lundi 23 décembre 2024

La 10e division d'infanterie (1944-1945) - première partie


Des volontaires du 24e RI à Souppes-sur-Loing. Détail d'une photo de la collection de Patrick Vie.

C'est à un jeune général de brigade de 38 ans, lui-même fils d'un général d'armée mort en 1940, Pierre Billlotte, qu'a été confié le soin de former et commander une des nouvelles divisions d'infanterie métropolitaines mises sur pied à la Libération : la 10e division d'infanterie, créée par une note de service datée du 30 septembre 1944. Ce n'est pas la première division à avoir revu le jour : la 19e DI, dont la création a été prescrite dès le 16 août 1944, a commencé à s'organiser effectivement en Bretagne à partir du 6 septembre 1944. 

Venu de la 2e division blindée, Billotte a participé dès le 28 septembre 1944 à une réunion dans le bureau du gouverneur militaire de Paris (général Koenig) afin d'organiser une grande unité à partir des bataillons de la 22e région militaire. Pour ce rendez-vous, il est accompagné d'un autre officier de la division Leclerc qui sera son chef d'état-major : le lieutenant-colonel de spahis Nicolas Roumiantzoff. 

Précisions du journal des marches et des opérations de la division : "L'état-major sera constitué par des officiers prélevés sur l'état-major FFI d'Ile de France et sur l'état-major FFI de Paris. [...] Le commandement des unités restera confié à des officiers FFI actuellement titulaires de ce commandement. Dans le but d'obtenir un meilleur rendement, une centaine d'officiers provenant des divisions ex-FFL sera affectée à la 10e DI". 

Après s'être d'abord établi dans les locaux de l'Ecole supérieure de guerre, le quartier-général de la 10e DI gagne la Villa Hotchkiss à Nemours, le 6 novembre 1944. Entre-temps, les FFI franciliens se sont organisés en demi-brigades d'infanterie, donnant chacune naissance à un régiment d'infanterie.

Le 5e RI

Cinq bataillons d'origine FFI sont rassemblés dans la 5e demi-brigade d'infanterie qui, le 10 décembre 1944, se transforme en 5e RI.

Cantonné au lycée Janson-de-Sailly, le bataillon 2/22 - dit "de la 16e brigade blindée" - est créé le 14 septembre 1944 avec des volontaires du Ier arrondissement et d'Alfortville. Parti le 28 octobre 1944 pour Egreville (Seine-et-Marne), il donne naissance au bataillon de commandement (commandant Noblet) du nouveau régiment. Ainsi, la compagnie de commandement du capitaine Ricaud et la 1ère compagnie du lieutenant Sablot fusionnent pour former la compagnie hors-rang (CHR), confiée à Ricaud ; la 2e compagnie du capitaine Depoix devient compagnie de canons d'infanterie (CCI) ; les 3e et 4e compagnies donnent naissance à la compagnie anti-chars (CAC) du capitaine Lecomte puis du capitaine Chrétien, enfin du lieutenant Davranches. 

Commandant d'administration retraité de 58 ans, le lieutenant-colonel Prosper Boche (Rouget) est à la tête du bataillon 3/22. Fort de 803 hommes, il est mis sur pied le 2 septembre 1944 au Fort-Neuf de Vincennes, sous le nom de Bataillon Médéric. Ses hommes viennent du mouvement Ceux de Libération-Vengeance de Paris. Le capitaine Le Picard commande la compagnie de commandement, le capitaine Alphonse Villard la 3e compagnie. Le bataillon 3/22 se transforme en I/5e RI (lieutenant-colonel Huchet).

Caserné au Fort de Nogent, le bataillon 5/22 est notamment formé par le Bataillon Liberté (FTPF). Commandé par Tourot, il est versé pour partie au II/5e RI (deux compagnies), pour partie au III/5e RI.

Comprenant deux compagnies mises sur pied en septembre 1944 au Fort de l'Est (Saint-Denis) avec des FTPF, et une troisième issue des "corps-francs de la Résistance, groupe Libération", le bataillon 13/22 est également incorporé dans le III/5e RI (commandant R. Carlot). Il est sous les ordres du capitaine Louis Labri, un des défenseurs de l'hôtel de ville de Paris.

Enfin, le bataillon 24/22 est créé avec des FTPF du XVe arrondissement (Bataillon Roger), une compagnie du Bataillon Pierre-Semard (Vitry-sur-Seine) et le groupement du XIVe arrondissement. Il est intégré dans le II5e RI (commandant Marie Devillars).

Ces cinq bataillons partent pour Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) entre le 20 et le 30 octobre 1944. Ancien légionnaire ayant servi comme officier durant la Première Guerre mondiale, le lieutenant-colonel Joseph Emblanc, 47 ans, prend le commandement du 5e RI, qui réunit 125 officiers, 515 sous-officiers et 2 860 hommes de troupe. Emblanc est assisté par les chefs de bataillon Henry Farret, commandant en second, Compagnon de la Libération venu du Régiment de marche du Tchad, et Picardat, chef d'état-major.

Le 24e RI

Parallèlement, la 24e demi-brigade devient 24e RI. Chef de corps : un jeune lieutenant-colonel de 39 ans, issu d'une famille d'officiers, Gabriel Bablon, venu de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère.

Le I/24e RI (capitaine Jean Lhuillier) provient du bataillon 6/22, lui aussi stationné à Janson-de-Sailly. Celui-ci est mis sur pied le 21 septembre 1944 à Vitry-sur-Seine par le commandant de Pirey. Une partie des hommes vient de la 8e division de francs-tireurs. Commandants de compagnies : le capitaine Chéron, les lieutenants Chappuy et Capeyron.

Le II/24e RI correspond au Bataillon Marianne (7/22) du commandant Albert Schweitzer (Lefèvre), formé à la caserne Guynemer de Rueil en incorporant notamment les hommes du capitaine Baillon - qui commandera la 5e compagnie - et du lieutenant Louis Guy. Fort initialement d'un millier d'hommes environ, dont une partie est passée au Bataillon Hoche à Versailles, il gagne par le train Château-Landon, le 21 octobre 1944.

Le III/24e RI, qui réunit 26 officiers, 98 sous-officiers et 655 hommes de troupe, est formé par le bataillon 8/22 du commandant Georges Deynoux. Ce bataillon est issu de la fusion des Bataillons Joseph-Bara et Hoche. "C'est à Brétigny qu'est rassemblé le bataillon FFI qui, par la suite, prendra le nom de Bataillon Bara, avec le commandant Deynoux, de Villeneuve-Saint-Georges, le capitaine Malterre (un instituteur)", se souvient Georges Andry. 

Créé le 2 septembre 1944 au lycée Janson-de-Sailly, le bataillon 14/22 (commandant Claveau) donne enfin naissance au bataillon de commandement du régiment, dont le commandant Philippe Desrobert est l'adjoint au chef de corps, et le jeune capitaine Jean-Pierre Sartin, 27 ans, le chef d'état-major. 

Le 46e RI et les autres corps

D'abord confié au lieutenant-colonel Georges Bertrand, le 46e RI est recréé également le 10 décembre 1944 en intégrant les bataillons 1/22 "La Marseillaise" (commandant Gomella, dit Dubois), 4/22 "Belleville-Vilette" (commandant Pierre Toulemont), 9/22 "Brie sans peur" (commandant Paul Cheutin) et 11/22 "Saint-Just" (commandant Liserin, dit Ferrer). 

Les autres bataillons de la 22e région militaire qui sont versés dans la division sont : le bataillon 15/22 (18e régiment de dragons du lieutenant-colonel Jacques Moissenet), les bataillons 16/22, 17/22, 18/22 et 19/22 (lieutenant-colonel Pagès), 23/22 (10e groupe de forces terrestres anti-aériennes du capitaine Guéry), 20/22 (84e bataillon du génie du commandant Victor Scarpazza), 27/22 (train divisionnaire), 28/22 (bataillon médical). L'ordre de bataille comprend également deux bataillons de renfort : le 22/22, et le 26/22 qui sera en réalité versé dans le 3e groupement de choc, ainsi qu'un bataillon de dépôt (24/22).

Moins de deux mois après sa formation, la 10e DI reçoit l'ordre de diriger des éléments pour les Ardennes, dans le cadre du Groupement de sécurité du Nord-Est mis sur pied après la contre-attaque allemande en Ardenne. Les premiers éléments font mouvement à partir des 26 et 28 décembre 1944, avec pour destination Auvillers-les-Forges et Signy-le-Petit, non loin de la frontière belge. (A suivre).

Sources principales : archives du 5e RI (GR 12 P 4, SHD, Vincennes), du 24e RI (GR 12 P 6, SHD), du 46e RI (GR 12 P 10, SHD), du Bataillon Marianne et du Bataillon Médéric (GR 13 P 82, SHD), de la 10e division d'infanterie (GR 11 P 164) ; archives personnelles de l'auteur.

La bataille de Colmar : 3 février 1945


Le capitaine Robert Vial, commandant la 1ère compagnie du I/21e RIC,
grièvement blessé le 3 février 1945. (Photo parue dans l'ouvrage "Robert Vial. 
Souvenirs et témoignages". 1994).

 Secteur de la 9e DIC

21e RIC

    Le I/21e RIC, qui perd le soldat Armand Cochet tué dans la journée, achève le nettoyage de Sainte-Barbe. Dès le début du jour, la 2e compagnie occupe la pointe Nord de la cité. A proximité, le commando - c'est le terme utilisé - du régiment fouille le bois à l'est de la localité. Pour sa part, la 3e compagnie confiée au lieutenant Georges Bernard fait une dizaine de prisonniers. 

