé la Doller à gué, permet aux hommes de passer par la rue longeant l'usine au nord.
Vers 9 h 30, l'usine Manurhin est enlevée, à l'école la 3e compagnie se heurte à un très fort îlot de résistance. Le tir des chars est peu efficace. Les défenseurs se trouvent dans des tranchées creusées sur la place de l'école, les rues sont minées, prises d'enfilade par les armes automatiques, l'avance est lente. Heureusement un char permet de liquider la résistance, l'école tombe vers 11 h 30. Des prisonniers sont faits. La progression des compagnies reprend aussitôt, de maison en maison. Les objectifs sont atteints par la 2e compagnie à 12 h, la 3e à 13 h.
A 13 h, à peine installée, la 3e compagnie subit une contre-attaque partie des bois de Kingersheim. Celle-ci est repoussée, plusieurs cadavres ennemis restent sur le terrain, quelques prisonniers sont faits. Le bataillon s'organise alors face au nord et se préoccupe d'établir la liaison à gauche avec le 23e RIC.
Sans attendre la conquête définitive de Bourtzwiller, les premiers éléments du II/6e ont commencé à passer la Doller à 11 h. La 7e compagnie (capitaine Lassurguère) doit conquérir de haute lutte la base de départ sur des éléments ennemis qui se sont repliés, de Bourtzwiller dans les bois à l'est de cette localité. Cependant, à 14 h 30, la mise en place est terminée, il neige abondamment. Le débouché s'effectue après une préparation d'artillerie de 30 minutes, le village d'Illzach est nettoyé.
A 17 h, la 7e compagnie et le peloton de chars sont poussés sur Kingersheim. Elle rencontre peu de résistance et s'installe défensivement dans le village conquis.
A 18 h, la conquête d'Illzach et de Kingersheim est assurée. Une centaine de prisonniers reste entre nos mains. Les 5e et 6e compagnies s'installent défensivement à Illzach, la 7e à Kingersheim. Durant toute la journée, il a neigé et dans l'après-midi, l'artillerie et les mortiers ennemis ont réagi violemment, causant des pertes."
4e RTM
Dans le secteur de la 4e DMM, chargée, à gauche du 1er corps, de prendre Vieux-Thann et de déborder Cernay par le nord, les intempéries, la résistance ennemie font que seul le Herrenstubenkopf, qui domine la ville de Thann, est conquis.
Plus heureuse, la 2e DIM, à qui la mission principale de rupture en direction de Wittelsheim a été confiée, parvient à pénétrer dans la forêt de Nonnenbruch, à atteindre la voie ferrée, et à enlever l'asile d'aliénés au sud de Cernay.
Exposé du capitaine de Mecquenem, commandant la 5e compagnie du 4e RTM : "Mission du régiment [...] : renforcé d'un groupe blindé du CC2 [de la 1ère DB], rompre la position ennemie de l'asile au bois de Nonnenbruck. S'emparer du faubourg de Belfort [Cernay] et si possible du pont de la Thur. [...] Deux compagnies en premier échelon : 5e compagnie à gauche (Ouest), 6e compagnie à droite (Est). Mission de la 5e compagnie : en liaison avec la 6e compagnie et avec un peloton de chars, assurant la couverture de flanc dans la direction de Vieux-Thann, se porter sur l'axe 314.7 - 309.8 - 309.5, s'emparer de la partie gauche (Ouest) de l'asile d'aliénés, pousser ensuite en direction du pont reliant le faubourg de Belfort à Cernay, s'installer sur la rive Sud de la Thur jusqu'au chemin Est. [...] Le premier objectif de la [5e] compagnie sera la ligne des blockhaus et la lisière Nord du bois dans lequel ils se trouvent. La compagnie en colonne double se portera à l'abri des tirs d'artillerie jusqu'à la limite de sécurité ; les éléments de tête seront alors dépassés par les chars qui neutraliseront les blockhaus. Les sections de tête nettoieront les bois dès que les blockhaus ne tireront plus. [...] Base départ (infanterie), fossé 100 m Nord des lisières [du] village d'Aspach. [...]
7 h 50 : bombardement [ennemi] des lisières Nord d'Aspach, trop tard pour gêner le débouché infanterie-chars.
8 h : les chars sont arrêtés au débouché par un champ de mines.
8 h 05 : les sections de tête sont bloquées après la levée des tirs d'artillerie par des tirs de mitrailleuses de blockhaus et deux armes automatiques et tireurs d'élite qui, situés sur la droite, prennent les sections de tête de flanc. [...]
8 h 10 à 8 h 40 : les 1ère, 2e sections, section lourde et section de commandement sont littéralement clouées sur place. Pertes nombreuses.
8 h 40 : les chars reprennent leur progression et dépassent la 3e section, élément de queue de la compagnie.
8 h 42 : les chars sont en batterie face aux blockhaus et les prennent à partie.