    "En fin d'après-midi, un peloton d'autos mitrailleuses, qui a poussé jusqu'à Ruelisheim, rend compte que ce village n'est plus occupé" (JMO du I/21e RIC). Deux sections de la 3e compagnie et un groupe de la 2e section de mitrailleuses de la CA s'y installent. 

    Vers 16 h, un tir de 88 s'abat sur l'usine Théodore. Caporal Paul Henry : "J'ai entendu le capitaine [Vial] m'appeler en me demandant s'il y avait des pertes parmi nous. Je lui répondis : "Un blessé, mon capitaine, sans gravité". Et seulement à cet instant, il m'a demandé son paquet de pansements de secours car il me disait être blessé. Quelle ne fut pas ma stupeur de voir la gravité de sa blessure..." Sérieusement atteint au visage, le capitaine Robert Vial est conduit jusqu'au poste de secours, puis évacué sur l'hôpital de Montbéliard. Il survivra mais perdra la vue. "Nous avons perdu un chef irremplaçable, témoigne le caporal Jean Maire. C'est la consternation". Le lieutenant Auvigne prend le commandement de l'unité.

    En fin de matinée, le II/21e RIC nettoie le bois de Ruelishem et libère aisément la "Cité sans nom".

23e RIC

    JMO du 23e RIC : "La compagnie du II/23 tenant Meyer-Hof est relevée par des éléments du 2e bataillon de choc pour midi.

    Le régiment a pour mission de s'emparer de Pulversheim. L'opération est menée par le III/23 qui dispose des moyens supplémentaires suivants : une section [anti-char] de la CAC, un groupement blindé aux ordres du capitaine Lambilly comprenant deux pelotons de chars moyens, un peloton de TD, deux sections du génie de la 71/2. Feux des mortiers du I/23.

    Cette opération est encadrée à l'ouest par une action de la 2e DIM visant à s'emparer de Wittelsheim, de la Cité de la gare et de Cité Rossalemend, pendant qu'une autre action à l'est est menée par le 21e RIC et le CC3 sur les axes suivants : Cité Sainte-Barbe, Cité de Pulversheim et Cité Sainte-Brbe, Cité Sainte-Thérèse."

    Historique du 23e RIC : "A 7 h, les unités sont en place. La 9e et la 11e compagnies se dirigent vers la véritable base de départ qui est la route de Rossallemend-Pulversheim [...]" Un petit ruisseau, le Widematterbach, doit être franchi. "Ce matin, il a 50 cm d'eau et 4 m de large. C'est un coup de dégel. Les Fritz en ont tiré parti : quelques tireurs d'élite et surtout quelques armes automatiques bien placées en interdisant les accès. La section J... de la 11e compagnie réussit cependant à s'infiltrer homme par homme vers le carrefour 241. Elle y est presque lorsqu'elle est prise sous un violent bombardement. [...] Heureusement le tir d'artillerie cesse. J. regroupe son monde et repart. Il arrive au carrefour et s'y installe. Il est déjà 11 h 30.

    La 10e compagnie démarre aussitôt. [...] L'itinéraire qui, à travers le bois, doit conduire à Pulversheim est reconnu. Le chemin n'est pas miné, mais pour traverser le bois, il faudra venir jusqu'aux lisières mêmes de la Cité Rossallemend encore tenue par l'ennemi."

    Malgré les tirs, la compagnie progresse. "On commence à entendre une forte mitraillade dans Rossallemend ; nos voisins attaquent enfin [...]" Un tir de 10 minutes supplémentaires sur Pulversheim est demandé. "Vers 14 h 40, au moment où le tir cesse, la compagnie est prête ; le village est à 200 m. On voit déjà sortir les ennemis des abris, des maisons. Un de nos chars distingue un PAK 75 avec ses servants qui accourent. Il fonce sur lui avec les petits gars qui l'entourent, et c'est la bagarre à la grenade, rapide, fructueuse. La section G... occupe immédiatement les pâtés de maisons Nord-Ouest du village ; des prisonniers dont un capitaine qui, surpris, esquisse un geste de défense aussitôt interrompu par une rafale de mitraillette.

    Il est 15 h. On entend une forte mitraillade vers la droite, c'est la 9e compagnie [Tournier] qui pénètre dans le village par le sud avec son peloton de chars. [...] Notre victoire est assurée, les Boches sont complètement "soufflés", beaucoup essaient de s'enfuir vers le nord. On les mitraille. Un camion Nebelwerfer à six tubes réussit à disparaître dans les bois.

    A 16 h, tout le village est occupé, complètement nettoyé et organisé. Liaison est prise avec la 9e compagnie. Le nombre de prisonniers s'élève pour la 10e à 97, dont le capitaine grièvement blessé."

    JMO du 23e RIC : "Le stationnement du régiment en fin de soirée est le suivant : PC régiment : avant Cité Anna, arrière Pfastatt - I/23 : Hohrvenderhubel [sic] et Schoenensteinbach - II/23 : Cité Fernand - III/23 : Pulvesheim. [...]

    Bilan de la journée : 7 tués, 25 blessés au III/23 - 120 prisonniers (dont un capitaine) - un PAK 75 en état."

6e RIC, 3e BZP

    JMO du 3e BZP : "Mission du groupement : atteindre Ensisheim en liaison avec le CC3 agissant sur Pulversheim. [...]"

    Lieutenant-colonel Dessert : " [...] Le groupement Vallin (cinq chars moyens, un peloton de chars légers, deux compagnies de [fusiliers-voltigeurs] et CA du 3e zouaves, une section du génie) progresse sur l'axe : voie ferrée 227,4 - Cité Sainte-Thérèse. Le groupement Durosoy ([...] chars moyens, une compagnie de FV du 3e zouaves, une section du génie) progresse sur l'axe : route Cité Sainte-Barbe - [Ensisheim]. Le II/6e RIC est en réserve et marche derrière le groupement Vallin.

    Vers 8 h, liaison est prise avec le commandant Vallin.

    O1 (bois 1 200 m au nord des lisières Nord de Cité Sainte-Barbe) étant atteint à 9 h 30 par le groupement Vallin, le II/6e RIC s'y porte à 10 h 25. Les deux compagnies de zouaves progressent vers Cité Sainte-Thérèse, suivies des 6e et 7e compagnies du 2e bataillon.

    A 13 h 30, nos éléments de tête sont mêlés aux unités du 3e zouaves arrêtées dans le bois 500 m NE de 226,7. [...]"

    JMO du 3e BZP : "La progression sur O2 est difficile en raison de la forte résistance ennemie (infanterie, artillerie, et auto-moteur). Le capitaine Guinard est blessé, le sous-lieutenant Lott tué, l'aspirant Gaillard blessé. Le lieutenant Bousquet prend le commandement de la 2e compagnie. [...]"

      Lieutenant-colonel Dessert : "Le II/6e reçoit comme objectif la partie gauche de la lisière Nord du bois Allemand, les zouaves, la corne NE. Il est 15 h, le mouvement s'exécute vers ces objectifs qui sont rapidement atteints par la 6e compagnie à l'ouest, la 7e compagnie à l'est.

    A 16 h 30, le commandant Revol [commandant le II/6e RIC] donne ses ordres pour l'attaque de Cité Sainte-Thérèse. [...] L'heure H est fixée à 17 h 40 après une préparation d'artillerie de dix minutes.

    La 7e compagnie débouche en tête, accompagnée de six Sherman suivie de la 6e compagnie. La réaction de l'ennemi est très forte.

    A 18 h 15, la 7e compagnie prise vivement à partie par des feux d'armes automatiques et de canons [anti-char] provenant des habitations pousse une section sur l'usine, où les Allemands surpris se rendent, et se jettent dans la partie Nord du village. 

    Pendant ce temps, la 6e compagnie a pénétré dans le village et progresse maison par maison vers son objectif qu'elle atteint vers 19 h 30. [...]"

Secteur des Vosges

    La libération de Colmar la veille a des conséquences. Le 3 février 1945, les Américains descendus des Vosges entrent dans Turckeim. La 2e DIM atteint enfin vers 11 h 30 le centre de résistance de Wittelsheim, vers lequel se porte le II/35e RI, et la Cité de la Gare. Dans le secteur de la 4e DMM, le harcèlement permanent au mortier coûte cinq blessés au 5e BCP, dont l'aspirant Ramon, chef de section de la 2e compagnie. "Toute activité semble indiquer un décrochage prochain", note l'historique du bataillon.

    Il est 16 h lorsque le général Pierre Billotte, commandant la 10e DI et le secteur des Vosges, a annoncé à son commandant d'armée que les Allemands, devant lui, quittent leurs positions en direction de la plaine d'Alsace, ainsi que l'observation aérienne l'avait supposé. 

    Au III/24e RI (ex-Bataillon 8/22) du commandant Georges Deynoux, on avait pressenti ce retrait dès le 2 février 1945. "On a l'impression d'une manoeuvre de décrochage", écrit le JMO du régiment, avant que des patrouilles révèlent que l'ennemi était toujours là. Pourtant, note l'historique de la 10e DI pour cette même journée, à 18 h, l'adversaire paraît "particulièrement nerveux sur l'ensemble du front : tirs désordonnés, bruits, lumières, tout signale une agitation fébrile"

    Voilà pourquoi, dès le 3 février au matin, "l'ordre est donné de suivre l'ennemi au plus près et, au besoin, de bousculer les quelques résistances qu'il nous oppose". L'intention du colonel Pierre Rousseau, commandant l'infanterie divisionnaire (ID) de la 10e DI et le groupement Nord, est "de bloquer au plus vite l'ennemi entre la grande route La Schlucht - Munster et Mittlach, Metzeral, Munster. Malgré les avions et la tempête, par une couche de neige qui atteint par endroit 1,50 m, en dépit d'une résistance particulièrement vive devant le 5e RI (sous-secteur B, centre), au sud de Valtin, à La Schlucht et au Collet, la progression se développe"

    Premier signe de décrochage : à la tête d'une patrouille de la 5e compagnie du 2e bataillon partie à l'aube, le lieutenant Robbe, du 1er Régiment de Franche-Comté, trouve d'abord la Ferme sans nom abandonnée. Elle est occupée à 10 h par la 6e compagnie, qui parvient aussi à 11 h à Breitzhousen, puis vers 13 h reconnaît par des patrouilles les crêtes à l'est de la source de la Moselotte et sur le Kastelberg. Au même moment, avec les skieurs de la 5e compagnie, le lieutenant Graber pousse en direction de Mittlach mais doit décrocher en raison des résistances rencontrées. Le chaume de Ferschmuss est toujours tenu par les Allemands, et il apparaît impossible de l'attaquer à cause d'une tempête de neige.