8 h 45 : manoeuvrant par la gauche et dépassant l'échelon de tête, la section de réserve qui n'a reçu aucun ordre progresse, dépasse les chars, donne l'assaut de la butte de tir et commence le nettoyage du bois de la gauche vers la droite. Réactions ennemies : le feu s'affaiblit.
8 h 47 : ordre à la 2e section : "en avant !". Un seul bond porte la 2e section à la lisière du bois sans pertes.
8 h 48 : ordre à la 1ère section : "en avant vers vos objectifs !" [...]
8 h 50 - 8 h 55 : le nettoyage du bois est terminé, une vingtaine de prisonniers sont capturés.
9 h : le feu ennemi reprend en arrière et à droite sur des éléments isolés, des blessés et des brancardiers qui traversent la plaine. [...]
9 h 25 : à la porte du mur de l'asile, deux panzerfaust éclatent à proximité du char qui appuie la 1ère section. Le nid de résistance est trouvé, pris à partie par le canon du char, trois prisonniers sont faits par un groupe qui lui donne l'assaut.
9 h 40 : la route 308 - La Croisière est atteinte sans réaction ennemie. La liaison par 511 avec le bataillon ne fonctionne pas.
9 h 45 : rassemblement des chefs de sections et du chef de peloton de chars. Ordres : la progression sur O ne sera reprise que, lorsque les liaisons fonctionnent, l'artillerie pourra appuyer le débouché de l'infanterie des chars ; par contre, le nettoyage des boqueteaux et des casemates nord de l'asile sera entrepris immédiatement.
[La progression] des 1ère et 3e sections se poursuit sans incident. [...] [Un] auto-moteur ennemi se révèle et démolit en quatre coups la maison du garde-barrière occupée par une pièce de mitrailleuse. Liaison impossible avec le bataillon par TSP, envoi d'un agent de transmission qui sera blessé. Aucune liaison à droite avec la 6e compagnie chargée de la conquête et du nettoyage de la partie Est de l'asile.
10 h : le chef de peloton de chars reçoit un ordre de son commandant de ne pas dépasser la route 308 - La Croisière sans nouveaux ordres du commandement. Une brusque rafale de neige obscurcit le temps.
10 h 15 : les casemates 300 m Nord de l'asile sont occupées sans incident. Les compte-rendus des chefs de sections signalent de nombreuses allées et venues ennemies aux lisières Sud de Cernay."
2e BCP
Durant ces opérations, le Régiment de Bourgogne du commandant René Alizon soutient, comme à son habitude, les tirailleurs marocains de la 2e DIM. C'est ce même 20 janvier 1945 qu'il fusionne avec le 1er Bataillon du Charollais, dont les hommes sont versés dans la 7e compagnie (lieutenant Jean du Sordet), la CA 2 (lieutenant Mauz) et la CB 2, et avec le 1er Régiment de volontaires de l'Yonne. Tous sont réunis dans un 35e RI (dit Régiment Bourgogne-Yonne) confié au colonel Henri Manhès et qui perd André Brunet en ce premier jour d'offensive.
D'autres volontaires bourguignons sont engagés le 20 janvier 1945 : ceux du 2e bataillon de chasseurs à pied. Le 2e BCP du commandant Roger Daumont, issu du Bataillon du Louhannais (Saône-et-Loire), appartient à un groupement formé avec le 152e RI, à la charnière entre la 2e DIM et la 9e DIC, et il a pour objectif le couvent d'Oelenberg. Il a également pour mission, complète le journal de marche du bataillon, de "pénétrer dans la forêt de Nonnenbruch et border la route de Mulhouse-Thann, dans la région Sud de la Cité Else".
Les conditions météo sont épouvantables, mais dans ce bataillon appuyé par un peloton de Sherman et un groupe de 155, le moral est bon. "Extraordinaire", même, écrira le chef de bataillon.
A peine la préparation d'artillerie a-t-elle débuté, à 7 h 15, que le groupe-franc, commandé par le sous-lieutenant Joseph Nau, un maréchal des logis-chef de la Garde âgé de 32 ans, commence à s'approcher du couvent. La 3e compagnie le suit. "A 7 h 55, fin officielle d'une préparation qui n'a pas eu lieu", note, amer, le commandant Daumont.
C'est bientôt l'enfer pour les chasseurs du Louhannais, et notamment à cause des mines "malheureusement recouvertes par de récentes couches de neige" (JMO). Le cahier de marche de la 3e compagnie du lieutenant Robert Demesy rend compte : "Le peloton léger commandé par le sous-lieutenant Nau parvient à l'enceinte extérieure (palissade en bois) du couvent sans recevoir un coup de feu. Mais, dès la brèche pratiquée dans cette enceinte, des hommes sautent sur des mines... La palissade est quand même franchie [...]. Alors, un feu nourri d'armes automatiques empêche leur progression." Un des premiers, "le sous-lieutenant Nau est tué à bout portant alors qu'il venait de commander l'assaut à sa section", précise le JMO du 2e BCP.