    A droite de Franche-Comté, des patrouilles du 1er bataillon de l'Aveyron (II/51e RI FFI) atteignent la route des Crêtes. "Le Rainkopf à son tour est atteint et l'auberge du Rothenbach, première étape, est occupée aussi", précise l'historique du bataillon. Au cours d'une patrouille, le jeune sergent Robert Naves, 18 ans, est mortellement blessé. De son côté, le I/51e RI parvient au Rothenachkopf.

    Pour sa part, le III/5e RI (capitaine Péry) perd deux tués à cause d'un tir d'artillerie à Wildenstein (Francis Auffray, 17 ans, et Bruno Baro), mais durant la journée, les hommes du colonel Rousseau ont donc pu occuper successivement La Ferme sans nom, le Rothenbachkopf, le Rainkopf.

    Plus au nord, "en fin de soirée, le sous-secteur A avait atteint Le Talet, Gazon du Faing, les Hautes Huttes, le Sombrevoir [près d'Orbey], les Basses Huttes [par une patrouille du 3e bataillon du 9e régiment de zouaves], la Mossure... En somme, le sous-secteur Sud a atteint la route des crêtes."

Sources complémentaires : archives du 1er bataillon de l'Aveyron, GR 13 P 82, SHD ; archives du III/24e RI, GR 13 P 82, SHD.

Sources déjà citées : archives du 6e RIC, du 23e RIC, du 3e BZP, de la 10e DI.

jeudi 19 décembre 2024

La bataille de Colmar : 2 février 1945


Robert Creux (1929-1945), de Saint-Dizier (52), tombé à Sainte-Barbe. 

Secteur de la 9e DIC

21e RIC - Cité Sainte-Barbe

    1 h 15 : composé à l'origine de volontaires de Haute-Marne engagés en octobre 1944, le 1er bataillon (commandant Gilles Pâris de Bollardière) du 21e RIC quitte Mulhouse pour être à son tour lancé dans la bataille. Son objectif : la Cité Sainte-Barbe (dite également Théodore), commune de Wittenheim.

    Capitaine Robert Vial, commandant la 1ère compagnie : "Renseignements franchement mauvais : l'ennemi va défendre avec acharnement la cité qui constitue sa dernière ligne de défense avant Ensisheim. Présence de chars probable."

    Base de départ : le Jungholtz. Il a été nettoyé dans la nuit par deux sections du 23e RIC, les sections Nicolaï et Parcollet de la 6e compagnie du II/21e RIC, et la section de déminage de la CAC du 21e RIC. Nettoyage "sans résistance", note le capitaine Jean Surun, chef de la 6e compagnie.

    5 h. Les hommes du I/21e RIC s'installent aux lisières Est du Jungholtz.

  6 h. Des obus de 88 s'abattent sur le petit bois. Premières pertes. Caporal Jean Maire (1ère compagnie) : "Cela dure trois quarts d'heure. La terre tremble. Quand nous nous relevons, les trous apparaissent remplis d'eau glacée et nos vêtements sont complètement trempés sur le devant."

    6 h 50. Préparation d'artillerie française, assurée par le I/RACM (Régiment d'artillerie coloniale du Maroc) et la CCI du 21e RIC. Cinq minutes après, alors que les tirs se poursuivent, les marsouins se lancent à l'assaut. La 1ère section (lieutenant Marcel Girardon) de la 2e compagnie (lieutenant Antoine Chabot) attaque en tête, avec pour objectif le centre de la localité. Elle parvient aux premiers jardins, non sans pertes. A la 3e section (sous-lieutenant Pierre Thiabaud) de la 3e compagnie (capitaine Jean Eon), qui attaque l'extrême-droite de la cité, la traversée du "glacis" séparant le Jungholtz de Sainte-Barbe coûte un tué (Joseph Ferrer) et trois blessés. Le caporal René Rihn et Marceau Feit (2e section de la "3") tombent également au moment de l'entrée dans le village. De son côté, la 1ère compagnie pénètre dans l'usine Théodore et l'enlève rapidement.

    Dans la cité, la résistance allemande est vive. A la 1ère section (lieutenant Georges Bernard) de la 3e compagnie, le groupe du sergent Maurice Landivaux entreprend de traverser le terrain de football qui jouxte la salle des fêtes. Il est aussitôt pris sous le feu ennemi. Landivaux est tué d'une balle au front. "J'ai dû être blessé au troisième bond en avant ordonné par le caporal qui avait pris le commandement du groupe", précise le soldat Paul Rivault. 4 tués (Maurice Landivaux, Anicet Vanaquer, Roger Levallois, Raymond Rousset), 3 blessés, 3 hommes indemnes : le groupe a été décimé. Aux abords de la salle des fêtes, les projectiles d'une auto-mitrailleuse ennemie tuent François Roussille, tandis que le radio Joseph Decombe meurt victime d'une balle dans la tête. Fernand Billey, le sergent-chef Jean Vignole figurent également parmi les marsouins ayant perdu la vie au cours des combats.

    Pendant ce temps, une contre-attaque ennemie reprend l'usine Théodore où la 3e section (sous-lieutenant Roignant) de la 1ère compagnie avait capturé une trentaine d'Allemands. L'assaut a été donné à 8 h par une cinquantaine de fantassins ennemis appuyés par trois blindés.

    Dans la cité, la 2e compagnie est notamment bloquée devant l'église. Caporal Guy Seigle : "Roland Sanrey me dit vouloir lancer une grenade à fusil sur un tireur qu'il a repéré dans le clocher de l'église. Malheureusement, il n'aura pas le temps de tirer car, repéré lui aussi, il est tué d'une balle en plein front par ce tireur qui embête tout le monde." A la 3e section (lieutenant Georges Agniel), le fonctionnaire caporal Georges Ballu est "abattu d'une rafale de mitrailleuse en traversant la place entre l'église et l'école" (témoignage de son frère). Jean Collot : "Ballu, un camarade, tombe dans un jardin, aussitôt deux volontaires partent le chercher, quand le "Chleuh" d'en face, non content, tire sur les sauveteurs, et c'est un râle que l'on entend, car seul, Ballu est à nouveau touché, et arrivé près de nous, il meurt." Autres militaires de cette section, le caporal Louis Verson, le sergent Jean Roy, Bronislas Psznoack sont tués ou mortellement blessés. 


Le sergent Jean Roy, de Luzy-sur-Marne (Haute-Marne), tué le 2 février 1945.


    Vers 9 h, un char Tiger - peut-être l'un de ceux qui appuieront la contre-attaque à l'usine - pose également des problèmes aux marsouins, qui font feu au rocket-gun. Mais il faudra faire appel aux TD du RCCC pour le museler. 

    A l'extrême-droite, secteur de la 3e compagnie, le benjamin du bataillon, Robert Creux, qui vient de fêter son 16e anniversaire, est tué dans une maison qui avait été signalée inoccupée. Le groupe du sergent-chef Michel Procot s'en empare, douze prisonniers sont faits dont un est abattu. "A 9 h 30, ma section borde les lisières Sud de la cité Sainte-Barbe", rapporte le sous-lieutenant Thiabaud qui a perdu 2 tués (Creux et Ferrer) et 7 blessés (dont Amédée Dominici qui meurt le 4 février 1945). 

    Les autres sections de la 3e compagnie souffrent - René Petitpas, tué, l'adjudant-chef Jean Gérin, le capitaine Eon, blessés, figurent parmi les victimes - mais parviennent à repousser l'auto-mitrailleuse - grâce aux tirs du rocket-gun servi par Gilbert Hinderschiett et Stanislas Rosanski - et à investir la salle des fêtes. Il est 10 h 30 lorsque le PC de la compagnie y est installé. 

    Malgré les mines, le RCCC parvient à rentrer dans Sainte-Barbe, où l'ennemi décroche. Canons de la CCI et des TD font feu sur les maisons encore occupées. Caporal Seigle : "Au bout d'un quart d'heure, il y a déjà beaucoup de dégâts, des maisons brûlent en dégageant de la fumée. D'un bond, nous quittons notre position, traversons la rue pour entrer l'école. Je vois des Allemands en tenue blanche s'enfuir. [...]" A 11 h 15, les hommes du lieutenant Chabot s'emparent du bâtiment, où se sont réfugiés environ 300 civils.

    Alors que la 1ère compagnie reste bloquée devant l'usine, "la partie Nord de la cité est toujours fortement défendue et des mouvements d'engins blindés sont décelés aux lisières de l'usine et du bois de Ruelisheim", note le JMO du I/21e RIC. A ce moment, des tirs d'artillerie allemande s'abattent sur la cité. Dans la salle des fêtes, le lieutenant Edmond Thouvenot, adjoint au capitaine Eon, est blessé.


Le lieutenant Thouvenot, l'adjudant-chef Gérin, le capitaine Eon, tous trois blessés à Sainte-Barbe.