Progressant par le lit d'un ruisseau, suivie par le groupe de panzerfaust conduit par le lieutenant Demesy, la 1ère section du lieutenant Louis Charvot, composée des groupes du sergent Jean Monange, du sergent Clovis Chanussot et du caporal-chef Henri Thomas, passe également la palissade, afin d'aller détruire un poste de transmission. "Mais le feu violent des armes automatiques fauche les hommes. C'est alors que le lieutenant Charvot saute sur une mine. De nombreux hommes sont blessés ; le chasseur Lance est tué." Egalement touché, le chasseur Henri Millière est porté sur son dos par le sergent Monange, tandis que le sergent-chef Roger Tissot se dévoue pour ramener les tués, provisoirement laissés sur le terrain. Parmi les blessés de la section (Curau, Bourcet, Lefebvre), un chasseur "ayant sauté sur une mine voit son pied coupé un peu plus haut que la cheville... Il se fait lui-même son garrot et arrachant son pied qui ne tenait que par un lambeau de chair à sa jambe, il le jette en disant : "Courage, on les aura." Puis, les chasseurs Laurent, Flament, blessés par des balles sont laissés sur le terrain, le lieutenant Charvot tué sur une mine, les chasseurs Duty, Bougaud, Thibaud et le caporal Pichet..."
Le repli par le ruisseau doit être ordonné, et un nouveau tir d'artillerie français exécuté sur les bâtiments Sud du couvent. Mais il se révèle inefficace. Pour le chef de bataillon Daumont, l'attaque est un échec. C'est ce dont il rend compte au colonel Marcel Colliou, chef du groupement (et du 152e RI), à 8 h 45. Si un nouvel assaut doit être tenté, estime l'officier de chasseurs, c'est à la condition de bénéficier d'une préparation d'artillerie réellement efficace, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent.
"A 9 h 15, écrit le commandant Daumont, les derniers chasseurs valides rejoignent le Brunnmatlein, au moment où les Allemands avec des mortiers à six tubes commencent à arroser la région du PC et la clairière immédiatement au sud du bois." Le médecin auxiliaire du 2e BCP, Robert Mauchaussée, est tué, plusieurs servants de mortiers du 152e RI sont mis hors de combat.
Il y a des pertes, également, et elles sont lourdes, à la section de l'adjudant Joseph Magnenot de la 3e compagnie qui a été prise à partie par un groupe d'Allemands à proximité d'une porcherie. Ayant passé la Doller sur une passerelle que les hommes ont jetée, Magnenot, avec le groupe-franc du sergent André Allamando, les groupes du caporal-chef Joseph Wyns et du caporal-chef Guidard, avait notamment pour mission de réduire au silence un mortier du couvent. Mais la riposte allemande a été meurtrière. "Le chasseur Coenart qui s'était déplacé un peu sur la gauche reçoit une balle explosive qui lui coupe deux doigts, rapporte le cahier de marche de la compagnie. Le chasseur Cordier, tireur du FM, tente de franchir le portail mais est tué net." Après la mort de Marcel Cordier, le repli doit être également ordonné jusqu'à un talus. Mais Deloye est blessé, Robert Loiseau est tué à son FM, puis Michel Kuntzmann qui lui a succédé, et encore Roger Clerc, autre tireur au fusil-mitrailleur. La position sur le talus n'est plus tenable. Nouveau repli, au cours duquel Communal, Curto, Deloye (pour la seconde fois) sont chassés. Si les chasseurs ont pu ramener les corps de Kuntzmann et Loiseau, celui de Clerc doit être laissé sur le terrain.
Après l'évacuation des blessés - dont plusieurs, grièvement atteints, avaient pu être ramenés de l'intérieur du couvent par leurs camarades -, le bataillon est regroupé au moulin de la Hardt. Il se dirige vers la route Thann - Mulhouse, autre objectif, et parvient aux lisières de la forêt de Nonnenbruch, à la nuit tombante. "Une tempête de neige fait rage depuis quelque temps et on doit évacuer les premiers gelés", rapporte le commandant Daumont dont le bataillon perd encore deux hommes - le sous-lieutenant Roger Joly et le chasseur Marcel Jouffre, tués - en reconnaissant un pavillon de chasse vers le carrefour des routes Mulhouse-Thann et Reiningue. Par - 20°C, le 2e BCP va passer la nuit en tenant un point d'appui. Il aura perdu quatre officiers et une dizaine de chasseurs tués.
Sources : archives du 6e RIC, GR 12 P 253, SHD Vincennes ; archives du 23e RIC, GR 12 P 255, SHD Vincennes ; archives du 4e RTM, GR 12 P 65, SHD Vincennes ; archives du 2e BCP, GR 12 P 28, SHD ; PACAUT (René), Maquis dans la plaine. De la Bresse à l'Alsace avec les résistants, FFI et chasseurs du 2e BCP, Le Hameau, 1974.
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