    En début d'après-midi, la progression reprend en direction de la partie Nord de la cité. Il y aura encore des pertes. A la 3e compagnie : les tireurs FM Bernard Moginot et Louis Oudin sont blessés. A la 2e compagnie : vers 16 h, écrit Jean Collot, "nous sommes encore bloqués dans une maison. Emile Nottebaert essaie de mettre en batterie son FM, il prend une balle dans le front." Les TD parviennent à immobiliser un char allemand, et vers 16 h, la dernière résistance est réduite - une vingtaine de prisonniers. Sainte-Barbe est quasiment libérée.

    Reste à reconquérir l'usine Théodore. L'opération est menée par la compagnie Vial appuyée par un peloton de Sherman du 2e RCA (1ère DB), et elle est rondement exécutée. Dernier événement de la journée : un tireur FM de la 2e compagnie abat les passagers d'un véhicule de reconnaissance fonçant sur la route de Ruelisheim. Mario Cappellaro sera décoré de la médaille militaire pour ce fait d'armes. 

    Le bilan est très lourd pour le I/21e RIC : 32 tués, 83 blessés (dont six décéderont dans les prochains jours) et 6 disparus. 18 engagés de Haute-Marne figurent parmi les morts. A elle seule, la 3e compagnie déplore 16 tués et 33 blessés. Côté ennemi, 145 prisonniers dont cinq officiers, et un nombre de tués et blessés non mentionné. 

    Autre élément du 21e RIC engagé dans ces opérations : le 2e bataillon du commandant Jean Whitehouse. Au moins 5 tués à la 7e compagnie. Le lieutenant-colonel Henri Delteil, adjoint au chef de corps, a été blessé dans la matinée. Le lieutenant Robert Ricour, du RCCC, et le médecin-auxiliaire Jean Avinier, du 25e bataillon médical, ont également perdu la vie. 

6e RIC

    Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : "Le II/21 est remis à la disposition de son colonel pour faire une diversion par le sud [de Sainte-Barbe]. Devant la rapidité du déroulement de cette attaque dans les  premières heures de la matinée, l'exploitation au moyen du CC1 agissant en direction d'Ensisheim est envisagée, et le II/6e reçoit l'ordre de se tenir prêt à renforcer l'action des blindés. Il est même prévu qu'une compagnie, la 7e, montera sur les chars. Mais l'ennemi, d'abord surpris, se ressaisit et Cité Sainte-Barbe ne tombera qu'à la nuit." Le II/6e RIC est alors mis à la disposition du colonel Gruss avec une section de la CAC et une section du génie de la compagnie 71/1.

23e RIC

    Le II/23e RIC est relevé à Richwiller par le 2e bataillon de choc, et relève le III/23e RIC à Cité Fernand. 

2e BZP

    Pendant que les I et II/21e RIC se battaient à Cité Sainte-Barne, les zouaves portés du commandant Arfouilloux repartaient à l'assaut du hameau de Schoenensteibach. Ce sont les 1ère et 3e compagnies qui sont engagées, ainsi que l'escadron (à pied) Julien du 9e RCA. Dès le début de l'attaque, la préparation d'artillerie française (6 h 50) cause des pertes aux troupes amies. Mais le hameau est enfin conquis. Le 2e BZP déplore, en deux jours de combat, 35 tués et de nombreux blessés, dont Arfouilloux et le capitaine Holler. 

Secteurs de la 2e DIM - 4e DMM

    La 2e DIM atteint la route Wittenheim - Wittelsheim. Un officier du I/35e RI, le lieutenant Jean Cruez, est blessé par l'explosion d'une mine vers la Cité Amélie-II.

    De son côté, le 5e BCP du commandant Stabler remonte en ligne. Il relève aux abords de Thann le II/1er RTA, du Grumbachkopf à La Roche-Albert, du Rosenbourg au col de Grumbach, et face à l'Erzebachkopf.

2e corps

    Ce jour est celui de la libération - hautement symbolique - de Colmar par les troupes américaines et françaises. Le général de Lattre sent que les Allemands vont évacuer l'Alsace, non pas par le pont de Brisach, mais par celui de Chalampé.

Secteur des Vosges - 10e DI

    Une patrouille du III/5e RI partie de la ferme Schaffert est victime d'un tir de barrage. Les pertes sont sensibles : le lieutenant Raymond Damour, les soldats Robert Mahieu, Armand Meritet, Robert Remigereau et Albert Robineau sont tués, sur le territoire de Wildenstein. C'est ce jour-là, également, qu'un jeune volontaire de 17 ans du Corps-franc Pommiès, Roger Vandenberghe, est blessé en sautant sur une mine - c'est le futur célèbre chef de commando en Indochine.

    Dans la nuit, il y a des pertes au 24e RI, notamment en raison de tirs d'artillerie (Daniel Courant, Henri Ladam sont tués à Fellering et Willer-sur-Thur).

Sources complémentaires : Lionel Fontaine, "De la vallée de la Marne aux sources du Danube".

    


 


La bataille de Colmar : 1er février 1945


Le service de santé du I/21e RIC à la Cité Sainte-Barbe. (Photo M. Heckenroth).

 Secteur de la 9e DIC - 1ère DB

2e BZP

    Le combat command 3 (colonel Gruss) de la 1ère DB est à son tour engagé pour réaliser l'exploitation des succès à venir en direction de Pulversheim et Ensisheim. Objectif : le hameau de Schoenensteinbach, véritable verrou sur ce chemin. La mission est confiée au groupement du commandant André Arfouilloux, chef de corps du 2e BZP, composé du 3e escadron du 2e RCA, de la 2e compagnie et de la CA du 2e BZP.

    Vers 7 h, le peloton Bernard et la section Llucia mettent la main sur la corne Nord-Ouest du Jungholtz, mais devant le hameau, les trois chefs de section de la 2e compagnie (lieutenant Baurin, tué, sous-lieutenant Llucia et sous-lieutenant Christin, blessés) sont mis hors de combat. C'est un échec.

3e BZP

    JMO : "Les éléments du groupement Vallin appuient le débouché [du] groupement [Arfouilloux]. Un char de Boisredon est détruit par un automoteur."

23e RIC

    Dans le cadre de l'action de Schoenensteibach, une opération de diversion est menée à 18 h 30 qui se traduira par le nettoyage du Jungholtz, avec des éléments du 21e RIC. Au soir, une compagnie est au Jungholtz, une compagnie à Hohrvenderhuben [sic]. Durant la nuit, "température en hausse".

2e corps - 1er bataillon de choc - Durrenentzen

    Récit de l'aspirant Raymond Muelle : "A Durrenentzen, les Commandos de France viennent de subir de lourdes pertes. Ils ont d'abord pris le village, maison par maison ; quatre chars ont été perdus. Vers 15 h, une violente contre-attaque soutenue par les Panzers les a presque chassés de leur conquête. Toute une compagnie du 15e régiment US a disparu dans la fournaise. Au soir, il reste moins de 200 hommes en état de combattre chez les Commandos. Le bataillon de choc reprendra Durrenentzen. [...]"

    Le Groupe des commandos de France avait été engagé le 31 janvier 1945, avec le CC5 de la 5e DB. Il a perdu 45 tués, dont le capitaine Raymond Villaume, chef du 2e commando, et 110 blessés, parmi lesquels le commandant d'Astier de La Vigerie, chef du GCF.

    Aspirant Muelle : "Il est 0 h 35, le [1er] février 1945, lorsque les canons cessent leurs coups de hache. La 4e compagnie s'infiltre par la rue principale. [...] Elle doit occuper l'église et le premier carrefour de rues. La 2e compagnie prend à son compte la partie droite de l'agglomération. [...]"

    Devant la 3e section (aspirant Muelle) de la 2e compagnie (capitaine Tocé), une barricade. La 2e section de l'aspirant Bary se joint à elle pour réduire la résistance, ainsi que des Sherman. Soudain, une explosion : un coup de Panzerfaust. "A gauche, contre une palissade, quatre corps. Le premier, c'est Ledest, un Parisien, évadé de France, le second c'est [André] Becker, un jeune du Bataillon Bayard. [...] L'adjudant [Josephus] Schevenels est mort, le sergent-chef [Georges] Mouchot a conservé son visage d'ange mais il ne retrouvera jamais sa fiancée de Dijon. Un troisième n'a plus de face, c'est le sergent Mazaud, un Bourguignon, des volontaires FFI. Alors que Becker était encore un enfant, le sergent Stéphane [...] était un vieux. Près de 50 ans, père de famille, il avait participé brillamment à la guerre 14-18."

    A l'aube, Durrenentzen était redevenu village français.

Secteur des Vosges

    Plusieurs victimes dans les unités de la 10e DI : quatre blessés au II/5e RI dans une patrouille jusqu'à la ligne des crêtes ; un tué (Roger Daoulas) et deux blessés au II/5e RI lors d'une attaque ennemie au Chitelet dans la nuit du 1er au 2 février 1945 ; un tué (René L'Hostis, 17 ans) au III/5e RI à Wildenstein ; un tué à la CCI du 24e RI.

Sources complémentaires : récit du lieutenant Raymond Caminade paru dans "Wittenheim. Libération. 50e anniversaire" ; "Les combats en Alsace. Durrenentzen", Raymond Muelle, dans le journal Rhin-et-Danube (novembre 1987).

La bataille de Colmar : 31 janvier 1945


Une usine de la région de Wittenheim : Théodore. (Collection M. Heckenroth). 

 Secteur de la 9e DIC

6e RIC - Wittenheim

    JMO du III/6e RIC : "L'heure H est fixée à 7 h 30. Après une préparation d'artillerie de 30 minutes, les compagnies se portent en avant sans rencontrer de résistance. Sous la protection des trois auto-moteurs, l'ennemi s'est replié vers 4 h du matin sur la Cité Sainte-Barbe. A 8 h, le village est entièrement conquis, le PC du bataillon se transporte à l'école.

    Wittenheim était avant la guerre un gros village ouvrier de 7 000 habitants. Il est intégralement détruit cependant. Cependant, la plus grande partie de la population y vit encore terrée dans les caves depuis plusieurs semaines. Un calicot blanc flotte au vent accroché à deux ruines avec l'inscription "Soyez les bienvenus".

    Au cours de la journée plusieurs concentrations massives d'artillerie s'abattent autour de l'école. A 12 h, le chef de bataillon apprend qu'il sera relevé dans la soirée par un bataillon du 21e RIC. [...] La relève commence à 19 h et se termine à 21 h, sans incident. Le bataillon est regroupé à Kingersheim."

    Le III/6e RIC du commandant Pierre Communal déplore, pour ces deux jours de combat, 22 tués, 80 blessés (dont deux officiers) et 18 disparus.

    Le régiment du lieutenant-colonel Dessert a été opposé à un détachement de la 106. Panzerbrigade et au 706. Grenadier-Regiment selon des prisonniers. 

23e RIC

    "Une patrouille de la CCI, infanterie et chars moyens, sort de la Cité Fernand et patrouille dans les bois de Nonnenbruch."

21e RIC

    Tenant depuis le début de l'offensive le point d'appui de L'Ile-Napoléon, le 21e RIC du lieutenant-colonel Gabriel Bourgund a été relevé le 29 janvier 1945 par le 31e bataillon de chasseurs à pied du capitaine René-Henri Audibert, et rejoint la caserne Lefebvre. Il entre dans la zone d'opérations avec pour objectif la Cité Sainte-Barbe.

Secteur de la 4e DMM - 5e BCP

    La CA (capitaine Olivier) du 5e BCP parvient à s'emparer de la cote 442. Le bataillon est relevé en fin de soirée par le 1er RTA et rejoint Thann. 

Secteur des Vosges - 10e DI 

    Historique de la 10e DI : "Le sous-secteur Nord est dissous. Le colonel commandant l'ID 10 prend le commandement d'un groupement divisé en trois sous-secteurs, composé principalement du 5e RI, du 9e zouaves, du 9e tabor, du Régiment de Franche-Comté, de la Demi-brigade du Tarn. [...]"

    Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1945, le 9e régiment de zouaves relève le 110e RI américain dans le secteur d'Orbey. 

    Au 24e RI, la CA 2 et deux sections de la 7e compagnie sont engagées dans un coup de main sur les cotes 585, 775 et 684, près de Wildenstein. JMO du régiment : "Les deux sections attaquant la cote 585 sont accrochées par des armes automatiques enterrées dans des bunkers. Elles décident de prendre la position en la tournant mais sont prises à partie par des armes automatiques qui se dévoilent. La fin du décrochage a lieu vers 9 h." Les pertes du II/24e RI sont lourdes : huit morts et quinze blessés. Le sous-lieutenant André Lottin, les soldats Pierre Archambaud, René Dhal, René Dropsit, Charles Lefebvre, Georges Pelouze, Gérard Warin (17 ans) sont au nombre des morts. De son côté le I/24e RI perd un tué et plusieurs blessés dont le sous-lieutenant Jacques Goussu-Chantet. 

Sources complémentaires : archives de la 10e DI, GR 11 P 164, SHD ; archives du 24e RI, GR 12 P 6, SHD.

La bataille de Colmar : 30 janvier 1945


 

 

Marsouins dans la neige d'Alsace. (Cliché paru dans "Kingersheim de 39 à 45", Jean Chesinski.

Secteur de la 9e DIC

6e RIC - l'attaque de Wittenheim

    Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : "L'heure H est fixée à 6 h 40 pour la 9e compagnie (début de la préparation d'artillerie), à 7 h 20 pour la 10e compagnie appuyée par un peloton de Sherman (fin de la préparation d'artillerie et début de la visibilité pour les chars).

    A 6 h 40, un violent tir de contre-préparation ennemi s'abat sur Cité Kullmann, causant des pertes aux 9e et 5e compagnies.

    A 7 h 20, la 10e compagnie débouche et prend pied aux lisières Est de Wittenheim, sans l'aide des chars qui ne peuvent mettre leur moteur en route par suite du froid.

    A 8 h 35, la 10e compagnie atteint l'école où un officier entouré de plusieurs hommes se mêlant dans les caves à la population civile, se défend farouchement et nous cause des pertes sensibles.

    A 8 h 50, la 9e compagnie fait connaître qu'elle est pratiquement immobilisée dans une zone infestée de [schumines] et bien défendue par l'ennemi. Le peloton de TD Davion reçoit mission d'appuyer cette unité."

    JMO du III/6e RIC : "Le médecin auxiliaire Lyonnet, dont le courage fait l'admiration de tous, est grièvement blessé par une mine en portant secours aux blessés."

    Lieutenant-colonel Dessert : "A 10 h 15, la 5e compagnie [Vassal] progressant le long de la lisière Est du village, s'empare du pont situé sur la route Ruelisheim. Le nettoyage de la moitié Sud de la localité est assurée par la 10e compagnie renforcée d'une section [Sage] de la CAC (région de l'Eglise), par la 11e compagnie (capitaine Gavillot) appuyée par un peloton de TD (autour de l'école), tandis que la 9e compagnie progresse difficilement à l'ouest du village. Les défenseurs de la partie Nord résistent farouchement ; ils sont soutenus par trois automoteurs."

    JMO du III/6e RIC : "Les derniers défenseurs de l'école se rendent. La [11e] compagnie a perdu un de ses meilleurs chefs de section, l'aspirant Le Toquin. [...] Sur la lisière Ouest, une patrouille de huit hommes (sergent-chef Leydet) envoyée par la 9e compagnie au carrefour n°3 réussit à s'emparer d'un groupe de baraques en bois situés à 100 m Ouest du carrefour et à faire huit prisonniers, elle s'y installe en PA avancé, mais un quart d'heure après elle est contre-attaquée par un char ennemi venu du carrefour 4. Ce char démolit à bout portant les baraques, blesse grièvement deux hommes du groupe Leydet et fait prisonnier nos soldats."

   Lieutenant-colonel Dessert : " A 16 h, la progression est partout arrêtée ; les 5e, 9e et 11e compagnies reçoivent l'ordre de s'organiser solidement sur place. La 10e compagnie [sous-lieutenant Ruffrich] prise sous les feux conjugués de deux automoteurs et d'une mitrailleuse de 20, tente vainement de s'emparer des carrefours NO et NE de l'église.

    A 21 h, elle doit se résoudre à s'installer défensivement pour la nuit. Les ordres sont pour le lendemain. Le chef de bataillon décide de faire effort par la droite en poussant sur le château la 5e compagnie, la moins éprouvée. La 9e compagnie continuera le nettoyage de la lisière Ouest. La 10e compagnie s'efforcera de liquider la résistance au nord de l'église. Enfin la 11e compagnie reste réservée autour de l'école. Pour cette opération, la section Marie (CAC) encore en réserve à Kullmann est mise à la disposition de la compagnie Vassal. Une compagnie du I/6 (capitaine Berthon) vient prendre position dans Kullmann pour la nuit."

        D'après des déclarations de prisonniers, "Wittenheim [...] aurait été occupée à la date du 29 [janvier] par 150 Allemands des 706e et 758e régiments d'infanterie".

23e RIC et 3e BZP

    JMO du 3e BZP : "Le groupement Vallin renforcé d'une compagnie du 23e RIC a pour mission d'agir offensivement sur la direction Schoenensteinbach, en faisant constamment l'effort par les lisières Est du bois de Nonnenbruch (route principale minée et très enneigée). Il visera à s'emparer successivement du carrefour 236 où il mettra en place un solide bouchon anti-char.

    Une compagnie de coloniaux suit la progression et doit occuper Hohroenderhubel pendant que le groupement progresse sur Schoenensteinbach.

    Le bois est truffé de mines anti-personnel et anti-char. La neige est épaisse (60 cm), aussi la progression est très lente et très pénible. Les sections marchent dans les traces des chars pour éviter les mines. Des résistances ennemies s'accrochent farouchement dans le bois. Un automoteur et des mortiers situés dans le Jungholz [un bois à l'ouest de la Cité Sainte-Barbe, commune de Wittenheim] prennent nos éléments à partie. 

    A 19 h 30, épuisés et ayant subi des pertes, nos éléments atteignent le château et le carrefour 236. Deux chars moyens ont sauté sur des mines. Le peloton de TD rejoignant des éléments d'infanterie au château perd un TD qui saute sur une mine dans le bois. Durant la nuit, tirs d'artillerie sur le château et le carrefour. [...]

    A 21 h, la route est déminée de la Cité Fernand à la cote 236".

    Au cours des opérations, le 3e bataillon de zouaves portés déplore quatre tués, appartenant à la 3e compagnie : Lucien Sallei, Raymond Leprêtre, Abdallah, Jacques Alloun, Le bataillon enregistre également cinq blessés dont le sergent Roger Marietti.

5e BCP

    L'attaque de Cernay est déclenchée. Le 5e BCP, qui appartient au groupement Bondis avec le I/1er RTA et un escadron de chars, agira par l'Ouest, dès le milieu de la nuit du 29 au 30 janviers 1945. 

    Il est 3 h 30 lorsque la compagnie du capitaine René Affret progresse vers la cote 425 par le ravin d'Enchenberg. Mais des tirs d'automatiques, en fin de nuit, rendent difficile sa progression.

    C'est à 7 h que le feu est ouvert par l'armée française.

    Relation des combats du 5e BCP : "Tonnerre assourdissant des mortiers, des 105 et des chars. Immédiatement, l'ennemi réagit avec violence. Du côté du 1er RTA, la prise de 425 s'avère très difficile. [...] Les FM et les mitraillettes gèlent, les agents de transmission mettent une heure et demie pour atteindre le PC du bataillon situé pourtant au coeur du combat, plusieurs sont blessés par armes automatiques qui balaient la route. [...] Les Allemands retranchés dans des abris de 1914-1918 tiennent très solidement 425. Quant à la cote 356, elle n'a pas été prise complètement par les tirailleurs. Néanmoins, à 10 h 30, le capitaine Gaubert signale son occupation après une vive résistance par la section Kayser qui surplombe maintenant la vallée de Steinbach. [...]

    Alors que le général de Hesdin, commandant la 4e DMM, vient d'être blessé, les chasseurs ne se résignent pas. Le capitaine Olivier peut avancer jusqu'à 100 m du hameau d'Enchenberg, la 3e compagnie parvient, malgré les 88, à s'accrocher à 11 h 45 au flanc de la cote 425. Elle n'est plus qu'à 100 m du sommet. Mais en dépit des efforts du lieutenant Chassé et du sergent Bennetain, elle ne peut déboucher à cause des feux de face et de flanc. Le sergent Joseph Bernard est tué.

    Il faut une action d'une compagnie du 1er RTA, arrivant par la cote 412, pour soulager les Berrichons qui sont épuisés, et dont les armes sont gelées. Relevée par la 2e compagnie, dans la soirée, la "3" descend se reposer près de l'hôpital du Vieux-Thann. Mais 425 sera prise. Les sections du lieutenant Lefranc et du sous-lieutenant Gaucher, de la "2", s'y installent, en liaison à droite avec le 1er RTA, à gauche avec deux sections de la CA. Dans la nuit, les deux sections de la 2e compagnie sont relevées à leur tour.

    19 tués, 66 blessés, 18 disparus, 132 malades, et même un déserteur : tel est le bilan de la 4e demi-brigade de chasseurs, dont le 1er BCP a fouillé de nuit le Kirschberg, l'a occupé de jour, et s'est emparé de huit petits blockhaus, faisant huit prisonniers.

    Entre le 4e DMM et la 9e DIC, la 2e DIM est toujours occupée à nettoyer la forêt de Nonnenbruch. Un éclat d'obus tue le capitaine Jean Privat, commandant la CA du I/35e RI. Il est remplacé par le lieutenant de Montalembert. Le bataillon perd aussi l'adjudant-chef Marcel Grenot, le sergent René Henri et Jean Doilon. A cette date, depuis la mi-novembre 1944, le I/35e RI (ex-I/Bourgogne) aura perdu 82 tués et 300 blessés. De son côté, le 152e RI déplore, dans cette bataille, 46 morts, dont quatre officiers. Il ne reste que 286 hommes en état de combattre au 1er bataillon, 310 au 2e, et seulement 145 au 3e.

    Dans la zone d'opérations du 2e corps, cette journée du 30 janvier 1945 est marquée par les violents combats du bois de la Hardt (à ne pas confondre avec la forêt près de Mulhouse), à proximité de Jebsheim. Le 1er bataillon de choc qui est engagé déplore 32 tués, dont six officiers (parmi lesquels le lieutenant Michel Durrmeyer), 100 blessés, 40 évacués, et doit se replier.

    

La bataille de Colmar : 29 janvier 1945


Le terrain d'opération de la 9e DIC depuis le 20 janvier 1945. Une vue de Kingersheim parue
dans "Kingersheim de 39 à 45", Jean Checinski, Société d'histoire de Kingersheim, 1994.


 Secteur de la 9e DIC 

23e RIC

    JMO : "Vers 9 h, passage d'avions amis. Au matin une patrouille trouve le contact en 245,9. Elle localise une trentaine d'Allemands. Plus à l'est une patrouille sortie des lisières Est de Cité Fernand et appuyée par des blindés s'est heurtée à une sérieuse résistance ennemie. [...] Bilan : 3 prisonniers. Pertes amies : un char, 4 tués, 14 blessés dont un officier, capitaine Camors.

    Dispositif en fin de soirée. [...] 1ère compagnie 237,5 et Grossacker, 2e compagnie Strueth fabrique, 3e compagnie coup de main, II/23 PC à Richwiller, 5e compagnie [Mayershof], 6e compagnie Richwiller, 7e compagnie Puits Anna. III/23 Cité Anna. [...]"

6e RIC

    JMO du III/6e RIC : "Le bataillon reçoit l'ordre d'attaquer le 30 le village de Wittenheim, il est renforcé par un peloton de Sherman et deux pelotons de  TD, une préparation d'artillerie massive doit précéder l'attaque (six groupes), les artilleurs ayant décidé de livrer le village aux fantassins sans combat. [...]

    Le chef de bataillon décide d'engager initialement deux compagnies : l'une par la face Sud-Ouest (9e compagnie), l'autre par la face Est (10e compagnie) dont le commandement est donné au capitaine Bourriquen, après la mise en place de nuit ; le peloton Sherman est mis à la disposition de la 10e compagnie. Une troisième compagnie (capitaine Vassal du II/6e) à la disposition du bataillon pour l'attaque se tiendra prête à être engagée selon l'évolution de la situation, trois équipes de lance-flammes marcheront avec les compagnies d'attaque. Les deux pelotons de TD et la CA s'installeront en base de feux face aux lisières Nord de Kullmann."

3e BZP

    JMO : "Un peloton de chars est engagé pour appuyer les coloniaux qui ont pour mission de reconnaître Hohroensdehsubel [sic] et Schoenensteinbach. En cas de réussite, le groupement Vallin doit occuper Schoenensteinbach. L'opération échoue. [...]"


Secteur de la 4e DMM - 5e BCP

    Alors qu'au nord de Thann, le 1er BCP a relevé le III/1er RTA sur les pentes du Rangenkopf (608 m) et sur celles du Brandwaldkopf, le 5e BCP se porte à partir de 1 h 15 en direction de Cernay. La 1ère compagnie se met en mouvement. Malgré les mines, le pont est passé sans encombre. "La compagnie s'engage sur la route en colonne par un, les groupe de combat nettement séparés les uns des autres à cause des bas-côtés qu'on dit minés et de l'épaisseur de la neige" (relation du 5e BCP). "Les Allemands ne sont plus à Cernay" ?

    Bientôt, le commandant Duplaix et l'adjudant-chef Clerget atteignent les premières maisons des faubourgs de la cité. Mais à 2 h 31, un feu violent s'abat soudainement sur les chasseurs. Des morts et des blessés. Duplaix, "rampant ou bondissant sous les balles, parvient à gagner une maison isolée" où le commandant Jean Stabler se trouve déjà. "La progression est impossible, constate le récit du bataillon. Contrairement aux renseignements, Cernay est fortement défendu". Il faut, pour les chasseurs, se replier, comme d'ailleurs les tirailleurs du 6e RTM.

    Dans l'après-midi, le 5e BCP est chargé de s'emparer des pentes Sud et Sud-Est de la cote 425, puis de se porter sur Steimbach. La patrouille du l'adjudant-chef Robert Latin se heurte au feu ennemi. Le sous-officier est tué d'une balle dans la tête, "après avoir été capturé par les Allemands". L'attaque est reportée au lendemain. Outre Latin, le bataillon de volontaires de l'Indre aura perdu au moins cinq hommes (Marcel Hamann, Pierre Maubert, Roger Penneroux, Alphonse Perrin, Roger Pion).

    Dans le secteur voisin, le 2e DIM s'empare de la Cité Langenzung et repousse une contre-attaque. De son côté, le 20e BCA, après quatre nuits dans la neige, "sans l'esoir d'une minute de sommeil", est relevé dans la matinée par des tirailleurs et gagne Diefmatter puis, le 1er février 1945, Belfort. 

2e corps - Jebsheim

    Historique du RMLE : "CC 6. Le 29 avant le lever du jour, un bataillon du 137e régiment de la 2. Gebirg-Division venant de Muntzenheim, a renforcé la garnison de Jebsheim. Les Américains et parachutistes poursuivent le nettoyage de la partie Sud de la localité, ils subissent de lourdes pertes, l'une des sections du 1er RCP ne compte plus que sept hommes après l'enlèvement de la grosse ferme SO du village. C'est pourquoi la fin du nettoyage est confiée au groupement Boulanger, la 9e compagnie nettoiera la partie Ouest du sud du village, les Américains la partie Est. Tous les chars et TD du groupement viennent se placer en ligne et effectuent sur les maisons un tir d'une violence inouïe. 

    A 16 h 20, la 9e compagnie débouche, à 16 h 40 le nettoyage est terminé, 300 hommes hagards se constituent prisonniers, environ 500 cadavres sont entassés dans les maisons et à leurs abords immédiats."

     JMO de la 11e compagnie : "17 h 30. Bombardement par minen. Blessés : caporal-chef Barlovic, légionnaires Pichot, Collin, Ottorovski."   

  Du 25 au 30 janvier 1945, le III/RMLE aura perdu quatre officiers (sous-lieutenant Lhotel, lieutenant Yves Heller, médecin-lieutenant Henri Loinger, capitaine Georges Gufflet, commandant la 10e compagnie), cinq sous-officiers et 30 légionnaires tués. Au 6e RCA, notamment, le lieutenant Jacques de Bouvet, 25 ans, est tombé le 28 janvier 1945, 22 jours après son frère Bernard, 23 ans, du 2e batailon de choc.

   Grussenheim

    JMO du 3e RMT : "Vers 6 h, les premières rafales d'armes automatiques claquent. Immédiatement, la 12e compagnie rend compte que les Allemands tentent de s'infiltrer devant elle, dans les vignes, mais elle les tient. 

    A 6 h 30, le feu d'infanterie gagne la face Est, de proche en proche la face Nord. [...]" Cette tentative d'infiltration est repoussée. "A leur tour, nos fantassins quittent le village et s'avancent vers des maisons un peu écartées dans les tranchées, ramassant les prisonniers ; il y en aura près de 150. Les cadavres jonchent le sol, devant la 12e compagnie en particulier : il y en a à deux mètres des lisières. Deux Panther ou Jagdpanther ont été détruits, conjointement par les TD et les chars de l'escadron relevant, car la relève doit avoir lieu à partir de 8 h 30."

    Durant ces trois jours, le GTV de la 2e DB a perdu 18 officiers et 260 sous-officiers et soldats. L'état des morts du 3e RMT mentionne 33 victimes dont Jacques et Gilles Tiberghien. Le lieutenant-colonel Joseph Putz, les lieutenants Jacques Franjou (11e compagnie), Antoine Ettori (CA 3, nommé capitaine) et Maurice Dusehu (11e compagnie) du 3e RMT, les lieutenants Louis Michard et Geoffrey de La Bourdonnaye du 501e RCC, le lieutenant Roux du XI/64e RADB, le commandant Fernand Puig, chef d'état-major du GTV, l'aspirant Edmond Maynil et l'enseigne de vaisseau Louis Robin du 2/RBFM ont perdu la vie. Côté ennemi, le JMO du 3e RMT signale trois Panther ou Jagdpanther détruits, 300 prisonniers, 200 morts au minimum. 

Secteur des Vosges

    Activités de patrouilles. Au 1er régiment de Franche-Comté, l'aspirant Jean-Roger Paris et le soldat Michel Renault sont mortellement blessés ; au 24e RI (10e DI), l'aspirant Jacques Bergerot meurt en sautant sur une mine à la cote 831, le soldat Lucien Chignon est tué en se portant au secours du caporal Guilpain blessé. 

mercredi 18 décembre 2024

La bataille de Colmar : 28 janvier 1945



Secteur de la 9e DIC

6e RIC

    "Tandis que les unités éprouvées se réorganisent, le 3e bataillon se prépare à attaquer Wittenheim. Une section de la 11e compagnie reconnaît au lever du jour les premières maisons du village au nord du cimetière. Une quinzaine d'Allemands sont mis hors de combat au cours de cette reconnaissance."

23e RIC

    "Fin du nettoyage de la Cité Fernand. [...] Le III/23 relève le II/23 de la Cité Anna. [...] Température en baisse, arrêt de la chute de neige."

 Secteurs de la 2e DIM et de la 4e DMM

     Puisque la météo a rendu pratiquement impossible toute opération d'ampleur le 27 janvier 1945, c'est dans la nuit du 27 au 28 que la 2e DIM décide d'agir. Le 8e RTM appuie le CC 2 dans son attaque de la Cité Langezung (Wittelsheim). Mais l'ennemi ne lâche pas la localité. Le 4e RTM est plus heureux à la Cité Amélie-I, qui est prise à midi.

    C'est également dans la nuit du 27 au 28 que la 4e DMM enregistre un succès. Il est 4 h lorsque l'observatoire du PC du 5e BCP "signale un grand incendie à l'extrémité du Vieux-Thann, près de l'église, ainsi que de nombreuses fusées." C'est là le signe d'un décrochage allemand. Ce que confirme par téléphone le capitaine Dominique Raffaldi, commandant la 2e compagnie. Le commandant Gabriel Duplaix, adjoint au chef de corps, donne un ordre : "Poursuivre le Boche et maintenir le contact à tout prix." Alors les chasseurs du sous-lieutenant Degura s'avancent, dans les jardins et les ruines de Vieux-Thann. Lentement, car il y a des mines : sept chasseurs ont déjà sauté quand, à 9 h 25, 300 mètres ont été parcourus. Une demi-heure plus tard, le groupe de tête atteint l'église et signale que le pont de la Thur est détruit. A leur tour, les 1ère et 3e compagnies sont lancées. Après Vieux-Thann, il y a Cernay, puis il y a Wittelsheim que cherche à conquérir la 2e DIM.

    A 12 h, le capitaine Raffaldi est chargé de marcher sur Cernay par le général Bondis (4e DMM). Mines sur les bas-côtés de la route Nord de la Thur, bombardement par 105 et mortiers : la progression est difficile. Au soir, les chasseurs berrichons ne sont pas dans Cernay, mais la 2e compagnie s'est installée sur la cote 398,8, sur la route de la ville, tandis que la 1ère compagnie (capitaine Léon Gaubert) est à l'usine près de Vieux-Thann et au pont sur la Thur, la 3e compagnie (capitaine Affret) notamment sur les lisières Sud-Est de Vieux-Thann, la CA (capitaine André Olivier) au sud de la route nationale. Toutefois, un groupe de la 2e compagnie, commandé par le sergent Dognoton, a pu s'avancer jusqu'aux premières maisons de Cernay. Mais "on ne les reverra jamais plus", note l'historique du bataillon.

    Dans la journée, le 35e RI poursuit le nettoyage de la forêt de Nonnenbruch. Le commandant de la 3e compagnie, le lieutenant André Moulinier, est blessé par éclat d'obus. Près de la Cité Amélie-II, la CA 2 perd un tué (Gabriel Lambert) et trois blessés.  

2e corps - Grussenheim

    JMO du 3e RMT : "L'attaque de Grussenheim se fera par l'ouest et le sud, l'action principale étant celle de l'ouest que mèneront le bataillon de Légion et le sous-groupement en entier, à l'exception de la CA renforcée d'une section à deux chars qui agira sur l'axe Jebsheim - Grussenheim." Légionnaires, marsouins, cavaliers du 501e RCC et fusiliers-marins seront engagés.

    "L'artillerie doit, de 12 h 30 à 12 h 55, effectuer un tir de 155 sur l'objectif, puis de 12 h 50 à 13 h, faire une préparation de l'attaque. L'heure de débouché de celle-ci est fixée à 13 h.

    Mettant à profit les tirs de l'artillerie, l'aspirant de Ballancour du 501 va chercher à tirer le TD touché la veille et un char immobilisé qui barrent l'accès au pont et en empêchent le franchissement à tout véhicule. Mais impossible d'approcher, l'ennemi aux aguets interdit tout travail.

    Vers 12 h 45, le harcèlement ennemi devient de la contre-préparation et il semble que non seulement le débouché mais encore la traversée du glacis séparant base de départ et objectif doivent être très difficiles. [...]

    A 12 h 55 environ, le capitaine Debray qui est ponceau [sic] sur le fossé [...] est rappelé au PC, le lieutenant-colonel Putz vient d'être tué, le même obus blessant mortellement le capitaine Puig et le capitaine Pericquet, commandant l'escadron du 6e chasseurs, arrive en renfort. Dès le débouché, la progression est stoppée par de violents tirs ennemis bien ajustés ; il ne semble pas qu'il soit surtout au nord possible de continuer vers le village, la colonne Sud infléchit son mouvement vers le sud et nettoie le bois triangulaire [...] où elle fait une quarantaine de prisonniers.

    A ce moment - vers 14 h - un message du capitaine [Raoul] Duault [commandant de la CA 3e RMT] apprend qu'il tient l'étoile au sud de Grussenheim, par ailleurs le capitaine De Witasse apprend par radio du lieutenant Richard que le détachement a pénétré dans Grussenheim. [...]

    [Le capitaine Jacques De Witasse, commandant la 2e compagnie du 501e RCC] reçoit alors l'ordre de prendre sous son commandement le détachement mixte 11e compagnie capitaine Bach et ce qui reste de chars et TD, et de rejoindre au plus vite Jebsheim par le moulin de Jebsheim.

    La 11e compagnie De Witasse y arrive, une déception l'y attendait ; le capitaine Duault n'a pu, seul avec sa section de mitrailleurs et sa section de mortiers, se maintenir dans Grussenheim, après s'y être accroché près de deux heures, il a dû se replier. Devant cette situation nouvelle et étant donné l'heure avancée (15 h), De Witasse demande ce qu'il doit faire ; il lui est répondu que l'ordre est maintenu. [...]

    Un peloton de TD de l'enseigne Riden doit arriver en renfort. Il va être immédiatement poussé ainsi que la section de génie Cancel sur Jebsheim. [...] Les fantassins faisant l'action par l'ouest sont entre-temps arrivés à l'abattoir de Grussenheim et s'apprêtent à en repartir pour le village lorsqu'ils voient en décrocher la CA et ses deux chars de soutien. [...] Ils croient que la CA décroche en vertu d'un ordre général et à leur tour ils se replient.

    Le commandant de Sairigné en prévient le commandant Debray qui lui apprend que loin de se replier, il faut plus que jamais attaquer car le capitaine de Witasse attaque par Felsheim [sic] !

    Vers 16 h 20, les premiers éléments de la CA atteignent à nouveau Grussenheim, le PC en est informé à 16 h 30. Immédiatement un élément léger du PC se porte vers Grussenheim, composé du commandant et du capitaine Thiolières du XI/64. [...] A 19 h 20, l'opération est terminée. |...] La 2e compagnie de Légion [est] réduite à la valeur d'une section."

Jebsheim

    JMO de la 11e compagnie du RMLE : "La section Merel et le peloton Joyau participent au nettoyage de la partie Sud du village. 9 h 15 : un char saute aussitôt sur une mine. Les légionnaires Berthier et Rosato sont blessés et évacués. L'ennemi qui occupe la maison à 15 m du char réagit violemment. En allant chercher les blessés, un deuxième char saute également. Le légionnaire Krauss est tué, l'aspirant Merel est blessé et refuse de se laisser évacuer.

    Après-midi : déminage de la rue Nord-Sud par les Américains. La première section occupe les maisons jusqu'au carrefour et la compagnie s'installe pour passer une nouvelle nuit. Bombardement : le légionnaire Collin est blessé non évacué. 12 h : renforcement par une compagnie de parachutistes."

    Historique du RMLE : "CC6. Le nettoyage se poursuit, à la nuit, seule la partie Sud du village est tenue par l'ennemi qui a reçu l'ordre de "reprendre à tout prix Jebsheim et le moulin de Jebsheim". 117 prisonniers sont capturés, plus de 200 morts sont dans les maisons occupées au cours de la journée."

Secteur des Vosges - 10e DI

    Le 1er bataillon (lieutenant-colonel Hucher) du 5e RI réalise la liaison avec les Américains qui ont occupé Le Thalet la veille.Au 2e bataillon du commandant Marie Devillars, le point d'appui du carrefour du Chitelet, tenu par la section du lieutenant Geslin, est attaqué par des skieurs. Le soldat Louis Martin est tué. 

       

La bataille de Colmar : 27 janvier 1945


Des éléments du 6e RIC dans Kingersheim. Photo parue dans l'étude
"Wittenheim. Libération. 50e anniversaire", Jean-Charles Winnlen, 1995.


 Secteur de la 9e DIC

6e RIC - attaque de la Cité Kullmann

    Compte-rendu du lieutenant-colonel Dessert : "La préparation d'artillerie commence à 7 h, suspendue à 7 h 25, elle est reprise de 7 h 30 à 7 h 35.

    Le 1er bataillon se porte alors en avant, la compagnie de droite (1ère compagnie) cherchant à prendre pied dans l'usine avec l'appui des chars, la compagnie de gauche (2e compagnie) prenant pour objectif le carrefour du cimetière. Les éléments de tête de la 1ère compagnie, soumis à des tirs extrêmement meurtriers partant de l'usine et de la filature, sont presque immédiatement cloués au sol. Un char touché flambe ; le capitaine Benard, commandant l'escadron de chars, est tué d'une balle en pleine tête. Le mouvement des chars se trouve un moment désorganisé ; le fort grillage qui barre l'accès de l'usine n'a pu être écrasé qu'en un seul point. Une dizaine d'hommes qui essaient d'entrer dans l'usine par ce passage sont touchés. De ce côté la progression ne pourra être reprise qu'en fin d'après-midi.

    Au nord, la 2e compagnie, retardée par des tirs précis d'armes automatiques et par de nombreux champs de mines, n'avance que très lentement. Son chef, le capitaine Verdier, est grièvement blessé. Contre-attaquée par une demi-compagnie adverse, elle se maintient sur ses positions. Un tir d'artillerie opportunément demandé par le sous-lieutenant Werenmann qui a pris le commandement et exécuté avec la plus grande précision, disperse l'ennemi.

    Le chef de bataillon décide alors d'engager sa compagnie réservée, la 3e. Cette unité reçoit l'ordre de dépasser la 2e compagnie, puis après s'être installée au carrefour 228,2, de prendre à revers les défenses de l'usine. En outre le lieutenant-colonel Dessert décide d'engager dès maintenant le 3e bataillon et lui fixe comme objectif les lisières Nord de la Cité Kullmann. L'action est menée avec deux compagnies : 9e et 11e.

    Les unités se portent en avant à 11 h 30 après une contre-préparation d'artillerie. Elles sont immédiatement arrêtées par des tirs nourris provenant des soupiraux et des fenêtres de l'usine et des dernières maisons du village. Cependant, une section de la 9e compagnie réussit à atteindre la tranchée bordant la lisière Sud de Cité Kullmann. Les réactions de l'artillerie et des mortiers ennemis sont très fortes.

    Jusqu'à 16 h, la situation du III/6e reste inchangée ; des groupes de la 11e compagnie [sous-lieutenant Reisser] réussissent plusieurs fois à pénétrer dans l'usine, mais en sont aussitôt rejetés.

    Le chef de bataillon, après une reconnaissance rapide, décide alors d'engager les TD [du Régiment colonial de chasseurs de chars] en soutien de l'infanterie. Les trois TD du lieutenant Roussel ouvrent le feu à 16 h 15 sur l'usine. Une section enlevée par son chef l'aspirant Le Toquin se lance à l'assaut et prend pied dans l'usine. Au même instant les éléments de la 1ère compagnie, qui étaient immobilisés dans la neige depuis 8 heures, partent à leur tour à l'assaut, et pénètrent dans ce bâtiment par sa face Ouest.

    Le III/6e traverse rapidement la filature, la cité, et atteint son objectif vers 17 h 30. Le nettoyage de la Cité est achevé en fin de journée.

    Le PC du I/6 rejoint la 1ère compagnie à la corne SE de Cité Kullmann ; le chef de bataillon commandant le III/6e regagne Kingersheim en laissant sur place les 9e et 11e compagnies à la disposition du chef de bataillon commandant le I/6e RIC.

    La journée a été extrêmement dure. Les pertes sont très sévères, surtout au 1er bataillon." Selon le JMO du III/6e RIC, le bataillon Communal déplore 10 tués, 31 blessés, un disparu.

23e RIC

    JMO : "Matin. Chute de neige. Le nettoyage de l'extrémité NO de la Cité Fernand est repris en profitant de la diversion créée par la préparation d'artillerie [à 4 h]."

Secteur de la 2e DIM

20e BCA

    Les chasseurs alpins du commandant Vigan-Braquet poursuivent leur progression, malgré 70 cm de neige. Renforcée par deux chars moyens, la compagnie Bonnet s'empare de deux blockhaus devant Cernay et fait 48 prisonniers. Puis, "malgré des conditions atmosphériques épouvantables", la compagnie Réveillou parvient à la lisière de la forêt de Nonnenbruch, à 3 000 m de Cernay, l'un des objectifs principaux dévolus au 1er corps, et dont un faubourg - celui de Belfort - a été conquis dans la nuit par le 6e RTM.

    "Le moral est très élevé, mais la fatigue est intense et les évacuations pour pieds gelés se multiplient", rend compte le commandant Vigan-Braquet.

2e corps - Jebsheim

    Historique du RMLE : "[...] CC5. Le groupement Robelin relève les éléments du 1er régiment de chasseurs parachutistes dans les bois du moulin de Jebsheim, vive réaction ennemie devant Grussenheim.

    CC6. Le groupement du Chelas doit initialement poursuivre sa mission de couvrir le flanc gauche des Américains sur l'axe : moulin de Jebsheim - Jebsheim - 188 (canal) - Durrenentzen. Dès que les Américains auront pris Jebsheim, le groupement Boulanger relèvera le groupement du Chelas de sa mission, ce dernier renforcé du bataillon de parachutistes devant couvrir sur Grussenheim le mouvement du CC6 et profiter de toute occasion pour occuper cette localité. [...]

    A 8 h les Américains signalent qu'ils ont occupé Jebsheim, à 9 h le groupement du Chelas arrive dans la localité où il constate que seule la partie Nord est entre les mains de nos Alliés, il s'installe donc aux lisières Nord face à Grussenheim. Le groupement Boulanger quitte à 11 h la région entre Orchbach et Riedbrunnen et se porte vers Jebsheim où son chef qui l'y a devancé décide d'isoler la garnison ennemie par une double manoeuvre d'encerclement avant de pousser vers le canal. Les parties Est et Ouest du village sont occupées après un violent combat, l'élément Ouest est arrêté, celui de l'Est atteint la cote 182 d'où il ne peut déboucher, en raison des feux croisés d'auto-moteurs provenant du bois de la Hardt et du canal. [...] Le groupement Vieville s'installe face aux lisières Est."

    JMO de la 11e compagnie (capitaine Lalo) du RMLE : "Départ sur Jebsheim qu'il faut occuper. Violent bombardement sur la route avant d'arriver au moulin. Le sergent Levigne et le légionnaire Romain blessés par éclat d'obus sont évacués. Les légionnaires Narro-Calvo, [Rolando] Hario et [Daniel] Bratenik sont tués à leur poste de combat et leur véhicule mis hors service par 88. Un canon de 57 doit être abandonné. [...] La compagnie s'installe en défensive aux lisières Est du village."

    Historique du RMLE : "Les parachutistes arrivent à la nuit dans la localité et relèvent les légionnaires de la 9e compagnie dans leurs opérations de nettoyage. Les Américains dès la tombée de la nuit se sont repliés de quelques maisons que réoccupe l'ennemi. Plus de 100 prisonniers sont capturés. [...]"

2e corps - Grussenheim

    La 1ère DMI et le GT V de la 2e DB ont reçu pour mission de conquérir Grussenheim après avoir franchi la Blind. Sont notamment engagés le 1er bataillon de la Légion étrangère (BLE) du jeune commandant Gabriel Brunet de Sairigné, 32 ans, et le 3e bataillon du Régiment de marche du Tchad du lieutenant-colonel Joseph Putz, 50 ans. Le soir, le Génie commence à installer des ponts Bailey sur la rivière. A 22 h 30, des tirs s'abattent sur la tête de pont. "Dès les premières rafales, la section du génie a des pertes considérables : 10 tués, 30 blessés, indique le JMO du 3e RMT. Le lieutenant qui la commande, les sous-officiers sont du nombre." Il y a également des pertes au RMT, et un TD est mis hors d'usage.

Sources complémentaires : archives du RMT, GR 12 P 259, SHD ; archives du RMLE, GR 12 P 83, SHD.